23: Lovers and friends

Ecrit par Gioia

Héloïse Silivi 


Ce matin au moins, monsieur le vacancier n’a pas demandé à manger du local. Nous nous sommes contentés d’un petit déjeuner classique à l’hôtel et nous rendons actuellement à la maison qui sert d’atelier aux employées. Cette fois je suis à l’arrière avec lui afin qu’on puisse parler plus facilement de travail. Je lui remets le dossier pour lequel j’avais demandé qu’on fasse un détour à la maison avant de prendre la route. 


Parker: qu’est ce que c’est? Il demande pendant qu’il feuillette


Héloïse: un aperçu de l’organisation de l’atelier ainsi que de la production que j’ai fait. C’est le plus à jour. 


Parker: le plus à jour et tu n’as que des données trimestrielles? Il demande sur un ton sceptique 


Héloïse: C’est ce que la superviseuse donnait à celle qui m’a précédé. 


Parker: ok. Et le recrutement du personnel additionnel est déjà complété? 


Héloïse: il est en cours 


Parker: as-tu des informations sur les nouvelles recrues? 


Héloïse: elles ont été engagées la semaine passée donc pas encore.....mais pourquoi me tutoyez-vous? 


Parker: après une nuit entière à palper mes.......


Je couvre avec précipitation sa bouche de ma main. 


Héloïse: non mais c’est quoi ses manières? Je réplique outrée 


Il soulève un sourcil broussailleux et baisse ses yeux sur ma main. 


Héloïse: vous avez intérêt à vous tenir! Je menace avant d’ôter ma main 


Il rapproche son visage du mien, me regarde droit dans les yeux et chuchote 


Parker: ne vous en faites pas, votre profond intérêt pour mes pectoraux restera un secret bien gardé. Le chauffeur n’en saura rien 


Comme il veut jouer à ça on va se faire plaisir. Je rapproche légèrement ma face aussi et chuchote. 


Héloïse: C’est bien beau de prendre ses rêves pour des réalités sauf qu’il y’a quelques couacs dans votre théorie. Je dors seule depuis dix neuf ans. Et durant ce temps croyez moi que j’ai appris à dormir dans mon coin. Même si on considérait l’hypothèse hautement grotesque que je sois attirée par les mammouths, vous pensez vraiment qu’une femme habituée à dormir dans une position se collerait à un corps inconnu au point de palper ses tas de briques que vous appelez pectoraux? Je vais vous dire ce qui s’est réellement passé. Vous vous êtes invités dans mon lit par je ne sais quel stratagème. La fatigue faisant, je me suis probablement endormie en essayant de vous pousser au sol. 


Parker: ......


Héloïse: vous n’avez donc plus rien à dire hein. Choqué que j’ai réussi à vous démasquer? Je demande avec satisfaction 


Parker: les dix neuf ans à dormir seule, c’est par choix ou....


Héloïse: m...mêlez vous de vos affaires! Je balbutie nerveusement 


Parker: en général on ne partage pas ses affaires quand on ne veut pas que l’autre s’en mêle. Moi je sens de l’amour dans l’air pour la montagne aux briques sur la poitrine, il sifflote tout en reprenant la lecture du dossier. Il veut juste me narguer. Répondre serait lui donner trop d’importance. 


La visite à l’atelier nous a pris presque la moitié de la journée. Il a pris ses photos et j’ai servi d’interprète entre lui et la superviseuse. Toutefois quelques détails sur place m’ont un peu alerté. Vu que l’envie de local du monsieur était de retour, j’ai demandé au chauffeur de nous conduire dans un bar à foufou.


Parker: à quoi pensez vous? Il demande pendant qu’on entre dans le bar. 


Héloïse: quelque chose d’étrange avec la superviseuse 


Parker: quoi donc? il réplique tout en regardant avec fascination les casseroles remplies de sauces sur les foyers. 


Héloïse: je vous en parle tout à l’heure. Une fois qu’on sera assis


Parker: D’accord. Et d’où vient ce bruit particulier?


Héloïse: en arrière, ils sont entrain de piler 


Parker: puis-je voir? 


Héloïse: vous êtes en tourisme ou là pour le travail? Je ne peux m’empêcher de demander sur un ton ironique 


Parker: l’utile à l’agréable n’a jamais fait de mal à ma connaissance. 


Héloïse: vous êtes un vrai enfant dans l’âme M Boulder 


Parker: C’est ce qui fait mon charme, il réplique avec humour


Héloïse: bref laquelle des sauces voulez vous? 


Parker: des sauces? 


Héloïse: Bouillon, même si le terme correct reste sauce ou soupe à la rigueur, je redis 


Il m’en désigne cinq différentes, ce qui provoque un rire nerveux chez moi 


Héloïse: Ce n’est pas le moment de jouer Parker. Il y’a des gens en arrière de nous dans la file. Laquelle voulez-vous? 


Parker: Je veux les cinq que j’ai choisi, il réplique innocemment 


Je passe commande en mina (la langue locale) pour trois puis nous nous trouvons une place. 


Héloïse: ôtez moi d‘un doute. Vous mangez autant chez vous ou c’est l’envie de découvrir? 


Parker: l’utile à l’agréable Héloïse. On avait déjà fini cette leçon 


Héloïse: Je.......un moment je reviens, je dis en sortant pour répondre au coup de fil d’Océane 


Océane: allô maman? Vous avez fini? 


Héloïse: Salut ma puce. Oui on est actuellement entrain de manger 


Océane: Lol pourquoi j’entends le bruit des pilons?


Héloïse: il a encore fait des siennes, je réponds en soupirant et ma fille en rit. Au moins quelqu’un trouve ça drôle 


Océane: j’espère qu’il va te donner une augmentation hein pour les petites visites touristiques que tu lui fais 


Héloïse: Le plus important c’est qu’il rentre chez lui en un morceau. Quoi de neuf chez toi? 


