32. Chantage

Ecrit par SSS

……….dans la peau de Yani Balka…….

Je n'en peux plus de cette incertitude. Ça fait 4h que Eugi et moi cherchons Key dans la ville. Nous avons fait le tour de la ville en véhicule, demandé aux gens s'ils avaient vu quelqu'une qui correspondait à la description de Key mais tout ça en vain. Eugenio est dans tout ses états dans la voiture, je ne sais même plus quoi lui dire.

Moi : Eugi pitié calme toi. 

Eugenio : Je ne peux pas Yani ! Il s'agit de ma fille, c’est une enfant. Elle n'a même pas 8 ans et elle est dehors je ne sais où avec je ne sais qui. 

Moi : Si tu savais à quel point je te comprend. Mais comme tu l'a appris si bien avec la catastrophe de notre mariage, la précipitation n'avance à rien. Au contraire on risque de se tromper. Donc on se calme et on réfléchi. ( lui touchant le bras) Ça va aller, on va la retrouver, d’accord ? Je suis là.

Il respire un grand coup et se calme. Ses yeux marrons clairs sont rivés sur les miens. C'est rare d'y lire autant de peur, une peur mêlée à de la tristesse mais aussi à de la colère. Colère de ne pas savoir où est sa fille mais aussi colère contre ceux qui l'ont peut-être enlevé. Dans l’instant, je ne sais pas quoi dire alors on se regarde dans le blanc des yeux deux longues minutes durant.

Puis, dans un geste soudain et imprévu, il me prend dans ses bras. Il est tellement grand que je m'y sens toute petite. Je me sens un peu déconcertée du coup, ca fait tellement longtemps. Presque par réflexe, je l'entoure de mes bras. Je sens qu'il se calme, sa respiration se régularise, il abandonne sa tête sur mes épaules …

Lui : Pardon de te prendre ainsi mais j'en ai besoin. J'en ai vraiment besoin… Tu es la seule qui m'a toujours compris dans n’importe quelle situation et qui a toujours su m'apaiser. 

Moi(un peu embarrassée) : Je comprends… Euh Eugenio…

Lui : Promet moi que tu seras là cette fois-ci encore, s'il te plaît. J’ai été un piètre mari, je ne veux pas être un piètre père. Je veux retrouver ma fille.

Il se détache de moi et me regarde droit dans les yeux. J'ai l’impression de revoir l'homme que j'ai connu il y a des années, un homme simple et attachant. Il n'a jamais été un homme parfait certes, mais c’est un homme bien. 

Moi : Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la retrouver. Compte sur moi pour cela. Et, crois- le ou non, tu es un père magnifique, dévoué avec un cœur grand comme le ciel. Keyla n'est pas de ton sang mais tu es tellement attaché à elle, au-delà de tout, au-delà de sa mère. Ce n’est rien d'autre que le véritable amour ça. Et ça me touche beaucoup.

Lui : Merci Yani, merci beaucoup. J’espère que Max connait la valeur que tu as et prendra bien soin de toi, bien mieux que ce que je n'ai pu faire par le passé.

Je me contente de lui sourire. J’aime Max et je sais que je serai heureuse avec lui. Mais actuellement ce n'est pas la priorité, une petite fille innocente est quelque part dans la nature. Nous devons y réfléchir méthodiquement. 

Moi : Avec ce que je vois, elle a sûrement été enlevée. Est-ce que tu as des ennemis ? Des gens susceptibles de te faire du mal ?

Lui : (pensif) ça ne manque pas mais au point d'enlever ma fille ?? Je pense surtout à des filous qui veulent me prendre de l’argent. Si c’est le cas, ils ne vont pas tarder à appeler. Pour l’instant je peux mobiliser les forces de police de la ville.

Moi : Il faut normalement attendre 24h pour cela non ?

Lui : Ce n’est pas pour rien que je m'appelle Eugenio Da Silva. Le commissaire général de cette ville m'en doit bien une donc il ne peux me refuser un petit service.

Il prend son téléphone et appelle le commissaire. Rapidement et contre toute attente, ils se sont mis d’accord et il a promis mobiliser des éléments pour commencer les recherches dans quelques heures. Il a envoyé des photos de Key par Whatsapp ainsi qu’une description brève de l’uniforme qu’elle arborait. Moi je pense à toute les possibilités et il y en a une qui me trotte dans la tête. Je pense à Leila la mère psychopathe qui a disparu sans trace il y a un an. Elle est tellement fourbe que je m’attend maintenant à tout.

