70: Sorry that’s another b, haters still ain’t recover from the other b, mmhmm that’s double b, now that’s a triple b, can’t forget about the other b, heyyyyy
Ecrit par Gioia
***Leah Note***
Je me réveille en sursaut pour la énième fois depuis deux mois, les rêves ne sont pas les mêmes, mais je suis tantôt poursuivie, tantôt on me sert à manger. Or tout bon chrétien sait que manger dans un rêve ne présage rien de bon. Je prie avec ferveur, mais la peur me tient tellement les entrailles que je n’arrive pas à fermer l’œil. Résultat je traîne une sale tête pour me rendre à mon stage. À cause de la fatigue accumulée, je multiplie les erreurs dans mes tâches, quand je ne fais pas la copie d’un mauvais document, c’est que j’envoie un courriel au mauvais destinataire. Et le stress d’être surveillée par mon superviseur m’aiguise davantage les nerfs.
Comme si je n’en avais pas assez sur le dos, voilà Arthur qui vient avec un message me parler d’argent. Comment il me saoule dernièrement lui. Il est rentré depuis quatre mois et ne cesse de m’acculer pour ses euros pourtant il sait que ma situation n’a pas changé. Aujourd’hui par contre c’est la goutte de trop, j’en avais déjà marre donc je me défoule en message sur lui.
Leah : c’est drôle comment tu étais disponible pour moi au début et depuis ton retour du pays, tout ce que mon nom t’évoque c’est la tune. Même plus de salutations, c’est direct, quand est-ce que tu pourras me rembourser ? Je vois que comme tous les garçons tu me montres ton vrai visage maintenant que je ne t’ai pas donné mon corps. La déception est grande, mais Dieu merci il m’a ouvert les yeux à temps. Je te le répète, tu auras ton argent, arrêtes de m’acculer !
Mon téléphone vibre en même pas cinq minutes. Quel genre d’architecte il est pour avoir tout ce temps lui ?
Arthur : c’est toi qui parles de vrai visage ?
Mon cœur rate un battement dès cette phrase, il n’a pas remarqué quelque chose. Non il l’aurait remarqué comment ? On ne se voit même plus depuis son retour il y’a quatre mois de ça. Les fois où je vois Toni, c’est moi qui me rends chez lui. Pour justement éviter de me faire prendre par Macy qui vit dans le même immeuble que moi, ou encore qu’Arthur se sente romantique et décide de faire une visite à l’improviste, je préfère être celle qui me déplace plutôt que Toni. Je vois mal Arthur douter de moi au point de me suivre. Je ne lui ai donné aucune raison, du moins je l’espère, bref lisons le reste du message.
Arthur : le mois précédent tu m’as dit pareil pour l’argent ainsi que celui d’avant. Tu prends qui pour un abruti ?
Leah : tchrrrr non, mais c’est pour quelques petits euros que tu oses insulter mon caractère ? Mais Arthur tu te prends hein. Ce n’est définitivement pas ta faute. Je t’ai en fait donné le droit de me prendre moins cher en me confiant à toi. Le 15, soit dans huit jours tu auras ton argent et plus jamais je ne veux voir tes messages sur mon téléphone !!!
Je lui envoie enragée et le traite de tous les noms d’oiseau pendant qu’une partie de ma cervelle se demande où je vais dénicher l’argent, on parle quand même de 500 euros. Kristina m’a déjà fait un prêt le mois dernier donc c’est mort à son niveau. Macy est parenté à Arthur, il est hors de question que je prenne là pour que les deux s’asseyent par la suite pour salir mon nom. Il ne me reste plus que Toni, même si je ne sais pas comment lui demander. D’ailleurs je n’ai jamais su comment demander, il se fait juste qu’Arthur et moi étions confidents donc c’était facile de lui parler. Je dois juste demander bref, ce n’est pas la fin du monde.
Avant de rentrer chez moi, je m’arrête à la pharmacie pour me chercher des compléments alimentaires et un aide sommeil naturel. La vie a décidé que je devais tomber sur Vitalia, qui avait l’air si malade que j’ai eu froid dans le dos.
