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Ecrit par Gioia


Trente-troisième partie 


Belle Mally 


J’ai finalement pu trouver Farida ou plutôt elle a pu me rejoindre. Nous nous sommes donnés rendez-vous devant le lycée français aujourd’hui même. Elle m’a dit habiter dans ce coin et moi même j’y enseigne le français depuis peu. Juste une classe et six heures par semaine mais c’est toujours un plus. 


La fin des cours sonne et je sors cette fois en même temps que mes élèves. Certains blaguent que je m’en vais trouver un nouveau chéri parce que je ne suis jamais pressée de quitter la classe. C’est ça le truc quand tu es jeune et tu enseignes aux ados. Le lien de familiarité se tisse rapidement et il te traite comme des leurs. L’envers de la médaille c’est toujours les débordement de certains. Au début j’en ai subi pas mal à l’école américaine mais maintenant je sais gérer.


J’ai reconnu Farida dès que je suis sortie du lycée. Elle était adossée au mur du petit resto en face avec sa touffe. Je me suis élancée et elle aussi. On s’est retrouvés l’une dans l’autre. Première fois qu’on se fait un si long câlin. Je la serre contre moi et j’hume son parfum. Toujours le même. Légèrement fruité. On se détache et nous commençons à parler en même temps avant de rire et reprendre le bavardage. Je propose qu’on aille chercher directement Ciara vu qu’il était déjà 17h et elle même finissait dans trente minutes. À cause du go slow on a brûlé facilement une vingtaine de minutes du lycée français à Palm Beach.  J’écris à Ciara une fois que nous sommes en bas de son immeuble. Elle sort même à l’avance et nous invite au petit resto à côté au lieu qu’on rentre. 


Belle: attend je regarde mon porte monnaie pour voir si j’ai assez parce qu’il parait que votre resto là est cher 


Ciara: Pardon laisse les choses des frenchies. Je t’invite à l’africaine


Farida: ha. Tu as les poches solides? Parce que j’ai pas mangé depuis la matinée hein 


Ciara: si je n’ai plus, on va juste laver quelques assiettes avant de fuir 


On rit toutes les trois tout en descendant. Le resto est pas mal vide chance pour nous donc on se permet d’agir comme si c’était le salon de notre papa. Les voix s’élèvent. Les rires aussi. Chacun balance ce qu’il a fait ses dernières années. Comme Ciara et moi on avait déjà fait la mise à jour nous sommes plutôt suspendues aux lèvres de Farida. Elle nous montre son relevé de Bac sur son téléphone. Le petit mojito que j’avais pris m’est trop monté à la tête je crois parce que je pousse des cris de joie. Farida essaie de me calmer en me rappelant qu’on est pas dans mon village ici. Ciara ne nous regarde même plus. Elle appelle le serveur pour qu’on ramène le champagne. C’est elle qui l’ouvre et elle encore qui sursaute quand le bouchon pète. 


Belle: la frayeur ne veut pas te laisser vivre ma Cici 


Ciara: restons sur nos gardes s’il vous plaît. On ne sait pas d’où vient le danger, elle dit avec une expression bien sérieuse qui me fait rire 


Elle me verse une coupe, une pour elle, puis le champomy qu’elle a demandé pour Farida. 


Belle: à Miss Bouraima et ses 18 de moyenne au bac 


Farida: à nous. 


Ciara: redis bien la chose. À Miss Farida Bouraima, sa détermination, son sérieux, son succès, ses 18 de moyenne puis nous 


Belle: message vrai et authentique dans lequel aucune erreur n’a été trouvé.


Ciara: merci là-bas 


Farida: lol merci beaucoup les filles. C’est grâce à vous si j’en suis à ce niveau. Grâce à vous je connais moi aussi ce que ça veut dire de se sentir fier de soi. Un infini merci et qu’Allah vous récompense au delà de ce que vous m’avez donné 


Nous répondons toutes les deux amen puis on attaque le repas tout en continuant la mise à jour sur la vie de Farida. Je ne voulais pas prendre les devants et trop dire mais heureusement Ciara était déjà prête. Elle lui raconte par la suite tout ce qui est arrivé dernièrement avec harmonie.


