12- Les couleurs de nos amours

Ecrit par lpbk

Un doux rêve ! J’ai rêvé de Rudy comme au cinéma. Comme dans ces films où l’on est victime d’une passion dévorante, d’une folie brûlante. Je regarde autour de moi. Je ne reconnais pas ce lit, ce tapis, cette chambre. Je tire légèrement sur le drap. Je suis nue. Non loin, ce bureau. Ces dizaines de feuilles blanches jonchant le sol. Mon visage s’illumine.

« Je n’ai pas rêvé ! »

Il m’a clairement faite comprendre qu’il voulait être avec moi ! Je souris. J’entends des bruits provenant du salon. Je saute du lit avec le drap comme une robe de mariage.

« Je dois avoir une tête horrible ! Pitié, Seigneur faite que je n’ai pas bavé … Pitié, pitié ! », pensais-je dans mon cœur en courant dans la salle de bain.

« Ça va, tu n’es pas horrible ! », me dis-je en examinant mon reflet devant la glace.

La porte de la chambre s’ouvre, mon rythme cardiaque s’accélère. Mes taches ! J’entends ses pas. Je me passe rapidement les mains dans les cheveux espérant me donner une allure sexy.

« Bonjour ! », lance-t-il depuis le pas de la porte.

Je sursaute presque. Cette immense tache posée sur toute la surface de ma bouche me rend muette. Et les trois autres, qui gâchent complètement mon regard. Il vient poser un baiser sur mon épaule nue. Il sent terriblement bon.

« Tu as bien dormi ? »

J’hoche la tête.

« Tu veux prendre une douche, te laver les dents ? »

Encore un hochement de tête.

« OK ! Il y a une brosse à dent neuve pour toi. Du dentifrice. Et le gel douche est dans la cabine. C’est bon ? »

Encore un hochement de tête. Il soupire. Face à lui, sans mon fond de teint, je me sens terriblement mal à l’aise.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Je m’empresse de lui répondre que tout va bien. Il sourit avant de sortir.

 

Une douche plus tard, je le rejoins dans le salon maquillée comme il faut. Il griffonne quelques formes géométriques. Peut-être qu’il travaille.

« C‘est bien la plus longue douche que je n’ai jamais vue. Tu as faim ? »

« Oui ! »

Il abandonne tout son matériel sur le fauteuil bleu azur et me prend la main pour que je le suive dans la cuisine.

« On va se faire un petit-déjeuner de champions tu vas voir. »

Comme je ne dis toujours rien, il s’avance vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Je sens sa langue forcer le passage jusqu’à la mienne. Puis ses baisers s’envolent vers mon cou, mon oreille qu’il mordille et caresse du bout de sa langue bien insolente.

« Détends-toi Nowa ! »

Il a raison, il faut que je me détende. Tout à l’heure dans la salle de bain, il ne m’a pas donné l’impression d’être gêné par ma peau mouchetée ou quoique ce soit. De plus, il m’a plutôt l’air conscient genre je ne me suis pas retrouvée chez lui, dans son lit par un coup de hasard. Je respire un bon coup et ça devrait aller. Il se décolle de moi et s’en va prendre des œufs.

« Ton omelette ! Tu la veux comment ? »

« Laisse-moi faire. »

 

« C’est peut-être le second meilleur petit-déjeuner de ma vie. »

« Seulement second ? Moi qui pensais me présenter à Top Chef ! »

Il me fait un clin d’œil. Termine sa tranche de pain et pose sa fourchette.

« Tu veux qu’on parle de ce qui s’est passé ? »

« Pas vraiment ! », repondis-je en faisant la grimace.

Sans plus d’émotion.

« Tu es sûre ? Parce que d’habitude les femmes veulent tout le temps parler de tout et de n’importe quoi. »

C’est quoi cette réflexion purement sexiste ?

Il a peut-être raison ! Juste un tout petit peu raison alors. C’est vrai que j’ai deux ou trois petites questions au bout des lèvres. Rien d’extraordinaire ! C’est juste pour mieux le connaitre. Et c’est pour éviter que je ne me fasse de fausse idée sur la nature de notre relation. Je viens de dire notre ?

« Finalement peut-être qu’on devrait parler. Juste pour clarifier certaines choses tu comprends. Ne crois pas que je m’attends à ce que tu me fasses des promesses là maintenant ou que tu me présentes direct à ta mère. Tu … »

« Nowa ! Calme-toi je t’ai dit ! On parlera de tout ce que tu voudras après avoir mangé. »

Mais qu’est-ce qui m’arrive ?