-salut toi, ça fait un bail, me dit-elle d’une voix affaiblie
Je n’ai pas le courage. Je m’enfuis oubliant les raisons de ma visite à la pharmacie et saute dans le premier bus. D’une main fébrile, j’appelle en vain Garcelle qui ne répond pas. La disparition soudaine de Vitalia au travail, mes cauchemars dernièrement, tout s’explique. Seigneur pitié je ne veux pas mourir, sauve ta fille !
***Toni Ekim***
Putain c’est pas vrai, Leah est encore chez moi. Je le sais par son gospel qui joue depuis l’intérieur alors que je suis en face de ma porte. Je ne compte plus les fois où elle a débarqué sans me prévenir. Je trouvais ça un peu amusant au début, en plus elle faisait le ménage et la cuisine, mais ça commence à me saouler sincèrement. Je ne vais clairement aller nulle part avec elle. Les derniers mois qui se sont écoulés, je n’ai rien fait sinon la doigter un peu et madame a toujours mal. Je suppose qu’en dépit de mes conseils et du temps Arthur ne s’est pas décidé à la déverrouiller. En plus il se dit que notre boîte vient d’acquérir une autre au Danemark et vu son implication la soumission qu’on a remporté grâce à lui, je ne serais pas étonné qu’on l’y affecte. J’imagine donc qu’il a laissé le cas Leah pour évoluer vers des horizons plus verts et accueillants. Il ne me reste plus qu’à emboiter son pas, l’ironie du conseilleur qui se décide à suivre le conseiller, la vie n’est vraiment rien, nous ne sommes que poussière en fin de compte.
J’ouvre la porte de l’appartement et sans surprise elle se lève du fauteuil. Cependant, elle fonce sur moi, en larmes. Je soupire d’exaspération et lui tapote le dos.
-qu’est-ce qui se passe cette fois ? Le superviseur t’a grondé au stage ?
-to..oni…je ne veux pas mo…ur….irr…, halète-t-elle
Un second soupir silencieux émane de moi. Si tout le monde devait mourir à cause d’un stage on en serait où ?
-laisse moi me prendre une bière et tu me racontes tout
-non ! ne me laisse pas, l’esprit va venir me chicoter, dit-elle en s’accrochant plus fort à mon cou
-mais tu étais seule avant ou pas ? C’est quoi cette histoire ?
-c’est..C’est Garcelle woh…..elle m’a dit de mettre le sel dans…..yeeeeee, sursaute-t-elle, me donnant un coup dans les côtes au passage. Il est là Toni, ne le laisse pas m’emmener
-tu me perces le bras putain Leah ! je lui gueule dessus et tire sa main, mais elle est tellement dans son esprit qu’elle ne me lâche pas
Le bruit qui l’a fait sursauter n’était qu’un de mes anciens classeurs d’école qui est tombé. Je déménage bientôt donc je suis dans de nombreux cartons. Comme je ne peux décoller madame de mon bras, je nous emmène vers le frigo d’où je sors ma bière et la lui colle au front. Elle sursaute encore, mais au moins je ne prends aucun coup.
-explique mieux. Garcelle et le sel comment ?
Elle me raconte l’histoire la plus sordide au monde sur elle et ma sœur. Mais si sordide que j’ai passé la nuit à me retourner les méninges pour comprendre comment des filles qui n’ont même pas la trentaine se livrent à des pratiques pareilles
-donc tu me dis que vous avez empoisonné une fille parce qu’elle voulait piquer le copain de ma sœur ?
-non non non, Garcelle m’a donné, c’est elle qui m’a dit de mettre les cristaux de sel, et je te jure qu’elle m’a dit que c’était pour la protection. J’ai même demandé à ma mère et elle a confirmé que les pasteurs font ça. J’ai mis un petit grain de sel seulement, j’avais trop peur
-s’ils font ça pourquoi les policiers se fatiguent à porter les gilets par balle ? tu es bête ? Tu n’as pas de cervelle ?
