1. Retour au bercail

Ecrit par SSS

#La Femme_du_gouverneur

Épisode 1 : Mariage arrangé

**** Nikita Lily-Rose EBAHO, 24 ans****

Ah, la chaleur du pays ! Ça fait longtemps que j'ai foulé le sol de ma chère Afrique. Après plusieurs années passées au Canada pour mes études de médecine, je reviens enfin au pays et ça me fait tout drôle. Je suis à la fois excitée et stressée à l'idée de revoir tout ce petit monde que j’avais quitté il y a près de 8 ans. 

Ma mère et ma petite sœur Imani sont venues me chercher à l'aéroport. Les retrouvailles étaient vraiment chargées d'émotion. Je n'ai jamais serré aussi fort ma mère dans mes bras. Madame Agnès EBAHO! Elle est toujours aussi potelée malgré les un ou deux cheveux blancs qui se sont pointés. Et ma petite soeur Imani….elle a tellement changé ! Elle n’avait que 10 ans quand je suis partie et même si on communiquait beaucoup par appel vidéo, la voir en vrai m'a vraiment fait quelque chose. Elle est devenue une belle jeune fille en forme, ça me fait plaisir.

On est dans la voiture de maman, en route pour la maison familiale. L'occasion de se raconter mille et une anecdotes. Je papote avec eux mais je ne peux m’empêcher de regarder le magnifique paysage urbain qui nous entoure. L'État de l’Ekavango a tellement changé, des grands bâtiments magnifiques ont fleuri un peu partout avec des fontaines, de très beaux jardins. Même l'air est un peu plus agréable que dans mes souvenirs. Je sens que je vais me plaire dans cette ville.

On arrive à la maison après 45min de route. Une grande propriété avec un grand jardin et une piscine toujours très bien entretenue. Que de souvenirs en la voyant ! Je me rappelle des bons moments que nous avions passé en famille, de nos joies et de nos peines, de mes bêtises aussi. Une larme de joie coule sur ma joue. Ma chambre n'a pas changé d'un poil. Toutes mes photos, mes trophées de génie en herbe, mes posters… elle n'a rien jeté.

 Maman a préparé un véritable festin pour le déjeuner. Rien qu'à voir les différents mets alignés sur la table de la salle à manger, je salive d'envie. 

En attendant midi, Imani ne me lâche pas d'une semelle et nous bavardons de tout et de rien.

  • Imani : Devine qui vient déjeuner avec nous tout à l'heure.

  • Moi : Hum… Je sais pas trop moi. Papa ??

  • Imani : Tchrum. Papa est en voyage, il ne revient que demain. Allez, devine !

  • Moi : Faut pas m'énerver hein, parle vite.

  • Imani : B-R-A-D. C’est Brad !!! Ton chéri d’amour comme tu l'appelais.

Brad ??? Mais qu’est-ce qu'il viendrait faire ici ? On est sorti ensemble en cachette quand on était au collège. Mon père, l’un des hommes les plus riches de l’Ekavango,  le voyait souvent dans les parages et le détestait car il venait d'une famille modeste. On se servait de prétextes de toutes sortes pour se voir. C'était la belle époque… mais Brad a fini par se lasser du mépris qu'il lisait dans les yeux de mon père et m'a quitté. C'était quelques semaines avant mon départ. Il m'a dit : « Un jour, je vais prouver à ton père et aux gens de votre petit univers de bourges que le monde ne tourne pas autour de vous. Ton père aura besoin de moi ! » Ça m'a tellement blessé… Mais au fil du temps, j'ai fini par oublier complètement ce gars…enfin, je crois.

  • Moi : Hum Brad ? Depuis quand Maman invite les gens à manger et pire les gens que Papa méprise ?

  • Imani : Eyii ? Ça t'étonne non ? Tu ne le sais sûrement pas, mais Brad a été nommé Commissaire Général de la Police de  l’État ! Donc il est maintenant un grand quelqu'un. Et donc…

  • Moi : Ah je vois ! Papa essaie de tisser de bonnes relations avec lui au cas où il aurait besoin de ses services. Pfff…

  • Imani : Ah tu connais ton père..