Océane: je vais sortir avec, elle marque une toute petite pause et son ton enjoué du début redescend quand elle reprend.....je vais sortir bientôt


Héloïse: je te l’ai déjà dit Annie. Je ne vais pas m’emporter si tu parles de ton père. 


Océane: ok.....il arrive à New York tout à l’heure et on ira voir un spectacle. 


Héloïse: super, tu m’enverras des photos? 


Océane: Oui! Et toi aussi du fameux touriste marseillais. J’ai hâte de voir à quoi il ressemble 


Héloïse: c’est mon collègue, pas un ami ou une célébrité


Océane: quelqu’un qui appelle la bouillie bouillon est une célébrité pour moi.  Je te laisse maman. Je vais ouvrir à mon livreur. 


Héloïse: ok ma puce. Attention avec les pizza, c’est ta quatrième cette semaine. La mal bouffe ce n’est pas bon pour le cœur même pour les personnes de petite stature 


Océane: lol ok maman. À toute 


Je lui fais des bisous puis raccroche et retourne à l’intérieur. À table je retrouve le touriste en charmante compagnie. J’allais le taquiner de jouer au bourreau des cœurs en plein travail mais j’ai reconnu la fille. Les deux me remarquent quand je tire une chaise. Le visage de la fille se voile automatiquement de crainte et elle se lève. 


Héloïse: de quoi parliez-vous? 


Parker: de tout et rien, il répond avec désinvolture 


Héloïse: vous faites la petite conversation avec quelqu’un que vous connaissez depuis moins de 24h?


Parker: que puis-je dire, mes aptitudes sociales sont excellentes. 


Héloïse: oh oui rien que ça, je réplique sur un ton dérisoire. 


Je sens bien qu’il y’a anguille sous roche par contre il semble qu’il n’en dira pas davantage. Nous finissons le repas en discutant d’autre chose. Sur le chemin vers l’hôtel il revient sur un sujet que j’avais oublié.


Parker: vous vouliez me parler de quelque chose après notre départ de l’atelier? 


Héloïse: Oh oui, c’est la superviseuse. Je l’ai trouvé un peu évasive sur le recrutement des nouveaux membres. On lui avait fait la demande il y’a un bon moment déjà et à ma dernière visite je suis persuadée qu’elle avait dit avoir six  personnes de confirmé. 


Parker: c’est effectivement ce que vous avez noté dans votre dossier de ce matin 


Héloïse: Mais elle a présenté quatre recrues aujourd’hui et agissait comme si je parlais chinois quand j’ai demandé où se trouvaient les deuxièmes. 


Parker: qui est en charge du paiement des salaires? 


Héloïse: Le contrat en vigueur n’inclue que la superviseuse. C’est elle qui reçoit les salaires et les redistribue à l’équipe. 


Parker: Qui avait dressé ce contrat? 


Héloïse: aucune idée


Parker: l’administratrice de l’équipe ici c’est vous. C’est votre responsabilité de connaître ses contrats sur le bout des doigts et y apporter les ajustements nécessaires s’ils semblent désuets, Il réplique sur un ton mi dérisoire mi accusateur 


Héloïse: oh là on se calme. Premièrement je ne suis pas une administratrice. Ce que je fais c’est relayer l’information entre deux équipes. 


Parker: que croyez-vous que font les administrateurs? Il demande sceptique 


Héloïse: ils font bien plus que ça 


Parker: faire plus suppose qu’ils font aussi ça. Quelqu’un qui se contente de relayer les informations ne m’aurait pas remis le dossier de ce matin. 


Héloïse: je n’ai fait que rassembler quelques détails que je jugeais pertinents pour vous aider à mieux comprendre comment l’équipe sur place fonctionne. 


Parker: ok disons donc que vous êtes une assistante administrative. 


Héloïse: et deuxièmement j’ai repris le poste de quelqu’un. La personne avant moi m’a certes montré le contrat signé entre les Adamou et la superviseuse de l’équipe de production mais j’ignore qui l’a dressé. Je vous retourne d’ailleurs cette question. Après tout vous êtes le comptable et administrateur de madame. 


Parker: je n’ai été nommé comme administrateur qu’il y’a quelques mois. Avant ça je m’occupais strictement de sa comptabilité. Ce n’était pas mon rôle de la questionner sur la façon dont elle gérait son entreprise. 


Héloïse: idem pour moi donc mettez un frein sur vos suspicions parce que votre ton accusateur n’est pas passé inaperçu à mon niveau. 


Parker: vous avez donc remarqué, il dit comme une évidence après une petite pause 


Héloïse: Je ne suis pas une enfant Parker mais une adulte. Et oui j’ai remarqué depuis nos échanges par e-mail. Je ne vous en tenais pas rigueur vu que c’est moi la petite nouvelle comme on dit donc je me donnais du temps pour qu’on s’adapte l’un à l’autre mais je ne vais jamais, je dis bien jamais m’adapter à recevoir des accusations voilées. Si vous avez quelque chose de concret à me reprocher, je suis ici et prête à répondre. Sinon, je vais descendre maintenant de cette voiture et rejoindre ma chambre. Bonne nuit! 



Parker Boulder 



Une supernova, c’est ce à quoi elle m’a fait penser durant son monologue fiévreux. Je descends et rejoins pas la mienne de chambre mais la sienne. Je toque deux fois avant d’obtenir une réponse. Elle ouvre dans un peignoir qui l’engloutit au point de traîner au sol. Dans un autre contexte j’aurais probablement rigolé de bon cœur mais l’air bien sérieux qu’elle porte me dit qu’elle ne serait pas loin de me donner un sacré coup aux burnes. Je lève les mains en signe de paix. 


