S'IL SUFFISAIT D'AIMER

Partie 2: 

Chapitre 13:

La salle est repartie en deux pôles de tables rondes, sur le milieu, se dresse un tapis rouge qui mène jusque l'estrade et donne ainsi une vue bien marquée de chaque invité qui arrive.

En entrant dans la salle Azaya constate que la majorité des convives est déjà installée, son entrée aux bras de Mehdi est remarquable. Pas uniquement parce qu'elle est magnifique dans sa tenue et qu'elle arbore une demarche toute aussi majestueuse, et également parce qu'elle arrive à ce bal aux bras de l'un des célibataires les plus convoités de ce milieu. La nouvelle de sa soutenance ayant déjà fait le tour des familles, c'est chaque parent qui songeait déjà à positionner sa fille afin de nouer une alliance avec le grand Ryad IMRAN.

Assis à l'autre bout de la salle juste en face de l'estrade à la place réservée aux invités d'honneur, le couple IMRAN voit avancer son fils avec un pincement au coeur. A leur côté est assis Abdel, accompagné d'une jeune demoiselle de famille noble qui lui a été proposée il y'a tout juste quelques semaines.

Mehdi se tourne vers sa cavalière et lui sourit pour lui donner courage et assurance avant que tous les deux n'arrivent devant ses parents :

Mehdi : Papa, maman, je vous présente Azaya Estelle...Ma fiancée.

Hadja Zoulia prends le verre qui est devant elle, le rempli d'eau et l'engloutit d'un seul coup. Tandis que Monsieur Ryad dévisage Azaya , quelque peu séduit par sa beauté et son sourire radieux. Mais la réalité reprends très vite le dessus:

Azaya (se courbant en signe de respect):  Enchantée papa. Je suis honorée je faire votre connaissance.

Ryad: asseyons nous...Quoique...Bref veuillez vous assoir.

Les deux nouveaux arrivés s'installent sous le regard curieux de la quasi-totalité des convives. Hadja est gonflée à bloc et doit user de beaucoup de sang froid pour garder son calme et ne pas faire de scandale. Elle s'approche de l'oreille de son fils qui est assis juste à côté d'elle et lui chuchote:

-Qu'es ce que cette fille fait ici?!

-(chuchotant) C'est ma fiancée, alors c'est tout à fait normal qu'elle m'accompagne  à une soirée comme celle ci!!

-Ma foi, ton invitation était pour une seule personne.

-Ma foi c'était une erreur.

-Vous n'avez pas intérêt à provoquer un scandale ici! C'est l'image de notre famille qui est en jeu!

-Il n'y aura pas de scandale. A moins que ce soit vous qui le provoquez.

-Anissa est ici! Elle est venue pour être ta cavalière.

-Sauf que je ne le lui ai pas demandé, alors elle va devoir se trouver quelqu'un d'autre.

-Mehdi!!!

Ryad: Vous faites bien des messes basses vous deux!! On connaît tous la complicité mère-fils mais n'oubliez pas que nous sommes à table avec vous!!

Mehdi (souriant) : Désolé papa. Tu connais maman, elle veut toujours tout savoir dans les détails.

Ryad: Tu ne nous a pas présenté ta... fiancée.

Mehdi: Il me semble pourtant que oui papa. Je vous l'ai dit, elle s'appelle Azaya Estelle.

Ryad: Et son nom de famille? Jeune fille, vous n'en avez pas?!

Azaya : Si papa. BELINGA.

Ryad (fronçant les sourcils): Ce nom de famille ne me dit rien. Votre père vit ici au pays?

Azaya: Oui papa.

Ryad: Étrange que je ne le connaisse pas.

Azaya : Ce serait plutôt une sacrée coïncidence que vous le connaissiez, puisqu'il n'est pas une personnalité publique.

Ryad: Alors il fait quoi dans la vie?

Azaya: Il est militaire, à la retraite.

Hadja Zoulia (chuchotant) : il ne manquait plus que ça.

