20: I don’t like this feeling

Ecrit par Gioia

Jennifer Amouzou 


Yasmine Seck, 19 ans, étudiante en deuxième année de licence en commerce et affaires internationales à l’ISEG est une fille surprenante et aussi ma coloc depuis juste trois semaines. Nous partageons ensemble un appartement de deux chambres dans le quartier Sud Stade et c’est elle qui depuis le pays avait aidé tonton Gaëtan pour mon inscription à l’institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion. Enfin j’étudie ce dont j’avais rêvé. Je suis en première année d’une licence en Journalisme et Communication. Les cours sont bien plus intéressants que ce à quoi je m’attendais. Pour le moral ça va plutôt bien. À vrai dire Yasmine ne m’a pas donné le temps d’être triste. Et avant elle, j’ai été reçu comme une reine par George et sa copine Marianne. Ils avaient vraiment mis les petits plats dans les grands comme on dit. Je n’avais pas droit de me lever pour aider. Juste me reposer parce que tonton a dit que j’ai une santé fragile. J’étais même gênée de déranger la pauvre Marianne. 


Puis trois jours plus tard George m’a conduit à Thiès tout en me laissant son numéro pour toute inquiétude. Un autre qui en fait beaucoup pour moi malgré la distance c’est Romelio, même s’il dit que j’exagère et m’envoyer une liste de médecins potentiels ce n’est rien. C’est lui aussi qui m’a dit de mettre sur un compte épargne l’argent de tata Ciara comme ça j’aurais des intérêts dessus même si ce n’est que 100 francs, au moins j’aurais bénéficié. Il a demandé que je me renseigne auprès de mon conseiller pour savoir si on a l’option des livrets d’épargne populaire ici parce que le taux de rémunération est plus élevé pour ce genre. Moi je ne connaissais rien de tout ça. À la base je comptais mettre l’argent sous mon lit pour ne pas le mélanger à ce que m’envoie ma tante. Je me disais qu’un jour il serait mon fond de commerce  ce cadeau de tata Ciara. Donc je n’écoute pas les blagues de Romelio quand il rigole qu’il ne fait rien de spécial. Faire le faux modeste ou le mariole ce sont ses habitudes quotidiennes de toute façon. J’ai aussi des superbes nouvelles de ma tante. Elle m’a dit que si tout va bien, ils déménageront à la fin de cette année pour rejoindre leur petite maison vers Adewui. Il paraît que j’y ai déjà ma chambre mais je croise les doigts pour que ça soit plutôt la chambre de leur futur bébé parce que normalement s’ils finissent bientôt la maison, ils auront le champ libre pour commencer les traitements hospitaliers de fécondité dont ma tante m’avait souvent parlé. D’ici là j’espère me trouver un petit commerce qui roule assez bien pour ne pas avoir à tendre tout le temps la main vers ma tante. Je me suis donnée jusqu’à la licence pour pouvoir tenir financièrement sur mes jambes. Ce dans quoi je veux faire ce commerce c’est principalement la cuisine. C’est une de mes passions mais bon on avisera au moment venu. 


Comme je n’ai cours que ce matin contrairement à Yasmine, je fais un saut au marché central pour m’acheter quelques petits effets nécessaires. Je fais près d’une heure là et une fois à la maison, je m’installe dans mon laboratoire comme Yasmine la folle a surnommé notre cuisine. Apparement je lui fais penser à un chimiste quand elle me voit hyper concentrée devant mes fourneaux. Sinon elle m’appelle aussi la chouette. À ce qu’il parait c’est supposé être un joli petit nom parce que je suis trop mignonne avec mes mimiques. Je n’ai pas encore trouvé ce qui est mignon sur les cousins des vilains animaux que sont les hiboux mais comme les goûts et couleurs ne se discutent pas, je n’ai pas trop creusé. 


Aujourd’hui je vais essayer d’améliorer la recette déjà fantastique du coco râpé de ma tante. Elle m’a fait venir ici avec un tas d’amuse-gueules donc ce que je fais dans mon temps libre c’est d’essayer de reproduire ou rajouter un truc différent à ses recettes. Ça me détend ce genre d’activités. 


Deux heures que ça m’a pris mais j’étais plutôt satisfaite du résultat. Je met un bout directement devant ma bouche et j’appelle Romelio en vidéo. Dès qu’il décroche je mange le bout. L’air dégoûté qu’il a me fait rire comme tout dans ma tête.


Elio: tu vois les problèmes d’avoir internet à la maison? Dieu même savait avant d’empêcher certaines choses à une catégorie de personne. C’était pour que ses pauvres enfants comme moi puissent vivre dans la quiétude.


Jen: ohrrr ça fait mal hein. Courage. Je t’invite au passage 


Je rigole franchement quand il sort un papier de nulle part et frappe l’écran tout en insultant ma tête. Je rigole tellement que je me perds et n’arrive pas à rattraper le bol de coco râpé qui tombe de mes jambes au sol. Mon rire s’arrête direct. Mes lèvres se plissent et je regarde avec déception le résultat par terre. 


Elio: Haaa le karma de ça, il dit tout satisfait 


Jen: tu crois quoi? Je vais ramasser. C’est mon sol 


Elio: hooo le tais toi of that. Tu as quand même senti un peu. 