Nous arrivons chez moi. Je constate que le véhicule de Max est là, il vient de rentrer. Nous garons également et Eugenio vient m'ouvrir la portière. On entre au salon et là, je trouve Max vautré dans un fauteuil, la cravate et les boutons de sa chemise défaits, la tête penchée en arrière. Il est tellement fatigué que c’est à peine qu'il nous entend entrer. 

Max : (Baillant longuement) Chérie tu es là ? Comment tu…(apercevant Eugenio) Eugenio ??? Quelle surprise ! Je ne m'attendait pas du tout à te voir aujourd’hui, et Dieu merci, en bonne santé en plus ! Tu viens d'arriver ?

Eugenio : Il y a quelques heures en effet. J’étais venu vous voir, surtout ma fille. Du coup, nous sommes aller la chercher à l'école.

L'air de Eugenio n'est pas du tout agréable. Il semble très en colère et pas du tout enchanté de revoir Max. Je sens la dispute poindre son nez à l'horizon.

Max : Ah oui, j’étais d'ailleurs sur le point de vous appeler. Vous avez mis beaucoup de temps. D'ailleurs où est Keyla ?

Eugenio : Elle a disparu figure-toi !!

Max : Hein ? Pardon ?

Eugenio : Tu as bien entendu ! Et ça c’est surtout de ta faute. Sa mère est peut-être dans les parages et tu as osé l'envoyer comme ça sans surveillance à l'école ??? C’est très irresponsable de ta part compte tenu de la situation actuelle. C’est pas pour rien que je lui payait les cours à la maison !

Max :  (se tenant la tête) Oh non c’est pas vrai, putain !!! Je pouvais pas prévoir qu’une telle chose pourrait arriver. Vous avez vraiment cherché à l'école et dans les alentours ?

Eugenio : On a regardé partout où c'était possible, en vain. 

Les deux hommes se mettent à faire les cent pas dans le salon. Cela ne rajoute que plus de tension dans l’atmosphère.

Max : Appelons la police tout de suite !

Eugenio : Je l'ai déjà fait. Ils sont déjà entrain d'organiser les recherches.  Mais ça ne suffit pas, il faut qu'on s'active plus pour augmenter nos chances de vite la retrouver.

Max : À coup sûr, c’est un coup de Leïla. Je suis quasi certain qu'elle rôde dans les parages et attendait seulement son moment. 

Eugenio( l'air d'accord) : probablement oui, c’est possible. Et si c’est le cas, on ne va pas tarder à avoir de ses nouvelles. J’ai peur de ce qu'elle peut faire à l’enfant..

Moi : Elle ne lui fera rien à part la cacher. S'il y a une chose dont je suis sûre à propos d'elle, c’est qu'elle serait prête à tuer pour Key et ne permettrait à rien de lui arriver. Par contre, elle se servirait sûrement d'elle pour nous faire du mal à nous, « les traîtres ». 

Max : Mon Dieu c’est de ma faute. J’aurai pas dû  J'aurai pas dû la laisser au dehors comme ça, je suis un père ignoble…

Moi : C'est pas le moment de culpabiliser mais plutôt de chercher quoi faire. Ce que tu dis ne la ramènera pas.

À peine je finis ma phrase que le téléphone fixe de la maison se met à sonner. Tout le monde sursaute en même temps. Je me rue sur lui et je décroche. 

Moi : Allô ??? C'est qui s'il vous plaît ?

Bonsoir Yani.

Un frisson quitte mes oreilles et me glace l'échine jusqu'en bas. Chaque battement de mon cœur devient comme un bruit de timbales et ma respiration tombe en décrescendo. Je reconnaîtrais cette voix entre un milliard d'autres. Une voie sensuelle de femme fatale aux tonalités graves et affirmées, une voix qui ensorcelle mais qui fait autant peur, venant d'une personne au corps angélique et au cœur démoniaque.

Moi : (prenant mon calme) Leilatou. Ma chère amie.