Anissa est entrain de revenir vers la table qu'elle a dû quitter quelques minutes plus tôt pour aller recevoir un coup de fil important. Elle est si contente de voir Mehdi, mais son visage se décompose lorsqu'elle aperçoit à son côté Azaya. Il n'est pas question de de laisser battre aussi facilement, elle ajuste sa robe rouge glamour et fait revenir ses longs cheveux noir en avant en bombant la poitrine.

Anissa (tirant sa chaise): Salut Mehdi...Salut Abaya, Anaya... C'est quoi déjà ?

Azaya (souriant): Azaya! Salut Anissa.

Anissa: Ah oui, vraiment désolée.

Elle s'installe et un court silence suit, puis la conversation reprends :

Hadja (moqueuse) : Anissa t'arrive justement à temps. Azaya nous parlait de sa famille. Figure toi que son papa est un ancien militaire !

Anissa: Ah bon? Il a été chef d'État major ou un truc comme ça ? C'est quel général ?

Azaya (embarassée): Son dernier grade a été celui de Commandant de l'armée de l'air.

Anissa: Ah...Euh c'est pas mal aussi. Y'a pas de sous métier. Tu sais dans la majorité des pays où je suis allée, l'armée est vraiment un corps de métier très noble. Aux États-Unis par exemple ils ont vraiment de très bon salaires, et leurs familles vivent très dignement. 

Azaya: D'accord.

Hadja (souriant): Tu es tellement cultivée ma fille. 

Anissa (souriant): C'est normal maman. Je dois avouer que tous ces voyages que mon père nous imposait pendant les vacances ont énormément participé à forger la personne que je suis. J'ai découvert de nombreuses cultures. Par exemple ton prénom Azaya ça me fait beaucoup penser aux Amazones que j'ai rencontré lors d'une excursion au Brésil. Tu sais ce peuple indien qui vit dans la forêt...Bref je ne veux pas t'ennuyer avec mes histoires. Tout ça doit ressembler a du charabia pour toi qui je suppose est toujours restée sur place.

Azaya (souriant): Tu sais Anissa, pas besoin d'avoir parcouru le monde pour savoir que les Amazones ne font pas référencé a un peuple indien mais plutôt un peuple de femmes guerrières qui ont d'ailleurs selon les mythes existé dans plusieurs régions du globe terrestre. Et puis je serais curieuse de savoir où tu as rencontré ces Amazones, puisqu'elles ont disparus depuis bien des années. Ah mais je ne vais pas t'ennuyer avec mes cours d'histoire. Tu étais sans doute beaucoup trop occupée à voyager pour bouquiner un peu.

Mehdi resserre son nœud papillon en souriant, l'air à la fois amusé et satisfait. Hadja Zoulia fronce les sourcils en jettant un regard sur le visage de son mari qui jusqu'ici joue les observateurs.

Abdel: Je crois que votre discours est entrain d'être annoncé mon oncle.

Ryad (vidant son verre d'eau): Veuillez m'excuser...

Dans son ample boubou blanc brodé de fils d'or dans un style oriental. Le chef du Clan IMRAN avance lentement vers l'estrade. Sa démarche est pleine d'assurance, et malgré la cinquantaine bien sonnée, il garde ce charme ravageur qui a gracieusement légué à son fils. Azaya a l'impression d'avoir un aperçu de l'avenir, car juste en voyant Monsieur Ryad elle a une idée de ce que sera son amoureux dans une dizaine d'années.

Pendant ce temps à des centaines de kilomètres Josepha est assise sur le bord du lit donc le matelas complètement affaissé, est plein de trous du fait de la circulation des souris et autres compagnons de misère. Elle fixe son fils Ryan couché sur le lit, mais son regard semble si vide et inexpressif qu'on a l'impression que son âme a quitté son corps. Elle est si absorbée par ses pensées qu'elle n'etend pas la porte s'ouvrir :

-Comment il va?

-(soupirant) La fièvre est entrain de tomber. Mais je préfère rester éveillée pour le surveiller.

-Tu as appelé son père ?

-Maman je pense que Joël est sous le coup d'un envoûtement, parce que je ne reconnais plus l'homme que j'ai épousé.

-(perplexe) Qu'es ce qu'il t'a dit?

-Il pense que j'essaie de lui soutirer de l'argent en utilisant les enfants pour lui faire du chantage?

-(dépassée) Quoi?!!

