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Ecrit par Gioia


Quarante-neuvième partie 


Magnim Wiyao 


La grossesse s’est très bien déroulée Dieu merci. Ciara est à terme. Au travail les nouvelles sont meilleures. Ils ont atteints les objectifs qu’elle avait prévu et gagné un contrat qu’ils avaient perdu cinq années consécutivement. Elle est justement en déplacement pour ça. C’est un contrat qui se fera en collaboration avec l’agence Kenyane et elle ne voulait pas manquer ce voyage même si je préfère qu’elle limite les déplacements vu que très bientôt Elle va accoucher. Mais elle se plaît tellement que je me vois mal insister pour qu’elle arrête maintenant. 


Belle et Eli aussi sont rentrés. J’ai vu ma petite Aï qui est vraiment petite. En apparence elle semble normale mais quand tu interagis avec elle tu comprends qu’elle a quelques soucis. Elle est sensible à la lumière. Très sensible et ses yeux bougent constamment. Aussi elle porte des prothèses auditives parce qu’ils ont remarqué qu’à trois mois elle ne reconnaissait pas la voix de ses parents et

ne se tournait pas en entendant du son. Je me suis déjà décidé à prendre cette petite sous mon aile parce qu’elle aura une vie différente des enfants réguliers. Elle aura besoin d’amis. Des amis qui la comprennent. Je ne sais pas si Belle et Eli auront confiance pour la laisser aller vers les autres. Mais j’ai déjà prévu éduquer mon bébé pour que les deux soient les meilleurs amis du coin. Comme leurs mamans. Je me suis déjà documenté sur comment aborder la vie quand on a des enfants avec un handicap. Farida nous avait recommandé des bouquins à Ciara et Moi aussi qu’on avait lu depuis la naissance d’Aï pour savoir comment aborder Belle et Eli. Pour Ne pas dire par exemple quelque chose de maladroit et ainsi de suite. Pour le moment je pense qu’on s’en sort plutôt bien. 


Celui qui ne s’en sort pas c’est Anatole. J’avais espéré que recevoir du soutien l’aiderait à se reprendre en main mais je désespère. Déjà il ne se présente pas régulièrement aux rencontres pourtant je lui ai expliqué que ce n’est pas optionnel. Il était à peine sur pieds que je l’ai moi même croisé dans un bar. Bar dans lequel j’allais pour rencontrer un client après le travail. Contrainte de mon boulot que je ne  peux refuser. Il était là entrain de se saouler la gueule comme s’il ignorait la condition de son foie. Je ne veux pas l’abandonner mais je ne sais pas quelles ressources utiliser encore pour le convaincre. Puis mon enfant sera là dans les jours à venir. Il demande à faire partie de sa vie. Je lui ai expliqué que ça serait impossible tant qu’il continuait sur cette voie. Même ça ne le secoue pas encore. Le plus triste c’est que pour certains addicts il faut une expérience proche de la mort pour qu’ils prennent conscience. J’en arrive à penser que c’est son cas. 


Je classe son cas sur le côté quand Tao me fait appeler dans son bureau. J’y vais avec ce qu’il a demandé. On se fait une petite réunion de vingt minutes. Nous avons pris trois nouveaux architectes. Des juniors pour le moment. J’en ai deux sous ma supervision et tao un parce que nous avons prévu étendre un peu nos activités. Avec le projet de M Wanké qu’on a obtenu notre réputation est solidifiée désormais. Nous avons donc décidé de tenter soit un partenariat avec un cabinet à l’extérieur du pays histoire de tester un autre marché ou si les fonds nous le permettent d’en ouvrir carrément un qui sera le nôtre une agence de notre cabinet dans ce pays. Pour le moment nous visons la France comme Farida y sera pour son stage. Tao jure que ce n’est pas la surveillance qu’il part faire mais le travail. Je dis qu’est ce qui empêche les deux. De toute façon il est sérieux quand il s’agit de travail et pour le moment il part à titre d’éclaireur donc on verra pour les années à venir. Je suis surtout emballé par l’idée parce qu’elle sera fructueuse pour nos juniors. Si tout se passe comme prévu, certains pourront être affectés à l’agence française pour des CDD. Ceux qui veulent reprendre l’école ou ont peut-être des frères, sœurs ou femmes qui sont encore à l’université peuvent profiter du salaire pour finaliser leurs études ou ceux des proches pendants qu’ils travaillent. Un jour peut-être mes enfants pourront en jouir. Romelio y compris. Je le vois qui s’intéresse déjà au dessin. Tout comme moi à son âge. 


