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Ecrit par Dr Sool

S'IL SUFFISAIT D'AIMER


Partie 2


Chapitre 8


Mehdi sent la main d'Anissa se balader le long de son torse encore vêtu de sous vêtements démembré. Lorsqu'il sent le bouton de son pantalon de défaire et sa braguette commencer à descendre, il trouve la force donc seul un homme avec la tête sur les épaules est capable et reprends ses esprits :


-(se levant) Non, Non ...Je suis désolé, mais il va falloir que tu t'en ailles.


Elle se lève et s'approche de lui, la robe deboutonnée à l'avant et les manches pendant sur ses avant bras.


-Tu en as envie au moins autant que moi. Ne te prive pas, tu en as besoin, pour te détendre...


-(détournant le visage) Anissa, ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà.


Il commence à réajuster son pantalon lorsqu'il entends sonner et que sans même attendre de réponse, le visiteur appuie sur la poignée de la porte. Mehdi voit alors apparaître dans le salon son cousin et ex-confident. Partagé entre la surprise de voir ce dernier chez lui après leur dernière dispute et la surprise de constater que la porte n'était pas verrouillée.


Abdel (se retournant vers le mur):  Oups!! Désolé mon frère je ne savais pas que tu étais en si bonne compagnie. J'espère que je n'ai rien interrompu !!


Anissa (ajustant sa robe): Je m'en allais de toutes les façons...Excusez moi.


Anissa attrape son sac sur la table et se dirige vers la porte. Après qu'elle soit sortie, un silence s'installe pendant quelques secondes. Après avoir refermé son pantalon, Mehdi débarrasse les assiettes sur la table, les emportant dans la cuisine. Il revient ensuite dans le salon ou est resté planté son cousin:


-Alors qu'es ce que tu fais là ?


-Je suis venu te demander de m'excuser pour ce qu'il s'est passé la dernière fois. Je ne voulais pas te contrarier. Je n'ai jamais voulu te mettre dans l'embarras.


-(désinvolte) d'accord...C'est tout?


Il s'approche de Mehdi et s'installe sur le siège près du sien. Après lavoir observé quelques secondes, il poursuit :


-Tu m'en veux toujours visiblement.


-Ce que je ne comprends pas c'est ce que tu gagnes toi dans cette affaire. Ça rime à quoi tout ça ?!


-Tout ce que je veux c'est que tu sois heureux.


-Et ce sera avec Azaya, tu devrais déjà le savoir. Tu es mieux placé que tout le monde pour le savoir.


-Je ne veux pas qu'on se dispute à nouveau Mehdi, mais tu dois penser à l'avenir de votre clan aussi. Il ne s'agit pas que de toi!


-Abdel c'est justement de moi qu'il s'agit. C'est ma vie et je serais le seul à la vivre. Personne ne viendra prendre sur lui mes peines, ou jubiler mes joies. Alors je ne conçois pas que l'on veuille me forcer à épouser une personne que je n'aime pas.


-Dans vouloir te vexer, ce n'est pas vraiment l'impression que j'ai eu quand je suis entré.


-Je ne veux pas parler de ce sujet avec toi.


-Pourquoi ? On dirait que tu as peut de ce que tu pourrais toi même découvrir. Anissa est une fille bien et de...


-Tu veux vraiment recommencer?!


-(se levant) Tu as raison. Il vaut mieux éviter ce sujet. Je suis passé par le campus, et je voulais te faire passer l'information en exclusivité.


-Laquelle ?


-Le planning de passage des soutenances vient d'être affiché. Tu es programmé pour la semaine prochaine. Mardi 8h


-(stressé) 8h!!! c'est pas cool de passer le matin. 


-Mon frère on se connait. Que tu passe le matin ou a n'importe quelle heure ça ne change vraiment rien. Tu seras toujours au top.


-(souriant) J'aimerais en être aussi sûr. Alors et toi?


-Lundi 14h. Et tu ne me croirait pas si je te disais  que je n'ai même pas encore commencé mes diapositives.


