
48- Les couleurs de nos amours
Ecrit par lpbk
Je ne vous dis pas la tête des invités quand ils m’ont vu débarquer moi et ma peau mouchetée aux bras de ma grand-mère, un sourire tapageur aux lèvres. Je souris parce que je suis heureuse. Je n’ai peut-être pas de raison mais voilà, en faut-il vraiment pour sourire.
« Elles ont quoi à me regarder comme ça ? », demandais-je à mamie, toujours souriante.
« Elles doivent se demander si tu es là pour un scandale. », répondit Iris qui était déjà venue m’embrasser.
Elle prit une minute pour m’observer avant de décoller une nouvelle fois les lèvres.
« Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu venais ? »
« C’est une surprise LOL ! »
« T’es là pour faire ce dont on a parlé ? »
Au même instant, je me sens forcée à me retourner. Tina me tient par le coude et je lui fais face.
« J’espère que tu n’es pas là pour me pourrir une nouvelle fois la vie sinon, tu peux t’en aller tout de suite. »
« Tina, tu ne peux pas te comporter comme une grande sœur normale pour une fois ? », l’interrogea mamie.
« Je ne suis pas là pour toi. Je suis là pour mon neveu. En parlant de lui, où est-il ce fils qui aurait pu être mon beau-fils ? »
Elle lâcha mon coude.
« Je te préviens Nowa ! », lança-t-elle avant de s’éloigner en souriant.
J’étais bien contente de la revoir elle et son air de fausse fille. Je me massais le coude en discutant avec Iris. Après ce qui s’est passé au mariage, je n’en veux pas aux autres de se tenir loin de moi.
« Il parait qu’on ne sait pas à quel moment tu pourrais être prise d’une crise de folie ma belle. », m’informa Iris avant de me faire comprendre que ma mère était arrivée.
Mamie s’était installée dans un petit coin tranquille, elle faisait tout le contraire de ce que lui avait conseillé son médecin en avalant du chocolat. Tina marchait entre ses invités, tel une princesse. Quelques fois, elle jetait un coup d’œil dans ma direction et moi, je me contentais de sourire. Pour la première fois, je sentais ma sœur mal à l’aise. Le pire c’est que tout ça c’était en présence de toute la famille.
« Tu veux que je te serve quel… »
Ma mère me fait rire. Donc selon elle je suis venue ici pour m’empiffrer ? Avant qu’elle ne termine sa stupide question, je me suis éloignée pour aller arracher le petit Erwan des bras d’une amie à sa mère. Celle-ci a voulu le reprendre quelques secondes après mais je lui ai fait le coup du « je vous conseille de vous éloigner si vous ne voulez pas être contaminée ». Elle a tout de suite mis de la distance entre nous. Qu’est-ce que les êtres humains peuvent être stupides.
« Comment tu le trouves mon fils ? », me demanda Tristan, le sourire aux lèvres.
« Il est beau ! Un peu comme moi. », lui répondis-je la voix pleine d’assurance.
Une fois de plus, Tina ne put s’empêcher de me lorgner.
« Tristan, je voulais m’excuser pour ce qui s’est passé au mariage. J’ai été… »
« Arrête Nowa ! C’est des choses qui arrivent mais moi, je ne t’en veux pas. Je crois même que c’était la partie la plus drôle de cette soirée. Je suis content que tu sois venue. »
Il me fit la bise avant de s’en aller pour s’occuper des autres invités. Je lui avais remis son fils entre les mains et je suis donc sortie dans le jardin derrière la maison. Je me suis assise sur la balançoire et j’ai attrapé mon portable. J’avais envie d’entre la voix de Rudy.
« Hey ! J’espère que je ne te dérange pas. »
« Tu ne me déranges jamais. J’ai reçu la photo et je voulais te dire que ta grand-mère est divine. »
« Rhoo… t’es un enfoiré. C’est moi que tu dois regarder, pas ma grand-mère en plus, elle n’est pas une cougar je te préviens. »
Il s’est mis à rire et moi aussi.
« Je crois que j’aime notre relation. J’ai l’impression que nous sommes devenus des amis. Avant nous ne partagions pas grand-chose et depuis quelques temps, j’ai envie de tout te raconter. Là par exemple, j’ai très envie de manger des crêpes au Nutella. J’ai le Nutella mais pas les crêpes. Tu ne connais pas par hasard une experte en crêpes ? Je te promets qu’elle sera récompensée. »
« J’en connais une mais elle est un peu occupée. Elle pourrait te les faire pendant que vous regarderez un film. Je crois qu’elle les parfumerait à l’amour et non à la vanille. Par contre le Nutella, elle le réserve pour autre chose… quelque chose de plus intime. »
J’ai attendu sa réponse en vain mais elle n’arrivait pas. Je me suis sentie conne.