La réunion prend fin et on en commence une autre présidée par la madame de Tao cette fois. Le monsieur lui même n’est pas un tout petit peu intéressé par le plan exhaustif que présente Farida


Farida: donc on aura des clowns pour les enfants, un stand avec des jeux, puis un petit côté décoré spécialement pour le baby shower de Ciara. Vous savez déjà ce que vous allez avoir?


Magnim: oui mais on le garde secret pour le moment 


Farida: oh d’accord. Donc on va avec une couleur neutre alors. Hum est ce que ça s’accorde aux ballons que j’avais déjà choisi? Le rose et le jaune ça fait trop coloré non chéri? 


Tao: Farida les enfants vont sautiller pour cinq secondes quand ils verront les ballons puis ils vont les faire éclater ensuite. Les larmes vont suivre. Magnim les conduira au trampoline et ils auront totalement oublié l’existence de ses ballons donc pour la millième fois, prend n’importe quoi 


Farida: oui tu as raison les clairs sont neutres et ça va avec n’importe quoi. Bon j’espère qu’ils auront cent ballons à temps 


Magnim: cent ballons? Je demande étonné 


Tao: aide moi à lui expliquer 


Farida: vous êtres trop brouillons vous les garçons. On parle de trois événements à coordonner. Il doit y avoir quand même une cohésion et en même temps la fête doit être aussi bien pour les enfants que les adultes. Bref je m’en vais rencontrer l’équipe qui sera en charge du service. On se voit aux réunions Magnim? 


Magnim: sans faute 


Farida: à ce soir monsieur Grincheux. Et arrête de faire la tête parce que tu es le premier à apprécier les belles fêtes. Toi et ton fils. Ça ne s’organise pas juste dans la tête 


Tao: si tu le dis oh madame. À toute. Il répond quand elle embrasse son front puis elle est partie 


Je la regarde s’en aller dans son tailleur crème et talons aiguilles à ses pieds. Je souris quand des images du passé me reviennent  


Magnim: tu te souviens de la fille qui nous regardait de travers quand on lui montrait des vêtements


Tao: lol moi aussi je pense ça quand je l’observe des fois. Elle s’est métamorphosée. 


Magnim: un vrai cygne maintenant 


Tao: à qui le dis tu. Il réplique en rigolant 


Le reste de la journée je squatte dans son bureau. Comme ses derniers jours on a mis le paquet nous sommes là à bavarder de tout et rien.



Ciara Wiyao 



Je voulais personnellement faire ce déplacement pour montrer au chef de l’agence Kenyane que je lui retourne le soutien qu’il m’a donné. Ce monsieur s’est rendu disponible pour moi. Quelque soit l’heure il était joignable par e-mail. Si je devais décrire littéralement ce qu’il a fait je dirai qu’il m’a pris par la main et montré

Comment naviguer au sein de cette vaste structure dans laquelle notre agence s’inscrit. Aujourd’hui nous avons signé un contrat fructueux. Un contrat qui nous a donné le baume au cœur. Son agence a même organisé une fête pour célébrer l’occasion. La représentante du head office était là et entre quelques coupes de champagne elle m’a glissé qu’ils ont des projets pour l’agence de Lomé. Certes ce n’est qu’un dire mais ça m’a réconforté dans l’idée que j’ai fait du bon travail. Qui dit bon travail dit augmentation pour tous. J’avais déjà écrit au head office à cet effet parce que sur cinq ans aucun membre de l’équipe outre le directeur n’a eu une augmentation. Pourtant plusieurs se sont démarqués cette année. Si ma requête est approuvée je pense que ça motivera l’équipe à se donner davantage l’année à venir. Que je reste à la tête ou pas. On aura fait du bon travail et je partirai de là fière de moi. Je prendrais du temps pour mon bébé et ma famille pendant que je chercherai aussi une nouvelle place. Les derniers jours, j’ai rencontré sa fameuse fille dont il me parlait tout le temps. Ironie du sort, elle même était enceinte aussi mais moins avancée que moi. Nous avons fait du shopping pour les derniers jours. 


