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Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
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"Mon Dieu, mon Dieu! Que
vais-je devenir? Enceinte!!!!!!!!"
"Sache que tu es morte.
Parce que Kaba ne va pas te rater. Une fois qu'elle apprendra la nouvelle, elle
prendra soit son couteau de cuisine pour t'éventrer soit son balai pour te
rosser. Dans les deux cas, elle te foutra à la porte de sa maison."
"Snif! Une fois qu'elle
apprendra la nouvelle, elle prendra soit son couteau de cuisine pour t'éventrer
soit son balai pour te rosser."
"De rien, ma chère
Pupuce. Tu savais les conséquences, non! Nous sommes allées là-bas pour nous
amuser, faire les folles sur la piste de danse. Pas pour aller coucher, ma
belle!"
"Snif! Je ...je...j'étais
loin de me douter que tout cela finirait ainsi. Je...Que vais-je devenir."
"Une fois morte, plus de
souci. Tu as au ciel ou en enfer. Et l'affaire est réglée."
"Merci pour ton soutien,
Tania."
"Y a pas de quoi. Si
jamais Kaba t'épargne, tu auras appris une leçon : on ne couche pas sans capote
à moins d'être complètement conne! On nous l'a appris en classe, non?"
"Je... C'est facile à
dire, Hein! Je voudrais t'y voir toi dans le feu de l'action, penser à une
capote à ce moment-là!"
"Sois pas bête Pupuce!
Nous sommes de grande fille! Ne me dis pas qu'à 17 ans, tu es incapable de
prononcer le mot CAPOTE! T'as eu honte de quoi???"
"De rien... Tu peux pas
comprendre. Je pensais pourtant que tu étais ma frangine... Mais je constate
que je n'ai plus personne sur qui compter."
"Ma go, le bac c'est là,
à la fin de l'année. Nous n'avons plus que six mois à tenir. Ensuite, on
s'envole pour l'Afrique du Sud, pour la liberté. Plus de Kaba ni de papa Jimmy
pour nous emmerder. Et au lieu d'être patiente, tout ce que tu as trouvé
d'intéressant à faire, c'est d'aller écarter tes jambes sur le banc d'une salle
de classe et laisser Peter éjaculer dans ton vagin!"
"Mais... je... je."
"Tu bégayais aussi comme
ça quand il t'a proposé de le suivre dans cette salle de classe! Pupuce, nous
avons fait le mur pour aller danser, tu comprends. Nous sommes allées là-bas
pour DANSER. Pas pour coucher. Et surtout pas sans capote. Et surtout pas avec
un imbécile, même trop mignon, qui couche avec toutes les fille qui lui tombent
dans les bras."
"C'est mon mec,
Tania."
"Et cela ne l'empêche pas
de se taper d'autre fille. Je te signale qu'une fois la fête finie, il a
atterri dans le lit de Roseline. Elle l'a raconté à tout le monde. C'est ça le
type dont tu es amoureuse. Que dire? C'est ça le type dont tu es
enceinte."
"Merci pour ton
soutien!"
"Oh, tu ne me remercieras
jamais assez. Bien, je te laisse. Il faut que j'aille à la morgue pour
commander ton cercueil, ma belle. Car lorsque Kaba va te tomber dessus, il ne
restera plus que des miettes de toi. Je les mettrai dans ce cercueil. Et
t'inquiète, tu auras un bel enterrement. Salut, ma vieille.
"Tania!"
"Quoi, Tania? Il faut
bien que j'aille réfléchir à une solution pour te sortir de là, non!"
"De quoi parles-tu?"
"Je ne sais pas, moi. Là,
j'ai l'esprit un peu embrouillé. Mais la nuit porte conseil, dit-on. Alors, à
demain Pupuce."
La nuit est tombée depuis
longtemps au moment où j'abandonne Pupuce dans sa chambre. Elle a décidé d'y
rester enfermée jusqu'au jugement dernier. C'est mieux pour elle, car lorsque
Kaba apprendra la nouvelle, l'Apocalypse aura lieu au même moment.
Qui est Kaba? C'est notre
mère. En fait, en regardant un dessin animé il y a quelques années, le nom de
la sorcière dans le film nous a marqué. Cette sorcière se nomme Karaba. Nous
avons tout de suite pensé à celle qui nous a mise au monde. Mais pour ne pas
qu'elle se sente insulté en apprenant l'affaire, nous avons coupé le nom et
l'appelons simplement Kaba. Pourquoi ? Parce qu'elle ressemble à une lionne
toujours prête à bondir sur sa proie. Et parce que tout le monde dans la
famille et dans le quartier l'a craint plus que tout. Donc, voilà, on l'appelle
Kaba au lieu de Karaba. Bref, toute une histoire.