Parker: je viens me réconcilier avec ma collègue favorite 


Héloïse: je suis votre unique collègue, elle réplique pas amusée du tout et cette fois j’en ris un peu 


Parker: touché. Mais je viens quand même me réconcilier 


Héloïse: hum, elle soupire puis s’efface pour me laisser passer.


Parker: venez ici, je dis en ouvrant mes bras 


Héloïse: et puis quoi encore. C’est pour après dire en voiture qu’on s’est réconcilié sous la couette et me faire passer pour Dieu sait quoi devant le chauffeur 


Parker: vous préférez vous réconcilier sous la couette alors? 


Héloïse: Non mais Ho! Je...je n’ai rien dit de tel. 


Parker: il faudrait savoir Héloïse. Vous me faites tout le temps des suggestions voilées ensuite vous êtes la première à vous en offusquer quand je vous le redis explicitement. 


Héloïse: N’importe quoi! On avait déjà conclu que celui qui fait dans le voilé ici c’est vous, elle réplique avec agacement ce qui me fait sourire 


Parker: on ne va définitivement pas y arriver tous les deux. Bon je reprends. Je suis effectivement venu ici avec l’intention d’investiguer sur vous parce que vous me sembliez évasive dans vos réponses. 


Héloïse: sauf que je vous l’avais dit, je....


Parker: je sais. Maintenant je comprends. Cependant je ne cherchais pas la petite bête comme vous pensiez. La fille au bar tantôt me confiait des détails sur leurs conditions de travail depuis son embauche. Il semble qu’elle ainsi que deux autres n’ont pas été payées depuis quatre mois. Aussi la superviseuse n’a pas engagé dix personnes comme elle l’avait fait croire à la personne avant vous. L’équipe n’est composée que de six personnes à qui elle donne une charge de travail de dix.


Héloïse: mais qui sont les dix personnes que j’avais vu à ma première visite alors? Elle demande choquée 


Parker: je n’ai pas eu le temps de l’apprendre. vous êtes arrivée à ce moment. 


Héloïse: est-ce qu’elle vous avait donné des preuves de ses dires?


Parker: rien du tout. Je demandais si d’autres pouvaient appuyer son témoignage justement quand vous êtes arrivée. J’aimerais retourner à l’atelier avant notre départ. Demain matin à....


Héloïse: mais non, allons-y maintenant, elle n’interrompt et dit


Parker: heu....je réplique un peu troublé, vous n’étiez pas prête à dormir? 


Héloïse: Il n’est que 18h. 


Parker: l’atelier doit être fermé normalement


Héloïse: une des employées vit non loin de là. Il vaut mieux prendre le taureau par les cornes avec cette histoire. Qui sait si la fille a été peut-être suivie et déjà renvoyée. On ne sait jamais avec ce genre de choses, elle réplique tout en se hâtant avec ses vêtements dans les toilettes 


Quelques minutes plus tard nous étions devant la demeure de l’employée dont Héloïse a parlé.


Parker: on y va 


Héloïse: non vous allez seul avec le chauffeur. Je vous attends dans la voiture 


Parker: pourquoi? Je demande confus 


Héloïse: parce qu’elle peut se méfier de moi comparé à vous. 


Parker: c’est moi l’étranger et vous celle du pays. Pourquoi ferait-elle confiance à un inconnu? je rajoute toujours confus 


Héloïse: pour la même raison que celle qui vous a abordé aujourd’hui. Ici il y’a certains qui voient les blancs comme des gens moins tolérants envers l’injustice comparé aux africains. En plus elles m’ont vu quelques fois déjà avec la superviseuse et aucune ne m’a abordé donc probablement la plupart a soit peur de moi ou croit que je suis de mèche avec leur chef. Donc elle sera plus ouverte à se confier à vous surtout si vous lui dites que quelqu’un du groupe vous a mis la puce à l’oreille. 


Parker: c’est une théorie farfelue. 


Héloïse: allez-y je vous attends. 


Je suis ressorti de cette maison une trentaine de minutes plus tard avec le chauffeur qui m’aidait à porter le père malade de cette jeune fille. Une fille qui travaille depuis quatre mois sans rien recevoir comme rond pourtant chacune est supposée recevoir 200 euros par mois comme salaire. J’ai demandé au chauffeur qu’on nous conduise au meilleur hôpital du coin. Nous avons atterri dans une clinique. Je n’avais plus que des euros sur moi mais Héloïse a sauvé la situation en réglant le tout. 


Voir cette jeune fille se ruer sur ses genoux  avec son visage baigné de larmes juste pour nous remercier m’a dérangé. Je suis resté assis sur une banquette pendant qu’Héloïse donnait du soutien moral à la jeune fille. J’étais perdu dans mes pensées, tête baissée quand j’ai senti une main sur mes épaules.


Héloïse: le chauffeur va vous ramener. Je vais...


Parker: je ne m’en irai pas sans avoir revu ce monsieur. 


Héloïse: Sois raisonnable Parker, les médecins viennent juste de l’admettre et il est 20h. Ça va peut-être leur prendre du temps pour trouver la cause de son mal de ventre. 


Parker: j’ai déjà fait des nuits entières debout à jouer pour un public. Ça ne sera pas la première fois. 


Héloïse: ok, elle dit tout en s’installant à mes côtés 


Parker: on est au tutoiement alors? 


Héloïse: après une journée pareille je pense qu’on peut laisser le vous derrière, elle réplique avec humour, ce qui m’arrache un bref sourire 


Parker: Tu sais ta théorie farfelue me semblait bien stupide. J’entrais dans la maison avec l’idée que j’allais venir te chercher quelques minutes après pour que tu t’adresses toi-même à cette fille puis j’ai commencé à lui parler de la rencontre avec la fille de cet aprèm. Cette fille s’est mise à pleurer et déballer au chauffeur tellement d’informations que la traduction avait du mal à suivre. Exactement comme tu l’as dit, elle a mentionné ton nom ainsi que celui d’une certaine Belle, comme étant complices de leur chef. 