Je cherchais plus de quoi acheter pour Belle et Aï parce que je suis certes satisfaite mais ma joie n’est pas complète. C’est le genre de joie que tu t’encourages à ressentir quand tu te lèves. Le genre ou tu comptes les bienfaits de Dieu pour ne pas tomber dans les murmures parce qu’en réalité tu es triste dans l’âme. Tu es triste parce qu’une personne chère à ton cœur traverse une situation à laquelle tu ne peux rien changer. Je lui ai pris une robe rose pour la fête à venir. J’ai pris aussi quelques trucs dont un lapin pour Aï. Je sais pas pourquoi mais je l’ai trouvé réconfortant et j’espère qu’elle aussi quand elle aura l’âge de ressentir ce genre de choses. 



Belle Laré AW 



Maman a mis le hold up ce soir. Elle et Elikem gardent Aï. Eli et moi on a pas le droit de rester à la maison après 18h. J’ai demandé ce qu’on est supposé faire. Les deux ont dit pas leur problème. On fait ce qu’on veut mais pas ici à la maison. Eli a promis de se libérer tôt du travail pour qu’on sorte donc j’ai décidé de m’apprêter un peu. 


J’ai fouiné pour retrouver mon gel douche Dove au concombre, celui que j’utilisais toutes les fois où je voulais séduire mon homme. C’est celui là que j’ai utilisé le soir de notre première nuit et depuis je le garde pour les moments spéciaux. Je suis nunuche comme ça et avec le temps ça ne m’est pas passé. Je finis de prendre une longue douche et je m’épile les sourcils en plus de me raser les jambes. Ses derniers mois je n’ai pensé à rien de tout ça. Je me contentais d’être une maman et épouse. On dit de ne pas se laisser-aller mais il y’a des épreuves qui te frappent de plein fouet et tu perds l’équilibre. Je vivais dans les t shirts, Jean et j’ai même gardé mes rasta pendant quatre mois. Alima ne m’aurait pas fait asseoir pour me défaire ça et sa petite cousine Ayva ne m’aurait pas tressé que je serais revenue au pays comme ça. Elles avaient dit non. Tu ne reviens pas en mode défaite. L’apparence n’est pas tout mais souvent quand tu es présentable ça te donne un boost pour la suite. Il ne fallait pas beaucoup pour me convaincre de toutes les façons. 


Ça m’a touché quand Eli m’a complimenté. Ma belle mère et les autres mamans de la famille d’Eli m’ont fait asseoir pour m’expliquer que le bonheur d’Aïdara repose entre nos mains. Elle se sentira différente en grandissant c’est sûr mais notre façon de l’encadrer aura un effet sur ce sentiment. Un exemple qu’elles m’ont donné c’est de ne pas me laisser submerger par sa condition au point d’oublier qu’elle est une personne aussi et surtout bien vivante. Si avec Elikem je nous faisais coudre les mêmes tenues en pagne et je nous organisais plein d’activités maman fille, je dois faire pareil avec Aï sinon elle risque de grandir en vivant sa différence comme un frein. Elles m’ont donné un tas de conseils que je ne peux même pas répéter mais je suis reconnaissante d’être tombée dans une famille pareille. Mes beaux parents  et Ali ont déjà fait des dons à certaines écoles ici pour que les programmes scolaires soient plus adaptés aux enfants avec des déficiences. Ils avaient commencé avant même que je sois au courant. Comme quoi le temps qu’Aï ait l’âge d’aller à l’école, on peut croire que ses programmes auront passé les périodes expérimentales. Ça c’est juste pour la famille proche d’Eli. La large a payé tous nos frais d’hôpitaux. Après le séjour aux soins intensifs ils ont préféré qu’on reste un peu à Denver le temps de nous acclimater avec elle et s’assurer qu’on est à l’aise à la prendre en charge. J’ignorais sincèrement que la famille large de mon mari avait autant de moyens et j’ai remercié encore une fois le ciel d’être tombée sur eux. C’est matérialiste c’est vrai mais comment on aurait fait sans cet argent? Eli et moi on allait s’époumoner financièrement en revenant ici surtout qu’il a rallongé son congé.  Rien que les prothèses auditives coûtent 250$ chaque. Elle a du subir une chirurgie pour refermer le canal ouvert qui empêchait la circulation du sang oxygéné des poumons vers les autres organes de son corps. Chirurgie qui a coûté des milliers de dollars parce qu’elle n’avait pas d’assurance. Je pense aux mamans qui sont dans ma condition mais sans ses moyens puis je me demande comment elles font. 