-Si tu veux...Je peux t'aider. Tu n'as qu'à venir  squatter ici pour que nous travaillons le soir...


-Hem...Je ne voudrais pas non plus te déranger...


-T'inqiètes Azaya est en déplacement pour une semaine.


Abdel ne se fait pas prier et accepté la proposition d'aide de son frère. C'est ainsi que de reconcilient les deux inséparables.


Pendant ce temps, en plein Coeur d'Akonolinga, un cortège joyeux traverse une route non bitumée, se dirigeant vers la cour familiale. Les nombreuses personnes qui constituent le groupe sont vêtus de vêtements cousus dans des tissus aux motifs et couleurs identiques. Tandis que les jeunes hommes portent des chemises taillées à leurs mesures, les jeunes filles arborent des robes aux modèles sophistiqués. Dit on c'est lors des mariages que l'on a plus de chance de trouver un mari. Alors la majorité des filles ne viennent que dans le but de séduire un jeune célibataire et espérer que les prochaines noces soient les leurs.


En ce qui concerne Azaya, la seule raison de sa présence est le soutien et la consolidation des liens familiaux. Elle n'est nullement en quête de prétendant, même si ses Parents on pris la liberté de convier Eric à participer aux événements qui les ammènent au village. Il avance lentement dans le cortège, au côté de celle pour qui son coeur chavire, sous le regard plein de jalousie et d'envie des cousines de cette dernière.


-J'ai toujours aimé l'ambiance des mariages. Je trouve que la vie mérite que l'on ai plus de moments de joie que de peine.


-Si tu le dis.


-Tu te souviens quand nous étions plus jeunes. Tu disais que tu voulais te marier sur une plage au bord de l'eau, avec des pétales de roses dispersées de part et d'autres. Un tapis rouge disposé sur l'allée nuptiale au bord duquel on placerait de grands vases pleins de marguerites et de lilas...


-(souriant) Ta memoire est une légende. Je t'avoue que je l'avais oublié ce souvenir.


-Il n'y a pas si longtemps pourtant. Tout juste  6 ans. Nous étions dans les débuts de notre idylle. Après avoir partagé des années d'amitié nous goutions à la douceur de l'amour. Tu étais si passionnée, pleine de rêves.


-(pensive) Oui. Je découvrais encore ce sentiment étrange que je n'arrivais pas à comprendre. Le temps est si vite passé!


-Peut être que dans un avenir proche ce sera à nous...


Azaya lui lance un regard interrogateur puis se ravise immédiatement. Ce n'est peut être pas une bonne idée d'ouvrir ce sujet qui est le seul qu'Eric semble vraiment vouloir aborder. Ce ne serait pas utile de poser une question dont elle connait la réponse et qui ne lui plaira sans doute pas.


Le cortège avance jusque dans la grande cour familiale ou le protocole désigné a cet effet se charge d'installer chacun selon son grade et son rang aussi bien dans la société que dans la famille. L'un des jeunes hommes s'approche de maman marguerite et son mari, il les invite à s'installer sur une des tables de l'avant et cette dernière interpelle sa fille pour s'assurer que celle ci, ainsi que son futur gendre ne seront pas loin de leurs yeux., Et surtout pas installés avec désinvolture.


-Venez par ici, prenez cette table près de nous, vous y serez bien.


Les explications que tente de lui donner le jeune homme ne semblent pas l'intéresser le moins du monde, elle installe imperturbablement ses enfants.


Azaya s'installe sur la chaise que vient de lui tirer son cavalier. Partagée entre l'embarras de devoir passer tout son séjour avec lui et la culpabilité de décevoir ses parents qui ne jurent que par lui, elle décide d'être plus convenante avec lui.


-Alors dis moi. Le Maroc, c'était comment ?


-C'etait pas mal j'avoue. D'une façon générale les gens sont assez agréable. Il y'a des bons et des mauvais côtés, comme dans tous les pays bien sûr. Mais je dois avouer que je suis tombé amoureux de leur cuisine.


-Hummm!! Que te faisait les bons plats qui t'ont séduit ?