Jen: bref, tu confirmes mes théories sur ta sorcellerie. 


Il plie son poing et regarde ses ongles en mode je t’avais dit mais tu n’as pas voulu m’écouter. Est-ce qu’on doit être fier d’être un sorcier d’abord? Le petit fou. 


Elio: sinon tu as fait l’essentiel avant de venir me narguer? 


Jen: oh que oui. J’ai été à l’hôpital, ouvert un dossier et tout. Je ne voulais pas me faire mal insulter aujourd’hui 


Elio: lol un petit couac seulement et tu signes que je t’ai insulté 


Jen: me demander avec ironie si on m’a dit que j’étais miraculeusement guérie c’est quoi? 


Elio: l’ironie était où?


Jen: tu ne t’entends pas parler c’est pour ça. Tu as une façon très ironique de dire les choses aux gens. 


Elio: m’bon je m’excuse alors. Ce n’était pas mon intention d’insulter la princesse de tonton Gaëtan, il dit encore sur le même ton 


Jen: tchrr toi on ne peut pas te raconter un truc hein


Elio: lol mais oh assume le titre c’est comment? Les gens cherchent ça dehors han.


Notre porte s’ouvre en fracas et Yasmine arrive en course puis freine avant de se tourner vers moi, le regard bien affamé 


Yasmine: je savais! L’odeur me dérangeait depuis le couloir 


Jen: mais tout c’est versé et j’ai.....


Yasmine: africain ne meurt pas de ça, elle dit en se ruant dessus 


Elio: bon je vous laisse entre vous les folles. 


Yasmine: salut le beau. 


Elio: bonsoir la belle. 


Jen: vos jeux là, je dis en regardant les deux de travers. Yasmine se moque et continue de manger. Romelio ne fait qu’en rire. Je me rappelle du truc que je voulais aussi demander à la base. Romelio tu pourras m’aider avec Facebook? 


Elio: il a quoi Facebook? 


Jen: j’aimerais retrouver Eben. 


Elio: lol mais attend, tu connais la quantité d’Eben dans ce monde? Ton petit copain n’est pas le seul à porter ce prénom 


Jen: son nom c’est Eben Ezer Toutian et ce n’est pas mon petit copain. J’ai cherché déjà son nom mais je n’ai rien trouvé. Tu as une idée si je peux le trouver d’une autre manière? 


Yasmine: lol la go Facebook c’est pas le bottin téléphonique han. 


Elio: franchement. Ou c’est une encyclopédie peut-être tu crois? 


Yasmine: non en fait elle doit penser que c’est Wikipedia. 


Jen: j’ai compris je vais me débrouiller! 


Elio: oh tu es fâchée? 


Jen: non. On se parle après, je dis puis raccroche 


Yasmine continue de me couvrir de railleries ce qui m’agace un peu donc je vais dans ma chambre parce que si je reste ça ne servira à rien. En trois semaines avec elle, j’ai compris que cette fille ne s’arrête pas quand elle commence ou veut quelque chose. Il paraît que c’est ma naïveté pour mon âge qu’elle trouve amusante. Sauf que des fois ce n’est pas drôle. Les fois où je lui ai dit elle m’a traité de petit cœur avant d’en rire davantage et me conseiller qu’il me faut être dure sinon je vais me faire briser par la vie. En tout cas je vais trouver Eben seule. Facebook et moi on va se comprendre tôt ou tard. 



Elikem Perla Xena Akueson 


Vivre à Villejust et faire le trajet jusqu’à Paris Sud, mon université ce n’est pas vraiment fun quand papa ou tata Lou ne me donnent pas un lift mais toutes les fois où la fatigue me donne envie de me plaindre je me rappelle que mon sort aurait pu être pire s’ils vivaient toujours à Saint-Ouen. 


Par contre je me sens mieux une fois que je suis à la maison. Je range correctement les basket d’Aurore qu’elle avait mis n’importe comment puis j’ôte mes bottes et me dirige en cuisine pour saluer tata Lou. 


Lou: oh tu es rentrée ma chérie. Ça va? 


Elikem: vidée et toi? Tu ne t’es pas trop ennuyée? 


Lou: pas du tout, j’ai pu finalement cueillir mes tomates et refaire mon jardin. 


Elikem: lol c’est ta notion des vacances ça 


Lou: c’est souvent comme ça tu sais. Quand tu travailles tu cries, à quand ces vacances puis une fois qu’elles sont là tu te rends compte que c’est un peu ennuyant d’être seule à la maison quand les autres sont partis, elle répond avec humour 


Elikem: en tout cas je prendrai bien un peu de tes vacances. 


Lou: commence déjà par aller prendre une douche hum? Le pain de viande entre au four maintenant 


Elikem: merci, je dis hyper soulagée parce qu’en vrai si je vivais seule j’allais probablement boire l’eau ce soir et dormir.