Pour le moment, je suis devant ma coiffeuse entrain de m’apprêter. Elikem parle avec Antoine en vidéo et Aï est à ses côtés. Maman les supervise pour qu’Aï ne roule pas et tombe vu qu’elle a déjà cinq mois. Loussika aussi est sur la ligne et j’entends sa fille Aurore couiner. Au début je me demandais pourquoi nous. Pas parce que je voulais que les enfants des autres soient aussi malades mais je me demandais pourquoi je n’ai pas la chance de mettre au monde un enfant en pleine santé. Puis je craignais aussi qu’Elikem n’arrive pas à avoir de lien avec Aï. Je me disais, face à un bébé si calme comme ma deuxième et Aurore qui est pleine de vie, elle va naturellement graviter vers le bébé souriant et joyeux. Dieu sait si bien faire les choses. Ou maman et mes amis? Je ne saurai dire. Mais Dieu m’a mis dans un environnement adapté comme s’il savait déjà que nous ferions face à ce défi. Loussika ne parle pas d’aurore sans inclure Aï. Je ne lui ai jamais demandé. Même Antoine m’a surpris en faisant pareil des fois. Les autres l’incluent tout le temps et celle qui m’a émue, mon premier bébé, ma perle, elle ne quitte pas le matin sans passer faire un bisou à sa sœur. Quand elle rentre, elle ne cherche plus mamie en premier. C’est Aï d’abord. Des fois je les surprends en pleine causerie. Elikem lui raconte ses aventures à l’école et sa petite sœur la regarde comme la personne la plus fascinante au monde. Des vraies amies déjà. Et je ne peux pas retenir mes larmes quand je vois ça. Même maintenant elle parle avec Lou de ses prochaines vacances à Paris. Elle lui dit qu’Aï doit être dans une chambre où il n’y a pas beaucoup de bruits parce que ça lui fait peur. Je ne sais pas si Lou se prête juste au jeu mais elle lui répond ne t’en fais pas. Papa et moi on a déjà tout prévu. On va coordonner avec ta maman. 



Eli Laré AW 



Je suis bien content d’avoir pris une partie de la journée. Je rends l’esprit léger et ce sont mes filles sur notre lit qui m’accueillent. Quand je dis mes filles je parle des quatre femmes de la maison. De maman Gisèle jusqu’à mon Aïdara. Elikem apprend encore cette chanson aux autres. “Toi et moi nous sommes des anges, lumineux comme le soleil.” La seule qu’elle chante à Aïdara quand elle veut la bercer. Elle dit que c’est son oncle Magnim et romelio qui lui ont appris quand nous étions à Denver. Elle court pour se jeter dans mes bras dès qu’elle me remarque. 


Gisèle: vois comment tu as réveillé mon bébé avec tes lourdes pattes là. Tu cours on dirait un bulldozer 


Elikem: oups, désolée. 


Gisèle: c’est le visage de désolée avec toutes les dents dehors hein.


Elikem: toute façon Aï elle a pas encore sommeil. Elle attendait papa Eli. Pas vrai? Elle dit en levant sa face en forme de cœur vers moi avec un grand sourire 


Eli: tout à fait. Merci de m’avoir attendu 


Gisèle: bon on vous laisse. Allez Elikiki, prend le sac d’Aï tu me suis 


Belle: maman tu es sûr que....


Gisèle: Belle il vous reste trente minutes. Je vous vois ici à 18h pile vous allez m’entendre 


Elikem: faites vite sinon elle avait dit qu’elle va vous arroser avec le tuyau, elle chuchote bruyamment 


Gisèle: toi on peut jamais te dire quelque chose et ça va rester entre nous hein


Elikem: Mais t’avait pas dit que c’est le secret grand maman. Faut bien préciser la prochaine fois


Gisèle: prochaine quelle fois? Je te dis plus 


Elikem: hooo Grand.....Grand maman! C’est pas gentil! Aï!! Dis à grand maman d’être gentille avec moi, elle dit en s’agrippant à la jambe de mamie Gisèle qui sortait avec elle sur le pied comme ça 


Mon regard croise celui de Belle et on éclate de rire. Je cours me préparer pour nous éviter la sanction. Quand on sort, les trois sont devant la TV. Elikem est déjà en pyjama. Mamie porte Aï qui est assise et tourne un peu sa tête quand elle distingue du mouvement 


Belle: fait attention à sa tête et ses yeux avec la lumière maman 


Gisèle: elikiki dis à maman qu’on connaît tous ça 


Elikem: oui maman j’ai bien fait la liste à grand maman et je vais lui lire si elle arrive pas 


Gisèle: dis leur aussi de dégager de la maison 


Elikem: Eh on dit pas les gros mots devant les enfants. Faut dire mes excuses 


Gisèle: vraiment han? 