Farida: Ya Allah! Mais c’est quel degré de méchanceté ça. Elle dit la main sur la bouche 


Belle: je continue à me questionner sur ça ma jolie et je te jure que je n’y comprends rien 


Ciara: quoiqu’il en soit je dois trouver Magnim pour lui dire. Enfin lui expliquer vu que....


Elle fait une pause et on comprend. Ils se sont séparés de façon déchirante. Elle ne le dit plus mais je ne suis pas naïve. Je sais qu’au fond elle se sent encore responsable de ce qui est arrivé à Magnim. 


Farida: je comprends. Pas besoin d’en dire plus. Je vais appeler Tao pour voir si je peux passer et je lui demanderai de nous aider avec Magnim 


Ciara: Tao aussi est à Lomé? Elle demande étonnée quand j’allais le faire aussi 


Farida: oui son cabinet est juste à côté ici, elle dit en pointant vers le cabinet de Magnim 


Belle: oh wow okay. J’ai vu Magnim un jour y entrer. Je pensais qu’il travaillait là mais pas avec Tao 


Farida: ah c’est leur cabinet en fait. Ils l’ont ouvert tous les deux 


Ciara: il a finalement réussi. Elle dit en regardant dans le vide comme si elle se parlait à elle même


Farida: attendez j’appelle Tao maintenant. Avec de la chance ils sont encore là


Ciara: non je....elle commence précipitamment 


Farida: je peux le faire après aussi, ça ne me dérange pas 


Ciara: j’ai pas encore trouvé les bons mots. Je....je continue à chercher. Je sais que ça sonne un peu égoïste mais je...je sais pas comment bien lui expliquer et surtout s’il me croira 


Belle: on comprend Cici, ne te sens pas coupable. De toute façon il y’a beaucoup de choses à gérer pour le moment. 


Farida: oui et puis Tao est fâché contre Moi aussi donc je ne pense pas qu’il va s’ouvrir facilement quand je vais lui demander de l’aide avec Magnim. Ça te donne le temps d’y penser


Là nous faisons un peu nos curieuses. Elle nous raconte tout ce qui se passe avec lui. Tao je l’ai toujours trouvé dur comme garçon mais il est indéniablement loyal envers ses amis. Malgré qu’il soit fâché contre moi il avait pris en charge mon déménagement à l’époque jusqu’à me faire envoyer par conteneur mes affaires ici. Je croise juste les doigts pour qu’il nous fasse une fleur avec Magnim parce qu’il peut être très intransigeant quand il est en colère. Je m’en souviens encore. Et le pire, il était le seul parmi nous qui croyait dur comme fer en l’innocence de Magnim. Même moi le doute m’a pris quand Harmonie nous a raconté son mensonge. Surtout que j’étais persuadée que Ciara ne pouvait pas tromper Magnim. Je repense à mon ami. J’ai mal et honte de l’avoir abandonné. 



Tao Adamou 


Farida me fatigue. Elle m’appelle et me dit bonjour comme si on était des vieux amis. Ça fait quatre ou cinq jours qu’elle a commencé ce truc. Ou des fois ce sont des messages que je reçois. Elle me souhaite une bonne journée ou me partage un message positif qu’elle a lu. C’est bien mignon mais je ne vais pas me laisser prendre à son piège. Elle appelle encore et je décroche agacé.


Tao: oui!


Farida: coucou. Elle dit de sa douce voix 


Tao: tous les jours c’est coucou Farida? Je ne suis pas ton perroquet. Je continue sur le même ton agacé 


Farida: heuh j’ai pas dit que tu étais un perroquet 


Tao: c’est quoi avec le coucou quotidien alors?


Farida: c’est juste une façon de dire bonjour. Fallait me dire si tu préfères 

As-salaamu Alaikum 


Tao: pourquoi tu m’appelles aussi souvent? 