-mais les choses de l’esprit…
-voilà que l’esprit est venu te chercher et tu…
Je ne finis pas la phrase qu’elle me saute dessus, visage baigné de larmes, nez coulant de morves et refuse de se détacher
-parddooonnn, je ne savais pas, pardonnn je ne veux pas mourir,
-c’est bon hein, mes oreilles en ont assez. Au lieu de me les plomber, voici ce que tu vas faire si tu ne veux pas mourir. Trouve le numéro de la fille, et on avisera. N’implique plus Garcelle dans l’histoire
-numéro ? Je fais comment ?
-tu me demandes ? Quand on sait empoisonner quelqu’un il faut savoir faire le reste aussi hein petite
-mais tu..tu vas m’aider ? je t’en prie, je n’ai que toi, s’il te plaît, si je meurs, ma pauvre mère woyo
-c’est bon, du silence, je vais t’aider, le numéro en premier
L’aide n’était pas supposée couvrir une nuit entre mes bras, mais elle ne voulait pas me quitter et à un moment mes nerfs étaient épuisés donc nous avons dormi l’un contre l’autre. Elle ne ressemblait à rien le lendemain, mais deux Red bulls ont suffi pour lui donner de l’énergie. J’ai dû accompagner miss la poltronne dans son appartement pour qu’elle s’habille avant de la déposer à son stage. Ouais je suis comme ça, mais je sais être sympa de temps en temps. Je l’ai déjà prouvé d’ailleurs.
La peur c’est un moteur puissant je constate. Celle qui m’a regardé comme un alien quand j’ai suggéré qu’elle obtienne le numéro de la fille, a non seulement dégoté le numéro en question, mais en plus l’adresse de la fille.
-tu n’as pas empoisonné quelqu’un pour tout ceci j’espère
-nooonnn jamais je te jure, je me suis rendue au bistro et j’ai questionné des anciennes copines
-c’est bon relax je rigolais
Dans un autre contexte, sa tête de faon apeuré m’aurait fait marrer, mais bon la situation est sérieuse.
-qu’est-ce que je fais maintenant ?
-maintenant tu vas l’appeler et lui demander un rendez-vous
-kieee noon si je fais ça et quelque chose m’arrive ?
-tu veux que je t’aide ou pas ?
-oui, mais…je ne peux pas la voir seule Toni, en plus je vais lui dire quoi ? ce n’est pas comme si elle était vraiment mon amie
-tu vas lui avouer…
Je ne finis pas la phrase qu’elle secoue énergiquement la tête. De l’énergie je n’en ai pas à revendre donc je laisse son cas et continue à finir mes cartons qu’elle décide de m’aider à faire. C’est au moment de monter au lit que la poupée de Jésus sait attraper mon pied
-Toni notre veillée commence dans une heure
-notre ? C’est quel programme ?
-je t’avais prévenu hier quand on dormait, tu as dit oui
-je rêvais
-mais…la situation est grave et bible exhorte à prier sans cesse dans les problèmes
-la bible n’a pas par hasard interdit de faire du mal aux gens ?
-je…je t’avais expliqué que ta sœur m’a induit en erreur, en plus tu as promis de m’aider et non me juger, tout le monde fait des erreurs, pleurniche-t-elle
-ah bon hein, je t’ai jugé de quoi ? Tu as mis le sel ou pas ?
-je reconnais mon erreur et…
-regarde madame, je ne suis pas prêtre, ce que je sais faire c’est baiser, tu veux ou pas ?
-toi aussi, je ne peux pas pécher sur mon dossier déjà lourd, Dieu n’écoutera pas mes prières
-voilà, mon dossier est probablement le triple du tien, je vais retenir ta prière donc lance-toi seulement, on se voit demain
Elle pense que ses cantiques viendront à bout de mon sommeil, mais c’est mal me connaître, quand je suis épuisé je le suis.