Elikem: sinon je te ramène plus de chocolat mikado de Paris 


Gisèle: mikado de Paris c’est mon frère? 


Elikem: je te ramène plus si tu dis pas pardon grand maman. Je vais pas répéter. Elle dit comme si elle chantait 


Gisèle: pardon les parents et venez sortir la fille de dix-sept ans qui vit dans votre petite fille de sept ans hein. Moi elle me fait peur 


Eli: lol courage les filles. On rentre bientôt


Elikem: oh attendez je vais prendre la photo pour mamie Titi et papi Rudy. 


Elle court sans obtenir notre accord et revient avec son téléphone qu’elle utilise quand elle part en France.


Elikem: faites les mamours maman. Allez 


Belle: les mamours? Elle demande surprise 


Elikem: oui met Les bras autour de papa Eli comme ton amoureux enfin. Oui voilà. Un peu la tête sur son épaule. Papa fait un bisou sur la joue. Oh trop trop cute. Elle dit en se couchant par terre pour prendre la photo 


On éclate de rire tous les deux toujours surpris. Elle se lève et bouge la frange tressée sur son front avant de courir nous montrer. Elle a même eu le temps de changer les filtres et faire un en blanc noir.


Belle: qui t’a appris tout ça? 


Elikem: c’est tonton Magnim et Romelio 


Eli: Eh bien, tu en sais des choses 


Elikem: oui bon c’est pas tout ça. Bye bye. On s’amuse bien. Xoxo


Gisèle: j’avais dit que la petite sirène c’était dangereux. Voilà


On sort quand on l’entend cette dernière et Elikem qui reprend sa mamie sur les bienfaits de la petite sirène. On ne parle que d’elle Belle et moi en chemin. 


Belle: xoxo? Lol. Magnim je vais le descendre 


Eli: krkr pourquoi? C’est mignon je trouve


Belle: Jusqu’à ce qu’elle te dise qu’elle a un copain 


Eli: moi je suis plutôt curieux d’entendre ça  


Belle: faudra m’enterrer avant que ça n’arrive, elle réplique sur un ton peu acerbe, ce qui me fait rire 


Belle Laré Aw 


On finit au resto, celui où on a eu notre premier rendez-vous. Il y’a à peine du monde. Nous sommes là collés l’un à l’autre sur la banquette. On a commandé mais on mange à peine. On a déjà essayé d’appeler maman mais elle nous a raccroché au nez après avoir confirmé que les filles ont mangé et sont couchées.


Eli: tu peux le croire on est devenu ses parents accro à leurs enfants au point de ne pas savoir quoi se dire quand on est loin? Et ne fais pas semblant. Tu sais que tu te sens comme ça 


Belle: lol okay j’avoue. Mais c’est juste en partie vraie. Je sais ce que j’ai à te dire 


Eli: avant que tu ne commences moi j’ai oublié de te dire que tu es particulièrement ravissante ce soir 


Belle: merci mon cœur. Toi aussi tu es spécialement attirant. Et je voulais te remercier Eli. Merci d’avoir proposé qu’on cherche de l’aide. Merci d’avoir insisté bien que j’étais réticente. Merci d’avoir essayé malgré mon attitude défaitiste. Je suis tellement heureuse de....de faire ma vie avec toi. Avec quelqu’un comme toi. Je ne te laisserai pas tomber je te promets. On va réussir cette épreuve ensemble. 


Il embrasse la main avec laquelle je tiens son bras et nettoie la larme qui coule le long de ma joue


Eli: merci d’avoir accepté l’aide même quand tu n’y croyais pas. Merci pour toutes ses fois où tu m’as encouragé bien que tu étais toi même à terre. Merci d’être à mes côtés et former avec moi ce couple stable qu’on veut pour nos filles. Je t’aime Belle et je ne regrette pas mon choix de vie quand je vois comment tu es là en dépit de tout. 