Farida: parce que tu décroches toujours quand je t’appelle


Tao: donc tu veux me faire regretter d’avoir des bonnes manières maintenant? 


Farida: tout ça c’est toujours le coucou que tu n’aimes pas Tao? 


Tao: bref parle. J’ai une longue journée devant moi 


Farida: je fais un déjeuner chez moi le vendredi dans quatre jours. J’aimerais que tu viennes avec Magnim


Tao: quel genre de déjeuner? 


Farida: toutes les bonnes choses que tu aimes manger 


Mon ventre crie de famine rien qu’au souvenir de sa cuisine. Elle sait ce qu’elle fait la petite maligne. 


Tao: je vais en parler à Magnim. Pas sûr que moi je vienne. Je suis très occupé 


Farida: d’accord. Juste me dire la veille si tu ne peux pas? Comme ça je vais revoir la quantité à faire. 


Tao: hum, je fais parce que je ne sais pas quoi répondre à son ton doux. 


Farida: Je te laisse retourner à ton travail alors. Bonne journée et bisous 


Tao: Bis.....Au revoir. Je dis en raccrochant 


Les habitudes ont la peau extrêmement dure! 



Belle Mally 


Après Plein de péripéties, Eli et moi sortons enfin de la maison pour ce fameux rendez-vous. On en rit parce qu’on s’est déjà vu plusieurs fois chez lui ou moi. 

Je descends et je marque une pause pour l’admirer de profil. Mon cerveau se rappelle tout seul de nos baisers et mes yeux descendent sur son postérieur. J’ai des images de nous entrelacés et ma main qui l’agrippe ce postérieur qui semble si ferme pendant que la bite que j’avais senti me rentre....


Eli: c’est toi qui ne veut pas encore goûter cette partie et toi aussi qui me regarde comme le dernier morceau de viande dans le coin, il me chuchote à l’oreille tout en passant la main dans le creux de mon dos 


Belle: c’est la faim qui parle pas moi. Un bon gigot ferait l’affaire, je dis en souriant gênée 


Eli: moi aussi j’ai faim. J’ai très faim de ce corps moulé dans cette robe. En passant cette couleur te sied à merveille. Il me souffle encore à l’oreille avant de baisser sa tête et m’embrasser furtivement sur la bouche 


Je n’ai que très peu de volonté quand il me prend la main pour qu’on entre dans le resto. C’est moi effectivement qui ait proposé qu’on fasse ses trois mois sans le sexe. Je me dis qu’il faut bien se connaître d’abord même si je connais déjà assez bien Eli en tant qu’ami. Mais comme on dit On ne finit jamais de connaître l’humain. Par exemple j’ignorais qu’il n’était pas une personne matinale. Toutes les fois où on se croisait à l’hôpital il était super enjoué. Pareil les fois où on se parlait au téléphone en matinée. Mais il n’est pas du tout du matin mon coco maintenant qu’on sort ensemble. Il parle les yeux fermés, répond à peine et traîne beaucoup avant de se lever. Par contre une fois sa douche prise, la métamorphose est déroutante. Je ne sais pas ce qui se passe sous l’eau mais il y’a un changement grandiose qui s’opère là-bas.


Nous prenons place et commandons une entrée à partager. Cette fois on discute mais pas beaucoup. Je sens son regard sur moi. Sa main comme d’habitude est sur ma cuisse. Nous sommes assis sur une banquette donc ça n’aide pas pour mettre un peu de distance. Je bois un peu plus que d’habitude et reprend même un deuxième Bloody Mary. 


Eli: c’est moi que tu veux autant fuir ou tu avais excessivement soif? 


Belle: Eli tu n’aides pas du tout, je dis boudeuse 


Eli: je n’avais pas prétendu que j’allais aider


Belle: tu as dit d’accord quand j’avais proposé qu’on garde le sexe hors de l’équation pour le début 


Eli: je n’ai pas changé d’avis. 