Héloïse: C’est Belle qui m’a recommandé à Mme Adamou pour ce poste et je suis sûr à 90% que jamais elle ne serait de mèche avec leur chef. Le 10% je le laisse juste parce qu’on dit qu’on ne peut pas totalement faire confiance à quelqu’un. 


Parker: je sais. Je te crois. Juste que tout ça me laisse.....pantois. Le fait qu’elle m’ait automatiquement fait confiance. Elle m’a même appelé mon sauveur. Pourtant je n’ai rien fait de fameux. Le pire dans tout ça c’est qu’elle a peut-être le même âge que Marley mon petit frère. 


Héloïse: il y’a des misères sans nom ici bas. Ça ne m’étonne pas qu’elle nous associe à son chef si elle n’a connu pour une bonne partie de sa vie que ça. 


Je me couvre le visage avec ma main et soupire de fatigue. Je ne m’attendais absolument pas à une réalité si crue en venant ici.


Nous avons eu des nouvelles trois heures plus tard. Le médecin suspectait une appendicite qu’il pourra confirmer une fois qu’il obtiendra les résultats de l’échographie. Héloïse tombait de sommeil cependant elle a quand même refusé de rentrer. Je me suis abaissé sur le banc pour qu’elle puisse se reposer confortablement sur moi. 


Le lendemain matin, j’ai fait le plus important après un petit passage à l’hôtel pour me doucher et changer. La superviseuse a été remerciée pour ses services. J’aurais aimé faire davantage. C’est à dire porter plainte mais Héloïse m’a dit que je mourrais avant d’avancer d’un pouce dans cette enquête. Heureusement qu’on avait agi hier comme Héloïse avait proposé. Parce qu’en entendant le ton menaçant sur lequel la chef clamait son innocence et le regard un peu effrayé de certaines filles, je suis sûr que beaucoup n’auraient pas eu le courage de lui tenir tête si Héloïse ne leur avait pas donné le témoignage de leur camarade qui est encore à l’hôpital.


Nous avons rallongé le séjour d’une semaine pour trouver un vrai local, réarranger l’équipe, engager le monde manquant parce que l’ancienne chef faisait passer les membres de son entourage comme employés et les payait en lieu et place du vrai personnel. Nous avions quand même de la chance. Le groupe en dehors de l’ancien chef était pas mal soudé et avait assez de compétences pour poursuivre la production et respecter les délais annoncés à Madame Adamou. Nous avons finalement quitté le village avec plus de confiance et aussi la tranquillité parce que le papa de la fille que j’avais rencontré le soir là était finalement hors de danger après son opération. 


Il ne me restait plus que deux jours à faire à Lomé. Deux jours durant lesquels Héloïse m’a fait visiter des coins plus gais. J’ai pris quelques souvenirs pour ma mère et mon frère. Elle a failli m’arracher les yeux quand j’ai demandé si je pouvais louer une moto quelque part pour faire un tour. Elle a dit quelque chose dans sa langue mais j’ai reconnu ce mot qu’elle dit souvent quand je semble l’emmerder, yovoya.


Je l’ai même étonné il semble par mes petits pas de danse lorsque nous avons visité un club. Elle m’a confessé que je semblais aussi à l’aise que le blanc dans les clips d’Awilo Logomba. Confession qui m’a arraché un rire. Nous n’avons pas trop traîné au club parce que je prenais mon vol tard ce soir là. En route vers mon hôtel, elle sort son téléphone et me le montre. 


Héloïse: voilà ton cousin dont je parlais tout à l’heure. 


Parker: primo je ne bougeais absolument pas comme ça et deuxio je connais Karolina d’Awilo, je réplique amusé 


Héloïse: tu connais? D’où ça? Elle demande d’une voix qui chantonne. Tout son visage porte la confusion ce qui me fait éclater de rire 


Parker: je te dirai quand tu viendras à Marseille.


Héloïse: pardon qui va venir à Marseille? Je ne peux pas prendre l’avion. 


Parker: Tu ne pouvais pas avant. Maintenant tu pourras


Héloïse: tu ne me demandes pas pourquoi je ne peux pas prendre l’avion d’abord? 


Parker: non parce que tu pourras. 


Héloïse: c’est quoi cette arrogance? 


Parker: correction, c’est de l’assurance. 


Héloïse: genre tu es tellement fort que tu vas me mettre dans l’avion quoi 


Parker: On parlera de comment je suis fort que je te prendrai sur ma bécane pour qu’on fasse un tour au vieux port, je dis en laissant mon accent naturel prendre le dessus. 


Pour la première fois de mon séjour, elle rit et se moque de moi au point de me frapper le torse. Les trois cocktails qu’elle a pris tantôt y sont certainement pour quelque chose mais c’est beau de la voir détendue. Je ne connais pas son âge mais là actuellement, elle parait si heureuse et radieuse. J’espère pouvoir voir cette Héloïse un peu plus quand elle viendra à Marseille. 



Ama Ekoue 


Se lever dans sa propre maison est un bonheur particulier. Je ne pensais pas ce rêve possible pour moi durant ma vingtaine mais me voici dans une demeure de trois pièces dans le fin fond de GTA, un endroit bien tranquille. Nous n’avons pas fini la maison. Il reste encore la cuisine et la douche des invités à arranger mais l’essentiel est fait. Gaëtan et moi dormons paisiblement. Je me suis levée de bonheur aujourd’hui parce qu’enfin une ère nouvelle commence pour nous. J’ai rendez-vous à l’hôpital L.I avec la gynécologue Hana Bemba pour faire mes examens et aussi commencer mon traitement de fécondation. Je me moque de Jennifer quand elle dit que sa chambre doit servir pour son petit frère mais personne ne prie autant que moi pour avoir un garçon. 


