5/ Mwanamke wa Saba
Ecrit par Shayanna225
5/ Mwanamke wa Saba
Palais du chef Hassan
Hassan SULTAN
Je suis troublé ! Pour un chef, c'est extraordinaire de me voir troublé de cette manière. Je n'arrive même pas à m'asseoir comme il faut sur mon trône. Mes femmes sont pourtant calmes et attendent l'arrivée de leur coépouse. Mais, moi, mes pieds tremblent et mon cœur bat comme celui d'un jeune. Je suis entouré de forêt et pourtant je n'ai jamais su qu'une femme y vivait. Évidemment, le génie qui hantait cette forêt était connu mais nous étions tous ignorant sur le fait que depuis peu, une femme partageait son royaume. Est-ce une autre déesse sortie tout droit des eaux ou une femme quelconque sur qui le génie est tombé sous le charme.
En tant qu'homme je le comprends amplement. Et c'est pourquoi je n'ai pas eu de mal à mettre un nom sur mon obsession d'elle après son passage. Une femme qui fait tomber un génie, peut mettre le monde en guerre. C'est triste de le dire mais si je ne partage pas la couche de cette femme ce soir, je risque de me sentir moins homme. Cette femme a ravivé toute la braise en moi. Tout ce que je désire c'est de la posséder. Je pourrai même lui vendre le royaume en entier au prix seulement qu'elle accepte d'être mon épouse. Dans le cas où elle serait réfractaire, je m'imposerai cette nuit. Mes fils prennent place en attendant la cavalerie arrivée. Houssein mon premier fils est aux premières loges. Vêtu de son vêtement traditionnel, il projette un regard douteux sur mes guerriers qui emplissent le palais avec sur leurs épaules la femme du génie. Elle est ligotée et enroulé dans des filets comme une captive. Je pense que s'ils ont procédé de cette façon, c'est parce qu'elle s'est montrée teigneuse. Elle est repliée sur elle. Je leur donne l'ordre de la poser sur le sol. Mes femmes assises ont déjà des mines qui se renfrognent au fur et à mesure que les gardes coupent les cordes. Sa peau est éclatante. Ses yeux virent d'un endroit à un autre sans se poser sur moi. Les cordes coupées, ils retirent le filet d'un bond. Elle se replie de nouveau sur elle. Pris de spammes, je me lève pour la contempler. Les yeux de mon fils ne la quittent plus d'une semelle. J'ai l'impression de le voir pâlir. J'ai l'impression qu'il tremble au même titre que moi devant tant de beauté. Vêtue de presque rien, elle se lève. Ses cheveux traînent sur son dos. Son corps est couvert d'un vêtement traditionnel. Et ses yeux brillent comme les étoiles. Houssein projette le regard ailleurs et sans ma permission quitte le palais. Saya affiche un sourire. Ça ne présage que du mal.
Chef Hassan : Comment te nommes tu ?
Elle reste silencieuse.
Chef Hassan : (m'adressant à mes guerriers) Est-elle muette ?
1er: Elle parle !
Chef Hassan : Comment te nommes tu ?
Elle garde le silence.
Chef Hassan : (m'adressant au sorcier) Est-elle humaine ?
Sorcier : Son sang nous le dira !
Le 2e guerrier s'approche d'elle et lui déchire la paume. Elle semble ne rien ressentir. Mais son regard haineux pointe sur moi. Le guerrier rapporte le sang qu'il a recueilli. Le sorcier le goûte et me reprends.
Sorcier : Humaine à 100%
C'est une nouvelle positive.
Chef Hassan : Et son mari?
3e : Mort !
Chef Hassan : Son corps ?
1e: Nous ne ramenons que le serpent.
Chef Hassan : Pourquoi vous n'avez pas ramené sa tête ?
Zula : La tête de mon mari, Vous m'avez rendu veuve ça ne vous suffit pas ? Laissez Djany reposez en paix.
Chef Hassan : Comment te nommes tu ?
Zula : Zuleyha SELEMANI DJANY!
Chef Hassan : Ne prononce pas le nom de ton mari ici !
Zula : Je suis sa veuve. Son nom me suivra partout.
Est-ce qu'elle sait même à qui elle parle ? Je suis le chef. Elle me défie en me tenant tête. Veut-elle remette en cause mon autorité. Les regards de mes femmes sur moi attendent royalement que je réplique à la hauteur de mon titre. Cependant, je suis comme faible. Impossible de rajouter un mot de travers.
Chef Hassan : Préparez-la pour la noce.
Les femmes dépêchées pour cette mission, la ramènent avec elles. Je reprends place sur mon trône en demandant conseil à mon sorcier. J'ai besoin de dompter cette femme et vite…
Saya SULTAN
"Toquant à la porte de mon fils "
J'ai vu du désir dans ses yeux. J'ai vu son besoin de posséder cette femme. Mais vu que son père est le roi, il ne pourra que l'appeler maman au lendemain de leur nuit de noce.