Max et Eugenio se regardent, complètement abasourdis. Max de faire signe de mettre le phone sur main libre. 

Leila : À l'entrain de ta voix, je suppose que tu es très heureuse de m'entendre après tant de temps.

Moi : On ne peut plus heureuse ouais.

 Leila : Moi en tout cas je suis heureuse, et très. Mon bonheur est d'autant plus complet car j'ai mon petit bébé avec moi actuellement.

Moi : Keyla est avec toi ???

Leila : Et comment ! Elle est avec moi. Dommage qu'elle ne puisse pas vous parler, l'effet du chloroforme n'est pas encore passé.

Moi : Tu n'a pas honte de droguer ainsi ta fille, avec ses problèmes de santé ?? 

Leila : T’inquiète ça va lui passer. J’imagine que tu n'es pas seule, il doit y avoir ton chevalier ou même tes chevaliers servants avec toi et ils écoutent probablement cette conversation. Alors écoutez bien ma proposition. 

Tout le monde est extrêmement stressé dans le salon. La grosse goûte nous perle au nez et on appréhende fortement la suite.

Leila : Je sais qu'elle vous manque énormément et que vous l'aimez beaucoup patati patata bof. Vous voulez la récupérer ? C’est ultra simple. Je veux un payement conséquent. 

Silence radio…..

Leila : Je te veux toi Yani. Tu es la rançon que je réclame pour libérer Keyla. Rien d'autre.

Moi : Mais bien sûr. Tu me tuera et tu ne libérera même pas Keyla. Tu n’a aucune parole !

Leila : En tout cas c’est la seule condition que je vous pose à tous. Yani contre Keyla. Demain à 18h tapante, je t'enverrai une adresse par mail. C’est un endroit reculé, dans une brousse sans réseau, sans internet ni rien. Tu viendras seule, sans téléphone, sans aucun gadget électronique. Si tu respecte cela, j'enverrai un taxi déposer Key chez toi. Et n'essaie même pas de me doubler, j'ai les moyens de tout vérifier. Localiser l’appel serait inutile, j’appelle d’une cabine téléphonique quelconque. Demain je te donnerai le reste des instructions. Et gare à toi si tu ne viens pas, je ne répondrai plus de moi avec la petite, si tu vois ce que je veux dire. Ah ma chère Yani, ce fut un plaisir de converser avec toi. Cordialement.

Elle raccroche. Mon Dieu, ma vie ne peut donc pas être simple parfois ? Je respire profondément pour me donner une maîtrise. Eugenio tape du poing sur la table.

Lui : Il est hors de question que tu aille te jeter dans la gueule du loup aussi bêtement. Tu sais très bien de qui il s'agit. Elle va te tuer sans hésitation.

Max : Je suis d'accord. Chérie cette femme est folle. Il est clair qu'elle ne renverra pas l'enfant même si tu y va. 

Moi : Je sais, je le sais très bien. Elle veut juste m'avoir pour se venger. Mais au moins si j'y vais, je pourrais servir d’appât.. 

Eugenio : Pardon ?? Servir d’appât ?

Moi : Écoute moi. Il y a pleins de moyens que vous pourrez utilisez pour me suivre sans se faire remarquer. Et puis, si je me livre, ça nous donnera l'occasion de la sortir de son trou. Ce sera plus facile de la localiser et de l'attraper. 

Max me prend dans ses bras et me serre contre lui.

Lui : Princesse je ne veux pas que tu prenne des risques. Je te veux en vie s’il te plaît. On pourra chercher une autre solution.

Moi : Ta fille est en jeu dans cette histoire. Rien ne va m'arriver si on est soigneux et méthodique. Ne vous inquiétez pas, ça va aller. (Me détachant de Max) Eugenio, s'il te plaît donne moi le numéro de ton commissaire.

Eugenio : Pourquoi faire ?

Moi : Il peut nous aider à avoir un petit gadget géolocalisable par satellite ou un truc dans le genre. Ça permettra à la police de me suivre et d'intervenir au cas où. Et puis…

Eugenio : Yani. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose de mal tu sais.

Yani : Oui je sais. Il y a 8ans tu as manqué de me faire confiance alors qu'il le fallait. Je te demande de me faire confiance sur ce coup là. Ta fille reviendra à la maison.

Au delà de ce que tu...