J'ai dit que c'est notre mère,
oui. Mais elle ne m'a pas élevée. Je suis Tania. Ma sœur Pupuce et moi, sommes
jumelles. Nous sommes nées en mi-mai, il y a 18 ans maintenant. À l'annonce de
cette grossesse, Nzigou Etienne, notre géniteur, a pris la poudre d'escampette
et est allé se terrer du côté de Mbigou, dans le sud du Gabon. C'est ainsi que
notre mère, qui en réalité se prénomme Agnès, s'est retrouvée toute seule, sans
travail, sans argent, avec une grossesse gémellaire de 5 mois.
Est alors arrivé dans sa vie,
le sauveur, du nom de Malgloire Akendengue. Il a payé la layette et tous les
frais médicaux pour le suivi de la grossesse. Et à notre naissance, il nous a
officiellement reconnues à la mairie du 2nd arrondissement de Port-Gentil.
Je suis Tania Akendengue.
Pupuce se nomme Marjorie Akendengue. Mais comme le sort s'acharnait encore,
madame notre mère a abandonné, monsieur notre très cher père, car il la
violentait sérieusement, au point de lui casser le bras, après avoir pris une
cuite, un samedi, au bar du coin. Son bras cassé et son œil au beurre noir,
Kaba a quitté monsieur Magloire Akendengue et a cogné, à 3h du matin chez sa
sœur Bernadette, avec une valise et deux bébés de 3 mois dans les bras. C'est
là que ma vie devait commencer. Pour le meilleur.
Quand 3 mois plus tard, Jimmy
Mbeng est arrivé dans la vie de Kaba, elle lui a fait chanté la sérénade un an
durant. Elle ne voulait surtout pas revivre les mêmes histoires qu'avant.
Alors, elle a fait traîner l'affaire en longueur avant de lui dire oui. Nous
avions 1 an et demi Pupuce et moi, quand la famille Mbeng est descendue de
l'estuaire pour venir enlever notre mère à sa vie de célibat. Elle s'est mariée
à la coutume, à la mairie et à l'église. Alors, elle a fait traîner l'affaire
en longueur avant de lui dire oui. Et est très strict dans sa vie au quotidien
et dans sa manière de nous élever.
Et moi alors?
Avant que le mariage de Kaba
ne soit célébrer, ma tante Bernadette, qui en fait s'occupait de nous plus que
ne le faisait Kaba, s'est mise à genoux devant sa sœur. Une nuit durant, elle
l'a suppliée de lui laisser un enfant. Kaba n'a pas joué la difficile: elle a
dit oui. Elle m'a alors donnée à sa sœur, qui malheureusement était stérile.
C'est ainsi que la tante Bernadette, est devenue ma man à moi; et Kaba est
restée celle de Pupuce.
Et je ne m'en porte pas plus
mal; car lorsque Kaba rugit, pupuce atterri toujours dans la maison de
Bernadette.
Donc pour moi, maman c'est
Bernadette. Et Papa, c'est le cher monsieur Akendengue, qui malgré toute la
boisson qu'il ingère chaque jour, joue son rôle de paternel. Il paie notre
scolarité et il nous donne chaque mois 35mille francs d'argent de poche, pour
que nous puissions payer le taxi pour se rendre au lycée.
Ma sœur et moi sommes en
classe de terminale au lycée Raponda Walker. La scolarité lui coûte plutôt
cher, mais comme nous sommes ses uniques enfants, il fait de son mieux.
Monsieur notre papa est magasinier dans une compagnie pétrolière. Il est
célibataire, par la force des choses: monsieur cogne dur sur les femmes
lorsqu'il est ivre. Qui peut supporter un tel homme !
Un jour, quand nous avions 10
ans, nous étions passées lui dire bonjour. Ses parents étaient là dans la cour.
Il y avait réunion de famille parce que trop c'était trop, aux dires de nos tantes
paternelles. Il fallait trouver une solution à la situation de Magloire
Akendengue. Beaucoup d'idées ont fusé. Et quelqu'un a décidé qu'il devait se
faire initier au rite OKUYI. Yo!
Pupuce et moi nous avons ri ;
pourtant nous n'avions que 10 ans! Lui, se faire initier??? Nous pensions déjà,
avec notre espièglerie, que se serait Okouyi qui aurait peur de notre père et
qui s'enfuirait en le voyant.
Cela n'a pas raté. Les
provisions ont été acheté, le passage pour Lambaréné, payé. Le vendredi matin
au port d'embarquement, la famille à attendu notre père en vain. Il avait été
hospitalisé la veille à l'hôpital Paul Igamba. Quelqu'un l'avait ramassé en
route, en état d'ébriété avancé.
C'est notre père. Nous
demandons tous les jours à Kaba de prier pour que Dieu jeté un regard
compatissant sur lui et le remette sur de bons rails. Mais Kaba, n'en a plus
rien à foutre de notre paternel et elle nous répond immanquablement : ce
soûlard, même en enfer, il n'en voudrait pas, car il est capable d'éteindre les
flammes par son haleine avinée.
Yo!
Que dire après ça!?