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Ecrit par Annabelle Sara
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Claire était endormie à mes cotés, voilà déjà pratiquement un mois que nous dormons dans le même lit. Je dis dormir mais en fait nous faisons plus que cela. Cette femme est un feu ardent, elle a réussi à me laisser l’approcher.
Elle s’était pas juste débarrassée de son pervers d’oncle, qui risquait d’aller en prison, mais surtout de sa peur farouche de l’intimité avec un homme. Il y a quelque semaine je ne pouvais pas la toucher sans qu’elle recule, sursaute ou panique carrément, mais avec le temps et la confiance s’installant entre nous elle a commencé à me donner un peu plus de sa personne.
Ce n’était pas encore l’abandon total cela dit elle, s’ouvrait à moi et me laissait la prendre et la guider dans les abysses du plaisir. Je ne vous dis pas comment cette femme me fait sentir dans ses moments. L’amour avec elle me donne du pouvoir, bien plus que cela, ça me donne du contrôle sur elle.
Je suis un assoiffé de contrôle.
C’est ce qui me différencie des autres hommes. Je dois contrôler la situation du début jusqu’à la fin, anticiper les tournures que peuvent pendre une relation un évènement. Ne jamais me faire prendre ou surprendre par un évènement. Comme en ce moment avec Claire je sais comment doser mon attention envers elle pour ne pas l’effrayer et encore moins lui donner une fausse impression.
Car nous savons tous les deux que notre relation n’a rien à voir avec une amourette, c’est plus une thérapie qu’une relation sentimentale. Et le fait qu’elle le comprenne et surtout qu’elle accepte la situation telle qu’elle est moi je suis tranquille.
Cette nuit, avait été particulière peut-être parce que je commençais à ne plus avoir des choses à lui montrer mais plus à partager avec elle. Et c’était bon de partager des choses avec une femme qui connait sa valeur et qui cède devant nous.
J’étais allongé dans l’obscurité, près de ce corps qui irradiait près du mien lorsque mon téléphone se mit à sonner.
C’était mon pote Franck, s’il m’appelle à cette heure de la nuit c’est pour que je le sorte d’une situation compliqué.
Moi : Bro ? Il y a quoi pourquoi tu appelles tard comme ça ? On a un truc ?
Il ne répondit pas tout de suite et lorsqu’il parla enfin sa voix me parut bizarre.
Franck : Tu es où ?
Moi : Chez moi… il y a quoi ?
Franck : Eric s’il te plait… c’est mauvais grand !
Moi : C’est quoi ?
Franck : Il faut que tu me sortes de cette situation… c’est grave je ne sais même pas comment commencer…
Moi : Quand tu parles comme ça c’est qu’il y a une femme dedans ! Tu es où ?
Franck : Je suis chez moi ! C’est… la petite là viens de me call… c’est grave frère !
Le ton de sa voix m’alarma.
Moi : Quelle petite ?
Il baissa la voix.
Franck : la petite lycéenne là…
L’image d’une jeune fille se trémoussant sur les cuisses de mon pote me traversa l’esprit, je me demande comment j’avais fait pour ne pas vomir cette nuit là en les voyant tous les deux.
Moi : Oui… il y a quoi ?
Ma voix se faisait pressante, j’avais envie de retrouver mon sommeil.
Franck : Elle vient de me call dans les matas… Elle ne va pas bien Bro… je dois l’emmener à l’hosto…
Moi : Bro il y a le corona dehors tu veux l’emmener à l’hosto ?
Franck : Elle ne va pas bien je te dis… Elle a pris un truc, ça ne donne pas !
Moi : Un truc ? Quel truc ?
Je l’entendis piaffer, ça devait être grave pour qu’il s’impatiente au lieu de me parler franchement.
Moi : Francky, tu as fais quoi ? Tu as donné la pilule au mouna là ?
Je ne sais pas pourquoi j’avais pensé à cela instinctivement.
Franck : Elle est venue me dire qu’elle est bèlè tu voulais que je fasse quoi ?
Ma voix s’est élevée sans même que je m’en rende compte.
Moi : Que tu prennes tes responsabilités en main pour une fois dans ta vie Man ! Tu exagères déjà ! Tu donne un truc dangereux comme ça à une fille qui a échouée le BEPC 4 fois tu t’attendais à quoi ?
Il sembla essayer de me faire taire en baissant lui-même sa voix.
Franck : Je ne savais pas que ça allait déranger gars…
Moi : Oui n’est-ce pas c’est le bonbon ! Ce sont les sucreries nooo, soit sérieux un peu dans ta vie Bro !
Franck : Pardon fini de me halla après tu pars voir comment elle va…
Moi : Pardon ? Tu es fou ? Tu m’envoie où ?
