40 ans et toujours dans le pétrin!
Ecrit par maoumina
Les chroniques de
Sigapal..
40 ans, sénégalaise, célibataire et
toujours dans le pétrin
Ceci est un hommage à la brillante ‘Ndeye
Takhawalou » Fatouma ta Zahra Dieye, trop vite disparue..
Mail :[email protected]
Mois de Mars, moi de la femme dit on. La
femme, symbole de tous les paradoxes de la société sénégalaise : moderne
et traditionnelle, libérée et conservatrice, musulmane ou pieuse et moderne,
ouverte et fermée. On pourrait continuer dans cette liste sans fin de
contradictions. Mes collègues sociologues disent qu’une société malade est une
société où l’on maltraite les femmes et les enfants. De nos jours c’est devenu
monnaie courante, personne ne s’arrête pour comprendre..
Devant une
stratégie nationale qui prône l’équité et l’égalité de genre, une loi sur la
parité depuis 2014 qui accorde un plus grand pouvoir politique aux
femmes : le constat est là patent : les femmes sont toujours bien loin du compte. Compte du travail,
compte d’une vie conjugale réussie, compte d’un travail bien payé qui ne nous
plonge pas dans une solitude teintée de bling bling et d’une assurance qui est
loin d’être réelle..
Nos rêves de
liberté et de pouvoir se heurtent à des traditions ancestrales et religieuses
fortes et ancrées, assises tranquillement comme une grand mère avec son cure
dent scrutant des horizons lointains qui n’ont pas fini de livrer leurs
secrets : mystérieux et
imprévisibles..
Femmes modernes et
traditionnelles, épouses, nos rêvent de télénovas et d’amour exclusif
« mon homme et moi » viennent mourir sous les vagues des »
Goro » et « Ndieuké et notre moderne « chouchou » tangue
sur les vagues d’un amour trouble entre la « femme de sa vie » et
« sa mère qui lui a tout donné ». Dans ce duel féroce de femelles,
chouchou n’y voit pas souvent pas clair,
pour ne pas dire que du feu ! Les logiques du monde des femmes
dépassent l’homme le plus puissant et le plus instruit. Souvent madame y laisse
ses plumes et celles de ses enfants, tandis que « Ngoor » pourra
toujours se remarier avec l’appui des sœurs, cousines et maman « une qui
te mérite »..
Dans le silence de
ses nuits, Ngoor n’a toujours pas oublié les thiouray et parfums de sa dulcinée, les conversations
secrètes, les mots d’amours. Il se souvenait de ses sacrifices malgré son
travail pour garder la maison propre et lui faire de bons petits plats dont
elle avait le secret et lui avaient donné deux enfants avec amour. Le cœur a ses raisons que la raison ignore,
il se demandait pourquoi il pensait encore à cette « écervelée » qui
ne respecte pas ses parents, surtout que sa nouvelle « diekk » est
mokk poth et superbe.. Mais son cœur secrètement bat toujours pour
« madame », au fond il aimait toujours son ancienne femme..
Dans le
silence de ses nuits, madame n’est pas
mieux lotie. Elle se demandera comment elle a pu perdre son Diego, son Alessandro, son chouchou, l’homme de sa
vie. Ou avait elle failli ? Amère, elle revoit les apres midi passés dans
les étales du marché HLM à acheter toute l’arsenal de séduction devant faire
d’elle une « khaley féroce, beuri bagass », sur internet, elle avait
souscrit aux tontines de parfum de 45 jours afin de se payer, des parfums de
marques, dont les senteurs continuent à hanter les nuits de Ngoor. Le dimanche,
elle se souvenait de ses randonnées au marché « gueule tapée » pour
acheter le vrai ‘guedj beur’ qui devait donner un goût unique à son
thiébou djeun servi à la bande de copains plus exigent que Monsieur. La cuisine
est importante dans l’affaire au Sénégal. Combien de fois a-t-elle souscrit aux
tontines bazin Jezner pour offrir à « belle maman » un tissu cher et
prisé. Les tambours du baptême de bébé Ibou
raisonnent encore dans la nuit tandis que le « teralaté
« avait fini de ruiner sa maman qui a trainé les dettes pendant une année.
Eh oui ! L’honneur de sa fille était
à ce prix. Elle se demandait elle aussi si elle n’avait pas usurpé
l’identité d’une autre femme qui n’était pas vraiment elle, pour être cette
épouse caricaturale’ djongué » et parfaite, une bonne sénégalaise..Si ce
n’ était qu’elle, elle aurait vécu tranquille à côté de chouchou’ lou niou
am bok ko », loin de tous ces artifices..
Dans le silence de
la nuit, seule, elle ne pense plus à se remarier, elle sait qu’avec ses deux
rejetons, elle risque un autre défi : celui de la polygamie, famille
recomposée.
Qu’avons-nous fait
de nos enfants ? Quel genre d’adolescents seront Ibou et Fatou qui avaient 2 et 4 ans quand papa et maman se
séparaient ?Qui sont ces hommes qui assassinent et martyrisent les femmes ?
Avons-nous analysé les traumatismes des enfants de divorcés, les effets du
chômage chronique dans un monde de matériel et de consommation de toute
sorte ? Est-ce que « mame boye » et ses filles ont mesuré les
conséquences de leurs complots dont les chuchotements ont fini un timis ;
19H à travers les fenêtres d’un
charlatan pressé d’en finir avec son « dédelé magique » ?
Elle se promet d’
aller voir « diek mbakhana » pour en
savoir un peu plus sur le divorce et les conséquences en espérant qu’il
se limitera aux prêches sans s’occuper de mon nouveau statut de belle et jeune
divorcée qui travaille !!
Quarante ans,
toujours dans le pétrin…
A toi Zahra..