-Je suis dépassée. Joël ne sait plus qu'il a des enfants. Il a osé me dire que ce sont aussi les enfants et que je devrais également pouvoir m'en occuper.

-C'est cruel comme réalité ma fille mais il va falloir y faire face. Les hommes sont ainsi, lorsque tu leur montre qu'ils peuvent faire la pluie et le beau temps il ne se gênent pas.

-Mais Maman c'est à sa demande que j'ai arrêté de Travailler !! C'est bien lui qui m'avait suggéré de rester à la maison m'occuper des enfants jusque ce qu'ils soient plus grands!!

-Et je me souviens avoir essayé de t'en dissuader en vain! Josepha au jour d'aujourd'hui il est très risqué pour une femme d'être entièrement dépendante financièrement de son mari. Je dirais même que celà est dangereux !! Tu es entrain de te mettre dans tous ses états parce qu'il refuse de s'occuper de votre enfant malade, il est vrai qu'on ne le souhaite pas mais imagine un seul instant qu'au lieu d'être devenu irresponsable il soit mort! A qui en aurais tu voulu ?! De quoi te serais tu plains?! 

-Il n'est pas mort maman. Et il doit assumer ses responsabilités de père !

-Comme il ne veut pas le faire, tu vas le forcer ?!!

-(éclatant en sanglots) Je ne sais pas quel mal j'ai fait pour mériter tout celà maman!

-Au lieu de t'apitoyer sur ton sort tu ferais mieux de te ressaisir. Tu as trois enfants qui ne regardent plus que toi maintenant. Tu sais très bien que mes moyens sont limités et les vacances ne seront pas éternels. Dans quelques semaines il faudra que ces enfants reprennent le chemin de l'école. Jesperes que ce n'est pas à ce moment que tu prendras encore ton téléphone pour appeler Joël et te mettre dans tous tes états quand il t'enverra balader.

-(en larmes) Je ne peux pas croire que je me sois autant trompée sur lui.

-Tu ne t'es pas trompée sur lui ma fille. Il y a juste que l'être humain est ainsi, il n'agit que là où son intérêt est engagé. La majorité des hommes ne s'occupent de leurs enfants que parce qu'ils aiment leur femme. J'irais même jusqu'à dire la quasi-totalité. Dès lors que la relation de détériore très peu d'entre eux gardent la fibre responsable. 

-(soupirant)Je prie vraiment que cet enfant aille mieux d'ici demain. Pour que nous n'ayions pas besoin de l'emmener à l'hôpital.

-Tu ferais mieux de te reposer maintenant. Dieu veille sur ses enfants.

Josepha voit sa mère sortir et refermer la porte. Elle s'allonge sur le lit et contemple les deux enfants qui sont couchés près d'elle le coeur lourd. 

Il est presque vingt deux heures lorsque le buffet est enfin ouvert. Les convives sont invités à aller se servir à tour de rôle, en commençant par les invités d'honneur. Monsieur Ryad prends la tête de file, suivi de son épouse qui tient Anissa par la main. Abdel vient ensuite avec Aïcha, et la file se termine par Mehdi qui a laissé Azaya passer devant. Chacun d'eux est accompagné sur le côté par une hôtesse qui tient les couverts et qui est chargée de servir ce que chacun demande.

Azaya se retrouve devant une panoplie de plat qu'elle ignoré totalement et craint de passer pour une villageoise. Mehdi se rapproche d'elle et lui chuchote à l'oreille :

-Crois moi je ne m'en sors pas non plus au milieu de tous ces plats bizarres. Alors je le contente de prendre ceux que je connais.

Azaya se tourne vers lui et sourit. Elle suit son conseil à la lettre et ne s'intéresse qu'aux menus qu'elles reconnaît.

Après que tous les invités d'honneur de soient servis, les autres convives sont invités à passer au buffet. Azaya essaie d'observer les gestes de Mehdi et de les reproduire pour ne pas se planter. C'est bien la première fois qu'elle se retrouve à une table avec autant de couvert dont elle ignore complètement l'usage.