« OK ! »

Je termine mon assiette sans dire un mot de plus. Quelques fois, en levant la tête, je surprends son regard sur moi et je lui fais mon sourire commercial. Vous savez, celui qu’ont ces hommes et femmes dans les publicités pour dentifrice. Confère Colgate ou Signal.

Voilà, nous avons fini de manger, la vaisselle est faite, l’appartement est propre. Il suit l’actualité sportive pendant que je fais causette avec Iris via des messages.

« Tu es carrément folle de le faire sans préservatif Iris. Tu es une belle inconsciente ma chérie. Et si jamais tu te retrouvais enceinte ? »

« T’inquiètes, on gère ! J’ai avalé trois comprimés de Norlevo tout à l’heure. Y a donc pas de risque que je me retrouve à pouponner d’ici là. »

« Trois ?! »

« Oui ! Je prends mes précautions. »

Il coupe le son de la télévision, ce qui m’interpelle. Je lève les yeux et voilà, il est encore en train de m’observer. Ça devient gênant à la fin.

« Tu viens près de moi ? »

J’abandonne le fauteuil pour le rejoindre dans le canapé. Au moment où je veux m’assoir, il me tire et me voici à califourchon sur ce beau gosse. Petit moment sensuel. Pincement des lèvres. Caresses dans le bas du dos. Souffle désordonné. Je resserre les jambes.

« Je m’appelle Rudy EYA. J’ai 27 ans et je suis architecte. Sans enfant et sans aucun engagement. Je suis libre comme le vent. Et toi Nowa dont j’ignore presque tout, tu me rends fou à jouer avec moi. Plus encore, tu me plais énormément. Pas au point de te demander en mariage mais au point de ne regarder aucune autre paire de fesses ou de seins. J’aime bien manger, bien dormir, faire l’amour et je déteste les prises de tête pour un morceau de sucre. Si tu as une question, tu me la poses. Une inquiétude, un doute ou autre, tu me soumets la question. Il se peut que tu me trouves un peu macho par moment tout comme par moment je te trouve bien trop grande gueule pour une femme. Je pense qu’avec le temps, nous saurons nous accorder et trouver nos repères. Enfin, même si je te trouve hyper sexy avec les cheveux courts, je te le redis moi je les préfère longs. Tu as des questions ? »

Je suis prise d’un fou rire. Un vrai ! Il me donne un baiser dans le cou.

« Arrête de rigoler, tu me donnes des envies. »

« OK ! Je m’arrête ! Hmmm… »

Je fais la moue. Quelque chose de sexy, pas la moue genre quand tes parents te crient dessus.

« Tu as bien dit avec le temps ? Genre toi et moi on va se revoir demain, après-demain ? »

« Et les jours d’après si tu ne me prends pas la tête ! »

Je glousse et puis un large sourire se dessine sur mes lèvres.

« Question une : Si tu es libre comme le vent, comment ça se fait que la boite de préservatifs soit plus qu’à moitié vide. Je te rassure tout de suite, toi et moi nous n’en n’avons utilisé que trois. »

Je compte avec mes doigts, histoire qu’il sache que je sais de quoi je parle.

« Un, deux et trois. »

Il se racle la gorge. Serait-il nerveux tout à coup ?

« Pour le moment, c’est la seule question qui me tracasse. Sion je m’appelle Nowa NYANE, j’ai 25 ans. Je travaille dans l’audiovisuel. J’ai ces tâches depuis mes 02 ans et ça me pourrit la vie.  C’est tout ! »

Un nouveau sourire pour terminer.

Ses mains quittent mon dos pour mes cuisses.

« Tu veux vraiment que je te réponde pour les préservatifs ? »

« Oui ! »

Il se pince l’arête du nez. Je sens qu’il est nerveux mais il va falloir qu’il me dise tout. Tu n’es pas au bout de tes peines.

« J’ai un fille que je connais depuis un moment. Entre elle et moi c’est purement physique. Je te jure qu’il n’y a rien de plus. Ne me regarde pas comme ça, je suis un homme et j’ai des besoins. Donc je disais que elle et moi ce n’est que du sexe. »

« OK ! Et elle est plus jolie que moi ? »

Il soulève mon menton de façon à plonger son regard dans le mien.