Saya : Houssein ! C'est maman! Ouvre !
Il m'ouvre.
Houssein : Oui maman!
Saya : La nouvelle épouse de ton père est belle.
Houssein : C'est son épouse !
Saya : Apprête-toi à devenir roi mon fils.
Houssein : Le roi ne passera pas cette nuit ?
Saya : Aussi vrai que je m'appelle Saya, la fille du zulu.
Il serre les lèvres, mais son sourire transparaît.
Saya : Tu vas régner sur ce royaume mon fils. C'est une promesse. Soit prêt !
Après la visite chez mon fils, je passe voir la nouvelle épouse. Les femmes lui donnent son bain. Le bain nuptial. Dans pas moins d'une heure, elle rejoindra le lit du chef. La nuit tombe et je sais que mon forfait est sur le point de s'accomplir.
Saya : Comment elle va ?
1ere femme : Bien !
Saya : Elle n'arrête pas de pleurer pour autant.
2e femme: elle n'a pas encore fais le deuil de son mari.
Saya : C'était un esprit… Comment est-ce possible qu'une femme couche avec un esprit.
Zula : Djany était tout sauf un esprit.
Saya : Tu devrais apprendre à la fermer. Ici on coupe la langue des femmes qui parlent trop.
Elle passe une main sur sa poitrine. Je remarque le tatouage marqué sur ce côté.
Saya : Tu portes même sa marque !
Zula : Je suis sa femme !
Saya : Tu seras la femme d'un autre homme dès ce soir.
Je m'approche d'elle et lui coupe la chaîne avec la pierre taillé de son cou. Je compte le garder comme un trophée. Mais alors que je crois la ranger, il se réinstalle sur son cou.
Zula : Moi et Djany sommes inséparables, indissociables.
Saya : Il est mort !
Zula : Je me permets d'en douter.
Saya : Tu te fais trop confiance !
Zula : Je suis sûre d'une chose, si Djany est encore vivant, vous êtes tous mort.
Un drôle de frisson me parcours.
Saya : Tu seras la femme du chef.
Zula : Je suis la veuve de Djany. J'appartiens à Djany éternellement. Le chef aura posé les mains sur moi qu'il sera mort.
Saya : Qui es-tu ?
Zula : La veuve éternelle de Djany.
Je rebrousse chemin. Il me faut parler à la sorcière. Pourquoi elle était si sûre que le chef mourrait sans talisman ni rien. En pénétrant dans son antre, elle est en transe et sous hypnose. Je reste silencieuse jusqu'à ce qu'elle revienne à elle. Se levant, elle prend son tam-tam et se met à vociférer des paroles fortes.
Mchawi : Le malheur va frapper ce village. Le malheur est dans ce village. La mort va frapper. La mort va frapper. Habitant du village, revêtez-vous de vos vêtements de deuil, un grand malheur va frapper. La mort est à nos trousses.
Elle répète incessamment ses paroles pendant des minutes entières, des longues minutes. Revenant à elle, je l'approche.
Saya : Mchawi qu'est-ce qui se passe ?
Mchawi : Tes vœux ont été exaucés mais ce malheur n'emportera pas que le chef.
Je pense directement à mon fils.
Mchawi: Tous les hommes qui oseront posséder cette femme mourront. Ton fils ne fera pas l'exception.
Saya : Mchawi il n'y a rien que je puisse faire ?
Mchawi : Si ! Empêche ton fils d'accéder au trône.
Elle quitte mon chemin. Je me tiens la poitrine. Je ne peux pas empêcher mon fils d'accéder au trône. Il accédera au trône impérativement. C'est la loi du palais royale. L'aîné hérite de la royauté. Houssein est déjà épris de cette femme. Qu'est-ce que je vais faire ? Il est mon unique…
Zuleyha SELEMANI DJANY
Le bain n'en finit pas. Elle me baigne, m'essuie, imbibe mon corps d'huile, me masse. Toutes ces choses que Djany m'a faites la nuit de nos noces. J'aimerai croire qu'il n'est pas mort mais je sais que je me trompe. Je ne l'entends plus. S'il était encore de ce monde, il m'aurait parlé. Son départ me fait si mal. Si j'avais la faculté de voir l'avenir, je n'aurai jamais commis l'erreur d'aller danser. Les hommes ont toujours été emplis d'orgueil, de méchanceté et de cupidité. Mais je ne savais pas qu'ils pouvaient tuer pour la femme d'autrui. Quand j'y pense, je ne peux m'arrêter de pleurer.
1ere : Ne pleure plus ! Le chef saura te rendre heureuse. Il est bon et généreux.
J'ai envie de la mordre en l'entendant débiter ces paroles. J'ai 18 ans. Ce chef doit être âgé de plus 45 ans que moi. Qu'est-ce que nous avons en commun? Rien du tout. Et en plus, je ne veux être la femme de personne.
