12: Some lie about the truth
Ecrit par Gioia
Essohana Bemba
Même pas 48h et Romelio ne respecte plus mes interdictions. La tension était si dense que je n’ai pas eu le temps de le tirer à moi quand il s’est élancé vers sa copine. Il fallait s’occuper du papa qui a titubé avant de s’écrouler.
Fort heureusement j’ai toujours dans ma voiture un kit de survie composé d’alcool, compresses, un tensiomètre et le reste, le Dr Eli l’avait chez lui. Les hommes ont emmené le papa de la fille à l’intérieur. Il revenait petit à petit à lui quelques minutes plus tard.
Innocent: océ....ane?
Hana: doucement monsieur, je dis en essayant de l’aider dans ses mouvements. Savez-vous où nous sommes?
Innocent: non? Où est ma fille?
Hana: Elle est au salon avec les autres. Quel jour sommes nous?
Innocent: le...le 25 décembre non?
Hana: parfait. Vous avez eu un petit malaise. Rien de bien.....
Innocent: c’est....le bruit? Il demande tout en portant la main à ses tempes
Hana: je reviens! répondis-je un peu agacée
Ils ont vu ce monsieur tomber et c’est encore eux qui font du bruit de l’autre côté! C’est la commotion qui m’accueille au salon. Les gens essaient de calmer cette femme, Héloïse. Elle pleure avec beaucoup de peine et à haute voix, comme si on lui a annoncé une mauvaise nouvelle. Heureusement les petits ne sont pas au salon. Il n’y a que les ados en plus des adultes. Mon fils est le premier à me remarquer.
Elio: maman! Il dit en se rapprochant avec sa copine et Elikem
Hana: du calme il va b....
Innocent: Océane on y va! dit mon patient derrière moi
Je me tourne et le type est sur ses pieds.
Hana: Monsieur ce n’est....
Innocent: Merci! il me répond sèchement.
Sa fille pleure déjà contre son torse, dans ses bras. Il se dirigeait vers la sortie mais c’est là qu’Héloïse lui tombe dessus et tire un pan du vêtement d’Océane
Belle: mais enfin Héloïse!
Innocent: contrôlez vous madame!
Héloïse: c’est à ça que tu veux jouer Innocent? Tu veux que je te honnisse ici?
Océane: papa qu’est ce qu’elle veut?
Innocent: rien! C’est une folle qui m’harce....
Elle lâche le vêtement d’Océane et tombe sur Innocent. L’incongruité de la scène fait que je n’ai même pas bougé. Cette femme, bien plus petite que ce monsieur s’applique à lui foutre des coups de partout. On essaie de l’arracher du type mais elle revient à la charge.
Océane: laissez-moi lui refaire le portrait à cette salope! Elle crie tandis que Romelio la bloque dans ses bras
Elikem: madame Hélo......enfin mais.....arrêtez! C’est le père de mon amie!
Héloïse: et c’est ma fille!!!!! Sale voleur d’enfant!!!!
Tao Adamou
Contenir des enfants curieux c’est une mission quasi impossible. Et c’est moi qui étrangement me retrouve collé à ça. Dès que les bizarreries ont commencé, j’ai ramené les enfants dans la chambre de Mally. Sauf que les bruits nous parviennent jusqu’ici et aucun d’eux ne s’intéresse à l’émission que je leur ai allumé. Donc pour passer le temps, Arthur a proposé de faire un portrait d’eux.
Mally: Aïdara veut aller pisser général
Aï: hey z’ai pas dsit ça
Mally: mais j’ai compris ou bien? On se connaît
Tao: je suis devant toi Mally et je vois les clins d’œil que tu fais à ta sœur
Mally: ah.....bon......donc tu n’as pas faim toi alors général?
Tao: non merci
Macy: tu penses qu’ils se battent général?
Snam: c’est sûr que c’est ça. T’entends pas comment y’a beaucoup de bruit?
Ida: mais pourquoi ils se battent? Hein papa?
Mally: pfff ça cogne là-bas et moi je suis ici. Trop nul.
Ida: les enfants doivent pas voir la violence, ah non. Mais pourquoi ils se battent dans la maison papa?
Aï: tsou le monde est fassé djeneral?
Macy: Général tu m’as pas encore répondu moi.
Tao: les amis....On est entré ici ensemble non?
Snam: ouais?
Tao: comment je peux être ici et savoir ce qui se passe là-bas?