En montant j’entends Aurore qui chante à tue-tête sous la douche. On en a pour presque une heure quand elle y entre comme ça. Elle prend tout son temps pour faire un bain d’huile, démêler et laver ses cheveux. Quand elle sort, sa peau ressemble à celle des vilains chats là qui n’ont pas de poils. Le plus drôle c’est que la fille m’encourage tout le temps à lui confier ma tête, moi qui ne peut pas faire plus de quinze minutes dans un endroit humide. 


Je me change et regarde les messages de tout le monde. J’écoute la note vocale de papa en premier. Je la réécoute en boucle tellement sa voix m’apaise. Je vais me faire des photos de nous deux et me rejoue le discours qu’il m’a fait quand j’ai eu mon bac. Aujourd’hui je ne sais plus si j’ai encore des sentiments à son égard mais Dieu merci ils sont partis les rêves affreux. Je n’arrive cependant pas à imaginer un autre homme arriver à la trempe d’Eli Laré Aw pour moi. Si doux, si avenant, si confiant. Je ne comprends pas comment Dieu a donné à une seule personne autant de qualités. Même les défauts dont maman parle souvent je ne les vois pas. Dans son discours, il m’a dit que le premier jour sous la couveuse j’ai une grave infection qui m’empêchait de recevoir l’oxygène nécessaire bien que j’étais sur assistance. Maman n’était pas encore remise de mon accouchement. Il n’y avait que grand maman qu’il connaissait. Et il devait lui expliquer à elle dans des mots clairs ce qui m’arrivait tout en mettant assez de confiance pour l’encourager pourtant lui-même n’arrivait pas à avoir confiance parce que le bébé qu’il avait eu avant moi n’avait malheureusement pas survécu au séjour. 

Les jours passaient et mon état ne s’améliorait pas. Un soir il était rentré du travail trouvant son père devant des rediffusions de Xena la guerrière. Apparemment mon grand père Ruben était un grand fan d’anciens shows. Il s’est mis à côté de lui pour lui tenir compagnie. Une chose en emmenant une autre comme il s’est confié à son père sur mon état. Le lendemain il s’est mis à me parler comme il fait toujours avec ses bébés puis dans la foulée il m’a conté l’histoire de la guerrière Xena et promis qu’il me ferait un beau cadeau si je pouvais me battre comme elle. Il paraît que j’ai serré le doigt qu’il avait mis dans ma main juste après cette phrase. Il a même rajouté en rigolant qu’il s’était demandé si ce n’était pas de la folie mais depuis ce jour je me suis battue contre toutes les circonstances et aujourd’hui il est tellement ému de me voir si décidée, déterminée et prête à entreprendre cette carrière dure certes mais épanouissante qu’est celle de médecin. Le reste du discours je garde dans mon cœur. Il faut juste savoir que j’ai énormément pleuré. Il ne sait pas que c’est lui et les histoires que j’ai entendu de mamie Atia qui m’ont donné l’amour pour la médecine. Je ne suis pas encore sûr de la spécialité que je ferais mais j’irai jusqu’au bout de cette grande aventure. 


Je réponds aux messages des petits puis commence à discuter avec Océane. 


Annie: rentrée? 


Moi: Yep. Et toi? 


Annie: au pieux. Ça caille dehors. 


Moi: lol c’est New York non. Tu as été en cours j’espère 


Annie: ouais je sèche pas j’te jure. 


Moi: good. Continue comme ça.


Annie: tu viendras toujours pour Noël? 


Moi: Oui, maman a déjà acheté nos billets. 


Annie: il est quand même chanceux Mally hein. Le CEP et le monsieur a demandé à venir ici. 


Moi: lol tu ne connais pas ce couillon. Il te dira qu’il faut oser dans la vie et ce n’est pas sa faute si nous on avait pas pensé à demander aux parents. 


Annie: ahaha la chance du petit dernier. Du coup c’est juste un voyage pour les Laré Aw? 


Moi: yes juste nous. Tu as parlé avec ta mère? 


Annie: tous les jours. mais elle refuse mon argent. Elle dit ne pas être fâchée mais je sais pas pourquoi elle dit non. 


Moi: elle ne doit pas en avoir besoin. Moi aussi je n’accepte pas de l’argent quand j’ai le nécessaire. 


Annie: oui mais toi tu as tes deux familles qui s’occupent de toi. Elle est seule. 


Moi: donne lui un peu d’espace aussi Annie. Si elle te dit qu’elle n’a pas besoin faut lui faire confiance. C’est une adulte. 


Annie: ok. Tu vois Rome bientôt? 


Moi: fin du mois. 


Annie: tu sais s’il voit quelqu’un? 


Moi: Océane je ne vais pas être ton espion pour fouiner dans la vie de Romelio. Si tu veux savoir s’il voit quelqu’un tu lui demandes directement.


Annie: ne te fâche pas s’il te plaît.


Moi: je ne suis pas fâchée. Je te dis la vérité. Je t’ai dit dès le début que je ne voulais pas du rôle de pion entre vous. Ça me saoule ce genre de choses et tu sais que je n’aime pas qu’on me saoule.


Annie: je sais. Je suis désolée. 


Moi: no stress. 


Annie: il ne me parle plus comme avant tu sais. Quand je lui écris bonjour il me répond. Mais jamais il ne me pose de questions et il ne m’écrit pas. Qu’est ce que je peux faire pour qu’il me comprenne? 