Belle: me toucher tout le temps là c’est quoi? Je demande en soulevant un sourcil 


Eli: j’aime sentir ton corps sous mes doigts ou contre le mien. Ne me demande pas pourquoi mais j’aime ça. Mais j’arrête si ça te met mal à l’aise, il dit en enlevant la main 


Je la prends pour la remettre sur ma cuisse. Il me donne un sourire espiègle avant de passer son bras autour de mon épaule et se rapprocher pour embrasser ma joue. Une des raisons pour mon refus de sexe aussi c’est mon corps qui n’est plus ce qu’il était. Pas qu’il a beaucoup changé vu que j’ai accouché prématurément et par césarienne mais mes seins n’ont plus de volume. Les vergetures que j’avais déjà pris durant l’adolescence sont encore plus prononcées maintenant. J’espère qu’il aimera autant le toucher mon corps quand il me verra nue. D’ici là je multiplie les masques, gommages plus le beurre de karité même si certains sur internet ont dit que ça ne change rien. 


On passe une merveilleuse soirée mais au moment de rentrer une commotion attire mon attention. Le barman était en pleine dispute avec quelqu’un. D’autres insultaient la personne et lui demandaient de se respecter. Eli s’avance et je le suis. 


Eli: qu’est ce qui se passe? Il demande et moi je crie en reconnaissant Magnim dans un état déplorable et accroché à une bouteille que le Barman aussi tient 


Barman: c’est ce monsieur qui ne veut pas partir! 


Magnim: lais......donne!!!! Il bredouille en essayant de tirer la bouteille 


Belle: Magnim enfin ressaisis toi. Magn.....


J’essaie de m’approcher mais Eli me bloque le passage en levant le bras


Eli: ne bouge pas bijou. Il est complètement saoul


Belle: c’est mon ami Magnim Eli s’il te...


Eli: j’ai compris. Magnim....Hey Magnim, tu rends cette bouteille? On s’en va dans un autre bar 


Magnim: .....t’es......Raaaahhh!!! Il gueule sur le barman et essaie de le frapper avec la bouteille mais il chute et se retrouve à terre lui même 


Belle: arrêtez enfin, vous ne voyez pas qu’il va mal? Je crie à une femme qui le frappe avec son pied 


C’est ton mari ça ma sœur? Cherche un autre oh. Ce sont eux les irresponsables qui frappent les femmes et font plein d’enfants dehors 


Belle: foutez lui la paix! J’hurle en tremblant. Eli....je commence mais il se baisse déjà pour m’aider. 


À deux nous arrivons à le transporter. Je dépose au passage de l’argent au barman pour la bouteille cassée. Je dois revenir sur mes pas pour leur demander de bien nettoyer le sang versé. Je ne précise rien mais des gens comprennent déjà et l’insultent davantage qu’il a le sida et se permet même de venir boire ici jusqu’à se battre. Une s’est carrément éloignée de moi de façon exagérée avant de rajouter que le dehors est dangereux. L’envie de tous les envoyer bouler était forte en moi. Mais on avait assez causé de troubles pour ce soir. Je suis sortie retrouver Eli.  Magnim est tellement inconscient qu’il murmure des incohérences. On arrive à la voiture et là l’odeur d’urine remonte à mes narines. Certains passants rient. D’autres nous regardent avec un air de pitié. Je n’arrive plus à me retenir et je fonds en larmes avant de le gifler tout en parlant. 


Belle: Magnim c’est quoi qui t’arrive? Magnim? Réveille toi! 


Eli: doucement Belle, tu vas lui faire mal, il dit quand je secoue Magnim en le tenant par le col 


Belle: pourquoi il est comme ça Eli? 


(....) 


On arrive chez Eli. Je suis plus calme mais mon cœur est en mille morceaux. Tout le trajet je n’ai pas pipé un mot. Les fenêtres étaient ouvertes mais l’odeur d’urine demeurait sur nous. Eli avait enlevé sa chemise pour la mettre sur sa banquette avant de le coucher dessus. 