« Je te trouve plus jolie. »

« Mais je suis sûre qu’elle a une peau parfaite. »

« Je ne veux pas te mentir et je ne veux pas te faire mal. Tu n’as pas besoin de savoir si elle est plus grande que toi ou si elle fait du 95D. Tu es bien comme tu es et pour le moment contrairement à elle toi et moi ça dépasse le lit. »

« Et tu l’as revu quand pour la dernière fois ? »

Il soupire.

« Nowa ! C’est vraiment important ? Moi je ne te demande pas quand est-ce que tu as fait l’amour pour la dernière fois. »

« Oh mais tu pourrais. C’était il y a très longtemps. C’était avec mon co… »

Il pose un doigt sur ma bouche.

« Je n’ai vraiment pas besoin d’imaginer un autre homme te faisant l’amour. Je te l’ai dit, je suis très jaloux. En plus tu es tellement étroite que je devine bien que tu n’as pas eu de relations sexuelles depuis un moment. »

« Mais moi je veux savoir ! Alors c’était quand votre dernière partie de jambes en l’air ? Et c’était où ? »

« Hummm… Tu te rappelles ce soir où on s’est vu en boite ?! C’était ce soir-là et … »

Je soulève un sourcil, parfaitement épilé.

« C’était ici. »

Quoi ? C’est tout récent ! Si ça se trouve, il n’a même pas changé les draps depuis.

« Il y a moins d’un mois ! »

Je crois que je viens de crier. Je quitte ses jambes et je m’en vais dans la chambre. Rudy doit être le genre qui saute sur tout ce qui bouge. Mais qu’est-ce que je m’étais imaginé ?  Il ne tarde pas à me rejoindre. Il est debout à côté du lit, les mains dans les poches.

« Et tu continueras de la voir cette fille ? »

« Nowa c’est toi qui a voulu tout savoir. Tu aurais préféré que je mente ? Et puis, je te l’ai dit, je n’irai pas voir ailleurs. »

« Oui mais jusqu’aujourd’hui on peut dire que c’est ta sex-friend. »

« Non ! Nous ne sommes pas amis. Je préfère dire plan cul. Je sais c’est vulgaire mais voilà c’est exactement ça. On ne va pas se prendre la tête pour elle. »

Je suis déjà en train de bouder. J’imagine bien cette fille avec sa peau parfaite. Son corps parfait. Elle doit ressembler à Naomi CAMPBELL. Et moi je suis là, on dirait une espèce en voie de disparition.

Il vient s’assoir près de moi et me force à poser ma tête sur son épaule.

« Je te promets de mettre fin à cette relation. Je veux juste que tu me donnes du temps. Et que tu arrêtes de faire la tête. Tu veux bien ? »

 

Je finis par accepter et je lui fais même un sourire. Mais il a intérêt à se débarrasser de cette garce et le plus tôt serait le mieux s’il tient vraiment à me garder. Je suis loin d’être comme Mimi. Moi, je ne partage pas mon homme. Soit il est avec moi soit il est sans moi.

 

Les heures filent, bientôt 17h. Bientôt, il devra me raccompagner. Iris passera encore la nuit dans cet immeuble. Quelle chance ! Mais je suis quand même un peu étonné que depuis ce matin, elle ne soit pas passée voir comment je vais. Je commence à croire que ce Calvin lui a bousillé les neurones. En rentrant ce soir, je passerai lui dire deux mot à cette lâcheuse qui se trouve être ma cousine et ma meilleure amie. Pour l’heure, il faut que je range mon sac. J’abandonne Rudy en le prévenant.

« Mais ils sont où ? »

Je sors de la chambre, bien décidé à trouver de l’aide chez mon mec. Mon quoi ? Ca me fait encore bizarre Seigneur. Pincez-moi s’il vous plait !

« Rudy ! Tu n’aurais pas vu mes … »

Il me regarde.

« Vu tes … ? »

« Non rien ! Merci ! »

Je retourne dans la chambre que je retourne dans tous les sens.

« Tu fais quoi ? Tu es à la recherche d’une photo de … »

Il veut m’énerver lui ?

« Qu’est-ce que j’en ai à faire d’une photo avec ta garce ? Elle s’est du passé et moi je suis le présent. », répondis-je en continuant ma fouille.

 « Ce n’est pas la peine d’être méchante ! Tu cherches quoi ? »

« Vu que tu insistes ! Je suis à la recherche d’un string et d’un soutien-gorge. Ceux que je portais hier soir. »

« Ils sont dans la buanderie. »

« Merci ! »

Je m’en vais ramasser mes petites affaires presque en courant.