Commissaire général ? Je suis contente pour lui. Mais je ne sais pas si j'ai envie de revoir ce type. Oui, j'avoue, je lui en veux encore un peu. Il n’avait pas le droit de me faire ça. Je prie de tout cœur qu'il ait un empêchement de dernière minute car sa présence m'indisposerait.

Maman nous appelle pour le déjeuner. Enfin, je vais pouvoir mordre dans la chair du poulet que je lorgnait tout à l'heure depuis la salle à manger. Effectivement, il y a un couvert de plus sur la table mais Brad n'est pas encore là.

  • Moi : Maman, ton fameux invité là n'est pas encore là ? Il fait attendre les gens pour rien. Qu’est-ce que les gens sont mal éduqués de nos jours !!!

  • Imani : ( pouffe de rire) Hum, la mauvaise foi !

Pendant qu’elle parle encore, quelqu'un pénètre dans le salon..

  • Je suis désolé de vous avoir fait attendre de la sorte, j'étais pris par le travail. Toutes mes excuses, mesdames. Et désolé d'être entré ainsi, le garde du corps m'a dit que je pouvais.

C’est… C'est Brad ! Mon Cœur rate un battement en le voyant. Il est encore plus beau que dans mes souvenirs. Son regard croise le mien et là… son visage se fige. Il semble étonné et peut-être même content de me revoir. Mais bon, je m'en fout ! Un gros égoïste comme ça.

  • Maman : Monsieur le Commissaire ! Quel plaisir de vous accueillir ! Venez s'il vous plaît, on vous attendait pour commencer.

  • Lui : (en maintenant le contact visuel) Heu….Merci encore pour l’invitation. J’espère que je ne vous ai pas trop fait attendre.

  • Maman : Mais non voyons. Allez, prenez place près de moi mon petit.

Il semble secoué mais il fait comme si de rien n'était et vient s'asseoir, en face de moi en plus… Tchip. Il ne lâche pas mon regard pendant un bon moment, même pendant que Imani le sert copieusement.

  • Lui : Nikita… Ça fait si longtemps. Tu es enfin de retour.

Je rêve ou il est entrain de me parler ce con ? Il faut vraiment que je réponde ??? Calmos Niki, tu n'es pas vulgaire, zen toujours.

  • Moi : Comme tu peux le voir Brad.

  • Lui : Ça me fait vraiment plaisir de te revoir. Bienvenue chez toi.

  • Moi : Merci.

  • Lui : Euh bien… Ton séjour s’est bien passé ? 

  • Moi : Il s'est très bien passé. J'ai appris que tu es maintenant haut gradé dans la police de cet état. Félicitations.

  • Lui : Oh merci… tout ça c'est l'œuvre de Dieu.

  • Maman : Vous parlez beaucoup sans manger hein ! J'ai préparé la nourriture pour les mouches ??

  • Moi : Mais non Maman, on mange.

  • Imani : (fait semblant de tousser en pouffant de rire) ko manger, hum !

Le regard que je lance à Imani la fait taire en même temps. Le repas continue dans une ambiance calme mais un peu lourde. J'évite au maximum le regard de Brad pendant tout le déjeuner. Imani ne fait que faire des « hum » en nous regardant. Brad finit assez tôt son plat et demande à partir aussitôt.

  • Maman : Déjà ? Mais il reste encore le dessert et surtout un vieux vin délicieux que j'ai ouvert spécialement pour l’occasion.

  • Lui : Merci madame mais le devoir m'appelle. Je dois impérativement y aller.

  • Madame : Ah c’est dommage. Bon OK, c’est pas grave. Nikita, comme tu as fini ton plat, tu peux raccompagner Monsieur le Commissaire s'il te plaît ?

Il ne manquait plus que ça ! C’est quelle malchance comme ça ?

  • Imani : Oui grande sœur, raccompagne le beau commissaire stp. Je ne peux pas, j'ai pas fini mon plat ????

Il fallait qu'elle en rajoute celle-là. Mais je suis beaucoup plus que ça moi. Je le raccompagne donc au dehors tout en faisant attention à ne pas le regarder. Au portail, il me retient le bras.

  • Lui : Nikita attend s'il te plaît.

  • Moi : Pourquoi ? Tu es déjà arrivé chez toi ?

  • Lui : Hum Niki. Tu m'en veux toujours n’est-ce pas ?