Macy: mais c’est toi le grand.
Mally: grand maman?? Ok j’arrive pour te sauver
Tao: tu reposes tes fesses sur ce lit, je dis sur un ton sérieux
Mally: pfff les choses se passent dans ma maison et je sais même pas.
Tao: c’est toi le chef de maison ici pour vouloir tout savoir? Je demande amusé
Mally: mais oui. Papa même il a dit que je suis le capitaine de son bateau
Aï: mais t’a peur do l’eau tsoi. Comment t’es capitaine?
Mally: aïdara regarde faut pas parler dans mes choses.
Arthur éclate de rire à ce moment comme s’il se retenait depuis.
Mally: hey faut pas rire de ma sœur sinon gare à toi
Macy: lol toi tu ris pas d’elle des fois peut-être?
Mally: toi c’est moi?
Tao: donc toi tu as droit mais pas les autres?
Mally: parfaitement, Il dit satisfait
Je l’attrape et le mets sur mes jambes.
Tao: tu restes ici petit rigolo
Mally: nonnnnn je suis pas un gosse!
Je ferme mes bras sur lui. Il lutte sans aucun succès. Arthur et les filles se moquent de lui ce qui l’énerve davantage et finalement il boude. La petite distraction aide les enfants à oublier les bruits d’à côté.
Ida: c’est bientôt fini Arthur?
Arthur: presque
Macy: tu me fais bien jolie hein.
Aï: regarde comment ze roule hatchur. Tsu dessine ça?
Snam: et t’oublie pas de faire mes cheveux blancs devant ok?
Tao: il irait plus vite si vous le laissiez se concentrer
Ida: mais je veux voir papa ça fait déjà beaucoup d’heures
Arthur: lol ah bon? Combien?
Ida: Umm....ça fait cinq....non dix
Tao: c’est comme ça qu’on a appris à lire l’heure? Je réplique amusé
Mally: Elle sait même pas lire l’heure
Snam: bah toi aussi tu sais pas lire l’heure
Ida: en plus on t’a rien demandé morveux. J’arrive pour voir un peu Arthur. Juste un peu et je retourne
Arthur: non c’est....
Tao: Id....
Elle s’est déjà rapprochée d’Arthur et Aïdara fait pareil qu’elle en rampant au sol.
Ida: waaaaaa papaaaaa viens voirrr comment il dessine comme toi
Arthur: mais non je.....retourne à ta place rhoo
Ida: mais montre à papa voyons
Tao: Ida sois sage et arrête de l’embêter
Ida: j’embête pas je veux que tu vois
Arthur: c’est pas joli, je vais refaire, il dit gêné
Les enfants se plaignent de concert et je m’amuse de la scène.
Tao: tu me laisses jeter un coup d’œil?
Arthur: c’est laid hein faut pas attendre grand chose
Ida: c’est pas des gentils mots à dire ça.
Arthur: bref! il dit et se bouge pour que je m’approche
Je m’apprêtais à sortir une blague à ma fille pour rire de son exagération à voir mes traits partout. Le nombre de fois que j’ai entendu comme pas ou pas comme papa lorsqu’elle veut définir quelque chose, est infini. Mais c’est le choc qui m’a accueilli. Cette façon d’épaissir les contours....
Tao: tu....tu as appris à dessiner où ça?
Arthur: je.....je sais pas. J’ai toujours dessiné seul
Ida: tu vois que je dis vrai papa.
Je n’ai toujours pas retrouvé la parole. Je fixe ce visage. Son teint est foncé comme le mien. Pourtant je n’ai rien ressenti à notre première rencontre.
Macy: ça va général Tao? Ta main elle tremble.
Belle Laré AW
Personne n’arrive à contrôler Héloïse. Elle s’est agrippée au poignet d’Océane et refuse de la laisser. Même lorsque le papa de la petite a profité de notre confusion pour la gifler, elle n’a pas lâché la petite. Magnim et Eli ont maîtrisé le papa. Mais elle c’est une mission plus difficile. Oceane l’a même mordu. Certains parmi nous tentent la négociation. D’autres tirent essayent encore de la bousculer. La scène m’effraie un peu donc je bloque Elikem près de moi bien qu’elle veut se lancer dans la bagarre.
Océane: foutez moi la paix malade mentale! Je ne suis pas votre fille!
Elio: bébé calme toi. On va te libérer
Farida: vous lui faites peur Héloïse. Regardez comment elle est en détresse dans vos bras.