 

Rudy EYA

Mais pourquoi est-elle si pressée de s’en aller ? Nous ne sommes que samedi et je ne crois pas avoir été si nul hier.

Il est à peine 17h20 et elle est déjà en train de ranger ses affaires. J’avoue que je n’ai pas été très bavard durant la journée mais je devais travailler. De plus comme je le lui ai dit, nous avons du temps. Peut-être que c’est cette histoire de plan cul qui continue de la travailler. Et tout à l’heure, elle a traité Tina de garce sans même la connaitre. Elle me donne la migraine Nowa. J’espère ne pas finir chez les fous.

Je la regarde faire sans dire un mot. J’aurai bien aimé passé une autre nuit avec elle mais elle semble bien décidée à dormir chez elle ce soir.

« Tu vas faire quoi de ta soirée ? »

Elle lève les yeux sur moi avant de répondre.

« Je ne sais pas. Peut-être regarder une série et dormir. J’ai envie de me coucher tôt ce soir. Et toi ? »

« Je pense que je ferai pareil. »

Je finis par me lever pour aller mettre mes chaussures. Elle est pratiquement prête. II ne faudrait pas que je la fasse attendre.

 

Nous décidons de monter voir Calvin et Iris avant de quitter l’immeuble. Elle porte un jean slim qui lui plaque magnifiquement le derrière. Je traine du pas afin d’admirer la splendeur de sa silhouette dans le couloir.

« Pourquoi j’ai l’impression que tu boudes depuis notre petite conversation de ce matin ? »

« Je ne boude pas ! »

« Sûre ? »

« Allez appuie sur ce fichu bouton ! »

J’exécute et je reste là à la regarder en attendant que la porte s’ouvre. Dès qu’elle voit Iris, son visage s’illumine. Comme quoi, il n’y a que moi qui aie droit à la tronche de tomate pourrie, de feuille de laitue flétrie. Et tout ça parce que j’ai eu le malheur d’être honnête.

« Pousses-toi vilaine ! Je viens voir Calvin pas toi ! »

Iris se met sur le côté pour la laisser passer. Je lui fais la bise en souriant. Nowa est amusante quand elle veut.

« Elle s’est levée du mauvais pied ou quoi ? »

« Tu lui demanderas tout à l’heure. Tu es toute belle ! Serait-ce grâce à mon frère ? »

« Pas du tout, c’est dans mes gênes chéri. Je dirai même qu’il me fait chuter. »

« Eh bah, ce n’est pas la modestie qui t’étouffe. »

Je la prends par la taille pour traverser le vestibule. Calvin nous sort une belle bouteille et une belle assiette de blinis. A mesure que l’alcool infuse dans mes veines, je commence à avoir envie de cette fille installée sur l’une de mes jambes. Je me donne la liberté de faire passer ma main sous son tee-shirt et de lui faire quelques caresses dans le bas du dos jusqu’à ce qu’elle se porte volontaire pour préparer le diner. Nous nous retrouvons tous derrière les fourneaux pour une petite leçon de cuisine. Je suis collée à son dos pendant qu’elle découpe les légumes. Je ne sais plus si c’est le vin ou si c’est tout simplement elle qui me fait cet effet. Les discussions vont bon train. Toutes les deux nous racontent leur enfance depuis l’époque où elles couraient en couche culotte à aujourd’hui en passant par la période sombre que fut l’adolescence. Ça nous amuse beaucoup. Les bouteilles continuent de se vider.

« Sinon qu’est-ce que vous pensez d’un gars qui a une sex-friend ? »

Je manque de m’étouffer et Calvin aussi. Elle lui ance un regard suivi d’un petit sourire malicieux.

« Je vois que tu es au courant Calvinou. »

Je lui fais des signes pour qu’il réponde non mais je crois que le regard qu’elle lui lance le fait perdre ses moyens. Par je ne sais quel miracle, Iris brise ce silence remplit de mots.

« Je ne crois pas à ces choses ! Une sex-friend par définition est une amie avec laquelle on couche. Du coup, comment fait-on pour ne pas finir par en tomber amoureux ? Vous pouvez m’expliquer ? »

Merde, Iris vient de lâcher une grosse bombe. Pourquoi elle ne ferme pas sa gueule pour une fois ? Elle ferait mieux de s’occuper du riz au lieu de faire la maligne avec des réflexions à deux sous.