Moi: j’aurais aimé savoir mais je ne sais pas. Je suis juste désolée pour le cœur brisé. Prends le doucement. Essaie de te distraire avec les cours, fais des activités. Peut-être d’ici sa colère baissera et tu n’auras pas vu le temps passer 


Annie: oui tu as raison. Je vais commencer à faire du ski. On en fera à ton passage ici 


Moi: j’ai des larges dents peut-être mais j’aime qu’elles restent dans ma bouche 


Annie: loooollll tu es dingue 


Moi: Aurore vient de sortir. Je vais me doucher. On se capte après. 


Annie: Yep. Un cœur pour toi. 


Je lui envoie un bisou et fonce en douche. Je sors fraîche trouver mon papounet de retour aussi. 


Antoine: tu ouvres la bouche mon petit sucre roux? Il dit et je m’exécute un peu gênée. Il me donne une tranche de clémentine que je mange tout en allant m’asseoir. 


Mon papounet c’est le roi de l’exagération. Jamais il ne m’appelle par mon prénom. Je n’ai que du sucre d’orge, chou à la crème, fondant au caramel. J’ai essayé de lui dire mais comment expliquer, il a conclu tout seul que c’est parce qu’on ne me montre pas assez l’amour à Lomé que je réagis ainsi et qu’il n’y aucun mal à recevoir des signes d’affection. En même temps je suis souvent gênée aussi de lui faire des remarques parce qu’il a l’air d’être attristé par ça en plus il ne fait vraiment rien de mal. Plutôt des tonnes. Et les gens probablement cherchent des papas comme lui donc aies-je vraiment le droit de me plaindre? Je ne sais jamais quoi penser de notre relation. 


Je me bourre littéralement le ventre. C’est ici que j’ai appris que la salade et la viande le soir ce n’était pas forcément un repas léger. Aurore m’amuse de ses histoires pendant que je fais semblant d’étudier. Elle c’est trop un cas. Toujours un truc à raconter sur son école. Elle a treize ans et fait la quatrième comme Macy. Les deux sont apparemment très amies d’ailleurs. Elles ont les mêmes centres d’intérêts. Si Aïdara avait des meilleures aptitudes sociales je pense qu’elle serait bien dans leur groupe. Sauf que ce n’est pas le cas et pour dire vrai je m’inquiète beaucoup pour elle. Les parents ont finalement lâché du leste et elle a intégré le club de Basket. Ce que j’attend surtout c’est que Mally arrive au Collège. Ce petit c’est un aimant à personnes comme on dit. En plus c’est pratiquement l’ombre d’Aïdara. Une fois que lui et Snam seront dans cet établissement, les gens vont commencer petit à petit à remarquer Aïdara et surtout elle sera plus à l’aise en ayant la présence familière de ses deux. 


Je pensais m’endormir quand Aurore a rejoint son lit en chambre mais finalement le sommeil m’a fui. Romelio m’a texté qu’il s’était réveillé lui aussi pour finir un projet à rendre donc je me suis à l’étude. Je descends un moment pour me chercher et fais doucement pour ne pas réveiller la maison qui dort mais je suis surprise quand depuis l’escalier j’entends les voix de papa et tata au salon. Il doit probablement être une heure du matin et papa travaille demain si je ne m’abuse. Je remontais puis me suis arrêtée quand j’ai entendu mon nom. La curiosité m’a fait rester. 


Antoine: je compte acheter une voiture à Elikem parce qu’elle est trop épuisée quand elle rentre mon petit bout. Je n’aime pas la voir ainsi. Surtout que c’est dur la médecine. J’ai pensé à une Benz ou une Audi plutôt? Parce qu’elle n’aime pas les beetle il semble. Tu en penses quoi toi entre Audi et Benz? 


Lou: je pense que tu devrais finir ton thé et aller te coucher parce que tu es surmené 


Antoine: comment ça? Il demande sur un ton confus 


Lou: une voiture Antoine? Pourquoi tu ne lui prend pas une Honda alors? 


Antoine: je t’en prie. On parle de ma fille. Pas d’une parente éloignée. 


Lou: justement tu n’en as pas une mais deux filles. Tu as Aurore que tu sembles souvent oublier. 


Antoine: je n’apprécie pas du tout ce ton accusateur que tu prends. J’aime tous mes enfants et je veux le meilleur pour elles 


Lou: faux! Tu aimes certes tous tes enfants mais tu veux faire plus qu’Eli. 


Antoine: Lou je n’aime pas du tout. 


Lou: mais je n’ai pas non plus aimé que tu fasses un discours kilométrique à la célébration du bac d’Elikem tout ça pour montrer que tu parlais plus qu’Eli. Je n’ai pas aimé voir les enfants rire de toi mais est-ce que le fait que je tirais de temps en temps sur ton jean pour te faire des signes t’a fait arrêter? Non. Tu voulais nous sortir le discours le plus éloquent. Et nous avons supporté donc tu vas supporter de m’entendre maintenant.