Le reste du dîner on se parle en regards. Quand on finit on part faire une balade en voiture comme au bon vieux temps. On exagère tellement qu’on rentre après une heure du matin. Sur le lit, je suis couchée sur le ventre, nue. Lui même est couché sur moi et m’enlace la taille de ses deux bras robustes. Il me fait l’amour avec passion et force comme si on allait limite partager nos âmes. Je me sens tellement ivre de plaisir que ma voix porte plus que d’habitude. On continue ainsi jusqu’à dormir dans cette position. 


Trois jours plus tard, nous partons avec les Wiyao au baby shower de Ciara. Mon amie au passage est de toute beauté dans sa robe rose qui moule son ventre. Elle m’a ramené une robe rose aussi que je porte. Même mes filles et maman sont coordonnées 


Belle: Magnim a approuvé cette petite tenue sur toi madame?


Ciara: il a même acheté figure toi 


Belle: eh mon frère là? Lui-même? Tu lui as donné quoi à manger en mon absence? 


Magnim: faut te méfier hein Belle. Je suis derrière j’entends tout 


Belle: lol mais avoue que tu me surprends. Toi qui m’harcelait pour que je dise à Ciara que ses habits n’étaient pas jolis sur une femme enceinte 


Ciara: ah bon depuis quand ça? 


Magnim: tu vois comment tu es belle? Une chose que j’ai demandé dans la vingtaine, juste une fois et c’est fini tu me vends comme si c’était coutume 


Ciara: jusqu’à tu envoies mon amie gâter notre amitié à cause de la jalousie. Tu es terrible Magnim 


Magnim: laissez moi, je cause avec mon amie personnelle Aïyou.


Belle: tu te méfies avec ce surnom que tu traines depuis


Magnim: aïyou tu l’aimes ton petit nom que tonton Magnim ton meilleur t’a donné. Oui hein que tu l’aimes. Il fait avec ma file sur ses jambes. Elle aussi le regarde et sourit de temps en temps 


On arrive à la fête et nous n’en revenons pas Eli et moi. Les ballons, les confettis. Il n’y a pas une immense foule mais tout le monde est en rose et une large banderole bienvenue à la maison les laré Aw nous attendait. Nous sommes si émus que je n’arrive pas à faire un discours. Je passe le flambeau à Eli qui assure pour nous. 


Les enfants jouent entre eux. Je laisse Aï à Farida parce qu’elle arrive à la prendre sans que ma fille ne soit grincheuse. Tao lui refuse dès le début. Il dit qu’il est trop rustre et ne veut pas lui faire mal. Magnim réplique que c’est très judicieux parce qu’il a effectivement des mains de laboureur. Tao le cogne.  Moi je suis étonnée par Laith qui marche maintenant. Il court partout où Romelio et Elikem vont. Il rit et dit même maman. Tout ce qu’il trouve d’intéressant il court pour venir nous montrer. On le perd facilement. Il s’est ramené à un moment avec un verre de jus et on ne savait même pas c’était celui à qui. Il souriait grandement avec. Encore heureux qu’il n’y avait pas d’alcool à la fête. Même quand on essayait de la garder dans un endroit il refusait. Il se débattait avec une force de dingue. À un moment on se met à danser. Maman nous tue de rire quand elle danse avec Eli puis Elikem. Magnim lui ne veut pas lâcher Aï. Même pour que je la nourrisse il commençait à me regarder comme un enfant à qui on allait prendre son jouet. Ciara a dû penser sa cuisse pour qu’il s’exécute. Farida me conduit dans une pièce privée de leur maison et m’aide avec mon sac 


Belle: merci. Je dis quand elle me met par dessus la tête la couverture d’allaitement 


Farida: de rien. J’imagine qu’elle prend du lait fortifié aussi 


Belle: oui pour les prématurés. Mais ça c’est la nuit avant de dormir. Elle est à une bouteille maintenant.


