6-

Ecrit par Loraine valérie

 

                                     Chapitre 6 : DURAN BRONE

Résidence BRONE

         Duran venait d’arrêter son réveil à 5H30 comme à son habitude tous les samedis. Il prit le chemin de la douche de sa chambre où il fit proprement sa toilette avant de descendre pour la salle de sport à son sous-sol. Il avait su entretenir son corps de la quarantaine. Que ça file le temps, pensa-t-il. Il aura quarante ans dans un mois et ça fera également huit ans déjà! Il ferma alors les yeux pour se remémorer ce jour qui restera à jamais  le plus sombre de toute sa vie. Ce fut un samedi où le soleil se leva comme à son habitude. La terre avait toujours sa forme ronde. Rien ne présageait un si grand malheur. Après avoir passé la nuit à savourer le corps de sa dulcine LYDIE, ils étaient endormis dans les bras l’un de l’autre et avaient découvert ensemble la lueur du jour comme à leur habitude. Sa vie était paisible et comblée.

Tous les deux étaient Gabonais et s’étaient rencontrés dans l’avion où Lydie était hôtesse et Duran quant à lui effectuait un de ses multiples voyages d’affaire au Ghana. Elle a passé tout son temps à taquiner Duran qu’elle trouvait « trop carré » selon ses mots. A la descente, elle proposa à l’inconnu de prendre un verre puisqu’elle serait seule dans ce pays où elle ne connaissait personne. Face à son insistance Duran n’eut d’autres choix que d’accepter. Une amitié naquit ce soir-là. Contrairement à Duran, elle était pleine de vie, folle avec beaucoup d’humour. Elle aimait faire la fête et pour elle toutes les occasions étaient bonnes pour en organiser. Ils s’étaient échangés leurs contacts et avaient continués par se fréquenter à leur pose respectives.

Très vite, elle réussit à conquérir le cœur du jeune homme. Elle avait transformé son quotidien, il était devenu plus souriant, plus tolérant. Sa vie avait changé. La seule personne contre ce bonheur était sa mère, qui passait son temps à rabaisser la jeune fille à chaque occasion. Lydie ne perdit pas pour autant son humour. Son père lui aurait été fier de le voir à présent épanoui. Les jeunes hommes ont souvent leur super pote à qui ils racontent tout et lui son super pote c’était son père. Il était enfant unique à ses parents et étant homme, il avait vite noué avec son père. Ils étaient proches et c’était sa mort qui l’avait éteint. Décidé il opta de demander Lydie en mariage et sa réponse lorsqu’il avait posé genoux à terre durant son anniversaire avait fait rire tout le monde :

-         Lydie RENOT, tu es une femme exceptionnelle, tu as changé ma vie. Tu y as apporté du soleil et ça je veux qu’il dure toute la vie. Alors fais mon bonheur je t’en prie deviens ma femme

Après quelques minutes, Lydie reprit son souffle puis répondit :

-         Tu pouvais faire une meilleur formulation avec internet de nos jours hein mais je veux bien te supporter Duran BRONE, te donner des enfants beaux et intelligents comme moi. Mes conditions. Tu devras aimer la vie, bien même. On doit tout fêter. La guérison, le jour où je perds le poids de ma première, deuxième, troisième jusqu’à la onzième grossesse, l’année de la mort de mon chien, du chat de nos enfants, à chaque signature de tes contacts.

-         J’accepte mon amour, donc c’est oui ?

-          Si je refuse, qui voudra te prendre même Duran ? vilain comme tu es ? bon passe-moi la bague au doigt maintenant où tu attends le déluge ?

-         Je t’aime ma folle.

-         Je t’aime aussi

-         Tu ne pouvais pas te contenter de dire oui hein Lyly?

-         Je sens que ce sera notre première dispute, il faut noter la date, il va falloir le fêter

-         Tu es spécialement unique Lyly et je t’aime ainsi

-         C’est mieux pour toi

Il l’aimait tellement, à ses pieds, Duran avait déposé son monde. C’était sa reine. Il avait réussi à la convaincre de ne plus travailler, ce qu’elle avait fini par accepter à condition d’avoir son petit commerce. Il lui avait ouvert une boutique où elle vendait collier, vêtements, tout ce qui concerne l’habillement s’y trouvait. Le vendredi précédent sa mort fut l’anniversaire de Duran et comme cadeau, elle avait offert des chaussons à son homme lui annonçant ainsi qu’ils seraient parents. Duran était heureux et comblé. C’était le meilleur cadeau d’anniversaire qu’il pouvait recevoir. Ce dernier prit ainsi la décision qu’elle ne ferait plus d’efforts. Alors ce samedi lorsqu’elle demanda à son mari de le déposer à la boutique ce dernier refusa mais à son retour de la salle de sport, il constata que sa femme n’était plus là et avait laissé un message : «  je suis partie à la boutique Doudou, c’est juste pour l’inventaire. Je ne serai pas long. Passe me chercher à midi. Je t’aime ».