Sa tête ne donne pas envie le lendemain, mais elle jure que la veillée l’a fortifié donc j’y crois avec elle.
-je pense que tu devrais aller voir ta sœur avec le long week-end qui arrive
-non je ne veux pas me retrouver seule
-Leah écoute-moi c’est plus de la peur qu’autre chose que tu ressens. Le fait d’être seule exacerbe ta psychose, de surcroît je vais voyager ce soir pour le travail donc impossible pour moi de te tenir compagnie. Essaie de changer d’air pour voir si ça ne t’aidera pas. Peut-être ta sœur pourra prier avec toi
-certainement pas ! Kristina est une grande rapporteuse et si jamais ça remonte à mes parents, je ne veux même pas imaginer ce qu’ils feront, dit-elle d’une voix effrayée
-bon dans ce cas ne lui dis rien, met tout sur le compte du stress
-c’est que…je n’ai pas d’argent actuellement pour un billet, mon salaire n’est pas encore tombé, en plus Arthur, le gars qui me court après, me harcèle pour que je le rembourse parce que j’ai refusé de coucher avec lui. Je suis vraiment dans la merde Toni, j’ai besoin de toi
-OK, dis-je les dents serrées
Je n’ai même pas goûté en dehors de quelques baisers et caresses. La meuf ne m’a jamais fait la pipe, mais me voilà lui payant un ticket de train pour Lille. Comment je suis tombé, c’est pitoyable. La journée commence déjà sur le mauvais pied et à la pause maman décide de l’aggraver avec ses remarques durant notre appel.
-la fille de tata Mado que tu as négligé s’est mariée cette semaine, j’aurais appris qu’elle attend son enfant. Ray aussi prépare son mariage à l’heure actuelle. Tu en es où avec ta vie Toni ? Ton père ne cesse de dire que ton esprit est éparpillé et je n’ai rien comme remarque contre ça. Tu as trente ans mon garçon. Trente.
-très bien tu sais compter
-je suis sérieuse Toni, ton père avait confiance en toi, surtout dans ce mariage avec la fille de tata Mado, qui t’aimais beaucoup, mais tu l’as déçu
-donc la directrice du département des femmes vertueuses que tu es n’a pas appris à son mari que la bible défend de mettre sa confiance dans l’humain
-Toni, tu m’exaspères franchement, dit-elle à bout
-je fais comment si aucune fille ne m’a convaincu de porter une alliance
-mais qu’est-ce que tu cherches au juste ? j’ai moi-même trié parmi les enfants de mes amis, ton père t’a présenté des gens, toi-même tu fais la cour n’importe comment ? il te manque quoi ? dis-moi aujourd’hui
-ah je ne sais pas hein, quand je l’aurai trouvé je te dirai. En attendant, Garcelle marchait avec qui la dernière fois qu’elle est rentrée ?
-les filles de tata Mado pourquoi ?
-oublie un peu mes histoires de mariage et garde un œil sur Garcelle quand elle rentre s’il te plaît
-qu’est-ce qui se passe avec elle ?
-rien, mais la jeunesse est parfois fougueuse et irresponsable
-écoute toi parler comme un vieux, s’amuse-t-elle
-avec la quantité de promenades que j’ai fait entre les jambes des filles, je me considère comme un ancien
-tu sais très bien que je n’aime pas ta vulgarité
-on ne peut plus rire avec toi. En passant, combien de filles a tata Mado encore ?
-elle n’a plus aucune qui soit célibataire si c’est ce que tu cherches, sinon il y a Brielle la maman des triplés garçons qui vivait à Houston, Tiana qui a fait le lycée avec Garcelle et Rochelle celle dont tu t’es joué
-mince, on n’épouse pas une fille et c’est fini, on nous taxe de tout
-tu savais depuis le début qu’on voulait vous voir finir mariés, mais ça ne t’a pas empêché de la toucher sachant que tu n’allais pas l’honorer, c’est indigne. Le département des vertueuses a failli se briser à cause de ton comportement. Rochelle et sa mère ont trainé notre nom partout
-fallait voir comment Rochelle me suppliait de la…
Elle ne m’a même pas laissé finir hein, pourtant j’allais dire suppliait de lui faire une belle demande en mariage pour clouer le bec à sa sœur Tiana qui était grimpée au stade de chouchou depuis qu’elle s’est fiancée devant le Louvre. Bon Rochelle me suppliait aussi au pieux, mais je suis quand même classe, maman n’a pas besoin de savoir comment je retourne les filles là-bas.