Héloïse: je ne vais pas la laisser!! Pas à ce salopard!
Ciara: essayons d’en discuter calmement quand même.
Héloïse: non je ne la laisse pas! Il va encore me la voler!
Auxanges: nous n’allons pas permettre ça. Faites nous confiance
Eli: tout à fait. N’est ce pas Belle?
Belle: oui oui. Tu es en sécurité. Tu peux juste la libérer et on va en parler
Héloïse: vous racontez des conneries! Ils sont de mèche avec toi Innocent c’est ça? Sale porc! Bande de voleurs d’enfants!
Belle: mais enfin Héloïse comment oses-tu? Ne t’aies-je pas ouvert gracieusement les portes de ma maison?
Eli: Cherie il...
Belle: non Eli! C’est elle qui se comporte comme une folle ici à lancer des accusations.
Héloïse: je t’avais dit lorsque tu m’as demandé durant ce dîner. Je t’avais dit que mon souhait était de revoir l’amour de ma vie.
Belle: je croyais que tu parlais d’un homme et quand j’ai demandé des explications ou si je pouvais t’aider tu m’as dit non! Tu as dit que cette personne était à l’étranger. Comment j’aurais su?
Héloïse: c’est ce que je croyais. Innocent salopard tu ne croyais pas que je t’aurais retrouvé hein. Tu ne le pensais pas surtout après que tu m’aies fait déporté. Tu te croyais débarrassé de moi mais tu vois la terre tourne toujours et plus jamais je ne vais te laisser partir avec ma fille
Innocent: Elle ment Océane! Elle raconte n’importe quoi. Ne l’écoute pas!
Héloïse: tu veux jouer à ça? Tu ne vivais pas à Pittsburgh? Shayside pour être précise? Océane tu n’es pas née à Columbus?
Innocent: la ferme! Il hurle
Héloïse: Innocent Ajavon togolais de père, et centrafricain de mère. Tu n’as pas vécu à Bangui pour la majeure partie de ta vie avant de venir ici à Lomé pour l’université? Ce n’est pas ici qu’on s’est rencontré? Ce n’est pas ici que tu m’as fait la cour? Ce n’est pas grâce à la loterie Visa que tu es parti aux États Unis? Tu n’avais pas promis que tu viendrais me chercher? C’est moi la conne en fait. C’est moi qui ait accepté de venir te rejoindre au lieu de rester dans mon pays. Un pays où j’étais bien mais je me suis laissée convaincre. Je ne suis pas arrivé là et tu m’as déposé chez des inconnus sous prétexte que là où tu es, il n’y a pas de place pour moi? Tu n’envoyais pas Véronique ta sorcière de soeur me raconter des bobards quand je te posais des questions? Conne comme j’étais ton entourage et toi vous m’avez convaincu que si je tombais enceinte j’aurais facilement ma Green Card? Combien de fois j’ai voulu travailler? Même trouver un truc au noir et tous les deux vous m’effrayiez avec l’idée qu’on allait me rapatrier? Tout ça c’est un mensonge Innocent?
Innocent: tu ne paies rien pour attendre! Il dit d’une voix menaçante avant de sortir
Elio: vous....vous pouvez me laisser Océane? Je ne vais pas l’emmener ailleurs
Héloïse: je.....
Elle semble perdue et nous dévisage tous tout d’un coup. L’histoire m’a retourné le ventre moi. Je ne sais même pas quoi dire. Ma bouche est grande ouverte.
Magnim: personne ne va vous retirer votre fille. Faites nous confiance.
Eli: tu as notre parole Héloïse. Personne ne t’enlèvera ta fille. Pas dans ma maison.
Héloïse: désolée ma....ma chérie, elle dit puis relâche la petite. Elikem se dégage de mon emprise aussi et va la prendre dans ses bras en même temps que Romelio. Hana qu’on a pas entendu durant tout l’échange, se rapproche d’Héloïse avec un verre d’eau et une boîte de Doliprane.
Hana: si tu en as besoin.
Héloïse: merci, elle réplique et s’assoit doucement avec.
Le contraste est flagrant. Tantôt elle était chaud bouillant et maintenant elle fixe calmement Océane qui est dans les bras de ses amis. Sur ses joues les larmes roulent. Dans son regard douleur, soulagement, espoir et peine s’entremêlent. Je me rapproche d’Heloïse pour l’enlacer et lui témoigner mon soutien.