Antoine: personne ne riait de moi! Il dit vexé 


Lou: reste dans ton la la land si ça te tente chéri mais les faits sont là. Tu te croyais peut-être malin mais crois moi que tout le monde le sait. On sait que tu te sens intimidé par Eli. On sait que tu le penses en compétition avec toi. Et moi particulièrement je sais que tu essaies constamment d’en faire plus pour lui rappeler que c’est toi le père d’Elikem. Sinon pourquoi dire à Belle sans qu’elle te demande que tu prendras tout le cursus d’Elikem en charge, y compris sa ration? Ils en ont les moyens et personne ne t’a imposé cela.


Antoine: c’est notre fille et....


Lou: c’est ta fille Antoine! Elle réplique avec véhémence 


Antoine: Lou...., il dit peiné, après tant d’années? 


Lou: je t’ai dit quand on devait se remettre ensemble qu’elle n’est pas et ne sera jamais ma fille. J’en ai une. Son nom c’est Aurore Kekeli. Elle aussi ira un jour à l’université. Et ce n’est pas en achetant des Benz ou Audi à Elikem qu’on gardera assez d’argent pour lui offrir une vie remplie aussi. On a pas vendu notre ancienne maison pour venir dans une coûtant moins pour que tu dilapides ce qu’on a eu comme bénéfice en vendant l’ancienne. Si tu juges que ton sucre d’orge est trop bien pour une Honda tu contactes Belle. Celle avec qui tu as décidé de la faire et vous mettez votre argent ensemble pour lui offrir ce que vous jugez bon pour son niveau. 


Antoine: Tu m’avais pardonné mon amour....tu m’avais dit que tu avais pardonné 


Lou: je ne serais pas ici avec toi si je ne t’avais pas pardonné. Ce n’est pas ma faute si tu as préféré écouter un discours différent de celui que je t’ai fait le jour là. J’ai été claire. Je ne vais pas travailler pour donner tout mon argent à Elikem parce que tu te sens coupable d’être un père à distance ou Dieu seul sait ce que tu as comme complexe. Je respecte le fait que tu aies décidé d’être un père présent et responsable. Je suis d’accord pour m’occuper d’elle quand elle est ici. Je n’ai pas de problèmes avec le fait qu’elle vive sous notre toit mais tire un trait sur le reste. Ou si tu tiens autant à lui acheter la voiture de son standing avec notre argent, on procède à un partage équitable et tu fais ce que tu veux de tes avoirs. 


Antoine: je...je n’ai pas connu si...si calculatrice et..et vindicative. 


Lou: celle que tu as connu ne te savait pas fourbe aussi. Elle ne te croyait pas capable d’aller coucher sciemment avec une femme, et le pire sans protection, sans considération du fait qu’à cette époque je voulais désespérément un enfant et multipliait tous les efforts possibles. Toi et Belle vous avez fait vos choix en ne pensant qu’à vous et votre petit plaisir donc permettez moi de penser d’abord à ma fille avant de jouer au bon samaritain. 


Je remonte sur cette phrase. Les cours je n’y arrive plus. Je me mets juste sous la couette. 


Mon corps est lourd au réveil le lendemain. Je n’arrive pas à prendre le petit déjeuner. Tout d’un coup je me sens de trop. Pourtant ils sont tout souriant et semblent inquiets pour moi. Je suis un peu distraite en cours. À la pause je vois un sms de Mally qui me dit de l’appeler. Je me mets dans un coin calme et passe mon appel. 


Mally: yo ça a chié ici hein. Faut que tu fasses un truc. 


Elikem: c’est quoi le souci? Je demande alertée 


Mally: tu sais que je traîne toujours dans le bureau de papa pour piquer du papier ram. Bref hier j’ai surpris une conversation entre lui et tata Ali. Ils parlaient de succession ou un truc du genre. Du moins j’ai compris seulement que seuls les Aw ont droit à un patrimoine mais j’ai pas tout bien pigé. En tout cas papa a commencé à gronder en anglais tata Ali. Elle répondait trop vite pour que je capte mais à la fin elle lui a dit you know what, go fuck yourself et c’est elle qui a raccroché.


Elikem: noooonnnnn. 


Mally: totaleeeemeeennnntttt 


Elikem: ok, je vais voir ce qui se passe


Mally: reviens me faire le compte rendu hein 


-mamie Josée, j’entends de ma sœur 


Mally: pfff tu n’as pas dit que tu ne comprenais pas ce que ça veut dire? 


J’ai raccroché quand ils se chamaillaient. 

Puis j’ai écrit à maman pour lui demander de m’appeler si elle était libre. Son allô était si las que j’ai commencé à paniquer.


Elikem: Mally m’a dit des choses entre papa et tata donc pas la peine de mentir. Il se passe quoi? 


Belle: ce garnement, ce n’est rien d’important ma puce, elle dit en soupirant 


Elikem: c’est toi qui  me dit dernièrement que je suis grande maintenant et qu’on est comme des amies. Ça se fait de mentir à ses amies? 


Belle: Ce sont des incompréhensions professionnelles entre ta tante et ton père concernant l’hôpital. 


Elikem: seuls les Aw peuvent hériter c’est ça? 


Belle: qui te l’a dit? Elle demande surprise 


Elikem: J’ai tiré des conclusions.