Gaëtan se lève quand j’ai fini de me préparer. Ces derniers jours il ne va pas bien. Il traîne un mal de tête qui m’inquiète un peu. Je lui sers son thé et me lève mais il me retient en nouant ses bras autour de mes hanches. 


Ama: ça ne va toujours pas? Je demande tout en caressant sa tête qu’il a posé sur mon ventre 


Gaëtan: non. On peut retourner se coucher? 


Ama:  j’ai rendez-vous à l’hôpital chéri, tu sais bien 


Gaëtan: il faut essayer de déplacer non Ama. Je ne vais vraiment pas bien, tu sais que mon père est décédé....


Ama: tu vas m’arrêter cette histoire avec ton père que tu me répètes depuis deux jours oui! Je dis durement. Ce n’est pas l’heure pour toi d’aller le rejoindre donc tu vas boire cette tisane, je vais à mon rendez-vous qui ne va probablement pas durer et je rentre te bichonner d’accord? 


Gaëtan: hum, il fait sur un ton boudeur 


J’embrasse sa tête et ôte ses bras autour de ma hanche. Les hommes font les bébés quand ils sont malades mais Gaëtan est plutôt un nourrisson. J’ouvre le portail, sors la voiture puis je retourne le fermer avant de démarrer. J’arrive avec de l’avance comme j’espérais. La chance semble être de mon côté parce que la gynécologue était prête aussi donc elle a proposé de me voir maintenant si j’étais d’accord. Je l’ai suivi et nous voilà face à face. Je lui donne les informations régulières concernant mon cycle ainsi que la liste de tous les médicaments ou remèdes naturels que j’ai pris durant ses cinq dernières années. 


Hana: avez vous déjà conçu? Ou fait des fausses couches 


Ama: non jamais. 


Hana: est-ce que vous suivez régulièrement votre cycle? 


Ama: Oui j’étais plutôt régulière avec un cycle de trente jours mais l’année dernière, j’ai fait deux mois sans menstrues puis elles sont venues pour sept jours avant de revenir un mois plus tard. 


Hana: ok et avez vous consulté à ce moment? 


Ama: non mon tradipraticien m’avait changé de remède à cette période et expliqué qu’un phénomène pareil pouvait se produire. 


Hana: ok, à la prochaine visite ramenez moi si possible les boîtes de ses remèdes. Avez-vous déjà été sur contraceptif? 


Ama: oui pendant trois ans au début de mon mariage mais je suis mariée depuis treize ans bientôt.


Hana: des infections, maladies chroniques? 


Ama: rien de tout ça Dieu merci. 


Hana: parfait, et consommez vous de l’alcool régulièrement? Ou du café? 


Ama: Non également. Mes remèdes étaient contre ça. 


Hana: et à quelle fréquence avez vous des rapports sexuels avec votre mari? 


Ama: Bon ça dépend des jours mais disons une à deux fois par semaine depuis deux mois. 


Hana: il a été votre unique partenaire depuis ses treize années? 


Ama: bien sûr que oui 


Hana: Bon aujourd’hui nous allons faire quelques prises de sang pour vérifier les taux de vos hormones, votre thyroïde et quand même tester pour l’hépatite et le VIH, juste pour s’assurer qu’aucun problème ne vient de là. Déshabillez vous également, je vais procéder au test physique. 


L’examen physique dure peut-être un bon quinze minutes. Ce n’est pas ce que je préfère mais bon il faut casser les œufs pour faire une omelette. Je redescend enfin de la table et remet ma jupe en pagne avant de m’asseoir. 


Ama: donc après ses résultats je pourrais commencer le clomid? Je demande et elle sourit 


Hana: s’il semble que vous n’ovulez pas régulièrement oui, c’est une option cependant ne pas concevoir dans un couple ne veut pas automatiquement dire que le problème vient de vous. J’allais justement suggérer que votre mari se présente aussi pour une série de tests quand il le pourra. 


Ama: mon mari? Oh dans sa famille ils n’ont pas de problèmes pour enfanter. C’est plutôt chez moi que c’est commun. 


Hana: je vois. Toutefois je vous recommande quand même de prendre rendez-vous pour lui parce que la question de fertilité dans un couple peut venir d’un partenaire mais c’est après tout un problème pour le couple lui-même. L’idéal c’est qu’il soit présent si possible pour recevoir lui aussi les mêmes informations que vous mais surtout vous soutenir mutuellement, elle me dit sur un ton conciliant 


Je réponds un ok peut confiant parce que cette mission sera plus que compliquée. Gaëtan n’aime pas du tout les hôpitaux depuis qu’on se connaît. Même quand il est gravement malade, je dois appeler mon cousin qui est assistant médical pour qu’on vienne le mettre sous sérum à la maison. Il ne semblait pas en meilleure forme à mon retour donc j’ai laissé la discussion sur le côté. J’ai préparé du bouillon d’igname pour lui en donner. Dieu merci il me semblait plus solide en soirée et il est même sorti pour faire un tour même si je n’étais pas pour. J’aurais préféré qu’il reste au lit mais monsieur était fatigué d’être à l’intérieur, il a dit. 


Ce n’est que trois jours plus tard que j’ai finalement abordé le sujet quand nous étions au lit. Son visage se renfrognait au fur et à mesure que j’expliquais ce qu’on m’avait dit. Il a fini par retirer ma main qui caressait son torse velu et m’a donné le dos. 


Gaëtan: tu sais que c’est à l’hôpital que ma mère est décédée Ama. Ce n’est pas pour rien que je n’aime pas aller là-bas 


Ama: ca ne va pas durer du tout chéri. 