Héloïse: pour ce que j’ai dit....je....
Belle: on oublie ça ma belle. L’important c’est maintenant
Océane: je veux savoir......ce qui.....
Le grabuge s’est ramené dans mon salon. Le gardien criait à des gendarmes de sortir. Derrière eux se tenait Innocent. Nous nous sommes levés simultanément.
Innocent: prenez ma fille!
Océane: Non! Maman!!!!! Rome!!!!
Innocent: prenez là tout de suite!
Certains gendarmes sortent des gourdins et d’autres ont des armes à feu pointées sur nous.
Elikem: vous sortez maintenant!
Belle: Elikem viens ici!!!!! Je lui crie effrayée
Eli: vous savez dans quelle maison vous êtes?
Elikem: refais leur éduca.....
Je bloque sa bouche avec ma main et reste cachée. Cette fille ne va pas nous faire tuer.
-Nous sommes ici pour récupérer l’enfant du directeur Ajavon Monsieur, coopérez et il ne vous sera fait aucun mal. Dit un des gendarmes
Eli: quel est votre nom?
Innocent: ne me perdez pas le temps adjudant et ramassez les tous!
Farida: chéri!!! Elle crie
La porte de Mally s’ouvre et Tao en ressort.
Arthur Sodji
Le général a dit de rester à l’intérieur mais j’ai pas pu m’empêcher de sortir ma tête et c’est la trouille qui m’a accueilli en voyant tous ses militaires. Mais cet homme, il marchait mains croisés dans le dos comme s’il ne voyait pas les armes à feu. Comme si la place lui appartenait.
-est....est-ce que c’est le fils du feu colonel Adamou? Un gendarme a demandé en bégayant
Innocent: magnez vous!
Taofik Adamou, en soirée familiale avec des amis, dont Eli Laré AW. Nous avons un problème messieurs?
Tous les gendarmes tapent la pose et celui en avant qui avait parlé tout à l’heure répond.
-Non monsieur pas du tout
Tao: pourquoi ma femme m’appelle avec peur et je dois trouver mes amis menacés par vos armes?
-c’est un malentendu chef! Nous nous sommes trompés de maison!
Tao: ah bon? C’est comme ça que vous faites la loi dans ce pays?
-Chef non mon Chef!
Tao: et quel est votre nom?
-Chef ça ne se reproduira plus!
Innocent: mais c’est lui qui vous a appelé ou moi?
Tao: Officier j’ai demandé votre nom.
-Chef je suis l’adjudant Pali. C’est monsieur Ajavon qui nous a appelé ici pour un cas d’intimidation.
Innocent: Bande d’incapables comme ça! Il a quel insigne sur lui pour que vous lui donniez du chef?
-Si vous permettez chef nous allons prendre congés!
Tao: faites donc.
-Excellente soirée et nos vœux les meilleurs! il dit puis sort suivi de ses hommes. Certains pressent le pas au point de tituber. J’ai les étoiles plein les yeux. Il dégage une classe sans nom.
Son ton ferme bascule directement au tendre quand il s’approche de sa femme et il l’embrasse sur la joue avant de chuchoter quelque chose à son oreille.
Farida: oui ça va bien. Merci.
Faut que je devienne un général et quand je serais grand j’aurais une femme aussi belle que tata Farida.
Innocent Ajavon
Ils m’ont jeté hors de leur domicile mais je campe en avant dans ma voiture. Je ne vais pas partir sans ma fille. Ça jamais.
Je décroche finalement mon téléphone parce que ma sœur me saoule depuis un moment.
Innocent: quoi Veronique? Je te dois?
Vero: tu n’as pas dit que tu es un imbécile?
Innocent: viens en au fait!
Vero: Gugusse de ton état, il fallait que tu appelles les gendarmes chez les Laré Aw? Quand tu fais tes choses pourquoi tu dois tirer mon nom dedans? Par ta faute mon mari m’a ramassé au téléphone tout à l’heure.
Innocent: C’est ça que tu appelles mari? Un homme qui tremble parce pour un coup de fil? Il est adjudant-chef oui ou non?
Vero: c’est grâce à ce ça que tu t’es permis d’appeler des gendarmes comme si tu étais quelqu’un non! Ce ça là! C’est lui qui t’a donné du poids au point de croire qu’un miséreux comme toi pouvait menacer non seulement un Adamou mais en plus un Laré AW???? Innocent tu es bête à la puissance infinie. Apprêtes toi à recevoir des....
