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Ecrit par Benedictaaurellia
Tsévié.
Paul.
A l’aube.
A
tâtons, j’avance ma main pour allumer ma lampe de chevet.
Quand
le mince filet de lumière apparait, je me redresse dans mon lit.
Je
me tourne vers ma gauche et comprends pourquoi j’avais l’impression que quelque
chose n’allait pas.
Sur
notre lit à ma gauche, Ruth est prise de tremblements.
Je
la touche et constate qu’elle a le corps chaud.
Qu’a-t-elle ?
Elle
est toujours endormie. Dois-je la réveiller ou pas ? S’agit-il d’un rêve
ou a-t-elle quelque chose ?
Il vaut mieux ne pas être imprudent.
Je prends mon portable et appelle Stella.
Au bout d’un
moment, elle décroche.
Stella (inquiète) : Paul ? Tout va
bien ?
Moi : Stella, Ruth tremble dans notre lit.
Stella : Elle est inconsciente ?
Moi : Je ne sais pas, elle a l’air de dormir.
Stella : Ne panique pas. Voici ce que tu vas
faire, tu mets une main dans sa bouche pour éviter qu’elle avale sa langue et
s’étouffe.
Moi : Bien. Quoi d’autre ?
Stella : Tiens moi au courant s’il elle se
réveille ou s’il y a autre chose. Je t’envoie une ambulance de suite.
Je suis ses instructions et quelques minutes plus
tard, les tremblements cessent.
Elle se réveille et commence par se plaindre d’avoir chaud.
Je règle la température du climatiseur de la
chambre.
Quelques minutes plus tard, elle me dit qu’elle a
l’impression d’étouffer. Elle semble ressentir
une boule de chaleur dans son corps qui ne cesse d’augmenter de
température. Elle transpire même à grosses gouttes malgré les 18° degrés
qu’affiche le climatiseur et se plaint de maux de ventre.
Mon Dieu
c’est encore quoi ça ?
J’appelle Stella pour l’informer.
Après avoir raccroché avec elle, je me débarbouille
rapidement et aide Ruth à faire de même.
Je l’aide ensuite à s’habiller avant de faire de
même.
L’ambulance ne devrait plus tarder.
Je prie un
moment avec elle pour la remettre entre les mains de Dieu.
Seigneur, ne me l’enlève pas.
Pas maintenant s’il te plait.
Que ferai-je sans elle ?
Elle vient à peine de retrouver notre fils.
Elle pense avoir vu notre fille.
Elle mérite de passer du temps avec eux avant de
s’en aller.
Pitié
mon Dieu. Pitié.
A un moment, quand je lève les yeux vers elle, je la
vois qui se tort toujours de douleur.
J’assiste impuissant à la scène et je me contente de
prier.
Seul Dieu peut tout.
Après un moment qui me semble être une éternité,
j’entends les sirènes de l’ambulance.
Malgré les années, Ruth n’a pas pris du poids. Elle
est restée toujours svelte. C’est sans mal que je la porte dans mes bras et
sors de la maison avec elle. Je la pose sur le lit à l’arrière de l’ambulance
et je prends place à ses côtés sans cesser de prier.
Quand nous arrivons à la clinique, Stella nous y
attend. Elle l’a prend rapidement en charge et disparait avec elle.
Deux heures plus tard, je la vois qui revient vers
moi.
Moi : Comment va-t-elle ?
Stella : Mieux. Les douleurs et la sensation de
chaleur ont disparues comme elles sont arrivées.
Moi : Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
Hier soir tout allait bien. Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si je
ne m’étais pas réveillé à temps.
Stella : Ne pense pas à ça. Nous en saurons
plus dans la journée. Je lui ai fait subir une série de test. On verra ce que
ça va donner.
Mais j’ai peut-être une piste.
Moi : Laquelle ?
Stella : Je pense que cela n’a rien de médical.
Moi : Tu penses que c’est spirituel ?
Stella : Oui ça en a l’air.
Elle décrit des sensations de chaleur, des bouffées
de chaleur. Et elle se plaint de maux de ventre. Tu vois où je veux en
venir ?
J’acquiesce. Mais ne dit rien.