-Si tu veux savoir j'ai eu une aventure. Mais elle a été de courte durée.


-Pourquoi? Vous ne vous aimiez pas assez?


-Si, mais...


-Mais quoi?


-Elle était musulmane...


-(perplexe) Et donc?!


-Et donc nous étions beaucoup trop différents pour que ça fonctionne ! Nous ne voyions pas la vie de la même façon, pas la même culture aussi bien traditionnelle que religieuse. Il fallait se faire à l'évidence, c'était une relation vouée à l'échec.


-(crispée) Parce que vous avez essayé de faire que ça marche? Je pense que vous ne vous aimiez pas suffisamment.


-Azaya parfois l'amour ne suffit pas...


-(vexée) Ehh bien ça devrait !! Ça devrait suffire ! 


-(perdu) Je suis désolé si j'ai dit quelque chose de déplaisant, mais calme toi s'il te plaît.


-(furieuse) Comment peux tu prétendre être venu ici pour me reconquérir et m'épouser quand tu n'as pas été capable de te battre pour ta relation sous prétexte que vous étiez trop différents ?!! Comment peux tu oser me dire que tu as encore des sentiments pour moi quand tu pense que l'amour ne suffit pas?!! Comment Éric?!! Comment ?!!


Sur ce, elle prends une profonde inspiration et expire, puis esquisse un sourire faux et se lève pour se diriger vers la maison principale. Sa mère lance un coup d'œil interrogateur à Eric qui se contente de hausser les épaules pour signifier sa perplexité. Elle l'encourage alors à suivre sa fille pour essayer de la calmer. 


Il se dirige vers la maison et se met à la chercher dans toutes les pièces en demandant à ceux qu'il trouve sur les lieux.

Puis il l'aperçoit toute seule, accoudée sur le barreau du balcon arrière. Elle semble contempler le paysage végétal qui fait face à elle :


-(s'approchant)  Tu as raison Estelle...


Elle se retourne et l'aperçoit, puis sans mot dire, revient sur sa posture initiale. Il se rapproche et s'adosse sur les barreaux pour faire face à son interlocutrice :


-Ma relation avec Housra ne s'est pas terminée a cause de toutes les raisons que je t'ai citées. Mais parce que j'ai été lâche


Elle tourne son visage vers lui comme pour l'encourager à continuer son récit :


-J'avais tellement de regrets. Je sentais que je n'avais pas fait tout ce qu'il fallait avec toi et je me refusais de le faire avec elle.


-Pourquoi?


-C'est toi que je voulais.


-Mais tu ne peux pas m'avoir Eric. Nos parents ont Beau jouer les entremetteurs, ça ne marchera pas. Toute cette mascarade commence à me sortir par la tête !


-On ne peut pas oublier ainsi une personne qu'on a aimé. Je sais que tu m'as aimé et je suis sûr que cet amour peut renaître dans ton cœur.


-Et moi je suis convaincue que non. De l'eau a coulé sur les ponts. Je n'étais qu'une adolescente Éric. Aujourd'hui je suis une femme, beaucoup de choses ont changé, j'ai changé, tu as changé. Nous avons changé.


Il a envie de le faire depuis bien longtemps mais il se retient. Ne dit on pas que seul un baiser est susceptible de trahir les sentiments réels d'une personne?


Il se rapproche et sans transition, il l'enlace ses lèvres dans les siennes. A peine deux secondes et elle le repousse :


-(vexée) Je peux savoir ce qui t'a pris?!


-Excuse moi, c'était plus fort que moi!


Cette fois sa patience  ne peut plus l'admettre. Elle lui lance un regard foudroyant et se dirige cette fois vers l'extérieur. Après avoir récupéré son sac et son écharpe, elle fait savoir a ses parents qu'elle pense avoir une indigestion et préfère rentrer.


Durant le reste de son séjour, elle évite au maximum Eric et se contente d'échanger avec lui des civilités, malgré les intrigues et encouragements de sa mère, elle ne semble pas disposée à faire le moindre effort pour que leur union puisse se concrétiser.