Franck : Je ne peux pas sortir ma go va me ask où je vais !
Moi : Monsieur, je ne veux pas savoir ce que tu vas lui dire mais s’il te plait tu vas lui expliquer que les poules ont accouché derrière la cuisine de ta mère , tout ce que tu veux mais tu vas sortir de chez toi et aller chercher la fille d’autrui pour l’emmener à l’hosto !
Franck : Je ne sais pas où l’emmener…
Moi : et tu crois que c’est moi qui sait où on emmène les idiotes qui veulent avorter d’un malade comme toi ?
Franck : Bro pardon, tu as les amis partout ! Pardon…
Le comportement irresponsable de Franck me faisait parfois me demander pourquoi je continuais de le garder parmi mes proches.
Moi : En tu viens avec ça quand les hôpitaux sont risqués ! On va aller porter ce qu’on n’avait pas prévu là-bas… Okay !
Je me levais de mon lit en parlant. S’il y a une chose que je sais c’est que malgré la connerie d’un ami, on ne le laisse pas dans la merde.
Moi : je vais t’envoyer un sms pour t’indiquer la clinique d’un pote que je connais là ! Dépêches toi surtout ! Si le mouna là die tu seras dans les problèmes et moi je ne suis pas avocat pénale…
Franck : Merci, type ! Merci beaucoup j’attends ton sms… je vais la chercher !
Claire se retourna pendant que j’enfilais un pantalon en vitesse.
Claire : Tu vas sauver les fesses de qui à cette heure ?
Sa question me fit sourire. Elle avait prit l’habitude de me dire que je lui avais sauvé les fesses en piégeant son oncle pour qu’elle puisse récupérer la boite de son ^père et surtout en l’arrachant de l’emprise de cet énergumène ignoble.
Moi : je vais sauver les fesses d’un idiot !
Claire : Franck ? Il a fait quoi cette fois ?
Moi : Je vais t’expliquer cela à mon retour ! Retournes te coucher tu te reposes tu en as besoin…
Claire : Ok mais si tu rentres au petit matin tu as des chances de ne pas me trouver parce que je dois rencontrer des clients tôt ce matin !
Moi : La réunion avec les partenaires dont tu me parlais ? Ton avocat ne doit-il pas être présent ?
Claire : Non ! Pour le moment c’est une prise de contact ! Nous verrons si nous en arrivons à des discussions plus poussées avec eux après ça… et là mon avocat devra présent pour donner son point de vue.
J’aimais beaucoup la façon dont elle avait gagné en confiance depuis quelques temps.
Moi : Ok ma belle ! Retournes te coucher mais écris moi en journée pour me donner tes premières impressions d’accord ?
Claire : Sans fautes !
Elle se recoucha en m’envoyant un baiser de la main. En sortant de chez moi je contactais un ami qui était gynéco dans une clinique de la place, pour savoir s’il était de garde et s’il ne l’était pas à qui je pouvais m’adresser car j’avais un cas urgent entre les bras.
Il m’envoya un numéro de téléphone avec le nom d’une femme m’expliquant que c’était l’infirmière major de garde et qu’elle allait nous admettre dans la clinique le temps que lui arrive.
Il ne me posa pas de question et c’était aussi bien parce que lorsque je descendais de taxi devant la clinique dont j’avais envoyé l’adresse et le nom à Franck, lui aussi arrivait dans sa grosse Lexus. En me dirigeant vers lui, je compris qu’il ne m’avait pas tout dit.
Il était couvert de sang, le visage trempé de sueur, complètement paniqué.
Moi : Bro… ?
Franck : Il faut faire quelque chose… elle perd beaucoup de sang !
C’était grave !
Moi : Fais la sortir de la voiture…
J’ai couru dans la clinique en composant le numéro de l’infirmière, j’étais tellement pressé que j’ai failli renverser une demoiselle en blouse blanche.
L’infirmière : Faites attention… où vous courez comme ça ?
Moi : Je cherche une certaine Elise ! Nous avons un cas compliqué et urgent…
L’infirmière : C’est quoi un cas compliqué et urgent ?
J’allais expliquer lorsque mon pote entra dans les locaux aseptisés avec une fille à moitié évanouie dans ses bras, dégoulinante de sang.
L’infirmière : Seigneur ! Elle a eut quoi ?
Elle se précipita vers la jeune femme et pris son pouls en tenant son poignet.
L’infirmière : Vous lui avez donné quoi ?
Elle se tourna vers moi, le visage convulsé de colère visiblement. La lueur dans son regard me piqua de façon singulière.
Moi : Franck ?
Franck : Je… je ne sais pas ! Elle ne m’a pas dit !