Il était énervé que Lyly ait désobéi à son ordre alors il saisit son téléphone et décide de l’appeler. Ils avaient discutés et comme d’habitude, la voix de sa femme l’avait désarmé de sa colère. Il n’avait pas pu se disputer avec elle. A l’heure convenue, il se mit en route pour aller chercher sa dulcinée mais fut pris dans les bouchons. Il arriva avec quelques minutes de retard pour trouver un attroupement en face de la boutique de sa femme. Le bâtiment était en feu. Malgré ses prières intérieurs et ses cris, les pompiers sortirent de là sa femme calcinée et ses vendeuses méconnaissables. Son monde s’était écroulé ce midi. Bien qu’étant un homme, ses forces l’avaient quitté et il avait pleuré sur le corps inerte de sa femme.

Les ambulanciers avaient conclu un incendie criminel. Les enquêtes menées ont été le coup fatal pour Duran. C’était sa mère, sa propre mère la coupable. Celle-ci jurait à son fils qu’elle ignorait que sa belle-fille serait là et pensait que la boutique serait fermée à midi comme tous les samedis avec personne à l’intérieur. Elle ne voulait bruler que le bâtiment. La boutique était bel et bien fermée mais sa femme et ses vendeuses faisaient l’inventaire à l’intérieur, elle l’ignorait. Sans ciller du regard, Duran n’abandonna sa plainte et demanda à ce que justice soit rendue. Sa mère croupit ainsi dans les prisons de Libreville à l’heure actuelle. Elle en a pris pour 20 ans de prison.

Duran quant à lui avait plié bagage puis atterrit au Togo où il vit actuellement. Son entreprise fut déplacée ici. Il s’est à nouveau éteint, sourit à peine et sans cœur, est devenu plus amer qu’avant. Il ne s’est jamais pardonné d’être arrivé en retard ce jour-là. Ils avaient tant de projets ensemble. Il ne vit plus à présents mais survit en attendant son heure pour rejoindre sa femme et son enfant.

Duran était revenu à la réalité et sentait comme un courant électrique qui parcourait son corps. Sans le savoir, il faisait de speeds en se remémorant ce passé, il ne s’était arrêté à aucun moment et était tout en sueur. Il s’était promis de ne plus jamais verser ne serait-ce qu’une seule larme alors il grinça ses dents faisant sortir ainsi les nerfs sur son front. Il descendit alors de son tapis roulant et se dirigea ainsi vers la douche.

Une fois finie et habillé convenablement, il prit son petit déjeuner fait par Rose sa femme de ménage depuis huit ans maintenant. Il se retira ensuite dans son bureau et composa le numéro de Pamela. C’était la petite sœur de Lydie et elles étaient très proches. Il avait continué par l’entretenir, il déposait chaque mois de l’argent sur un compte qu’il avait créé pour elle mais jamais n’avait osé l’appeler. La ressemblance entre les deux sœurs était très choquante et Duran avait peur de ne pas pouvoir s’en sortir avec la photocopie de sa bienaimée à ses côtés. Mais aujourd’hui, il se sentait prêt. Ils pourraient ensemble parler de Lydie, pensa-t-il. Cela changera de la solitude qui règne dans cette maison. Les yeux fixés sur la photo dans son bureau où il posait avec sa femme, Il composa le numéro sur le relevé bancaire puis attendit qu’elle ne décroche :

-         Allo ?

-         Pamouch à l’appareil ?

-         Ce n’est pas vrai ça ! Doudou ?

-         Comment tu as su que c’était moi ?

-         Il n’y a qu’une femme folle et un mari trop fou de sa femme pour répéter tout ce qu’elle dit  pour m’appeler ainsi. la femme est loin alors misons sur l’homme Doudou !