Azaya compte désormais les heures et même les minutes qui lui restent. Depuis que Mehdi lui a fait savoir qu'il soutenait dans quelques jours, elle ne tient plus en place.


Même si leur retour était prévu pour le lundi suivant, Azaya prétexte un contrôle continu pour rentrer le dimanche dans la soirée.


Elle ne fait même pas une escale chez elle, et débarque directement chez son amoureux. Quand il ouvre la porte, son regard s'assombrit. En quelques jours seulement, il a perdu du poids, sa mine est pâle et les cernes sous ses yeux témoignent des arriérés de sommeil qu'il doit sans doute avoir accumulé:


-(le prenant dans ses bras) Oh la la mon amour t'a une tête a faire peur!


-(souriant) Et je ne suis toujours pas prêt.


Elle l'embrasse tendrement et tous les deux viennent s'installer devant son écran.


-Essaie de corriger les fautes de français s'il te plaît, je vais prendre un bain.


Elle commence a scruter chaque diapositive a la recherche de fautes. L'exercice lui prend une heure et demi environ. Après avoir terminé, elle va a la cuisine chercher quoi faire à manger, mais finalement elle se ravise:


-Tu sais quoi bébé ? On va manger dehors. Et c'est moi qui t'invite pour une fois. Tu es déjà trop resté cloîtré ici.


-On pourrait se commander quelque...


-(lui tirant la main) Je n'accepterais pas de refus monsieur. Tu prends les clés de la voiture et on y vas.


-(résigné) D'accord, mais on ne restera pas longtemps. Je dois encore répéter ma présentation...


Ils se dirigent tous les deux vers le parking et Mehdi démarre la voiture en direction du centre ville. Ils se rendent au restaurant le Moulin de France où ils commandent une grande pizza et des glaces. Il faut dire que depuis quelques mois il ne sont pas sortis tous les deux. Ils discutent de tout et de rien, Azaya lui raconte comment s'est passé son séjour au village en omettant les épisodes avec Eric, tandis qu'il lui relate son quotidien depuis qu'elle est partie. Ils se projettent dans le futur. 


Mehdi n'a pas l'intention d'attendre plus longtemps, il compte se présenter officiellement auprès des parents d'Azaya après sa remise de diplôme. Mais bien sûr il n'en parle pas, il préfère que celà soit une surprise. Il regarde Azaya assise en face de lui, si enjouée et drôle. Avec son sourire charmant et ses yeux scintillant, elle représente tout son monde et il voudrait passer le reste de sa vie à ses côtés.


Quant à Azaya, l'évidence ne peut plus être niée. Quand elle regarde elle voit son présent et son avenir. Jamais elle n'a été aussi heureuse et épanouie.


Après avoir rempli leur panse, Azaya insiste pour emmener Mehdi au Fun center, une salle de jeu située en plein coeur de Douala cinquième. Ils s'adonnent à cœur joie aux différentes attractions qui s'offrent à eux. Billard, bowling, puis course auto, mini basket. Meme si Mehdi était réticent à l’idée de rester tard dehors, il s’amuse visiblement bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Pendant ces quelques minutes de détente, il en arrive à oublier que dans quarante-huit heures il devra présenter la quintessence de ses travaux devant un jury. 


Il est environ deux heures et demie du matin lorsque Mehdi démarre enfin la voiture pour rentrer. Tous les deux sont complètement épuisés et ne demandent qu’à se laisser porter par la caravane de Morphée. Azaya insère la clé dans la porte et la pousse, elle se dirige droit dans la chambre et s’affale sur le lit. Mehdi s’installe en face d’elle et la regarde longuement. Puis il caresse sa joue du dos de ses doigts et rabats ses mèches de cheveux en arrière ;


 Je t’aime tellement ma reine. Tu apportes tellement de lumière dans ma vie. 


 (émue) Mehdi je…


 Quoi qu’il arrive babe, quoi qu’il arrive n’oublie jamais que je ferais n’importe quoi pour que jamais tes yeux ne laissent couler des larmes de tristesse. Je veux que tu saches que tu es la meilleure chose qui me soit arrivée.