Innocent: je vois que les soutiens gorges qui remontent tes énormes papayes jusqu’à ton double menton bloquent ta respiration donc ton cerveau divague des fois. Ne te cherche pas un coin où te caser hein. Continue à courir derrière cet homme après dix ans de concubinage et crie partout que c’est ton mari. Vieille peau va. Je dis puis raccroche quand elle se lance encore
Adamou je connais. C’est un nom que tu ne peux pas ignorer en tant que togolais. Ce sont les bons pilleurs du pays. Je ne vois pas pourquoi on me répète Laré Aw par ci Laré Aw par là. Je pense avoir entendu qu’un hôpital était affilié à ce nom donc je lance une recherche Google pour vérifier. Un médecin c’est qui à Lomé? On en connaît un tas. Je suis moi même le directeur de Cim Togo.
Je tique quand la page en tête des résultats est celle des nations Unies. J’ouvre et c’est la photo d’une femme que je ne connais pas. Une certaine Alima Laré AW, vice-secrétaire général et présidente du groupe des nations unies pour le développement durable. La peur monte dans mon ventre au fur et à mesure que je parcours la biographie de cette dame.
Innocent: Héloïse est partie trouver ce genre de personnes où?
......
Innocent: et c’est ce genre de personnes qu’Océane côtoie?
.......
Innocent: Seigneur Dieu! Je continue la lecture. Cette dame a été conseillère spéciale du secrétaire général pour la planification du développement il y’a cinq ans de ça. Elle a débuté sa carrière ici à Lomé, et s’est intéressée à la conception de cliniques et centres de santé dans les lieux défavorisés. Détentrice de plusieurs doctorats honoris causa. Tout ça me donne mal à la tête donc je sors en vitesse du site. Je trouve d’autres infos liés sur d’autres pages. Fille d’Atia Aw, cardiologue, ex présidente de l’AFCAO, fondatrice du centre de naissance et l’hôpital LI, créditée pour différentes publications en Stimulation cardiaque, électrophysiologie-arythmies, défaillance cardiaque. Je quitte définitivement la page Google. Le reste n’était que sur un Nader Aw et je n’en voyais pas la fin malgré que je défilais. Je prends mon téléphone pour laisser une note vocale à ma fille.
Innocent: ma puce je....je sais que tu es troublée. Je ne sais quoi te dire sur le coup mais s’il te plaît sort. Je suis devant la maison et je ne vais pas m’en aller s’en toi. Océ je....je t’aime tu sais. Tout ce que j’ai fait c’était pour toi. Par amour pour toi. Je voulais te donner la meilleure des vies. Tu es ma plus belle réalisation et ça sera ainsi. Que tu sois fâchée ou pas, papa ne cessera jamais de t’aimer.
Puis je l’envoie. Ma vue se trouble et mes larmes s’écrasent une à une sur ma main qui serre mon téléphone. Heloise va me l’enlever j’en suis sûr. Elle va me présenter comme un monstre pourtant je lui avais donné cette opportunité. Je l’ai fait venir aux États Unis mais elle n’arrêtait pas de poser des questions.
Océane Ajavon
C’est drôle quand tu entends un pan de ta vie. Un pan durant lequel tu n’as pas existé mais qui est raconté avec tant de précision que tu ne peux pas le réfuter bien que ça te glace le sang.