  • Moi : Tu m'as bien regardé ?   J'en ai fini avec les gamineries . Et puis, ne m’appelle plus Niki !

  • Lui : Tu m'en veux c’est clair, je te connais. Nikita j'ai agi comme un idiot je le sais. J'aurais dû être plus endurant et moins égoïste, j'ai été lâche. Je suis vraiment désolé pour cela. Mais ça fait tellement longtemps que tout ça s’est produit, ce sont des erreurs du passé. J’aimerais qu'on laisse tout ça de côté et qu'on avance le cœur léger.

  • Moi : Ha ha . Moi j'ai le cœur plus léger qu'une plume Brad. Comme tu l’as dit, c’est du passé et donc ton long discours ne sert strictement à rien.

  • Brad : Et bien je n'en suis pas si convaincu. Je n'ai jamais eu l’occasion de te présenter mes excuses en face ; même quand j'essayais de te contacter sur les réseaux sociaux, tu ne m'as jamais répondu. Je me suis senti tellement mal toutes ces années à cause de mon erreur et j’aimerais tant me faire pardonner.

  • Moi : Ah bon ???

  • Lui : Oui Nikita. Que dirais-tu d'aller prendre un verre avec moi demain soir ? Histoire qu'on en discute vraiment pour évacuer toute cette tension et l’amertume que tu as dans ton cœur à mon égard. Ça nous ferait un grand bien.

J'hésite un moment mais ensuite j’accepte. Après tout, nous ne sommes plus des enfants et ça me permettrait d'enterrer cette histoire une bonne fois pour toutes. On échange nos contacts et il s’en va à bord d’une très belle voiture. Apparemment il a réalisé son rêve, il est devenu un homme important. Tant mieux pour lui…

Bon, il faut que je rentre dormir un bon coup. Le voyage Canada-Ekavango n’est pas la mer à boire.

---------- Quelques heures plus tard-----------

Maman est venue me réveiller de mon doux sommeil parce que le dîner allait bientôt être prêt. Ça m'a déjà mise de mauvaise humeur parce que je faisais un rêve où je coupais la tête de Brad et j'étais aux anges. 

Pendant que notre servante dresse la table, Maman, Imani et moi sommes assises devant la télé dans le grand salon. La chaîne nationale passe les infos.

  • Moi : Il n'y a rien de mieux à regarder ? Mettez un bon film tout au moins. Orrr !!!

  • Maman : Il faut au moins s'informer ma fille. Regarde (désignant quelqu'un à la télé), ce monsieur, Son Excellence Monsieur Terrence GARBRO, est le gouverneur de l'Ekavango depuis 4 ans. Est-ce que toi tu savais ça ? Or tu es originaire d'ici.

  • Moi : Il a l'air très jeune celui-là.

  • Imani : Et oui, il n'a que 40 ans mais il est mignoooon  les problèmes ! Je l'admire beaucoup pour son parcours d'homme et de politicien.  Son corps m'a fait aimer la politique lol.

  • Maman : Toi tu n'es pas seule dans ta tête. En parlant de ça, demain soir nous aurons l’honneur de recevoir Monsieur Terrence ici même. Donc arrangez vos programmes en fonction de cela et surtout apprêtez vos plus belles robes, il vient avec votre père et celui-ci exige que vous soyez tout simplement parfaites pour l'occasion.

  • Moi : Quoi ?? Je pensais que vous aviez changé votre mauvaise habitude des réceptions de dernière minute là. Ça veut dire quoi même ?

  • Maman : Hey grande dame, en quoi ça te dérange ? Tu as un programme toi ? 

Je ne peux quand même pas lui dire que j'ai un rendez-vous avec Brad. Je me demande comment je vais gérer.

  • Moi : Ah maman laisse. La table n'est pas encore dressée ? Allons manger nor.

  • Maman : Ouais c’est ça.

On dirait que mon rendez-vous avec Brad est foutu. Connaissant mon père, je n'ai même pas intérêt à rater la réception. C’est un peu déçue que je vais manger ce soir.

Après le dîner, je rentre directement dans ma chambre. J'appelle Brad pour le prévenir du changement de programme. Il semble un peu déçu mais il n'a pas d'autre choix. 