  (essuyant une larme sur sa joue) C’est tellement beau ce que tu viens de dire et…Je t’aime aussi mon amour. Je t’aime, je t’aime…


Ils se fondent en un long baiser plein de passion, plein de tendresse et de toutes les émotions qui se manifestent quand l’amour est si profond et vrai. Ils ne sont pas les plus parfaits, ni les plus assortis ou les plus compatibles, seulement deux êtres qui s’aiment et sont prêts à faire n’importe quoi pour rester ensemble.


Mardi 30 juin 2020, une date mémorable pour Mehdi, le jour à partir duquel il pourra être officiellement appelé ou non : Docteur Mehdi ben Ryad IMRAN. Son père a dû effectuer un voyage urgent et très important, mais Hadja Zoulia  est arrivée dans la ville pour l’occasion, séjournant dans l’un des hôtels les plus luxueux de la ville. Même si Azaya aurait été ravie de préparer la réception qui devait être donnée plus tard, elle doit se raviser. Les riches ne préparent pas, ils payent des traiteurs et louent des espaces chics.


A 7 heures précises Mehdi est déjà prêt, il n’est qu’à quelques mètres du campus, alors il lui faut à peine 5 minutes pour s’y rendre. Azaya et Lisa sont allées plus tôt pour préparer la salle et installer tout le nécessaire…


Mehdi se bat comme il peut contre le stress, mais une fois que la porte se referme, avec à l’intérieur sa famille et tous ses proches ainsi que son jury. Une fois qu’il se retrouve tout seul à l’extérieur et que le film de ces derniers mois à travailler sans relâche sur sa thèse se met à défiler devant ses yeux, il sent ses forces le quitter. Tout le courage dont il pensait s’être armé depuis la veille s’amenuise et le stress prend le dessus. Sa respiration s’accélère et de grosses gouttes de sueur commencent à dégouliner de son front. Mais il n’a pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrive puisqu’il entend une voix dans la salle qui dit :


« Faites entrer le candidat »


Il voit alors sortir celui qui s’assure le protocole de cette salle et comprends que c’est le moment de vérité.


Il entre dans la salle et salue le jury, puis son regard fait un tour dans la salle. Tous ses proches sont là : sa maman, Abdel et sa mère Oumi Fatou, quelques camarades de promo…Azaya qui lui sourit aussitôt pour lui donner du courage. Mais il revient sur le rang ou est assise sa maman, il lui semble avoir vu un visage qu’il connait…Anissa ! Mais que fait-elle donc là ? 


« Monsieur Mehdi Ben Ryad IMRAN…Vous avez 15 minutes pour nous présenter l’économie de ton travail en la langue officielle de ton choix, puis tu nous feras en 5 minutes un résumé dans la seconde langue. Vous avez la parole !


Mehdi n’a pas le temps de réfléchir à autre chose, il doit immédiatement se concentrer :


- Merci Monsieur le président du Jury de nous avoir passé la parole. Monsieur le Président du jury, honorables membres du jury…


Ses mains tremblent à mesure qu’il active sur son écran le « mode présentateur ». il débute ainsi sa présentation. Les cinq premières minutes sont les plus difficiles, mais aussi les plus déterminantes. Il faut dominer son stress, tutoyer sa peur et surfer sur le tract. Le plus dur est de prononcer les premières phrases en dominant le tremblement de sa voix et en regardant les gens dans la salle sans les voir. Comme de simples images inanimées et incapables de penser ou de juger, c’est ainsi qu’il faut voir le jury et se focaliser le plus possible sur sa présentation en évitant les gestes trop brusques et en même  temps une immobilité qui trahit un stress non maitrisé. Tandis que la bouche doit être posée et la voix uniforme, les bras quant à eux doivent rester toujours dans le périmètre entre les épaules et les coudes, sans dépasser les trente centimètres devant, avec des mouvements posés et coordonnés. La soutenance d’une thèse est tout un art que Mehdi a pris la peine d’apprendre ces dernières semaines. C’est ainsi qu’il s’en sort avec brio et fait une excellente présentation que le jury couvre d’éloges.