Belle: mais ne t’en fais pas ok. C’est probablement un malentendu. Papa regarde ce qui peut être fait concernant ça. 


Elikem: c’est pas grave maman, je dis en essayant de prendre un ton rassurant. Je ne suis pas obligée d’hériter de l’hôpital. J’ai déjà eu beaucoup de chance que les Aw m’acceptent dans leur grande famille. Ils ont fait pour moi ce qu’ils n’avaient pas besoin de....


Belle: Elikem tu m’arrêtes le discours de défaitiste! Pourquoi tu es disponible à cette heure d’ailleurs? Tu n’es pas en cours? 


Elikem: je...je vais y retourner 


Belle: oui fait ça. On se reparle plus tard 


On raccroche et je reste là à regarder dans le vide. Au final je n’ai pas vraiment de place à moi. 



Belle Laré AW 


J’espère vraiment que quelque chose puisse être fait parce qu’Elikem rêve de cet hôpital depuis son entrée au collège. Je...non, je secoue ma tête pour chasser ses pensées. Madame Atia a été si douce et aimante avec moi. Il doit avoir une raison, enfin quelque chose de rationnel justifiant le fait qu’elle est mis cette clause empêchant quiconque ne portant pas le nom AW d’hériter ou encore d’avoir des parts de cet hôpital. La sœur d’Eli dit qu’elle n’était pas au courant. En même temps elle a gardé son nom de jeune fille en dépit de son mariage donc je ne sais pas quoi en penser. 


Gisèle: tu continues à froncer la mine? Elle demande ce qui me tire de mes pensées 


Belle: c’est très sérieux maman. Comment je peux être tranquille avec cette épée sur ma tête? 


Gisèle: vraiment tu aimes avoir peur hein ma fille. Si Elikem ne prend pas l’hôpital maintenant ça fait quoi? 


Belle: ça fait quoi?! Je demande effarée 


Gisèle: mais oui. Est-ce que c’est écrit que seuls les héritiers de l’hôpital seront heureux dans la vie? 


Belle: je te signale maman qu’Elikem rêve de ça depuis son collège. Elle a suivi de très près son père dans son travail en tant que pédiatre puis directeur d’hôpital. Elle sait tout de cet institut sur ses doigts et tu me demande tranquillement ce que ça fait? Des neveux et nièces d’Eli qui n’ont jamais mis pied dans cet hôpital pourront hériter juste parce qu’ils s’appellent Aw mais ma fille non? C’est normal pour toi ça? Tu crois qu’Elikem va se sentir comment comparé à Aïdara ou Mally? Tu ne vois pas que ça renforce l’idée qu’elle n’est pas d’Eli? 


Gisèle: C’est toi qui veut arriver jusque là-bas au lieu de voir la chose très simplement. Peut-être la dame ne voulait pas que son dur labeur sorte de sa famille. Après tout j’ai entendu qu’elle a créé l’institut avec son mari et l’aide de sa fille. C’est leur sueur à eux. Toi même tu trouves ça normal de te fâcher pour comment quelqu’un veut qu’on gère son travail? C’est comme si le voisin d’en face vient crier chez nous qu’il doit avoir une chambre ici. 


Belle: sauf que je suis la femme d’Eli et pas le voisin! Tout ça c’est Antoine! Il n’aurait pas insisté pour qu’elle porte son nom qu’on aurait pas ce problème. 


Gisèle: Elikem c’était une Mally avant qu’Antoine n’arrive. Pas Laré Aw. Elle n’a jamais été Laré Aw Belle. 


Belle: c’est bon j’ai compris. J’ai à faire je reviens, je dis quand j’entends la porte du bureau d’Eli s’ouvrir. Maman vit dans un autre monde donc je ne m’attendais pas à ce qu’elle comprenne. 


Aïdara Laré Aw 


J’allais dormir quand grand maman m’a appelé dans sa chambre. Elle m’a sorti son téléphone et demandé que je m’asseye sur le lit. 


Gisèle: il faut me faire je vais regarder le visage d’Elikem quand je parle 


Aï: te faire quoi? 


Gisèle: la vidéo 


Aï: oh ok. Je lance l’appel et Elikem décroche. Je donne à grand maman mais elle attrape ma main quand je veux m’en aller 


Elikem: Zizèle il est Minuit ici tu sais que les gens dorment? 


Gisèle: tu dormais ça avec les yeux rouges? 


Elikem: quand on te dérange dans le sommeil en général les yeux sont rougis.


Gisèle: je t’ai lavé hein Elikiki. Tu peux dire ça à beaucoup mais pas moi. C’est l’affaire de prendre l’hôpital là? 


Elikem: tu viens encore me faire la leçon? 


Gisèle: no oh, pourquoi tu me fais le procès de tension? 


Aï: ahaha grand maman t’avait bien dsit la dernière fois pourtant. On dsit procsès d’intention 


Gisèle: comme ta sœur a dit tu as entendu 


Elikem: lol ta comédie continue je vois 


Gisèle: bon, moi même je n’ai pas hôpital mais j’ai quand même les pagnes. C’est ce que Mally aussi a un peu fait sur cette terre mais tu m’as déjà vu en tristesse? 