Le soir je suis allé déposer Leah à la gare. Elle m’a informé qu’elle a réussi à écrire à la fille, prétextant qu’elle voulait prendre de ses nouvelles et s’excuser pour la façon dont elle avait détalé en la voyant dernièrement. La fille lui a répondu, mais Leah n’a pas eu le cran de demander le rendez-vous. J’ai noté cette information pour plus tard puis une fois chez moi, confirmé à Garcelle qu’elle et TH pouvaient passer ce week-end. Leur visite était déjà prévue, TH devait monter pour m’aider avec mon déménagement, Garcelle n’était pas prévue, mais je l’ai menacé légèrement de ne rien lui offrir comme cadeau cette année si elle ne venait pas au moins passer le balai pour son frère, après avoir dormi un tas de fois ici.
Ils sont arrivés le samedi à dix heures, Garcelle avec les ongles longs comme ceux des sorcières.
-tu comptes passer le balai avec ça ?
-je lui ai aussi demandé grand, mais elle ne voulait pas écouter
-comment tu me vends comme ça chéri, rigole-t-elle
-je t’ai dit ou pas ?
-laisse, elle croit qu’elle va se défiler, mon évier est rempli d’assiettes
-rhoo Toni je ne peux pas mettre des gants avec mes ongles
-en quoi c’est mon problème ? Finis là et continue dans la chambre pour plier les draps. TH n’enlève pas tes chaussures, nous allons récupérer le camion de déménagement
-toi aussi tu ne pouvais pas faire ça avant notre arrivée ? on ne compte pas passer tout le week-end à travailler hein
-Garcie je suis monté pour ça, lui rappelle TH
-ah non, bébé on va en profiter pour se promener un petit peu aussi
-laisse là dans ses rêves mec, plutôt on part, plutôt on rentrera
Nous la laissons avec ses râles et prenons le métro en direction de l’adresse que Leah m’avait déniché.
-c’est chez un particulier que tu as loué le camion ? me demande TH une fois que nous arrivons devant l’immeuble où vit Vitalia
-c’est plus compliqué que ça, tu comprendras tout à l’heure
-ah ça, j’espère qu’on ne t’a pas arnaqué hein parce que j’aurais pu louer un et venir avec comme je t’avais proposé
-tu comprendras, je lui répète
***Thierry Henry Ndouo***
Je devais comprendre, mais je suis plus perdu que jamais. Une voix féminine a répondu dans l’intercom, une que je n’ai pas entendue depuis des mois. J’ai pris les marches tel un condamné allant à l’abattoir, mon cerveau courant à mille, et rempli de questions qui surgissaient toutes à la fois. Pourtant, elles ne franchissaient pas le seuil de mes lèvres. Tu comprendras, il a dit. Comment Vita connaît Toni ? Pourquoi il s’est présenté comme étant le copain de Leah ? Pourquoi Vita a ouvert, bien qu’elle semblait confuse par cette réponse ? Les deux ont quel lien ?
La porte d’un appartement s’ouvre laissant apparaître une Vita frêle, différente, ainsi qu’une poitrine plus massive que dans mes souvenirs. Qu’on ne m’accuse pas, elle portait un vêtement tellement échancré que mes yeux n’ont pas pu voir ailleurs
-Leah est où ? vous foutez quoi ici les péquenauds ? demande-t-elle incertaine
-je suis là en son nom, pouvons-nous entrer ?