Eli: attend ici. Je vais demander de l’aide au gardien. Il me dit quand il se gare


Je sais même pas si j’ai hoché la tête. Je sors et j’ouvre la porte pour le regarder couché là ronflant sans répit. Il a toujours la même tête. C’est lui mais pas Lui. Pourquoi je répète encore quand je sens ma gorge se rétrécir.


Eli s’avance avec le gardien et les deux l’emmènent à l’intérieur. Je demande au deuxième gardien où je peux trouver de l’eau, du savon et de quoi nettoyer. Il me fournit le tout mais refuse de me laisser faire quand j’enlève mes chaussures pour nettoyer l’intérieur de la voiture. Je le remercie et décline avant de continuer ma tâche. Je finis quand Eli sort de sa dépendance.


Eli: je l’ai lavé et couché dans ma chambre. Tu me donnes dix minutes le temps de rincer la banquette arrière et je te dépose s’il te plaît 


Belle: je l’ai déjà fait, je réponds en reniflant 


Eli: merci. Il dit en câlinant mes bras de ses deux mains 


Belle: je peux rester dormir ici? J’ai déjà prévenu Maman et Elikem. 


Eli: bien sûr honey, il me dit en me prenant dans ses bras 


Je ferme fort les yeux et je pleure encore en me rappelant de comment cette femme a traité mon ami comme de la merde. Comme s’il n’était pas mieux qu’un vers de terre. 



Tao Adamou 



Tu vas me dire où il est? Je demande en colère à Carlie 


Carlie: c’est quoi avec les cris ce beau matin? Je suis chez toi?


Tao: oui à 75% donc tu parles et que ça saute! Il n’était pas avec toi hier pour ton lancement? Comment tu rentres seule? 


Carlie: 75% n’est pas 100% et je ne suis pas la gardienne de Magnim! Tu le cherches, Va faire la tournée des bars comme c’est juste ça qu’il connaît! Elle me répond avant de claquer la porte de leur chambre sur mon nez 


Je prends mes clés et j’appelle mon père pour qu’il m’envoie deux gardes. Ils vont transporter Magnim parce que moi je vais tordre son cou si je le retrouve. J’appelle le cabinet pour annuler mes rendez-vous et je pars faire la tournée des coins proches de la boutique de Carlie. J’envoie les gardes dans les autres coins que Magnim visite souvent. 


Une heure après et ils n’ont rien. Moi non plus. Le con est devenu même malin. Il sait que je le suis souvent et maintenant se cache. Je me gare sur le côté parce que ma tête est pleine d’idées noires. Lui tombé dans un caniveau quelque part ou peut-être quelqu’un lui a fait du mal? Je n’ai même pas pensé aux hôpitaux.


Finalement je craque et j’appelle Hana. Elle panique tellement que je passe chez eux pour la voir. 


Elio: General Tao, crie mon bonhomme en courant vers moi 


Tao: chef Tchaa, je réponds en souriant avec tristesse bien que j’essaie de ne pas me laisser 


C’est Magnim qui lui a appris ce Général Tao pour me faire chier. 


Elio: y est où mon tantan? 


Tao: il est un peu occupé mais je suis là moi. Ou je ne compte pas? 


Elio: lui est dans ton travail pour faire les dessins? 


Tao: tout à fait. Et pourquoi tu n’es pas à l’école? 


Elio: maman elle a dit pas d’école aujourd’hui pour moi. Toi t’es pas parti travailler aussi pourquoi? T’es malade? 


Tao: non je fais quelque chose d’important. 


Elio: je peux venir avec toi? 


Tao: un autre jour on verra


Elio: un autre jour mais umm toi tu dis un autre jour et puis tu viens pas me chercher moi. Et puis demain c’est ma grande fête. Tu vas venir et on fait le vélo han? Tantan Mani y t’a donné la carte? Tous les amis d’école ils vont venir pour faire vélo avec moi et toi et tantan Mani


Hana sort suivie de son mari avant que je ne puisse répondre à mon chef. Rien qu’un coup d’œil et ça se voit qu’elle est en détresse. 