Gaëtan: han je ne te crois pas. C’est ça que tu dis mais je vais aller faire la journée là-bas. En plus pourquoi cette femme va me dire de me déshabiller et mettre les doigts dans mes fesses. Mes amis m’ont raconté comment ça se passe. Pourquoi elle va voir mon corps nu? Elle est ma femme? 


Ama: toi aussi Gaëtan c’est le médecin non. C’est son travail 


Gaëtan: non. La femme qui mettra les doigts dans mes fesses n’est pas née. 


Ama: S’il te plaît chéri..., je dis en caressant son bras 


Gaëtan: wohhhh Ama, je ne veux pas, j’ai déjà dit non! 



Gaëtan Ekoue 


Voilà les choses que je n’aime pas avec Ama. Elle se met dans son coin et tu ne peux pas dormir parce qu’elle n’arrête pas de pleurer dans son coin et renifler. La maladie ne m’a pas laissé qu’elle veut déjà me causer d’autres problèmes. J’ai donc accepté d’aller à cet hôpital mais j’ai quadruplé mes caleçons et doublé mes jeans. On va voir si cette gynécologue aura la patience jusqu’à ce que j’enlève tout. 


Gaëtan: tu es bien contente qu’une autre femme voit ton mari tout nu, je dis tout en la regardant de travers quand nous sommes en voiture. Au lieu de s’inquiéter elle en rit 


Ama: C’est pour la bonne cause. 


Gaëtan: après c’est pour m’accuser quand elle me demandera mon numéro 


Ama: haha Gaëtan elle est mariée hein 


Gaëtan: et alors? Les femmes mariées sont les plus dangereuses aujourd’hui. 


Ama: je crois que son mari est un pasteur donc tu n’as pas à t’inquiéter. Elle va simplement faire son travail 


Gaëtan: Ce sont les vrais vers dans la pomme ça. Je ne leur fais pas du tout confiance 


Ama: tout va bien se passer. Je serais là pour la surveiller et bien la gronder si elle veut toucher tes fesses.


Gaëtan: moque toi bien de moi. Tu ne vois pas que c’est bizarre d’aller dépenser toute ton augmentation de salaire de l’année passée dans cet hôpital pour qu’une femme me tripote pourtant on avait un bon traitement déjà et c’est Dieu qui donne l’enfant.


Ama: je sais que tu veux seulement me décourager mais tu ne vas pas y arriver. C’est Dieu aussi qui a donné l’intelligence aux médecins et lui qui donne ne veut pas dire qu’on doit se coucher dans un coin et fermer les yeux pour qu’un beau matin il se décide à déposer le fruit dans mes entrailles. La preuve étant que tu me tripotes correctement tout le temps même quand je suis fatiguée tu arrives à me convaincre pour justement cet enfant non. 


Gaëtan: c’est quoi cette vulgarité? Je suis choqué


Ama: haha Gaëtan laisse les apparences. Quand tu fais bouger tes reins et tu shhh dessus comme si tu avais mangé le piment tu ne te prives pas de laisser quelques vulgarités ici et là hein 


Gaëtan: depuis que tu as eu cette augmentation tu ne me respectes plus Ama. Tu ne me respectes vraiment plus du tout! 


Ama: oh tu dis quoi. Je te respecte même trop, elle répond sur un ton blagueur et me câline la tête 


Tout ça c’est parce que je me meurs petit à petit. Je le sens. C’est pour ça qu’Ama me monte sur la tête aussi. 



Ama Ekoue


Gaëtan m’a foutu une honte sans nom à l’hôpital. J’aurais dû me douter que lui acceptant de me suivre à l’hôpital cachait quelque chose. Le pire c’est qu’il enlevait les vêtements et ne se gênait pas pour dire à la gynécologue qu’on peut revenir un autre jour si jamais elle n’a pas le temps. Cette dame avait la patience d’un ange. Elle lui a même trouvé un urologue  homme de libre pourtant le rendez-vous était pris avec elle. Tout ça parce que Gaëtan une fois dans un boxer, ne voulait plus qu’elle le touche. Je n’étais pas loin de le frapper quand on est retourné en voiture. Le ramener pour qu’il fasse son don de sperme pour le spermogramme était un autre défi. Monsieur ne voulait pas se masturber. Qu’il va se ramasser des mauvais esprits comme ça. Et plein d’autres blabla. Mes nerfs ont failli lâcher mais j’ai tenu. Suite à ça J’ai été rude et sèche pendant un bon cinq jours. Ce n’est qu’au jour des résultats que ma bonne humeur était de retour. Il a accepté au moins de venir avec moi cette fois sans trop d’histoires. 


Hana: Bon, j’ai préféré attendre de recevoir tout vos résultats avant de vous recevoir. Vous allez parfaitement bien madame. Vos hormones de reproduction sont à un taux normal pour votre âge. Il....


Gaëtan: à son âge? La ménopause n’a pas commencé? il dit après l’avoir coupé brusquement ce qui me fait le regarder de travers 


Hana: La menopause ne commence pas automatiquement à quarante ans monsieur. Votre thyroïde se porte également bien madame. J’ai également eu les résultats de votre échographie que vous avez fait par après. Vos ovaires aussi sont en parfaite condition. Aucune hépatite ou VIH aussi.


Gaëtan: oh. Donc elle va bien? 


Hana: Oui madame va bien. 


Ama: c’est....c’est mon mari alors le problème? Je demande étonnée et regarde Gaëtan qui semble perdu 


Hana: mon collègue l’avait suspecté durant l’examen physique et les résultats du spermogramme de monsieur révèle un très faible taux de spermatozoïdes pour son âge. 