Héloïse: durant ta grossesse j’ai pris tout mon temps pour rassembler des preuves et trouver l’adresse de ton père. Un beau matin hivernal j’ai pris le bus, puis le train et je me suis rendu à Pittsburgh. J’ai sonné et c’est un Jeune garçon qui m’a ouvert. Je me suis fait passer pour la cousine de ton père. Il y’avait des photos d’eux ici et là, avec quatre grands enfants. En lui parlant j’ai compris qu’elle était une afro-américaine. Ce jour là j’ai compris que ton père était un acteur chevronné. À son arrivée il n’a même pas tiqué en me voyant. Comme s’il s’attendait à me voir. J’ai eu envie de le faire ce scandale. Mais je parlais à peine anglais. Et j’avais peur que ça compromette mon dossier d’obtention pour la Green Card. C’est lui qui m’a ramené à la maison. J’ai refusé d’écouter son explication. Je lui ai dit que tout ce que je voulais c’était mon statut. Le reste c’était son problème. Il a fait un scandale, envoyé sa sœur pour me parler. Apparemment je voulais tout gâcher et pourtant je n’avais rien dit ou fait. Jusqu’à ta naissance notre relation est restée platonique. Normalement on devait t’appeler Diana, c’était son choix et je voulais rajouter Annie, mon deuxième prénom. Mais tu es née le matin. Elle fait une pause et me regarde de ses yeux fatigués et rougis. Un merveilleux matin avec un ciel d’un bleu limpide. Tu étais si paisible dans mes bras. Un bébé si beau. Sur le coup j’ai décidé que tu serais Océane. Annie pour moi. J’étais avec sa sœur, ta tante Vero. Je voulais tout te donner ma chérie à commencer par une place juste à nous. Donc un mois après ta naissance, j’ai commencé à me chercher du travail. Ton père ne me donnait jamais d’argent. Tout le nécessaire pour toi il l’achetait et venait le déposer. Et il débarquait quand il voulait. Comme j’étais chez ses amis je mangeais ce qu’eux cuisinaient. Puis j’ai trouvé du travail comme nettoyeuse de surface. Une des filles par contre avait accepté de me garder le temps que je fasse mon travail. C’était à elle que je m’étais confiée. De temps à autre elle me donnait quelques sous aussi. Jusqu’à aujourd’hui j’ignore pourquoi elle m’a.....elle m’a fait ça, elle dit la voix tremblante. J’étais à la supérette quand des agents de l’immigration se sont présentés. Ils m’ont pris avec eux et gardé en détention. Mon visa était expiré depuis belle lurette. J’ai expliqué que j’avais un bébé à la maison. Un des officiers, une dame a quand même eu pitié et m’a emmené à la maison pour qu’on vienne te prendre mais tu n’étais pas là. Les amis de ton père ont dit que jamais ils ne m’avaient vu. La fille qui m’aidait n’était pas là. J’ai donné l’adresse de ton père à Pittsburgh mais ils ont refusé de chercher. Pour eux je voulais garder du temps. Quelques jours après ils me mettaient dans l’aéroport en direction de Lomé. J’ai...j’ai....
Ses lèvres se sont mises à trembler et elle a éclaté en sanglots. Mon père? Cet homme qui m’a toujours traité comme sa perle?
Héloïse: j’ai tellement cherché! J’ai.....j‘ai demandé visa sur visa! J’ai pris avocat sur avocat. Les échecs se multipliaient. Les amis d’Innocent que je connaissais ici promettaient tous de lui parler. Certains criaient au scandale quand je leur racontais l’histoire. Il y’en a qui ont pleuré à chaudes larmes mais jamais je n’ai eu du concret. Les années ont passé mais je n’arrivais pas à avancer. Je n’arrivais pas à faire comme les autres. Me marier, faire d’autres enfants. Je voulais te récupérer. Je ne voulais que toi ma chérie. Ma famille a tout essayé. Mais je ne voulais rien donc je me suis isolée de tous et je ne vivais qu’avec mon espoir. Pour me consoler, j’ai décidé de me tourner vers l’enseignement. J’avais une licence en sociologie. Donc pas grand chose que tu peux faire avec ici à Lomé. À côté des enfants je me sentais bien. Ils arrivaient à me distraire en journée et la nuit je cherchais des solutions. Mon cerveau s’évadait à imaginer ce à quoi tu ressemblerais. Tu es tellement belle. Plus belle que mes rêves.
Je me jette dans ses bras et la serre de toutes mes forces.
Océane: c’est toi ma maman!!!!
Héloïse: oh mon cœur, oui c’est moi, elle sanglote autant que moi
Océane: je savais!!!! J’avais rien vu de moi sur l’autre!!!
Héloïse: quelle.....quelle autre?
Je lui raconte tout ce qui s’est passé depuis la conversation entre Papa et tata jusqu’à celle qu’il a emmené. Elle se lève brusquement.
Héloïse: tu habites où?
Océane: tod....todman pourquoi?
Héloïse: Innocent va apprendre qu’il a misé sur le mauvais cheval, elle avec rage puis s’en va
Je lui crie d’attendre mais elle marche d’un pas déterminé
Océane: maman tu ne sais même pas où je suis à todman. Att....attends!
Belle: qu’est ce qui se passe?
Océane: c’est maman qui veut aller chez moi.
Nous courrons toutes les deux et Elikem nous rejoint. Maman est dehors avec une grosse pierre et fracasse de partout la voiture de papa!