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Ecrit par Annabelle Sara

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Je déteste le Samedi, classer des dossiers même pour une demi journée, ce n’est vraiment pas mon kiff.  Mais cela fait parti de mon labeur en tant qu’avocat d’affaire, ça me permet de connaitre l’avancé des différents dossiers client et donc d’anticiper sur mon programme pour la semaine qui arrive.

La classification des pièces et autres est importante mais c’est l’interaction avec la clientèle qui permet en générale de défendre au mieux les intérêts de mes clients. Voilà déjà dix ans que je travail comme conseiller juridique dans le cabinet d’expert juridique Ondobo et Fils.

Oui vous avez compris c’est la boite du père de mon pote Franck et oui c’est grâce à lui que j’ai eu ce poste mais ma place d’associé je la dois à mon travail acharné depuis 10 ans. En tout cas quand je pourrais devenir associé. 

On frappe à la porte et je lève la tête pour voir mon boss, que je considère un peu comme un père de substitution pour moi, qui passe la tête par la porte entrouverte.

- Eric, tu es encore là ?

Je lance un coup d’œil à ma montre, il est déjà 15 heures.

- Oh, je n’ai pas vu l’heure passer, ai-je répondu. Mais j’ai bientôt fini…

- Le dossier des forestiers là il avance ?, demanda-t-il. J’ai entendu dire qu’ils ont imposé de nouvelles clauses ?

- Ils veulent plus de marche de manœuvres, l’exploitant est récalcitrant… mais je crois que je peux leur négocier une bonne entente avec lui !

- C’est lui qui a le permis ils ne peuvent pas se permettre d’être trop gourmands, me fit-il remarquer.

J’ai souri, Me Ondobo savait que je suis son meilleur négociateur dans la boite, je peux lire les failles dans les discours des clients et trouver des terrains d’entente entre les parties c’est ma spécialité.

- Il a besoin d’eux, parce que niveau prestation il ne pourrait trouver mieux ! Mais ne t’inquiète pas, je vais trouver le bon rythme pour les mettre tous les deux en phase !

Il sembla satisfait par ma réponse, alors il me sourit et puis un éclair passa dans son regard comme s’il se rappelait de ce qui l’avait poussé à venir vers mon bureau.

- J’ai un client que je dois te quotter une fusion simple mais elle assez lourde je voudrais que tous les détails soient vérifiés deux fois s’il le faut, dit-il. Le dossier sera sur ta table lundi matin.

- D’accord c’est sans ambages !

Il s’en alla, même si j’aurais aimé parler de cette promotion, je me suis retenue me disant que ce serait une meilleure chose d’en parler une fois que j’aurais bouclé le dossier des foresteries SUD Co.

Une heure plus tard je fermais mon bureau pour m’en aller pour le week-end, ma voiture m’attendait en bas. Je ne conduis pas je trouve cela bien trop stressant, après les journées de folie que je passe entre rendez vous et réunion je ne veux pas en plus me prendre la tête sur les routes de Yaoundé, alors j’ai opté pour le taxi course et j’ai donc un certain nombre de taximan que je contact quand j’en ai besoin.

Je peux me poser tranquille sur la banquette arrière pendant qu’il me conduit tranquillement chez moi. 

C’est samedi il est tôt, l’image de Claire traversa mon cerveau. Je savais exactement ce que je devais faire, j’avais une envie de plat traditionnel mais je ne voulais pas le partager seul. En sortant mon téléphone de la poche de mon costard je sentais l’excitation de la veille remonter en moi.

Je suis un gars qui n’aime pas les complications et ceci depuis des années déjà, alors je sais compartimenter. Quand je suis au travail, je travail en dehors je profite de la vie ! 

J’ai le choix soit je l’appelle, soit je lui envoi un message sur whatsapp, mais c’est notre premier échange et surtout je veux la faire sortir de chez elle ou du moins changer ses plans pour la journée donc le plus indiqué c’est un coup de fil.

J’ai appuyé sur le bouton et porté le téléphone à mon oreille.

A la troisième sonnerie, elle décrocha.

- Allo !

Le souvenir de la sensation de sa peau sous mes doigts me revint.

- Bonsoir Queen !, lui-répondis-je

Elle rit !

- Bonsoir Eric… tu t’es souvenue de moi ?

Les femmes, toujours impatientes !

- Pourquoi je ne me souviendrais pas de la meilleure danseuse de zouk de toute la terre ?

- Flatteur ! Je pensais que je n’avais plus d’intérêt pour toi vu que tu ne m’as pas appelé…, fit-elle.

- Disons que j’avais du travail aujourd’hui et je me suis dis quand je fini je passe un coup de  fil à ma Queen ! Comment était ta journée ?

Elle prit un moment pour me répondre.

- C’est samedi, je n’avais rien à faire à part m’occuper des taches ménagères…

- T’as cuisiné ?

Ma question sembla la surprendre, elle éclata de rire avant de répondre :

- Oui pourquoi ? Ne me dis pas que tu veux venir manger ?

- C’est une invitation ?, fis-je. Je me disais juste que si tu n’as pas encore mangé, ou si tu as de la place dans ton estomac tu pourrais venir partager un plat avec moi tout à l’heure ?

Un moment de silence.

- Alors ?

- Tu m’invites ?, me demanda-t-elle.

- Je déteste manger seul ! Si ça te dit je viens te chercher et on va faire un trip culinaire ?

- Tu veux me blaser avec tes expressions anglaises là ?, demanda-t-elle en riant.

Oh cette fille a une fraicheur excitante !

- En faites je ne sais pas si tu es du genre aventureuse, parce que les enfants du millénaire ont du mal avec les plats traditionnels…

- T’inquiète j’ai largement dépassé l’âge légale de vote… Malgré que je suis passée au moins deux fois à Kumba !

Cette réponse me fit sourire. Elle est dans la marge règlementaire. 

- Donc manger dans les feuilles de bananiers ne te dérange pas !

- Hum, j’ai l’eau à la bouche !

Et moi donc !

Je ris en l’écoutant rire dans mon oreille.

- Tu peux me dire où je passe te chercher tout à l’heure ?

- Quelle heure ?

- 18h30 !

- Okay je vis à la cité-verte, monté Renault !, m’indiqua-t-elle.

- D’accord je serais là à 18h30 ça nous donnera le temps d’arriver au restaurant à temps pour le service de la nuit…

Elle me promit d’être à l’heure mais je ne comptais pas trop la dessus, les femmes ont besoin de temps pour se préparer et ça je comprends. J’aime quand elle s’apprête quelque soit le temps que ça prend, parce que c’est un plaisir pour les yeux. 


Journal intime d'un...