Farida: super. Elle va bien grandir tu verras et comme je t’ai dit n’hésite pas à demander de l’aide. On est là pour ça


Belle: je n’y manquerai pas. Et ça vaut pour toi aussi hein. Je pose mon nom pour être en tête de la liste des nounous 


Farida: lol avec Laith le turbulent là? Je pries pour que celui-ci soit plus clément avec nous et tu le prendras 


Parlant du loup, il passe avec son père qui le porte


Belle: alors vous avez fini de tout tuer sur la piste les hommes? Je demande amusée 


Tao: lol il a plutôt tout tué oui. Il éclatait les ballons et commençait à faire n’importe quoi comme s’il était saoul. Je vais le coucher 


Farida: oh mon amour tu es fatigué? Hum? Elle demande quand il tend les bras vers elle et pleure. Papa va te coucher mon chéri. Je viens te voir tout à l’heure 


Tao: bon allez viens on y va mon grand.


Farida: tu as mangé tao?


Tao: non j’étais occupé à courir derrière les enfants 


Farida: okay je te garde un plat en bas 


Tao: merci chérie. Je le couche et je descends 


Farida et moi restons à papoter un moment encore. Ciara nous rejoint aussi. Elle est exténuée comme toute femme à terme. Tao descend et confirme que le petit lion est hors d’état totalement. Farida se moque de lui et le félicite parce qu’en général elle doit être présente pour que Laith accepte de coopérer sinon quand c’est juste lui et son papa, les deux ne font que s’amuser. Eli vient me prendre Aï quand elle aussi dort. Moi-même je suis épuisée à cause de la nuit mouvementée qu’on a passé mon chéri et moi. Je suis Ciara dans une petite chambre et m’endors à ses côtés pendant que la fête continue à battre son plein. 


Je suis réveillée par des bruits de porte. Ciara pareil. On ouvre en fracas la porte sur nous et c’est Magnim suivi d’Eli et d’autres hommes que je ne connais pas. Ils cherchent dans les coins 


Magnim: les filles vous avez vu laith?


Ciara: laith? Heuh.....non.....


Belle: laith dort dans son berceau hmmm, je dis en me grattant les yeux 


On pousse un cri depuis le bas. Je suis réveillée sur le coup. Je me lève et suis les hommes qui sortent en vitesse. Au salon c’est la cacophonie. Farida sanglote et crie. Je reconnais les mamans de Tao qui entourent notre Ida. Je m’approche et demande paniquée ce qui se passe. Une belle sœur de Tao me dit que laith n’est plus dans son berceau 


Ciara: ah ah comment? On était là quand Farida l’a couché 


Belle: mais oui moi même j’étais là avec Farida et Tao partait le mettre au lit. Farida ma belle....tu étais là non


Elle pleure dans les bras de maman Tao qui la console. Je suis de plus en plus perdue et apeurée. Les heures qui suivent la belle journée qu’on avait débuté finissait en cauchemar. Tao n’était pas là. Apparemment il était sorti avec les hommes de main de son père à la recherche du petit. Nous sommes tous rentrés chez nous parce qu’on devait s’occuper de nos enfants. Le soir là on passait au journal les nouvelles de la disparition de Laith. Les frontières ont été fermé. J’ai compris qu’on avait déjà attaqué les familles Adamou dans le passé donc le chef d’état-major et colonel Adamou n’allait pas lésiner sur les moyens cette fois. 



Magnim Wiyao 



J’ai laissé Ciara avec sa maman et je suis chez les Adamou. On a retracé tout le parcours de la journée une dernière fois mais rien. Mon ami est assis au sol, la tête entre les jambes. Ça fait quatre jours que laith a disparu. Quatre jours sans nouvelle. Farida était si instable qu’on l’a laissé sous supervision à l’hôpital et on essaie de la tranquiliser pour son bien et celui du futur bébé. 


Quatre jours que Tao a fait arrêter la famille Bouraima au complet. Du père jusqu’au dernier parce qu’il dit être sûr que c’est de leur faute. Notre contrat avec M Wanké est à l’eau et ce dernier menace de représailles si on ne libère pas sa femme. On a du réouvrir les frontières après deux jours. Même si le décret a été approuvé par ses contacts le chef d’état-major n’est pas le président de la république. Je rejoue une dernière fois la scène pour vérifier si un bout nous a échappé. Laith jouait avec nous. Il courrait et tombait des fois comme les autres enfants. À un moment il est devenu grincheux et tao a dit qu’il n’avait pas beaucoup dormi la veille donc c’était le moment pour lui de faire la sieste. ils sont montés et environ une heure après Tao est revenu seul. Nous sommes restés ensemble à papoter avec les invités vu que les filles étaient parties se coucher sauf Farida. Hormis les invités, les seuls étrangers présents faisaient partie du service de traiteur et nettoyage engagé par Farida. De ce côté ils continuent d’éplucher pour voir si quelqu’un n’a pas commis le kidnapping. Quoique je ne comprends pas comment c’est possible. Il n’y a qu’une entrée dans cette maison. comment quelqu’un pourrait sortir avec un enfant aussi robuste que laith sans qu’on le remarque? C’est vrai qu’il y’a eu rotation du personnel vu la taille de la fête. Mais je ne saisis pas. J’ai pensé au mystique mais je pries excessivement que ça ne soit pas le cas. Je ferme les yeux et j’ai