-si vous êtes là pour me faire chier, je jure que…
Des bruits ressemblant à celui des larmes lui arrachent ses mots. Elle nous quitte, laissant la porte ouverte et j’entends clairement, « maman arrive avec le lait bouba, un instant »
Si j’étais perdu avant, je suis abasourdi maintenant. Je cherche des réponses sur le visage de Toni qui a l’ait aussi largué. Ne pouvant attendre davantage, j’entre sans être invité. Dans le salon se tient Vita et dans ses bras un enfant qui tire sur un biberon
-tu…tu…
-on ne t’a pas appris à ôter tes chaussures avant d’entrer chez les gens ou quoi ? me dit-elle tout en me regardant de travers
-Vitalia je te jure que je vais te tordre le cou ! qu’est-ce que tu m’as dit ? m’écriai-je, tremblant de colère
-doucement T…
-ne me touche pas Toni ! je me dégage violemment, cette fille m’a dit que notre enfant était décédé. Pendant des jours j’ai broyé du noir, la culpabilité m’a rongé et elle avait l’enfant ? Tu as un cœur Vita ? Tu es humaine ?
Elle chuchote à l’enfant dans ses bras, m’ignorant royalement alors que j’ai la nette sensation que mon cœur sortira d’un moment à l’autre de ma gorge. C’est Toni qui par ses mots arrive à me calmer les minutes suivantes. Vita ? Elle a fait son rot à l’enfant et s’est mise à commenter ses ongles qui ont poussé, bien qu’elle les lui a coupés récemment
-est-ce qu’on peut parler ? lui demande posément Toni
-faut voir, ce n’est pas moi qui hurlais comme un pingouin tout à l’heure
-j’ai hurlé sans raison peut-être ?
-Thierry arrête toi aussi
-non, mais qu’elle nous répond Toni. Elle est là faisant comme si nous étions invisibles, or c’est elle qui a causé tout ceci. En plus les pingouins n’hurlent pas ! dis-je sèchement
-au moins tu t’es renseigné sur eux, signe que tu te reconnais en tant que pingouin
-jeune fille, s’il te plaît nous venions dans la paix, Leah m’avait dit qu’elle était inquiète parce que tu n’avais pas bonne mine. Quand j’ai compris qu’il s’agissait de toi, je me suis dit qu’emmener Thierry serait une bonne idée, vu qu’il y’a eu cette altercation et histoire de bébé entre vous, mais aucun de nous ne s’attendait à te trouver avec un enfant
Une clé se fait entendre, la porte d’entrée s’ouvre et un homme âgé entre, tout en chantonnant « Lulu, papi est rentré pour jouer avec toi », puis il s’arrête dans ses pas, interloqué par la présence d’inconnus dans son salon
-paï tu as encore acheté des craquelins ? je t’ai dit que les bébés ne prennent rien en dehors du lait quand ils ont deux mois
-je t’ai dit que tu t’inquiètes pour rien, on te donnait des os de poulet à un mois déjà. Bonjour messieurs, tu ne m’as pas dit que tu recevais des amis bobo
-viens t’asseoir, dit-elle au monsieur qui tenait les bras pour prendre le bébé après s’être nettoyé les mains avec une lingette. Le premier péquenaud c’est l’homme qui a fait Bouba. Le deuxième aucune idée, mais je l’ai vu une fois dit-elle en nous désignant l’un après l’autre
-ne m’as-tu pas dit que le papa de Lulu était reparti dans son pays ? s’enquiert le papa. une menteuse, en plus d’impolie
-ouais je ne sais pas ce qu’il me veut en réalité, mais voilà
-tu ne sais pas ? Vitalia tu veux la jouer comme ça ?
-tu n’es plus le pauvre fils d’Henry qui n’a rien à donner ? réplique-t-elle du tac au tac
-j’avais tort, dis-je penaud. La honte est grande, en plus en présence de son père
-bobo on en parlera plus tard. Mes braves, bienvenue dans mon humble demeure
-paï ce ne sont pas des invités, chuchote-t-elle
Dieu merci il y a un adulte sensé dans cette maison pour nous écouter parce que si c’était juste elle, on allait se jeter les choses. Son père la rappelle gentiment à l’ordre et la grande qu’elle est décide de bouder tandis que nous échangeons les civilités avec le père. Du moins Toni. Je suis trop choqué et attiré par le petit être dans la couverture qui tient contre la poitrine du monsieur.