« Désolée, je sais qu’on a dit qu’on ferait pas comme… »
« C’est bon mon cœur. »
Han, il a dit quoi là ? Il ne m’appelle plus comme ça depuis je ne sais combien de temps.
« Quelle heure ? »
Euh comment ça quelle heure ?
« Nowa… Arrête de rêver. Quelle heure ? »
« Celle qui t’arrange. »
« 22h c’est bon ? »
Je me suis levée, j’ai posé mon portable sur la balançoire pour commencer à sauter. 22h ? Il va me sortir sa fameuse phrase de « je te ramène après » alors qu’on sait bien que quand il dit ça lui-même il n’y croit pas.
« Oh mon Dieu, je ne me suis pas épilée. Ahhhhhh… »
J’avais crié cela avant de me rendre compte qu’il était toujours en ligne. J’ai vite remis le portable à mon oreille.
« J’ai cru que tu t’étais désintégrée. »
« Je dois te laisse Rudy, j’ai une urgence. Je t’aime. »
« Rudy ? »
Je me suis tournée pour tomber sur Tina. Encore.
« Alors tu continues ta petite idylle avec Rudy. »
« De quoi je me mêle ? »
« Tu sors les griffes pourquoi ? Tigre en carton ! »
« C’est la jalousie qui te rend aigrie ? Allez dis-le ça te démange qu’il t’ait jeté pour me garder n’est-ce pas ? Chienne en chaleur. »
Elle m’a donné une claque. J’ai senti siffler mes oreilles.
« En fait je viens de me rendre compte de quelque chose petite salope. J’ai toujours été mieux que toi et ça tu ne l’as jamais supporté. La nature est finalement juste Tina, je n’ai pas une peau de rêve mais oui, j’ai cette vie dont tu rêves toi. J’ai le gars dont tu rêves. »
« Tu crois vraiment qu’il t’aime ? Qu’il tient à toi ? Tu es juste un plan cul. »
« Comme toi ? Je ne suis pas celle qu’il a baisée partout sans se soucier de savoir son nom chérie. Il est temps que tu te réveilles, t’as hérité du gêne de bordel de papa. »
Elle m’a encore lancé une autre gifle. Cette fois, je lui en ai collé une et je me suis retournée pour m’en aller mais elle m’a retenue.
« Tu vas où ? »
« Sorry ! J’ai une partie de jambes en l’air à préparer. »
Les choses auraient pu s’arrêter là mais comme elle s’est Tina, la grande gueule, elle s’est mise à crier ce qui a ameuté toute la maisonnée.
« Quand tu auras la bague au doigt reviens discuter avec moi. »
« Oyé oyé !!! Une fois de plus les sœurs NYANE vont se donner en spectacle. Tina ne me cherche pas. Je ne suis plus la petite fille que tu terrorisais dans le couloir de la maison. »
« Nowa ! Arrête tout de suite. »
« Tu es tellement hypocrite maman. »
« De quel droit tu lui parles ainsi ? », me demanda Tina.
Les regards sur nous, je m’en fichais. J’ai gâché un mariage, ce n’est pas à un baptême qu’ils seront surpris.
« Je vous annonce à tous ce soir que Tina ma sœur a couché avec mon petit ami pendant 3 ans. Tu lui a même menti que cet enfant était le sien. Attends mais ça veut dire que 9 mois avant ton mariage, tu te faisais gratter les fesses par un autre homme dont tu es raide dingue. Manque de bol, il a choisi la moins bien des deux. »
« Quoi ? »
« Ça veut dire quoi tout ça ? »
« Tina dit quelque chose. »
« Et même à ton mariage, tu n’as pas pu t’empêcher de lui faire des avances. Tu es la plus jolie garce du monde Tina. »
« Tina de quoi parle ta sœur ? », demanda maman.
Voilà, tout était servi. Les yeux de Tina étaient tout rouges. D’abord de colère puis, ils se sont remplis de larmes.
« Nowa pourquoi tu as fait ça ? »
« Ah maman, ouvre les yeux ! Qu’est-ce que j’ai fait bon sang ? »
Tristan est venu et m’a tiré à l’intérieur de la maison laissant une Tina effondrée et honteuse. C’est ça la vie. Les invités chuchotaient sur notre passage mais personne n’osait me regarder en face. La mère de Tristan entra dans le salon pour prendre son sac et elle s’en alla sans nous jeter le moindre regard. Moi, je tremblais comme une feuille. Me demandant où j’avais trouvé le courage de lui dire tout ça. Ma joue me brulait aussi.