Gaëtan: m..mmmais dans ma famille y’a pas ça. Hein Ama? Tu connais mes frères et sœurs non? Il me demande avec désespoir 


Ama: chut chéri, laisse le docteur bien nous expliquer, je dis en prenant sa main 


Hana: il n’y a pas matière à s’affoler monsieur. L’oligospermie peut sembler effrayant c’est vrai mais il existe des méthodes pour corriger le problème dans votre cas spécifique. L’urologue qui avait conduit l’examen physique suspectait peut-être que vous souffriez de varicocèle mais vu que vous ne ressentiez aucune douleur il n’a pas voulu s’avancer. La suite pour le moment sera de procéder à un scanner pour confirmer son diagnostic puis par la suite il discutera avec vous de vos différentes options 


Ama: mais...mais docteur c’est....enfin comment on a ce truc vari là? 


Hana: les causes exactes ne sont pas encore déterminées à ce jour cependant on sait que c’est un mauvais fonctionnement des valvules qui assurent l’acheminement du sang des testicules vers le cœur. Le sang s’accumule dans la veine généralement gauche qui relie les testicules au scrotum, elle dit tout en nous les images sur son croquis pour qu’on comprenne. Et c’est cette dilatation qui affecte la circulation des spermatozoïdes en résumé. Une fois qu’il aura les résultats, l’urologue pourra déterminer le niveau de votre varicocèle et vous proposer le traitement approprié. 



Jennifer Amouzou 


J’attendais vraiment des bonnes nouvelles de ses examens mais ma tante n’avait rien de bon. Je n’avais même pas les mots pour consoler ma tante qui à son tour devait réconforter mon oncle totalement désemparé. J’ai passé le samedi sous la couette. Je comptais rester ici jusqu’à lundi mais ma porte s’est ouverte brusquement et le corps de Yasmine est tombé sur le mien. 


Jen: arrête Yasmine! Je dis avec agacement quand elle essaie de tirer la couverture que je retiens fortement 


Yas: tu ne vas pas mourir dans cette chambre miss. 


Jen: je te dis de hoooo!!!! Je crie en colère quand elle réussi à l’arracher 


Yas: donc tu ne t’es pas changée depuis ton retour des cours hier? Quelqu’un est mort? 


Jen: je ne veux pas parler donc tu sors et tu me fous la paix, merci! 


Yas: va falloir me dégager alors, elle me réplique sur un ton plein de défi 


Jen: tu t’es vue comparée à moi? Je ne suis pas d’humeur je te préviens 


Yas: montre ce que tu as dans le ventre au lieu de parler non 


Je la soulève par les cuisses mais elle s’accroche à moi malgré sa forme plus petite que la mienne. Je ne sais pas comment elle arrive à me faire tituber et nous tombons ensemble sur le lit.


Jen: j’a....rri....ve pas à....., je dis difficilement parce qu’elle est bloque mes bras sur un côté 


Yas: je ne vais pas sortir sans toi d’ici donc tu peux vite parler ou je reste sur toi. 


Jen: c’est bon! Je dis sur un ton bourru 


Elle se bouge enfin et je me redresse. 


Yas: ce que je vais te faire là si tu ne sors pas de ma chambre, elle dit en imitant ma voix pour de moque. 


Jen: pfff tu pouvais pas dire que tu avais de la force comme ça? 


Yas: lol tu as parlé net comme les gens qui ne se sont jamais bagarrés 


Jen: mince comme tu es tu te bagarrais avec qui d’abord? 


Yas: les femmes mariées qui venaient chercher ma sœur Emily à la maison 


Jen: oh elles venaient la chercher pourquoi? 


Yas: toi faut te faire un dessin hein. Disons que ma sœur est très belle et a beaucoup d’attention masculine qu’elle ne refuse pas donc les femmes venaient lui apprendre la vie. Enfin elles essayaient 


Jen: pfff elles ne pouvaient pas apprendre la vie à leurs maris? 


Yas: je vais te dire quoi? Elles savent que leurs maris s’en foutent d’elles mais c’est dur à avaler donc elles cherchent un exutoire 


Jen: et alors? Qu’elles divorcent si ça les chauffent, je dis révoltée 


Yas: ah une criait devant notre portail que jamais elle ne partira pour laisser sa place à Emily donc qui sait. 


Jen: lol parce que ta soeur a demandé sa place peut-être? Elle n’a pas demandé sa  place hein. Je rajoute 


Yas: lol la façon dont tu te rappelles de  confirmer ta théorie m’a tué. Je sais pas pour Emily. Elle profite de sa beauté et ses formes pour le moment j’imagine. Bon toi mademoiselle tu vas te doucher parce que tu ne sens pas la rose. 


Jen: merci hein merci. 


Yas: est-ce que j’ai menti? Ne répond pas. Va seulement te laver 


Non seulement je me suis douchée mais elle m’a convaincu de préparer des brochettes et frites pour passer la soirée devant un film. Nous nous sommes donc mis à la préparation. La curiosité concernant le cas de sa sœur ne me laissait pas par contre. 


Jen: tes parents ne disent rien à ta sœur quand les dames là viennent faire le boucan? 


Yas: c’est maman qui nous a appris à nous défendre. Papa n’est pas souvent à la maison et les fois où il a eu vent des histoires, il a puni Émilie mais bon tu sais ce qu’on dit sur les femmes qui ont beaucoup d’attention 


Jen: non on dit quoi? 


Yas: c’est pas facile de résister quand les hommes t’envoient tout le temps des cadeaux, te draguent et t’offrent les plus belles choses au monde. 


Jen: Elle est aussi belle que ça? 


Yas: attend je te montre, elle dit en me montrant son téléphone et ma bouche s’ouvre grandement


Jen: tout le corps là pour elle seule? 


Yas: lol n’est ce pas. Maman dit toujours qu’elle ne sait pas d’où elle m’a sorti moi avec mes petits seins et fesses. 