-jeune homme tu es avec nous ?
-je suis Thierry monsieur, TH si vous préférez
-d’accord TH, j’espère que votre venue annonce de bonnes nouvelles. J’aime ma Lucille comme Vitalia, mais un père est toujours mieux qu’un papi.
-Lucille, dis-je ému
-oui, réplique le papi, sa lumière est si éclatante qu’elle a tenu malgré le présage funeste et sombre qui l’attendait
-mais pourquoi tu lui expliques notre histoire Paï ?
-enfin bobo c’est le papa de Lulu
Elle triture le pan de la couverture et me lance un regard qui ne laisse place à aucun doute. Si elle pouvait me cogner, mes boules allaient la sentir
-Vita m’avait dit qu’elle avait perdu le bébé, je…je suis un peu perdu
-vi ? lui dit son père gentiment. Elle soupire et dit OK
-ouvre bien tes ventouses qui te servent d’oreille parce que je ne vais pas me répéter. Alors le jour où je t’ai écrit, Paï avait pris rendez-vous avec mon OB parce que je ne cessais de saigner.
-pendant des mois, commente son père
-pourquoi tu saignais pendant autant de temps ? Tu étais malade ?
-je faisais une fausse couche naturelle. Bon il vaut mieux que je te raconte l’histoire depuis le jour où j’ai découvert la nouvelle. Comme je t’ai dit, mon stérilet s’est déplacé donc mon OB m’avait expliqué que ma grossesse serait délicate. Je me suis rendue à Lomé…
-non avant j’ai arrêté de te parler et tu ne cessais de t’excuser, en plus tu t’es trouvée du travail en très peu de temps, bien que tu poursuivais tes études
-mais Paï à quoi ça sert que je raconte l’histoire si tu comptes m’interrompre régulièrement ?
-je te rappelle les détails importants ma chérie. Il doit comprendre que tu vivais une situation ardue, mais tu ne t’es pas laissée abattre
Le ton fier sur lequel il le dit, et le sourire gêné de Vita, ne mentent pas. Elle est certainement la fille adorée de son père.
-donc j’ai tout ce que Paï trouve important de dire là, puis je suis allée à Lomé en vacances, où j’ai fait ma fausse couche. En résumé je me suis levée un beau matin, pissant du sang sur le lit sans explications. L’amie chez qui j’étais m’a conduit d’urgence à une clinique et le verdict est tombé sans tarder. L’activité cardiaque du fœtus était absente, j’avais le choix d’un curetage ou d’attendre que mon utérus évacue seul le restant du fœtus
J’ai froid dans le dos rien qu’à l’imaginer dans cet état vulnérable. Elle continue son récit.
-j’ai refusé le curetage, trop sonnée, pour réagir, en fait je…je pense que je n’y croyais pas. Donc je rentre et par curiosité je vais directement voir un autre OB qui confirme le verdict du premier et recommande aussi un curetage pour… j’imagine accélérer le processus pour que je souffre moins. Je n’avais pas le courage d’accepter. Pour une raison stupide…
-ce n’est pas stupide bobo, c’est ton instinct de maman qui te poussait à agir, dit son père, ce qui la fait rire
-donc l’instinct pour Paï, le stupide pour moi, je me disais que si mon bébé devait s’en aller, qu’il parte comme il est arrivé, c’est-à-dire de lui-même. Ou peut-être j’avais peur du curetage, je l’ignore. Bref, avançons. Je continue donc ma vie, qui se résume à études, boulot, et ce foutu écoulement de sang se ramène encore sans prévenir. Le pire quand j’étais au boulot. Je rentre donc pour prendre soin de moi et mon amie que j’avais visité à Lomé, m’appelle pour prendre de mes nouvelles. Là je me déverse sans raison sur elle, fais ma bitch version masterclass et craque dans la foulée. Paï vient à ma rescousse ainsi que Mãe ; les deux m’écoutent pleurer ma vie, mais je ne cesse toujours pas de saigner. Du coup Paï qui connaît mon OB, celle qui me suit depuis un moment, me prend rendez-vous.