-         Je vois. Et moi, il n’y avait que des sœurs folles pour me surnommer ainsi

-         Hihihi… alors que deviens tu ? tu m’as vraiment oublié ? les finances sont importantes mais je fais comment si l’envie me vient de parler à un frère ? je dis tout à l’argent ?

-         Désolé Pamouch, je t’appelle d’ailleurs pour me rattraper

-         Ah bon ? dis toujours.

-         Vous avez les résultats du BAC ?

-         Non, ils disent dans trois jours encore

-         Ok. Alors ça te dirait de descendre après les résultats sur le Togo ? j’y suis depuis…

-         Ah donc c’est là que tu te caches ?

-         Je ne me cache pas. Alors tu en dis quoi ?

-         Tu sais bien que je suis orpheline alors personne ne me retiens ici. Je me sens très seule en plus alors c’est oui Doudou

-         Ok, je mets quelle date sur ton billet?

-         Disons dans une semaine

-         Ok ça marche. Alors comment ça s’est passé ?

-         Je te raconte une fois arrivée chez toi là-bas. Nous avons beaucoup de choses à nous dire tu sais bien

-         Tu as raison. Je te laisse, j’ai une urgence

-         Prends le temps de te reposer Doudou, ce sera d’ailleurs mon but là-bas, te ramener un peu à la vie réelle

-         On verra bien. Allez bye Pamouch, prends soin de toi

-         Merci beau.

Le téléphone raccroché, Duran se mit en marche dans son bureau. Il commença alors par réfléchir. L’idée venait de se matérialiser et il ne pouvait annuler son invitation. Sa voix est semblable à… Pff… Il sortit du bureau avec ses clés de voiture, il ne savait pas encore où se rendre mais la promenade c’est déjà ça. Il lui faut juste sortir de ces murs.

 

Pendant ce moment, Alémia était chez elle avec sa sœur dans le jardin. Ella et elle n’avaient pas eu de discussion sérieuse depuis qu’elle était ici. Il le fallait cependant. Sa sœur serait bientôt étudiante et en tant qu’ainée, elle se doit d’être présente, de superviser ses choix et de conseiller sa sœur. Les occupations de la semaine ne lui avait pas permis de le faire et puisqu’elle devrait se rendre au rendez-vous avec KAYENDE dans une heure, c’était le moment :

-         Alors Ella, comment tu le sens ces résultats ?

-         Ne crains point N’SA, c’est dans la poche

-         Je te fais confiance. Alors tu as décidée de faire quoi comme filière ?

-         Télécom et réseau, atteindre le niveau ingénieur minimum

-         Tu ne joues pas avec des petits toi

-         Comment puis-je ? je suis quand même la petite sœur de la dame de fer

-         Je t’ai déjà dit de laisser ce nom dehors avant de rentrer ici

-         C’était juste pour te taquiner N’SA

-         Bien. Alors tu as quoi comme information sur cette filière ?

-         Actuellement, la meilleure institution pour cette branche en Afrique se trouve à Dakar, au Sénégal

-         Et en dehors de l’AFRIQUE ?

-         Je ne veux pas être si loin de vous ?

-         C’est un sacrifice Ella, il en faut toujours dans la vie

-        

-         Je vais y penser mais de ton coté, reconsidère bien les choses. Aujourd’hui tu as l’opportunité, je suis là alors saisis ta chance et mets-toi au meilleur

-         C’est compris N’SA

-         Et vu que le domaine informatique te tiens à cœur, tu ne verras aucun inconvénient à commencer des cours d’informatique ces vacances j’espère ? ce sera toujours mieux que les heures que tu passes devant les séries

-         Pas de problème. J’irai suivre des cours une semaine après les résultats, le temps de souffler un peu

-         Ok. J’y vais, j’ai un rendez-vous d’affaire

-         Eh ben ! un samedi ? je pensais que tu ne serais pas en ville

-         Client capricieux

-         Je vois

Alémia se retira laissant ainsi sa sœur dans le jardin. Elle rentra dans sa chambre et après une douche, s’apprêta pour ce rendez-vous. Avant de partir, elle ouvrit son tiroir puis en sortit du Kinder qu’elle donnerait à Mia. Repensant à la question de la petite à propos du chocolat qu’elle n’offre pas à son père  Mia ajouta deux barres de ces délices, saisit son sac puis se mit en route.

 

A SUIVRE…

Une mère pour MIA