( Au téléphone)

  • Lui : Promet-moi qu'on se reverra très bientôt. 

  • Moi : Je n'ai rien à te promettre. Je ne sais pas si j'ai encore envie de voir ta tête.

  • Lui : Si tu savais à quel point moi j'ai envie de te voir. Tu es tellement belle Nikita, tu l’es encore plus actuellement. Quand je t'ai vu aujourd’hui, tu étais magnifique. Avec ton petit nez et…

  • Moi : Arrête…

  • Lui : C’est vrai. Je t'appelais souvent ma poupée, tu te souviens ?

Je sais pas trop quoi répondre. Et je ne veux pas me laisser attendrir.

  • Moi : Et si on se disait à plus tard ??? J'ai sommeil là.

  • Lui : Hum... OK je te comprends. Bonne nuit à toi Nikita. 

  • Moi : Merci. Au-revoir.

Pourquoi je me sens toute « chose » comme ça après un simple appel de ce type, après ce qu'il m'a fait ? Il m'énerve vraiment mais en même temps il….. Oh je ne veux plus y penser. Je vais dormir, mon lit douillet me fera le plus grand bien. Surtout que je sens que la journée de demain sera chargée.

-----------Le lendemain ----------

Depuis le matin, Maman ne fait que des allers retours dans la maison. Préparation des différents mets, choix des nappes et couverts ainsi que d'un bon vin, ambiance de la salle…tout doit être parfait pour la fameuse réception du Gouverneur. J'ai essayé de l'aider du mieux que j'ai pu mais franchement elle s'en fait trop. Imani n'a même pas bougé de sa chambre depuis le matin. Une grosse paresseuse comme ça.

Après le déjeuner, on s'est un peu reposé avant de se préparer. Je me suis changée au moins quatre fois avant que Maman ne valide. Imani l’a fait rager à cause de la robe sac ultra extra courte qu'elle a porté. Ça n'a pas été facile de lui faire mettre quelque chose de décent. Après une séance de coiffure et quelques touches de maquillage, nous sommes descendus pour attendre Papa et notre invité VIP.

Ça fait juste 5 minutes qu'on est là et un garde du corps vient nous annoncer leur arrivée. C’est Papa qui entre d'abord. Il n'a pas beaucoup changé ce monsieur, avec sa petite taille et son ventre bedonnant, à part les cheveux un peu plus grisonnants. Maman court se jeter dans ses bras. Regardez-les, si seulement elle savait combien de femmes il serrait comme ça dans un lit chaque semaine, elle serait moins enthousiaste. Je ne suis pas très très ravie de le revoir, mais je le prend quand même dans mes bras.

  • Lui : Ma chérie, mon poussin, mon petit cœur, si tu savais comme je suis content de te voir !

  • Moi : Ouais, contente de te revoir aussi papa. Bonne arrivée.

Imani refuse carrément qu'il la touche et lui lance un glaciale « ouais, welcome ». Maman l'a réprimandé mais elle s'en fout royalement apparemment. On en parlera plus tard.

Papa nous fait lever pour accueillir le Gouverneur de l'État de l'Ekavango. Un monsieur très grand, costaud, environ la quarantaine, et très bien habillé entre dans le salon. On sent l’intimidation sur les visages. Il dégage un aura qui impose le respect. Papa le fait venir et fait les présentations. Imani se mange la lèvre inférieure devant le monsieur. C’est vrai qu'il est sexy le mec. 

Il vient à mon niveau. Il est encore plus impressionnant de si près.

  • Papa : Et voici ma fille aînée, Nikita Lily-Rose.

  • Son Excellence : Enchanté Mademoiselle Nikita (il prend ma main qu'il baise délicatement). Terrence GARBRO.

Sa voix est très grave, et son regard vraiment pénétrant est à la fois intimidant et fascinant. Je ne sais pas combien de temps il a tenu ma main, mais je sais que c’est à contre-cœur que je l'ai retiré. 

Le reste de la soirée se passe plutôt bien. On dîne dans une bonne ambiance. Maman est collée à son mari comme s’ils s’étaient vus il y a 5 ans. Son Excellence et moi discutons de mes études à l'étranger et de mes projets d'avenir. Il a l'air de s’intéresser à ce que je fais et ça me fait plaisir. C’est un homme très abordable et mature. Le fait d'apprendre qu'il a grandi sans aucun parent à ses côtés et a quand même eu ce parcours m'impressionne. 