Elikem: toi jamais. 


Gisèle: inhein tu es ma petite fille non? Pourquoi tu pleures pour un hôpital? Quelqu’un t’a dit que c’est dorado là-bas? 


Aï: El dorado 


Gisèle: comme l’autre a dit là 


Elikem: lol non non. 


Gisèle: la vie là c’est 90% de ce qui t’arrive et 10% de comment tu le prends. Ou c’est le contraire oh je ne sais plus. Mais regarde autour de toi dans le monde. On a plutôt de la chance non. Ou bien Aïdara? On ne se demande pas ce qu’on doit manger. Quand on coupe l’électricité, il y’a un groupe électrogène. Sinon les panneaux solaires prennent le relais. Moi Mally j’ai pris avion grâce à Laré Aw qui ne me connaît de nulle part mais elle m’a donné fata. Et qu’est ce que je dis toujours à Aïdara? 


Aï: même si je parle pas comme tsou le monde, je comprends français. Je peux aller à l’école, j’ai les livres que je peux lire et beaucoup de gens dans le monde n’ont pas cette chansce donc je suis pas misérable parce que je suis différente, je dis très contente. Grand maman c’est la meilleure après Mally. 


Gisèle: voilà, tu as entendu la récitation de ta sœur. Faut pas que les choses que tu vois là-bas chez les blancs te fassent croire que si tu n’as pas pareil tu es misérable. Tu vas à l’école. Réussis pour avoir ton diplôme. Avec ça tu feras tes choses aussi. Moi même je n’ai pas eu de diplôme mais j’avais mon petit commerce de pain à la maison dans le temps. Avec ça j’ai pu m’occuper de ta maman. Elle est arrivée à un niveau que peut-être certains qui avaient plus de moyens que moi n’ont pas pu faire pour leurs enfants. Tu n’auras peut-être pas les choses des Laré Aw mais tu auras tes papiers et ta connaissance. Faut les remercier pour ça. 


Elikem: tu sais Gisèle, la vie est très douce dans ta bouche 


Gisèle: c’est parce que la vie est elle même douce quand tu n’es pas malade et tu manges bien. Le reste on remplit nos journées avec seulement, le temps que le créateur nous dise qu’il est l’heure. 



Tao Adamou 


La grossesse avance merveilleusement bien et cette sensation de planer ne me quitte toujours pas. J’aurais dit que c’est l’excitation d’Ida qui nous garde dans le bain. Mais c’est faux. Je suis sincèrement joyeux comme je ne l’ai pas été depuis j’ignore quand. Avec cette joie vient aussi la culpabilité qui me rappelle qu’un nouvel être vient mais un autre être tout aussi précieux pour nous est loin. Je ne sais quoi dire sur cette culpabilité donc je la garde enfouie dans un coin caché. 


Avec Farida on s’est dit que peut-être on aurait dû songer à l’idée d’agrandir davantage notre famille vu l’excitation continue d’Ida depuis qu’on a découvert notre nouvelle. Personne ne pouvait prédire qu’elle aurait tant aimé être grande sœur. Certes comme tous les enfants elle nous a demandé une ou deux fois si elle aura un frère ou une sœur mais après le pas vraiment qu’on lui a servi elle n’a pas insisté. Mais il faut vraiment voir comment elle est maintenant. Actuellement par exemple, elle a fait asseoir ma femme dans une position fixe et la peint. Je suis derrière et supervise. Enfin je suis supposée superviser mais elle maîtrise si bien la peinture que je suis là en spectateur. Farida ne peut même pas bailler sans que notre Picasso en herbe la regarde de travers. Cet amour pour la peinture est né de sa petite relation avec Arthur. Un ami inattendu pour elle disons. Farida pense qu’elle a le béguin pour lui mais je ne veux même pas imaginer. Mon bébé n’a que douze ans. Même pas encore en fait. Elle est dans sa douzième année. Toutefois j’avoue que je ne serais pas inquiet si leur amitié devait aboutir en relation. Farida et moi avons aussi tissé des liens avec Arthur et de ce que j’en ai vu, c’est un garçon qui a la tête sur les épaules, facile à vivre, débrouillard et très curieux. J’ai hâte qu’il ait son bac. La foule de projets que j’ai pour eux deux me tient éveillé quelques nuits. J’éclate de rire quand Ida lève encore le sourcil parce que sa mère a éternué cette fois. 


Tao: ca suffit pour aujourd’hui, Van Gogh, je dis en me levant avec la jetée que j’ai récupéré sur la chaise pour la mettre autour de Farida


Ida: maiiiissss j’y suis presque 


Tao: sauf que maman a besoin de repos maintenant 


Ida: Rhoooo, plus qu’une heure allez maman.


Farida: nope demoiselle. J’ai été assez utilisée comme ça. J’ai besoin de manger maintenant 


Ida: franchement vous n’êtes pas chic du tout! Je vous signale qu’on a plus vraiment de temps. Entre finir la déco, faire le moule du ventre, repeindre la chambre, on ne va pas y arriver, elle finit sur une voix hyper dramatique et les bras levés 


On fond en rire quand elle ramasse ses choses et s’en va après un dernier vilain regard pour nous. 