L’infirmière : C’est votre petite sœur ?
Elle nous observa secouer à tour de rôle nos têtes.
L’infirmière : Je veux que ses parents viennent !
Moi : Pardon ? Au lieu de l’interner et de vous occupez d’elle vous demandez ses parents ? S’ils pouvaient être là nous serions ici ?
L’infirmière : n’êtes vous pas ici justement parce que vous êtes la cause de cet état ?
J’allais lui répondre pour la remettre à sa place lorsque Franck intervint.
Franck : S’il vous plait elle perd du sang si vous pouvez la prendre en charge… c’est le plus important ! L’argent n’est pas un problème ! Ses parents ne sont pas dans la ville mais je peux appeler sa sœur ainée…
Elle nous observa un moment avant d’appeler d’autres personnes pour finalement admettre la petite de mon ami.
L’infirmière : nous aurons besoin de sang et de ces différents médicaments en attendant que le docteur arrive… si jamais cette enfant ne survit pas !
Moi : Faites tout ce que vous pourrez pour que nous n’en arrivions pas là !
Mon intervention sembla lui couper l’élan. Je savais qu’elle avait compris ce qui s’était passé, mais je voulais qu’elle garde à l’esprit ce qui était important à savoir qu’elle devait s’occuper de sa patiente et surtout la sauver.
L’attente fut plus longue que ce que nous avions alors prévu. Le pire pour moi c’était de devoir réconforter un vieux gaillard, puant à la fois le sang et la peur. Franck déclara je ne sais combien de fois qu’il en avait terminé avec les conneries dans sa vie, il m’expliqua qu’il lui avait donné les médicaments avec le dosage approprié, il ne comprenait pas ce qui s’était passé. Je ne voulais pas l’accabler mais le voir se lamenter alors qu’une jeune fille était entre la vie t la mort à cause de lui m’exaspérait.
Comment je faisais pour rester ami avec quelqu’un qui ne mesurait jamais la portée de ses actes comme Franck.
Sylvain : Eric !
Mon ami gynéco venait de sortir de la salle d’accouchement ou d’opération je ne comprenais pas trop ce qu’on lui faisait en ce moment.
Sylvain : Elle est stable ! Nous avons stoppé l’hémorragie et terminée avec le nettoyage de son utérus. Est-ce que l’un d’entre vous peut m’expliquer comment il a fait pour pousser une fillette à avorter à 5 mois de grossesse sans passer par un médecin ?
Je me suis tourné vers Franck avant de me lever et me diriger vers mon ami pour lui expliquer.
Moi : Je crois qu’il y a certaines informations sur la situation que je ne maitrise pas !
Sylvain : C’est dangereux ce qui vient de se passer, si ce n’était pas toi je ne faisais pas ça ! Elle a failli y rester !
Moi : Nous t’en sommes infiniment reconnaissant… et je te revaudrais ça Bro !
Sylvain : Je ne sais pas comment tu fais pour marcher avec certaines personnes.
Je me suis souvenu qu’il ne supportait pas Franck.
Sylvain : Il ne faut pas que demain il t’apporte les problèmes hein !
On parlait doucement lorsqu’une jeune dame passa devant nous en t-shirt et pantalon jeans et tennis.
L’infirmière dont le regard m’avait hérissé le poil et qui cette fois me hérissait autre chose. J’étais du genre à réagir à l’instinct et là mon instinct animal était piqué.
Elle passa devant nous sans même un dernier regard pour moi.
Sylvain : Elise, tu t’es assuré que la patiente aura tout ce qu’il faut ?
C’était donc elle la fameuse Elise ?
Elle se tourna cers moi me toisa avant de se tourner vers son patron et lui dire qu’elle avait tout pris en charge.
Elise : J’ai aussi demandé qu’aucun de ces hommes n’entre dans sa chambre ! En fait c’est elle qui l’a demandé et je me souviens que quelqu’un m’a parlé de sa sœur ainée ici !
Il y avait de l’acide sur sa langue, elle ne nous appréciait pas mais elle n’avait pas besoin d’être mégère.
Moi : tant qu’elle est bien traitée nous n’avons aucun problème puisque nous payons pour ça !
Pour la première fois depuis longtemps je laissais une femme me sortir de ma zone de confort. Elle me poussait à bout avec ses airs supérieurs et son mépris pour nous, si ce n’était à cause de sa beauté qu’elle savait dissimuler sous sa tenue d’infirmière.
Elise : Grand bien vous fasse, Monsieur le généreux !
Sylvain : Elise !
Moi : Non ! Laisse là !
Je ne voulais pas lui faire le plaisir de se faire gronder par son supérieur. Elle se tourna et s’en alla.