Hana: on y va Tao 


Elio: moi aussi maman 


Hana: non toi tu vas rester avec papa mon trésor 


Elio: nonnnn je veux venir moi voir tantan. Je veux pas rester. Il dit en pleurant 


Il s’accroche à moi mais son père arrive à le prendre 


Elio: je veux venir maman pour mon tsontson maniiiii. Il dit haletant 


Auxanges: on va attendre ici et prier pour tonton, mon grand d’accord. 


Elio: pourquoi! Y est malade? 


Auxanges: il a besoin de prière pour être protégé 


Hana: oui et tu restes sage avec papa. Je ferais très vite 


Elio: ti d’y à tantan de vite venir me voir?


Hana: oui on va te le ramener 


Là il ferme les yeux, croise les mains et se met à prier alors que son papa l’emmène. Pour une seconde je suis là déconnecté du monde. Je me demande avec peine comment on peut annoncer à Romelio si Magnim est vraiment....


Hana: s’il te plaît tao dépêchons nous 


Je presse le pas et nous retournons chez moi en premier. Carlie qui m’a claqué la porte au nez ce matin était au salon maintenant en larmes. Elle fonce dans les bras de Hana dès qu’elle la voit. 


Carlie: quand tu es partie hier Hana Mon Dieu, Magnim s’est battu avec des amis parce qu’on lui a refusé de l’alcool. Il a ruiné mon lancement 


Tao: si tu ne me la fermes pas avec ton foutu lancement à la con maintenant! Je  dis sur un ton menaçant sans pouvoir me contenir 


Carlie: je t’emmerde Imbécile!!!! Elle crie comme une furie 


Hana: Hey...Heyy..HEY!!!!! Arrêtez enfin!!! On ne sait même pas où.......Elle dit avec la voix qui craque à cause des larmes 


Je frappe le mur avec mon pied et crie ma rage avant de sortir. Mon téléphone sonne et c’est Farida. Je rejette. Elle revient. Je répète et elle rappelle encore. Je décroche en colère 


Tao: Je peux vivre? Je tonne 


Farida: Magnim est chez le copain de Belle. Je viens chez toi et on va le voir. Elle répond et me cloue le bec 


Je ne dis rien jusqu’à son arrivée. Elle me prend la clé et nous conduit. Je ne dis toujours rien jusqu’à notre arrivée. Nous sommes reçus par une femme que je ne connais pas. Je reconnais Belle par contre qui nous conduit à Magnim. Il est couché comme une loque vivante sur le lit. Hana fond en larmes. 


Tao: il a quoi à la tête? Je demande d’une voix distante 


Belle: hier il s’était blessé au resto bar où on l’a trouvé, elle répond distante aussi 



Farida Bouraima 



Tao était amorphe depuis qu’on a retrouvé Magnim donc j’ai conduit pour le ramener aussi. Nous sommes chez lui mais il ne descend pas. Moi non plus. Comme il ne semble pas bien  je lui fait une proposition.


Farida: j’avais fini le déjeuner d’aujourd’hui. Je peux t’en ramener tout à l’heure 


Tao: il n’était pas comme ça tu sais. Il dit après un moment 


Je ne réponds rien pour qu’il continue à son rythme 


Tao: après la séparation avec Ciara il a touché le fond. C’était difficile mais on s’est entraidé. Il m’a aidé à ne pas flancher pour aller te chercher. Je l’ai aidé à fuir l’alcool. Je sais pas comment il a pu retomber. 


Farida: un problème qui n’est pas traité à la source revient souvent d’une façon différente. Un événement ou une circonstance nous repousse en arrière. 


Tao: mais....


Il porte sa main à ses yeux et nettoie une larme. Je me mords la lèvre pour ne pas pleurer aussi. Je n’arrive moi même pas à croire ce que j’ai vu de Magnim. 