Imani n’arrête de pas de le mater, et fait une moue boudeuse quand elle nous voit parler lui et moi. Je ne comprends pas l’enfant ci, c’est un papa de 40 ans qui lui plaît ???

À un moment, Papa et son invité montent à l'étage pour discuter dans son bureau. Imani en profite pour venir me chercher des poux.

  • Elle : Alors on fait du charme au beau monsieur ?

  • Moi : Hum qu’est-ce que tu racontes ? On ne faisait que discuter, tu l’as bien vu.

  • Elle : Ouais c’est ça. J'ai bien vu comment tu le regardais tout à l'heure.

  • Moi : Ayoo, tu as oublié comment tu te mordais la lèvre comme une waka devant lui ?? Tu fais la jalousie pour un homme qui peut être ton père ? Regardez moi cette idiote. Le gars doit avoir une belle femme chez lui et tout, et puis toi petite gamine là….

  • Elle : Pardon hein ! Il est veuf depuis un moment déjà. Eh Dieu, si je pouvais le piloter seulement pour une nuit !

  • Moi : Ça ne va pas chez toi ? Qu’est-ce que tu es devenu  comme ça ? C’est toujours Maman qui t'a éduqué ?

  • Elle : Ekié !! Laisse moi rire. Toi tu es sainte Marie ou bien ? Tu as oublié comment Brad escaladait les murs en l'absence des parents pour venir te baiser dans ta chambre ici ? Tchrumm !

  • Moi : HUM IMANI !! En tout cas, je vais d'abord aux toilettes et je reviens. Tiens toi bien.

  • Elle : Ouais c’est ça ha ha ha, pisseuse !

Je ne sais pas d’où me vient l'envie subite d'uriner mais je cours aux toilettes me vider. Dès que je finis, je passe devant le bureau de Papa qui est hermétiquement fermé. Je perçois des éclats de rires, notamment celui de mon père. Un vrai rire de sadique. Comme la curiosité est bobé en moi, je colle mon oreille à la porte pour savoir quel plan machiavélique mon père échafaude encore.

  • Papa : Alors Terrence, que pense-tu de ma petite Nikita ?

  • Terrence : Mr EBAHO, j'ai trouvé en la personne de Nikita votre fille une femme charmante, cultivée et surtout ambitieuse. Elle n'est pas loin de la description que vous m'avez faite.

  • Papa : Ah j'en suis ravi ! Ma fille est un véritable bijou donc je ne peux pas la confier à n’importe qui. Vois-tu, tu es l'homme idéal pour elle. Tu es l’incarnation du charisme et de la masculinité. D'ailleurs, si tu te maries avec elle, ça renforcerait ton image publique. Un chef avec une épouse de famille noble inspire plus confiance qu'un chef veuf, sans vouloir te vexer.

  • Terrence : Je dois avouer que vous avez totalement raison. Mais soyons réalistes, elle ne sera jamais d’accord pour m'épouser. Qui accepterait épouser un inconnu ? Ce n'est pas très juste pour elle et  je ne veux pas la faire souffrir.

  • Papa : ( Rire sonore) Mon cher Terrence, depuis qu'on se connaît, tu devrais savoir que l’inquiétude que tu viens de poser n'a même pas lieu d'être ! Je suis Monsieur Évariste Okoyo EBAHO quand même ! Je rend l’impossible possible ! Ne t’inquiète pas, je vais la convaincre de t'accepter.

  • Terrence : Vous ne la forcerez pas j’espère.

  • Papa : Mais non mon ami. Ne t'inquiète pas, tu peux aller dormir tranquille. Et comme promis, je serai ton sponsor principal pour les élections gouvernementales prochaines.

  • Terrence : Je vous le revaudrai . Faire des affaires avec vous est toujours un plaisir.


Mon cœur rate un battement. Je n'en reviens pas…. Mon père vient-il à l'instant de décider de mon MARIAGE ??? Non j'y crois pas, non... Ça va pas se passer comme ça ! 