Durant tout le repas, Monsieur Ryad reste silencieux. De temps à autres il affiche sur son visage des mimiques qui changent au gré de la tournure des conversations, mais il n'y participe plus. Il semble contrarié et on voit bien qu'il fait beaucoup d'efforts pour le dissimuler. Quant à Abdel, il n'arrête pas de dévorer Azaya du regard. Pas une seule minute ne passe sans qu'il jette un coup d'oeil dans sa direction.

Hadja : Chéri, avant que j'oublie. Il y'a le  Docteur CHEPING qui m'a demandé de te rappeler pour le séminaire de Cardiologie en Belgique le mois prochain.

Mehdi: Ah oui, elle m'en avait parlé. J'avoue que ça m'était sorti de la tête.

Hadja: Tu ne devrais pas le manquer. 

Anissa: C'est prévu pour quelle date?

Mehdi: Du 02 au 05 Août je crois bien.

Anissa: Oh mais quelle coïncidence! Je dois assister au mariage d'une amie le 06 Août justement.

Mehdi (ennuyé): Je suppose que c'est en Belgique également...

Hadja: Vous pourriez voyager ensemble. Et puis tu l'accompagnera a ce mariage. Ça te fera un grand bien. Depuis que tu as soutenu, tu n'a pas pris de vacances. 

Anissa (excitée): Ah oui!Ce serait vraiment génial. 

Azaya se raclé la gorge bruyamment pour rappeler sa présence.

Anissa: Ton passeport est valide Azaya?

Azaya (embarassée)  : Je n'en ai pas...

Anissa: Comme c'est dommage. Je t'aurais proposé d'être des nôtres.

Azaya(se levant): Excusez moi je vais le rafraichir...

Elle demande a une hôtesse les toilettes et s'y précipité pour laisser éclater son ras le bol:

(Faisant des grimaces devant la glace) j'ai fait des voyages...ouais Mehdi on ira en Belgique, oh dommage que t'ai pas de passeport...gnignigni ahrrggg!! Elle m'exaspère celle là !!

Elle prends une profonde inspiration et expire la bouche ouverte pour essayer de se détendre, puis elle ajuste sa coiffure. Mais juste quand elle s'apprête à sortir elle voit la porte s'ouvrir et le visage qu'elle voit ne l'enchante guerre.

-(ennuyée) Il ne manquait plus que ça !! Tes au courant qu'ici ce sont les toilettes des femmes?!!

-(refermant la porte) Et alors? 

-Tu veux bien me céder le passage ?!

-(verrouillant la porte) Non

Elle fronce les sourcils et commence à reculer quand elle comprend que la situation est sur le point de dégénérer. 

-(s'approchant) Je dois reconnaître que tu es vraiment magnifique ce soir. Tu as dû remarquer que je n'arrivais pas à te quitter eu regard.

-(reculant) Ne t'approche pas de moi Abdel. Je vais crier!

-(continuant) Je ne te veux aucun mal Azaya. Je veux juste goûter à ce qui rend mon frère aussi dingue. Tu m'a servi un aperçu, et je suis curieux de voir la suite. On dit souvent que les filles du sud sont de vraies tigresses...

Elle sent le mur froid contre son dos et comprends qu'elle est coincée. Il approche ses mains de son visage qu'elle recule aussitôt sur le côté. Elle essaye de le repousser énergiquement avec ses deux bras, mais il les rassemblent d'une seule main et les plaque au dessus de sa tête. De l'autre main, il commence a caresser ses jambes en remontant vers le haut. Elle se débat comme elle peut en criant, mais la musique est trop forte. 

-Arrêtes de t'agiter. Je suis sur que t'en a envie au moins autant que moi...

Mehdi regarde l'écran de son téléphone pour la nième fois. Ça fait plus d'une trentaine de minutes qu'Azaya a quitté la table, elle devrait déjà être revenue. Il se lève :

Mehdi: Excusez moi, j'en ai pour une minute.

Anissa (murmurant): On dirait une gamine tellement il la surprotège.

Il se dirige vers les toilettes des dames et essaie d'ouvrir en vain. Quand Azaya se rend compte qu'il y'a quelqu'un qui essaie d'ouvrir la porte, elle crie de plus belle et s'agite dans tous les sens pour faire le plus de bruits possible.

A suivre...

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