Après la lecture de sa mention « très honorable avec félicitations du jury » ses proches et lui doivent libérer la salle pour le candidat suivant. Les sourires vont d’un visage à l’autre sans se faire prier. Tout le monde veut prendre dans ses bras le nouveau docteur en Médecine, mais la primeur est à Hadja Zoulia, qui avance vers lui tellement fière de son fils. Elle le prend dans ses bras et le couvre de félicitations. Azaya est  restée en retrait avec son amie pour ne pas perturber ce moment entre une maman et son fils. Elle est si heureuse que le sourire ne quitte plus son visage. 


Tandis que Lisa et elle commentent chaque articulation de la soutenance, Azaya aperçoit une jeune et ravissante femme qu’Hadja Zoulia tient par la main, puis la tire vers son fils. La jeune femme prend Mehdi dans ses bras et semble lui chuchoter quelque chose. Elle porte une longue robe en soie saumon, avec à l’avant des broderies orientales dorées. Ses pieds sont chaussés d’une paire d’escarpins très élégants et ses cheveux longs et noirs soigneusement coiffés tombent sur ses épaules. Elle respire l’aisance et l’opulence, il est évident qu’elle est de ceux qui sont nés avec une cuillère en or dans la bouche. 


Mehdi s’écarte de l’étreinte et commence à chercher sa reine du regard, mais Hadja Zoulia lui prends la main et l’entraine vers l’escalier :


-Allez viens, le photographe nous attends déjà en bas !


Azaya a un pincement au cœur, mais ce n’est ni le lieu, ni le moment pour faire une scène. Lisa essaie de la calmer et ça semble marcher jusqu’à ce qu’Abdel se joigne à elles pour descendre les marches d’escalier :


Abdel (souriant) : Je suis vraiment impressionné par ta maturité Azaya. J’avoue que je t’avais mal jugée.


Lisa (vexée) : Es ce que tu peux nous coller la paix ?


Abdel : Je ne dis pourtant rien de méchant, au contraire ! Ce n’est pas tous les jours que je vois une aussi jolie fille qui accepte de partager son mec avec une autre sans faire d’histoires !


Azaya (perplexe) : Je peux savoir de quoi tu parles ?!


Lisa (la tirant) : N’écoutes pas cet idiot, allons !


Abdel : parles pour toi ! Je suis sûr qu’Azaya brule d’envie de savoir qui est cette bombe qui semble si proche de Mehdi.


Azaya : arrêtes de tourner autour du pot ! Si t’as quelque chose à dire, tu n’as qu’à le dire.


Abdel : Tu n’es vraiment au courant de rien ? Ca alors ! Juste une petite chose, tu vois ces regards qu’ils s’échangent là ? Ce sont des regards de deux personnes qui s’envoient en l’air. Je pensais que t’étais au courant.


Azaya reçoit cette phrase comme une décharge électrique. Elle sent un énorme nœud dans sa gorge et comme uen masse qui tombe dans son estomac. Mais comme pour etre sur de l’achever il poursuit :


Abdel : Bref ce n’est pas vraiment important tu sais. Mehdi t’aime, et je pense qu’il a trouvé le meilleur compromis. Il va épouser Anissa pour faire plaisir à ses parents et sauver le clan. Puis il te prendra comme sa seconde épouse. Et tout le monde sera content !


Il esquisse un sourire et hâte le pas vers la parcelle de terrasse qui a été aménagée pour les photos. Laissant Azaya dans un volcan en éruption. Partagée entre une profonde tristesse et la colère elle jette un regard assassin à Mehdi qui lui fait signe de venir prendre des photos avec lui.


-(lui serrant la main) Tu dois te calmer Azaya. Respire un grand coup et souviens-toi qu’Abdel n’est qu’un gros con jaloux de son frère.


-(perturbée) Lisa et si c’était vrai ?!!Et s’il m’avait vraiment menti sur toute la ligne et qu’il soit réellement entrain de me tromper avec cette fille ? Tu as vu comment elle le touche ?