Je suis encore perdue dans mes idées quand la porte s'ouvre. Terrence est surpris de me voir là et dois sûrement deviner à mon regard furieux que j'ai tout entendu. Mon père par contre est tout souriant.

  • Lui : Orrr laisse ça Terrence, je vais gérer. Ma chérie, entre s'il te plaît. Je crois qu'on a à dire.

Terrence descend rejoindre les autres, me laissant en tête à tête avec mon fameux père. Il s'assoit paisiblement dans son fauteuil tout confort en cuir.

  • Moi : Mais Papa tu…..

  • Papa : Ferme d'abord la porte du bureau jeune fille. Faut pas qu'on t'entendre crier comme une truie gestante.

Après l'avoir fait, je reviens à la charge.

  • Moi : Papa. Tu ne va donc jamais changer ? Toujours dans les magouilles comme ça ! Tu es toujours là à décider de ce qui doit se passer dans la vie des gens. Mais laisse moi te dire papa : jamais au grand jamais je n'épouserai…..

  • Lui : Alors pour commencer, tu vas baisser d'un ton jeune fille. Je ne suis pas ton petit ami mais ton père, je peux encore te foutre dehors. Deusio c’est très malpoli d'écouter aux portes, ce n’est pas comme ça que je t'ai éduqué. Tertio, tu vas bel et bien épouser Monsieur le Gouverneur.

  • Moi : Mais Papa, tu ne m'as pas demandé mon avis ! Je n'ai aucune envie de l'épouser ! Je le connais pas et je ne l'aime pas. Si je suis venue dans ce pays c’est pour exercer mon métier et non pour finir prisonnière dans une cage dorée. Tu ne m’imposeras pas ta volonté cette fois-ci ! 

  • Lui : Quelle naïve ! L’amour ? Ce n’est qu’une illusion de Hollywood. Mais ma chérie, qui t’a dit que je  demandais ton avis. Je sais que tu vas épouser Monsieur Garbro. Et tu sais pourquoi ? 

Quand il dit ça, ça sent les menaces…

  • Lui : Pour Imani. Comme tu le sais, elle n'est pas ta sœur biologique. Ta mère l'a ramassé étant bébé devant notre portail. Elle était tellement mignonne que ta maman n'a pas résisté… Mais en grandissant elle est devenue une véritable peste. Indisciplinée, malpolie, cancre...et que sais-je encore ? Je ne la supporte vraiment plus. Lorsque je rédigeais mon testament, ta mère a voulu coûte que coûte que son nom y figure. Il est hors de question que mon argent aille à Imani, c’est déshonorant pour moi.

  • Moi : Mais Papa….

  • Lui : J'ai donc décidé de la déshériter. Je lui dirai la vérité et je la mettrai tout simplement dehors. De toute façon, elle l’aura cherché !

  • Moi : Papa tu es méchant ! Tu n'as donc aucune limite ?? Que deviendra t-elle ? Elle n'a que nous comme repère ! C’est ta fille !

  • Lui : Orrrr Imani n'est pas ma fille ! Je ne ressens rien pour elle. D’ailleurs regarde sur le bureau, le testament est déjà rédigé. Accepte de te marier au Gouverneur et je le déchire de suite. 

Je regarde le papier. Je savais que mon père était sadique mais à ce point, je n'en reviens pas. J'ai face à moi un être dénué de sentiments. Je sais qu'il est capable de faire ce qu'il dit et c’est ça qui me fait le plus peur. Je ne peux pas laisser Imani souffrir, c’est ma sœur…

  • Lui : Alors ? Que décides-tu ? L'avenir de ta sœur est dans tes mains, ou plutôt sur ton doigt ha ha ha.

  • Moi : Oui.

  • Lui : Oui ?

  • Moi : Oui j’accepte de l'épouser. Mais tu dois me jurer que Imani ne saura jamais la vérité et que tu continueras à la traiter comme ta fille légitime.

  • Lui : Tu as ma parole. Oh ma chérie, tu as pris une excellente décision. Tu verras, Terrence est l'homme idéal pour toi. Tu seras très heureuse avec lui. Beau, très riche et influent, avec un cœur grand comme le ciel : que veux-tu de plus ??

L'amour papa, l'amour.

La Femme du Gouverne...