Tao: je te plains déjà. Elle va t’en donner des ordres pour son mariage 


Farida: ah non non hein. Ce sont les papas qui supportent les filles le jour là. Moi je serais au buffet entrain de manger 


Tao: tu ne penses qu’à ça toi, je réplique avec humour 


Farida: c’est notre enfant qui me fait saliver je te jure. À la fin de cette grossesse j’aurais probablement ramassé dix kilos. Ehhh Ida peut venir....elle dit alertée et remonte en vitesse la couverture jusqu’en bas de son cou parce que j’ai posé mes mains sur sa poitrine. 


Tao: on va en chambre? 


Farida: tu es incorrigible et je suis fatiguée je te signale 


Tao: je vais m’occuper de toi. 


Et c’est ce que j’ai fait après qu’elle ait accepté de me suivre. Ida ne voulait pas manger de plat préparé donc nous avons commandé deux pizzas et pris une boîte en toute discrétion pour l’emmener dans notre chambre. Le chef de maison était sur son chantier, soit la chambre du bébé où elle fabriquait Dieu seul sait quoi. Farida mangeait nue. Moi je m’occupais d’elle.


Farida: le bruit qu’Ida nous ferait si elle savait que je mange dans notre lit là. 


Tao: tu as faim et j’ai besoin de caresser ton corps nu. Il faut faire des compromis dans la vie 


Farida: lol tu n’as pas intérêt à te fâcher si elle te ressort une phrase dans le genre après une bêtise. 


Tao: tant qu’elle ne me montre pas ses fiches salariales ou les factures qu’elle paie ici elle subira ma discrimination 


Farida: krkr tyran. 


Tao: Merci, je fais des efforts, je dis tout satisfait tout en continuant à masser son corps avec l’huile et m’attardant spécialement sur son ventre. 


Farida: sinon tu sais que Boulder veut aller à Lomé? 


Tao: ce type est étonnant, je dis en rigolant 


Farida: il trouve qu’on ne lui fournit pas assez rapidement l’information donc pour lui il y’a une entourloupe là-bas et qu’on me vole probablement 


Tao: lol tu ne lui as pas expliqué qu’on a pas le même fuseau horaire et qu’en plus l’équipe de production est dans un village donc il ne va pas obtenir les infos le jour même? 


Farida: c’est toi qui me l’a recommandé hein. Et tu es ici entrain de rire comme si tu ne savais pas comment il était 


J’en ris davantage. Ce n’est pas pour rien justement que j’ai demandé à Parker Boulder de prendre en main la comptabilité de Laith et douceur. Mon agence faisait affaire avec leur boîte d’expert comptabilité puis il s’est mis à son compte personnel. Je n’ai pas hésité à lui confier la compagnie de Farida parce que ce type est extrêmement méticuleux dans son travail. Dans le passé Farida a eu à faire quelques erreurs dans ses déclarations d’impôt. Erreurs que l’ancien comptable avant Boulder n’a même pas relevé. Peut-être qu‘il avait remarqué mais ne voulait pas mal parler de ma femme mais Parker ne s’est pas gêné. Vu que Farida a dépassé la quarantaine sa grossesse est naturellement considérée comme risquée et après l’accouchement je veux qu’on ait du vrai temps en famille pour profiter de nous donc pas de projet pour elle de reprendre la direction à temps plein avant deux ans. C’est pour cela que Parker a été nommé comme administrateur temporairement. 



Héloïse Silivi 


Je commence à regretter d’avoir regagné ma maison parce que ce Parker Boulder me donne envie de crier et la présence d’Aïdara m’aurait bien détendu. Encore un e-mail de lui sur le même sujet. 


-Monsieur Boulder, 


M’envoyer la même requête ne fera pas apparaître par magie la réponse. 


J’envoie et retourne sur mon film. Je jure tout haut quand j’ai une notification d’un e-mail entrant sur mon téléphone et il s’agit du sien. 


-Madame Silivi, 


La moindre des choses serait de me répondre en disant pas de nouveau Mr. Et je me demande bien ce qui peut être si difficile dans le fait d’envoyer des photos des lieux afin qu’on puisse évaluer le montant requis pour les rénovations. De simples photos. 


-Monsieur, 


De simples photos vous me dites sauf que vous vivez dans un pays où accéder à un appareil est peut-être chose aisée pour vous. N’avez vous pas considéré l’option que ce ne soit pas le cas ici? On parle de femmes qui vivent dans une région reculée du pays. Essayons d’appliquer le bon sens! 


-Madame, 


Mon bon sens me dit qu’un œil expert doit se rendre sur les lieux. Je vous communiquerai demain ma date d’arrivée à Lomé et nous pourrons travailler main dans la main afin d’aider ses femmes. 


Tchrrr! Pourquoi pas pied dans le pied tant qu’il y est. 


-Bien. Je lui envoie 


-Agréable nuit à vous. C’est ce que le bon sens aurait demandé que vous rajoutiez à ce message. 


-Bien, professeur du bon sens. Je renvoie. 


-Rebien à vous. 


Je ne réponds plus. Cet homme veut me saouler et je n’aime pas ça.

D’amour, D’amitié