« Les gars, à vous le micro. On vous écoute ! Pour commencer, lequel de vous a déjà eu ce genre de relation ? Ne vous posez surtout pas la question pour nous. »

Visiblement Calvin est aussi mal à l’aise que moi. Je pense que j’aurai dû la raccompagner directement. Après tout, le téléphone ça existe.

« Calvin ? Tout va bien ? »

Là, elle joue avec la psychologie de mon pote. Pourvu qu’il ne se laisse pas faire.

« S’il faut être honnête, j’en ai eu quand nous étions à la fac. Mais voilà, c’est vite fini et ça s’est très mal passé à la fin. Je crois qu’elle devait être malade. »

« Ou elle s’est sentie utilisée. Ce dont on ne devrait pas l’en vouloir. »

« Comment ? Elle aussi elle m’utilisait ! »

Ils partent dans un moment de rire exaspérant et bien trop long pour moi.

« Moi je veux savoir ce que tu entends par vite fini. Combien de temps ? »

« Je ne me rappelle plus vraiment. Rudy toi tu t’en souviens ? »

Je prie pour parvenir à garder mon calme.

« Je ne m’en souviens plus. On pourrait parler d’autre chose ? »

« Non, moi ça m’intéresse de savoir les bêtises que Calvin faisait. »

« Tu n’es pas la seule Iris. », fais Nowa le sourire aux lèvres.

« Et toi Rudy, combien de temps aura duré cette relation ? »

« Trois ans environs. », dis-je du bout des lèvres.

Elle enlève sa main sous la mienne et vide son verre. J’ai l’impression que son corps est tout à coup trop chaud.

« Trois ans ? », repète Iris.

Oui trois ! Je pense que nous avons tous entendu cette fois. Les femmes !

« Et vous n’avez jamais essayé quelque chose de plus sérieux ? »

Elle ne voudrait pas savoir où on a enterré mon placenta par hasard ! Il suffit qu’elle demande.

Nowa est maintenant accoudée au plan de travail. Il n’y aurait pas ces deux qu’elle serait toute offerte à moi. Elle n’a toujours pas ouvert la bouche. Je sens que cette soirée risque d’être celle de notre rupture.

« Est-ce qu’on pourrait passer à table parce que moi, je meurs de faim. »

Comme ils sont tous de grands gourmands, Iris et Calvin se précipitent pour aller mettre la table. Ce qui me laisse un peu de temps. Pourvu que je parvienne à désamorcer cette bombe avant qu’elle n’explose.

« Nowa … »

« On devrait aller les rejoindre. », me dit-elle en forçant pour que je la laisse passer.

Le diner s’est passé dans une ambiance glaciale. Pas un regard, pas un sourire. En retournant pour prendre ses affaires chez moi, j’essaie de la faire parler mais rien. Pas un seul mot. Elle attrape son sac et sans m’attendre s’engage dans le couloir. Je cours presque pour la rattraper.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

« Je rentre chez moi. Ça ne se voit pas ? »

« Il est tard ! Tu ne peux pas prendre un taxi maintenant. »

Elle continue de marcher vers l’ascenseur.

« Ne t’inquiète pas pour moi. »

Je me dépêche jusqu’à arriver à son niveau et là, je lui barre la route.

« Laisse-moi passer ! »

« Ecoute bébé, tu veux vraiment qu’on se dispute pour une fille dont je n’en n’ai rien à faire ? Je ne lui ai jamais couru après comme je le fais tout le temps avec toi. Qu’est-ce que tu veux Nowa ? Je suis comme tout le monde, j’ai un passé. Je pourrai te faire une scène à propos de ta virginité mais je ne le fais pas. S’il te plait, nous deux c’est clair qu’il y a un truc. Je ne veux pas qu’on gâche tout pour cette histoire de plan cul. »

« Vous avez fait trois ans dans cette relation ! Ce n’est pas rien.

« Je sais bébé ! Mais est-ce que pour cela toi et moi nous devons nous quitter ainsi ? Si je t’avais rencontré il y a trois ans c’est évident qu’elle et moi il n’y aurait rien eu. S’il te plait, viens te coucher et demain dès que tu voudras, je te raccompagnerai. Ce soir, je ne peux pas conduire. »

Sans rien ajouter, elle se tourne. Je respire enfin. J’étais au bout de l’asphyxie. Je marche derrière elle jusqu’à refermer la porte.

Les couleurs de nos...