Si Stella a raison, cela voudrait dire que…
Mais si elle se trompe…
Dois-je prendre le risque de me bercer
d’illusions ?
Je préfère ne pas prendre le risque pour ne pas être
déçu.
Moi : Merci Stella. Puis-je la voir ?
Stella : Bien sûr. On l’a installé dans une
chambre. Viens je t’y accompagne.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Quand elle ouvre la porte de la chambre, mon regard
tombe sur ma femme. Elle s’est endormie. Elle a l’air tellement paisible.
Je tire une chaise et vais m’asseoir à côté d’elle.
Stella.
Après
avoir laissé Paul dans la chambre de sa femme, je rejoins mon bureau.
Ce
n’est parfois pas facile de combiner mon métier de médecin avec mon don de
guérison.
Il
m’est arrivé plusieurs fois de guérir mes patients grâce à mon don et non à
l’aide de la médecine.
Comment ?
Me demanderez-vous.
Tout
simplement par la prière.
La
prière peut tout.
Je
ne guéri pas qui je veux. C’est le Seigneur qui agit.
Il
m’est plusieurs fois arrivé de prier pour la guérison d’un malade et celui-ci
fini par mourir.
Est-ce
à dire que le Seigneur n’écoute pas nos prières ?
Non.
Il nous écoute toujours.
Mais,
il est souverain dans ses décisions.
Avec
Ruth, je n’ai pas fait grand-chose.
De
ce que j’ai compris, quelqu’un a déjà commencé le travail en elle. C’est tout
ce que votre sœur Ainara m’a dit. Et en bonne cachotière qu’elle est, elle
n’expliquera rien à personne. Je suppose cependant que c’est pour cela qu’elles
étaient à Accra.
A
Paul, j’aurai pu dire toute la vérité mais je ne l’ai pas fait. Je ne lui ai
dit que la moitié de la vérité. Il finira par comprendre de lui-même.
J’appelle
Ainara.
Elle :
Maman ? Bonjour.
Moi :
Bonjour. Comment vas-tu ?
Elle :
Je rends grâce. Ils sont à la clinique ?
Moi :
Oui. Tu devrais informer Edmund. J’imagine qu’il voudra prendre le premier
avion pour Lomé quand il apprendra que sa mère est hospitalisée.
Elle :
Hm mum, il est déjà à Lomé.
Moi :
Ah bon ? Depuis quand ?
Elle :
Hier soir.
Moi :
Pourquoi ?
Elle :
Il était inquiet pour moi parce qu’il n’arrivait pas à me joindre. En partant à
Accra je n’avais pas pris mon téléphone.
Moi :
Tu joues trop à l’insouciante.
Elle :
Maman je t’en prie j’ai déjà eu droit à un long sermon de sa part. N’en rajoute
pas s’il te plait. Il m’a même dit qu’il ne sait pas s’il veut toujours qu’on
soit ensemble.
Moi :
A ce point ?
Elle :
Oui maman.
Moi :
Ben ça te servira de leçon. On t’a toujours dit de ne pas être insouciante.
Elle :
Maman, j’ai besoin d’aide. Là tu m’enfonces encore plus.
Moi :
Je ne peux rien pour toi ma chère. Assume les conséquences de tes actes. Mais
règle vite le souci.
Elle :
Avec Ruth à l’hôpital, il va m’en vouloir encore plus.
Moi :
Je te conseille de l’informer en même temps. Sa colère finira par passer.
Elle :
Je vais le faire.
Moi :
Bien.
Sur
ce, je raccroche.
Ainara
et son insouciance.
J’ai
parlé fatigué.
Il
n’y a que professionnellement qu’elle n’est pas négligente ou insouciante.
Côté
social, c’est zéro.
Voilà
où ça l’emmène aujourd’hui.
Je
suis contente qu’Edmund lui dise ses quatre vérités.
Ça
va lui permettre d’ouvrir les yeux sur certaines choses.
C’est
ma fille oui mais je ne supporte pas ses bêtises.
Bon, je dois me préparer pour faire la visite des patients qui sont hospitalisés ici avant de recevoir mes patients du jour.