Couchée dans le lit depuis une bonne demi-heure déjà,espérant rejoindre les bras de Morphée je n'arrête pourtant pas de cogiter.
À vrai dire je ne suis pas sereine et je demeurerai ainsi tant que je n'aurai pas vu Raphaël.
Il faut que je sois rassurée,il faut que je sache s'il a des chances de s'en sortir.
Il faut que je le touche,que je le caresse,que je le comble de mon amour.

Non que dis-je! Je ne devrai plus jamais tenir de tels propos. 
Je n'y ai pas droit.

Néanmoins mon envie de le voir se fait de plus en plus pressante.
D'ailleurs je crois que ce ne serait pas un crime de la satisfaire.
Juste pour alléger mon angoisse. 
Puis rien de méchant ni d'hypocrite juste de la compassion humaine.

Lorsque je me rassure d'avoir bien justifié mes actes,je balance à toute  vitesse ma couverture de l'autre coté de la pièce.
J'enfile ensuite par-dessus ma lingerie une simple robe à rayures avant de récupérer mes clés de voiture.

...

À peine descendue du véhicule je cours rapidement vers l'entrée de la clinique.
Tellement pressée je bouscule même plusieurs personnes en chemin.

Malheureusement je freine subitement lorsque je me rappelle que la famille de Raphaël pouvait être présente .
Je recherche alors un mur où je me cache pour épier les moindres faits et gestes des malades et leurs accompagnants guettant la présence de Teena car je ne tiens absolument pas à la croiser.

Lorsque je me rassure qu'elle ne soit pas dans les parages.
Je quitte ma cachette pour me rendre à l'accueil où je rencontre une infirmière.

-Bonsoir s'il vous plaît j'aimerai voir un patient du nom de Raphaël LOHOUES.
Je crois qu'il est au service d'urgence.

-Oui effectivement. Êtes-vous une membre de sa famille?

-Non mais une amie.

- De toutes façons il est vingt-trois heures, les heures de visites sont passées. 

Surprise, je pousse un cri d'effroi qui fait sursauter l'infirmière.

-Sa famille est rentrée mais elle reviendra au petit matin. Repassez plus-tard.

Mon cœur cœur s'emballe soudainement avant de ralentir.

Je crois que je n'étais pas loin de l'AVC après tous ces événements.

Et si jamais demain je revenais ici et que je croisais Teena accompagnée de la famille de Raphaël là je mourrai à coup sûr. 
Il est hors de question que j'attendes  jusqu'au petit matin !

Les larmes au bord des yeux je tente alors de la supplier.

-S'il vous plaît madame. Je ne pourrai pas passer dans la matinée .

-Madame je suis désolée je ne peux pas vous faire cette faveur.

À nouveau je la supplie, espérant qu'elle prenne pitié.

-Pourquoi? S'il vous plaît ! 
Je vous en prie.

Elle secoue encore la tête.

Voyant que mes chances étaient anéanties je n'arrive finalement plus à retenir mes pleurs. 
En pleine salle d'attente je fond donc en larmes.
Je pleure comme je n'ai jamais pleuré car je suis animée d'incertitudes et d'angoisses qui ne seront guère résolues tant que je ne l'aurai pas vu.

Sûrement peinée, l'infirmière tente de me consoler.

-Madame s'il vous plaît.
Ne pleurez pas! C'est la règle et je dois la respecter.

Mes pleurs redoublent d'intensité.

-Chambre cinq,vous avez dix minutes. Dit-elle en me tendant une charlotte en papier et des gants en plastique très fins.

Surprise,j'écarquille les yeux.

Les miracles existent donc vraiment!

-Merci ! Merci madame !Vous êtes formidable!

Sans plus perdre de temps je prend la direction de la chambre indiquée. 
Sur le chemin je profite enfiler  les gants à mes mains et porter à ma tête la charlotte en papier.

Arrivée à la porte, je souffle une dernière fois pour me donner un peu de courage avant d'ouvrir la porte.

La scène qui s'offre ensuite à moi,m'horrifie.
Raphaël le visage tuméfié,l'arcade gauche ouverte et la lèvre inférieure gercée.
La jambe droite plâtrée.
Pour couronner le tout, un tube respiratoire introduit dans la bouche et une injection médicamenteuse intraveineuse.

Je pousse un cri d'effroi avant d'à nouveau fondre en larmes.

On aurait dis qu'il avait échappé à la mort,tant il était blessé.

-Oh Raphaël..mon amour qu'est ce qui t' es arrivé ?

Délicatement je saisis sa main pour la caresser.

Je suis ensuite envahie par toutes sortes de souvenirs de nos moments passés ensemble. 
De notre rencontre à notre première sortie,notre premier baiser puis notre première dispute..

Comme j'aimerai tant remonter le passé et en profiter!

Je regrette même d'avoir été si méchante avec lui ce soir. 
Si jamais j'avais su qu'il finirait ainsi dans cette clinique,j'aurai continué à l'embrasser encore et encore. 
Maintenant avec cette désastreuse situation tous mes espoirs étaient anéantis.

Quelle belle leçon de vie!

Seigneur je vous en prie ! Si c est une punition,je l'ai comprise.

Dès qu'il sera réveillé je lui dirait tout!

S'il vous plaît, réveillez-le!

Je l'aime tant! Je le veux dans ma vie! 
Je ne supporterai jamais sa perte.

Je veux à nouveau ressentir ses lèvres plaquées contre les miennes.

-Mon amour guéris vite. Je t'aime.

Je rapproche mes lèvres de son visage pour lui embrasser chacun de ses pansements.