Tao: il fut un temps quand nous étions à Montpellier, mon père ne pouvait pas m’envoyer de l’argent. Il a eu un problème avec le gouvernement et tous ses comptes étaient gelés. C’était une période très difficile pour nous. Je connaissais à peine Magnim. Je pense même pas qu’on avait fait six mois de colocation déjà. Le job étudiant que j’avais me permettait juste de manger et payer quelques factures mais certainement pas mon loyer. J’avais super honte de lui expliquer. Tu imagines le fils du colonel des forces d’états majeures dire qu’il ne peut pas payer son loyer. Ça a duré un bon quatre mois. Magnim ne me laissait même pas finir de lui expliquer qu’il me disait de ne pas m’inquiéter; il comprend et qu’on va gérer. Pourtant il n’avait pas grand chose. 


Il sourit un moment comme si les souvenirs lui revenaient. Puis il continue.


Tao: il aimait tellement me rappeler qu’il était fils de cultivateur et c’est pour ça qu’il choisissait des meilleures pastèques par rapport à moi. Comme si son père cultivait même des pastèques. Mais quand c’était pour faire pousser son basilic il n’était pas fils de cultivateur. Toujours à les tuer ses plantes.  Imagine un fils de cultivateur payer notre loyer pendant quatre mois. Et comme tu le connais là, il savait comment amadouer le bâilleur quand il n’avait pas assez pour régler. Moi même qui causait le problème jamais je n’ai parlé à ce bâilleur parce que bref je sais pas m’y prendre avec les gens. Une partie de moi craignait pour mon avenir et ce qui arriverait à notre famille si on enfermait mon père. Aucun de mes huit frères ne m’a jamais passé un coup de fil juste pour me demander comment je vais ou me remonter le moral. Personne n’a demandé à Magnim de faire ça mais il en a fait sa mission. Il me saoulait tellement au début je te jure. Puis un jour je me suis habitué sans savoir à ses pitreries. Je me retrouvais à rire comme un con à ses histoires. Des fois je me disais même que ce type me croit alors que je ne lui ai donné aucune preuve concrète. Juste des messages de maman qu’il a lu et il prend sur lui comme ça pour moi. On le manipulerait si facilement avec sa naïveté. Puis avec le temps j’ai compris sa nature. Autant il est simple autant il se dit que les gens sont aussi simples. Même s’il sait que ca existe les gens malhonnêtes, il choisit de se concentrer sur ce qu’il trouve de positif. C’est comme ça qu’il a pu me supporter durant toutes ses années. Je n’en peux plus Farida. J’ai l’impression d’avoir échoué lamentablement en dépit de tout. J’ai l’impression d’être arrivé au point où je ne peux plus rien pour lui. 


Il baisse la tête et je tapote doucement son dos.


Farida: un jour, Il va se reprendre. Il reviendra, j’en suis sûr, je dis confiante en dépit des larmes 


Il lève le visage vers moi les yeux remplis de chagrin. Je sors, ouvre, lui prend la main pour qu’il descende et je le serre contre moi. Un cri s’échappe de moi quand je me sens portée. 


Tao: j’ai besoin de toi, il dit en me regardant intensément


Farida: je suis là Tao. Ce que tu veux demande moi


Il me porte, ouvre la porte, pousse les choses avec son pied et nous nous retrouvons dans une chambre inconnue. Il me pose sur le lit et se dévêt jusqu’au boxer. Je me lève et fait pareil jusqu’à mes dessous. Nous nous couchons et il pose ma tête contre son torse avant d’embrasser ma tempe et resserrer les bras autour de moi. 


Tao: si demain je ne suis plus, sache que je t’ai aimé. Aucune femme ne m’a autant troublé et déchaîné que toi. Je t’aime 


Farida: tu m’as atrocement manqué, je dis en pleurant quand les souvenirs des quatre années me reviennent. 


Il soulève mon visage et enfin il m’embrasse. Je soupire de satisfaction d’être de retour auprès de ma moitié. 

Tests