« Tu veux un verre d’eau ? », me demanda Tristan.
« Non ! Merci Tristan. »
« Ne sois pas désolée Nowa. Sans le savoir, tu m’as été d’une grande aide. Oui, je pense qu’après tout ceci, ma mère se rendra à l’évidence. »
« De quoi tu parles Tristan ? »
« De rien. Merci tout simplement. »
Je suis restée assise à cette place jusqu’à ce que tous les invités soient partis. Il ne restait plus que mamie, Iris, maman, papa, Tina, Tristan et moi. Iris était allée mettre Erwan au lit. Nous étions tous assis dans le salon, comme si nous étions à une belle et grande réunion de famille. Tina n’arrêtait pas de pleurer dans les bras de notre mère. Moi, je la regardais en me demandant si c’était des larmes sincères ou encore une nouvelle forme de comédie qu’elle nous faisait.
« Tina… », murmurais-je.
Tout le monde leva les yeux sur moi.
« Nowa s’il te plait. », lança mon père.
« Luis, tais-toi rapidement. Tu n’as pas fait assez de dégâts ? Tu as vu où ta façon de gérer ton sexe nous a conduit ? Tu étais tout le temps parti courir derrière les femmes aux autres coins du monde laissant à ta femme le soin de s’occuper de tes filles. Tu savais pourtant qu’elle n’avait d’yeux que pour l’une d’entre elles. Donc je te prie de te taire. »
« Ma… »
« J’ai dit que tu te tais. Et toi Tina, arrête cette mascarade. Comment as-tu pu te comporter de façon aussi légère ? Le pire, tu t’ais toujours faite passer pour le petit ange. Tu te permettais même de critiquer ta sœur et ses choix. Elle a passé des moments très durs et tu savais quel en était la raison. Je suis dégoutée. Arrête de pleurer tout de suite. »
Tristan était debout, il tournait en rond, les mains dans les poches.
« Tristan, je te demande pardon pour le comportement de ma petite-fille. »
« Ce n’est pas la peine. Elle a toujours été ainsi. », dit-il en souriant.
Ma mère leva cette fois les yeux sur lui.
« Oui ! Contrairement à tout ce qu’elle vous a fait croire, Tina et moi ça n’a jamais été une grande histoire d’amour… »
« De révélations en révélations. », lança Iris.
« Iris NYANE tu peux te taire. »
Elle porta rapidement sa main à sa bouche.
« S’il te plait Tristan ! Ne fais pas ça. Je t’en prie. », le suppliait Tina.
Ce n’est pas possible. Je crois que je suis dans un rêve. Il souria de nouveau et pour son plus grand malheur, il poursuivit.
« Je suis gay. »
« Chouba ! », là c’est moi.
« Tina le savait depuis le début. Elle a profité du fait que mes parents ne le supportent pas pour s’immiscer dans notre famille au point où, elle a passé un marché avec ma mère. Elle allait m’épouser, me faire des enfants et tout sauf qu’entre temps, elle avait des besoins un peu intimes… C’est bien ce que tu m’avais dit en me parlant de cet homme Tina. »
Ma mère avait les yeux comme un merlan frit. Je continuais de les regarder. C’était pathétique.
« Je crois qu’elle a fini par être amoureuse de lui au point de lui mentir que sa grossesse était de lui. Pour le petit, je vous rassure, nous n’avons pas fait crac crac, c’est un miracle de la chimie. Elle s’est faite inséminée. »
« Eh bah ! », s’exclama Iris sous le choc comme eux tous.
Pour ma part ma, rien ne me surprendrait plus venant de ma sœur.
« Je ne savais pas que c’était ton copain. Je l’ai découvert au mariage et j’ai été tout de suite navré pour toi. Je savais bien pour quelle raison tu lui avais sauté dessus de cette façon. Je te demande pardon Nowa. Tout ça c’est parce que je ne me suis pas battu contre mes parents. »
« Tina… dis quelque chose ! S’il te plait ma chérie. », l’exhortait maman.
Mais elle ne disait toujours rien. Puis, sans que je ne comprenne ce qui se passait, je me retrouvais avec ses mains accrochées à mon cou. Dieu merci mes parents avaient encore un peu d’amour pour ma personne. Ils l’arrachèrent de moi alors qu’elle me traitait de tous les noms.
« Ma parole, tu es cinglée Tina. Il faut te faire soigner. »
« Nowa, reviens ici tout de suite. »
Je me suis tournée, j’ai effacé les plis de ma robe et je suis sortie. Laissant mon père crier comme un chien malade dans mon dos. Je crois que j’avais fait ma part maintenant c’était à eux de faire le reste en plus moi, j’avais un rendez-vous des plus importants.