2e: Bois un peu d'eau. Tu as l'air faible !
Elle me tend la coupe d'eau. Je les vois se retirer. Je fixe incessamment la coupe en soufflant dessus. Je veux revoir Djany.
Zula : Djany parle-moi s'il te plaît ! Dis quelque chose.
Mon corps fait face au miroir. Des miroirs mystiques entourent ma couchette. Je souffle une fois de plus sur le bol d'eau et l'eau tourbillonne. Elle tourbillonne puis dans le miroir en face apparaît l'esprit de Djany. Je me lève aussitôt. Il m'ordonne de rester où je suis d’un geste de la main.
Zula : Djany !
Djany : Je suis si loin Zuleyha !
Zula : Je suis vraiment veuve ?
Djany : Mon esprit sera avec toi.
Zula : je te veux corps Djany ! J'ai tellement besoin de toi.
Djany : ma veuve ne pleure pas. Ils ne pourront jamais m'arracher à toi.
Un talisman apparaît dans ma main.
Djany : Tu es mon éternel veuve. Si un homme pose la main sur toi ce sera avec ton accord mais sache que tu me blesseras.
Zula : Djany revient s'il te plaît ! Ce monde est tellement méchant !
Djany : n'ai crainte! Un bouclier t'entoure.
Zula : Revient Djany !
Djany : Je suis bien trop loin Zuleyha.
Zula : Ton amour est donc mort le jour de ta mort.
Djany : Non ! Tu sais que l'amour que je te porte est éternel. Zuleyha ma précieuse.
Zula : Si je te suis si précieuse, tu trouveras le moyen de revenir Djany.
Djany : Ne défie pas l'autre monde Zula!
Zula: Si cet homme me touche, je te rejoins dans l'au-delà Djany.
Djany : Non Zuleyha!
Zula : Je vais le faire !
Djany : Non !
Zula : Tu m'as menti Djany ! Tu n'as pas tenu ta promesse. (Lui donnant dos) Tu es comme tous les autres.
Djany : Tu sais que c'est faux !
Zula : Va-t’en ! Disparaît !
Djany : Zuleyha ne commet pas de bêtise.
Je me saisis de la coupe d'eau et lui faisant face, je brise le miroir.
Zula : Je t'ai dit de disparaître esprit menteur…
Mon corps flanche sur le sol. Je me replie afin de comprimer toute la douleur que je porte en moi. Un destin misérable pour une fille rejetée dès sa conception. Je ne veux être la femme de personne d'autre. Désarmée, je me saisis d'un morceau de verre et le pointe contre mon ventre. Je tremble et pleure parce qu'il me parle. Djany me parle. Entendre sa voix me fait du bien mais aussi tellement de mal.
Djany : Ne fais pas ça Zuleyha ma précieuse. Ne fais pas ça car tu n'es pas le seul.
Mes larmes continuent de couler.
Djany : Affronte ! Résiste ! Ce n'est pas le moment de rejoindre cet endroit si froid.
Le morceau de verre tombe.
Djany : Je t'aime Zula ! Je ne te l'ai jamais dit mais je t'aime. Je t'aime plus que tout ma déesse fait de chair et de sang. La seule qui a fait tomber le cœur de Djany.
Il fallait qu'il se retrouve de l'autre côté pour me faire cette déclaration. Si j'avais la possibilité de faire un tour dans l'au-delà, je l’aurais poignardé une 3 e fois. La marque de son nom change de couleur. Elle devient rouge comme la passion.
Djany : Ressaisis-toi ! Tu sais d'où tu viens et qui tu es Zuleyha.
Zula : Zuleyha de Djany ! Je t'aime Djany. Je t'aime même dans l'au-delà.
Djany : Je te sais sincère Zuleyha ! Remonte sur ton lit. Repose-toi ! Il en a besoin.
Zula : Qui?
Les échos de sa voix disparaissent. Un frisson doux comme la soie me parcours. Les morceaux de miroir se rassemblent en un seul morceau. La chambre devient lumineuse et je me retrouve porter sur mon lit. Déposé comme une plume, je l'entends pour la dernière fois.
Djany : Je vis en toi ! Zuleyha je fais partie intégrante de toi. Je vis dans ta tête et ton cœur. Ne m'efface pas.
Un vent doux me caresse le corps. Le sommeil frappe à ma porte. Mon corps s'assoupit. Je perds même la notion du temps. À mon réveil, les femmes sont à mon chevet.
3e : La cérémonie a débuté! Le chef n’attend plus que toi pour la noce.
Je cherche mon talisman des yeux. Croyant l’avoir perdu, je le retrouve accroché à ma hanche comme des perles de rein. Il passe ainsi inaperçu.
2e: Ne faisons pas attendre le chef !
Zula : Je suis prête…