l’impression d’entendre le rire de mon neveu. Mon téléphone sonne. Je m’excuse auprès de Tao qui ne dit rien puis je sors décrocher 


Ameyo: fais vite ooo Magnim. Le travail a commencé 


Magnim: Hoooo déjà? C’est pas la date encore pourtant!


Ameyo: tchip on te parle de travail tu me dis date. Je vous avais dit que son ventre était déjà descendu. 


J’entends ma femme geindre fort à côté de ma belle-mère. Je reviens et m’excuse auprès de Tao en lui expliquant que je dois aller rejoindre Ciara qui est en travail. Il ne répond pas. Je sais pas quoi faire. J’ai l’impression de le laisser tomber. J’informe

les militaires qui font la garde 24/24 dans la maison et j’appelle Belle quand je m’en vais pour l’informer. Elle me confirme en message plus tard qu’Eli descendra chez les Adamou pour tenir compagnie à Tao le temps que je revienne. Ses parents aussi lui tiennent compagnie mais ce n’est jamais assez dans ce genre de conditions. 


J’arrive à l’hôpital Li. Celui où Hana travaille. Je suis seul dans le couloir. Auxanges que j’avais prévenu avant de venir me rejoint avec Romelio. Au final le travail dure tellement que Romelio s’endort. Auxanges aussi refuse de s’en aller. Finalement la porte s’ouvre. Hana sort et baisse son masque avant de me montrer son grand sourire 


Hana: une fille bien robuste Magnim. Tu as une fille bien robuste. Elle dit en versant des larmes 


Je ne sais même pas quoi dire. Je vois qu’on transfère Ciara pour aller la mettre dans une chambre de repos. Je vois au passage aussi maman Ameyo qui me félicite avec des larmes. On me permet enfin de les voir quand elles sont toutes les deux en chambre de repos. J’entre, je vois ma fille dans sa grenouillère jaune canari, contre ma femme, sa mère. Je m’assois sur le lit et je commence à pleurer en pensant à laith. Je veux me retenir mais je n’y arrive pas. Mon cerveau se joue plein de scénarios affreux. Je revois son sourire et sa joie de vivre. Je le vois porté partout par Tao dont je me moquais en l’appelant le taxi personnel de M Laith tellement il ne voulait pas laisser son fils marcher. Je revois Farida qui regarde son bébé avec amour et je passe la main sur ma tête, désespéré.  Je vois Ciara et elle aussi pleure. Rien que dans son regard je sais qu’elle ressent la même chose. 


Ameyo: du courage tous les deux. Ce n’est pas fini tant qu’on vit. On le retrouvera! Elle nous dit confiante tout en câlinant nos têtes comme une maman fait avec ses enfants 


Je me ressaisis et prend ma fille que Ciara me tend. Je me mets aux côtés de ma femme avec le bébé contre moi. J’embrasse la tempe de Ciara avant de lui faire la demande 


Magnim: on peut changer de nom? 


Ciara: tu n’aimes plus yenam? 


Magnim: j’ai besoin d’espoir. On a besoin d’espoir Ciara 


Ciara: je suis d’accord. Tout ce que tu veux 


Magnim: Hope Elom Macy 


Ciara: Hope. S’il te plaît apporte nous l’espoir pour ton cousin Laith. Elle dit en prenant sa petite main pour la porter à sa bouche 


Romelio se réveille et voit enfin sa sœur. Il est le seul qui saute et danse de joie parmi nous. Il est le seul qui nous réconforte. Parce qu’on leur a dit à lui, Elikem et les autres enfants qu’on cherche Laith qui est parti en vacances. 

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