-Azaya ! « everything is not what it seems ! ». Tu devrais en discuter calmement avec lui!


-Et pourquoi tu le défends ?! Je pensais que tu ne faisais pas confiance aux hommes toi !!


-C’est vrai. Mais Mehdi est différent.


Ayant remarqué que quelque chose n’allait pas, Mehdi demande au photographe de faire une pause et il se dirige vers les deux jeunes femmes, tandis que les autres convives se dirigent vers leurs véhicules pour se rendre au restaurant indiqué sur le carton d’invitation. Lisa embrasse Mehdi et fait quelques pas en retrait pour les laisser discuter :


-Babe, tu n’es pas venue prendre des photos, je n’arrête pourtant pas de te faire des signes.


-(sarcastique) Tu vas trouver ça drôle, mais figure toi, que je viens d’apprendre que mon mec me trompe avec la fille que ses parents veulent soit disant l’obliger à épouser et qui je pensais ne l’intéresse même pas.


-(perplexe) Mais de quoi es ce que tu parles ?! Je suis aussi surpris que toi de voir Anissa ici, mais de là à imaginer que ?


-Imaginer ? Alors il ne s’est rien jamais rien passé entre vous c’est ça ?!


Il lève les yeux et aperçoit sur la véranda à l’étage du dessus son cousin qui semble les observer. Ce dernier se déplace lorsqu’il se rend compte qu’il a été vu. Tout devient alors évident pour Mehdi qui n’avait pas vu cette embrouille arriver :


-Babe s’il te plait…Ce n’est ni le lieu, ni le moment indiqué pour en parler. Nous pouvons en discuter le soir plus calmement.


-(affligée) Alors il s’est vraiment passé quelque chose ! J’espérais que tu me dises le contraire.


-Ce n’est pas ce que tu crois, je vais tout t’expliquer mais pas tout de suite s’il te plait.


-(déterminée) Pourtant ce n’est pas compliqué. Il s’est oui ou non passé quelque chose entre vous ?!


Mehdi prends une profonde inspiration et expire avant de répondre :


-On s’est…embrassés…


Une nouvelle décharge pour son cœur déjà affecté. Elle essaie d’encaisser, et malgré toute la peine que cette phrase provoque dans son être elle continue :


-C’est tout ? Je veux la vérité !


-(baissant la tête)  On s’est embrassés et puis…On s’est…un peu laissés porter un moment, mais on n’est pas allés plus loin. On n’a pas couché ensemble si c’est ça que tu veux savoir.


 -(dépassée) D’accord…Et pourquoi tu ne m’a rien dit ?!

Il reste silencieux. Que répondre à ce genre de question, si en fait-il n’existe de pas de réponse juste dans un contexte pareil. Elle essuie du revers du doigt la goutte de larme qui borde sa paupière pour l’empêcher de couler, puis se retourne pour s’en aller, mais il la retient.


-(navré) Babe s’il te plait…Je sais que j’aurais dû t’en parler mais je n’ai pas su comment le faire.


-Tu viens pourtant de le faire !!


-C’était un moment d’égarement qui ne signifie absolument rien Azaya. Il ne s’est produit qu’une seule fois et ça ne se répètera plus, ni avec elle, ni avec personne.


-(en larmes) Comment veux-tu que je te crois si tu as osé me regarder dans les yeux et me dire combien tu m’aime alors que quelques jours ou peut-être quelques heures plus tôt tu fricotais avec une autre ?!


-(prenant sa main) S’il te plait Babe allons prendre les photos et rejoignons les autres au restaurant, ils nous attendent. Nous aurons tout le temps d’en discuter.


-(triste) Non Mehdi, ils t’attendent toi. Vas y rejoins les. Moi, je n’ai pas ma place ici.


Sans lui laisser le temps de répondre, elle se dirige vers son amie Lisa et lui tire la main pour l’entrainer vers la route. Les yeux pleins de larmes et leur cœur trop blessé pour battre à un rythme normal, elle avance en de longues enjambées sans véritablement savoir si c’est la meilleure chose à faire.


A suivre...


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