Jen: tu es très jolie aussi. Ce n’est pas la taille des courbes qui fait la beauté 


Yas: mais c’est ça qui plaît aux hommes. Tu ne peux pas imaginer tout ce que ma sœur reçoit comme cadeaux. Ça fait deux ans qu’elle ne travaille pas. Papa se plaint tout le temps et me dit de lui parler mais elle ne manque de rien. Elle vit dans une belle maison et voyage plus que ses amies qui ont un emploi. 


Jen: les hommes sont des bandits et je m’en fous si je plais à un bandit ou non. 


Yas: ils sont des bandits mais un jour tu vas te marier non? Ou tu ne veux pas te marier? 


Jen: le mariage n’est pas un aboutissement. 


Yas: lol ma mère dit que ce sont les messages des femmes hypocrites sur Facebook quand je lui envoie ce genre de posts. 


Jen: pourquoi? 


Yas: parce qu’elle dit que ce sont les mêmes femmes qui sont aussi les premières à parler avec envie de leurs copines qui se fiancent avant elles et revenir poster. 


Jen: lol c’est vrai ça? 


Yas: à 100% elle dit en rigolant. Donc toi même qui dit que le mariage n’est pas un aboutissement je t’assure que tu seras aux anges quand ton copain te fera sa demande. Les femmes aiment trop êtres choisies et qu’on les mettent sur un piédestal. C’est avec ma sœur que j’ai vu ça.


Jen: oh ta soeur est fiancée alors quand elle fait tout ça?


Yas: non non même pas. Je veux dire que c’est parce que les hommes sont presque tout le temps derrière ma sœur qu’elle est sur un piédestal. 


Jen: j’espère qu’elle est quand même discrète hein parce que bon je ne la juge pas mais ma tante m’a souvent dit que les hommes n’aiment pas les femmes que tout le monde a touché.


Yas: c’est faux hein. Ta tante est de quelle génération?


Jen: Elle a la quarantaine 


Yas: ca c’était leur génération et même encore leurs hommes se cachaient pour venir chercher les femmes avec l’expérience. Les hommes réfléchissent avec leurs bites 90% du temps. 


Jen: yeee tu les as mal insulté 


Yas: mais comment tu expliques qu’un d’eux par exemple me payait des sucettes quand il venait à la maison et pourtant son fils à l’école quémandait la nourriture chez les gens? Et quand je te dis qu’il me payait des sucettes je ne parle pas des vêtements et chaussures qu’il offrait à ma mère et sœur. 


Jen: un vrai irresponsable 


Yas: je te dis. C’est pour ça que ma sœur dit qu’elle va épouser un blanc quand elle aura finit avec eux. Ils ne font pas les bêtises des africains là. 


Jen: tous les africains ne peuvent pas être mauvais quand même ah non. Je n’y crois pas 


Yas: je ne sais pas woh. Je partage juste avec toi ce que j’ai vu. Mais bon j’espère pour toi que ton gars sera plus responsable que le monsieur là. 


Jen: bof, quel gars? Déjà que j’ai l’affreuse maladie là qui voudra de moi? Et même si quelqu’un veut de moi je devrais supporter encore des tromperies comme ma tante? Non merci.


Yas: tu es malade mais te voilà ici. On ne saurait pas en te voyant. 


Jen: c’est la grâce de Dieu mais elle ne marche pas tout le temps comme on veut. Les hommes sont décourageants. Voilà ma tante qui ne peut pas avoir d’enfants à cause de mon oncle et c’est lui qui pleure. 


Yas: c’est pour ça que tu étais triste 


Jen: oui, je réponds sur un ton las. Les gens rêvent de voyager, être riches, devenir presidents mais tout ce que ma tante veut c’est juste porter la vie et tenir son bébé dans ses bras. Juste ça et sa vie sera la plus belle au monde mais c’est exactement ça que la nature ne veut pas lui donner comme si elle n’avait pas assez fait de bonnes actions pour mériter. Il faut maintenant que mon oncle ait une maladie bizarre qui coûte des millions à opérer. Des millions que les deux ne vont pas trouver d’ici un an. Depuis qu’elle m’en a parlé j’arrête pas de me dire que j’ai tout gâché. Si j’étais restée à Lomé ils auraient économisé l’argent qu’ils m’envoient ici et au moins seraient plus proches de rassembler l’argent nécessaire. Mais non. Je devais faire ma capricieuse et.....bref! 


J’essuie mes yeux mouillés pendant que Yasmine me câline le dos.


Yas: Eh je pourrais demander à....


Jen: oh non non s’il te plaît. Ce n’est pas pour ça que je t’en ai parlé 


Yas: Mais écoute je te jure que ma sœur a beaucoup de moyens. Ses pourvoyeurs ne lésinent pas des fois donc peut-être elle peut faire quelque chose 


Jen: je.....mais elle ne va pas aller se mettre en danger ou quelque chose hein 


Yas: lol c’est pas un braquage de banque toi aussi.


Jen: Je....o....ok. 


Elle compose le numéro et porte le téléphone à son oreille. Je croise les mains en bas de mon menton en signe de prière pendant que mon cœur bat la chamade durant son appel. Environ dix minutes plus tard elle raccroche avec un sourire.


Yas: Elle a dit de la rappeler demain ensemble pour qu’on......


J’ai déjà sauté à son cou et je la remercie avec profusion. Elle me rappelle qu’elle n’a pas encore de confirmation mais je n’écoute même pas ça.


Jen: tu seras la marraine de mon petit frère ou ma petite sœur! 


Yas: lol ce ne sont pas les parents qui décident par hasard? 


Jen: J’ai déjà dit oh. Ma tante va seulement approuver. 

D’amour, D’amitié