-je dois littéralement lui promettre un voyage à Disneyland pour la convaincre
-c’était pas nécessaire au récit ça
-mais oui, continue
-donc on se présente chez l’OB, elle me fait l’écho et me dit, « alors il est là ce fœtus » et j’en ai tellement ma claque que je me mets à injurier la terre entière pensant qu’elle parle du restant du fœtus non viable qui refuse de s’écouler. Puis elle me donne un air déconcerté et me dit, ton bébé est….
Son père lui murmure quelque chose en portugais, après qu’elle s’est effondrée sur la fin de son histoire.
-je jure que c’était tellement fou, tellement hors du commun que je l’ai traitée de cinglée, pas vrai que c’était incompréhensible Paï, pleure-t-elle
-oui, dit-il en prenant sa main, donc ce que nous a expliqué son gynécologue, c’est qu’elle attendait des jumeaux et le saignement continu était celui du premier fœtus. Imagine ce qui serait arrivé à Lulu si elle avait accepté les deux curetages qu’on lui a proposés. Deux ! dans deux pays différents. On ne pourra pas me dire que l’instinct maternel n’a pas remporté la victoire sur ce cas parce que même sa gynécologue ne comprenait pas comment, les autres n’ont pas remarqué l’autre sac contenant le deuxième fœtus. Elle entrait dans son sixième mois quand nous avons découvert qu’elle avait encore un enfant en elle. Et jamais elle n’a eu d’infection malgré sa condition. C’est vrai que nous aurions pu compléter un triplé avec le doublé de bébé, vu qu’elle est ma bobo, mais au moins Lucille la lumière éclatante s’est accrochée malgré le mauvais œil qui voulait en finir avec elle, et nous a rejoints il y a deux mois de ça.
Sur cette phrase émouvante, ma fille lève les bras comme pour nous dire qu’elle sait qu’on parle d’elle. Ma fille. Mon enfant, que sa mère dont le visage est baigné de larmes la prend et l’embrasse tendrement partout comme le miracle qu’elle est
-ma mère s’appelle Lucie, dis-je la voix enrouée
-hoo tu vois bobo, je t’avais dit que Lucille était mieux que Veyron
-elle est née un 10, bouba c’est son surnom, booba le mari de sa mère dans mon esprit, c’est évident qu’elle devait s’appeler Veyron
-Lucille, dis-je le menton contracté. C’est son père qu’elle doit remercier, avec sa tête de pois chiche comme Veyron. Quand booba montera sur elle, elle pourra appeler l’enfant Veyron, n’importe quoi
-ne t’inquiète pas bouba, ils ont refusé le prénom futuriste, mais maman t’a au moins donné toute sa beauté parce que crois-moi papa n’est pas agréable sur les yeux
-mais dis donc bobo,
-je suis habitué monsieur, dis-je légèrement agacé
-tu veux la porter ? demande-t-elle, me prenant de court
-euh…je n’ai jamais porté de bébé, je..Je ne vais pas faire n’importe quoi ?
-mais non, dit-elle et se lève avec l’enfant dans sa combinaison dévoilant ses cuisses puis la place dans mes bras
Je m’attendais à sentir le pipi ou peut-être le lait, en tout cas, une odeur qui fouette les narines, pourtant elle sent si délicatement bon, que je ferme, les yeux et j’approche mon visage du sien, espérant ne pas l’effrayer maintenant que sa mère lui a mis en tête que je ne suis pas agréable aux yeux. J’ouvre instinctivement les yeux et tombe sous le charme devant les siens qui m’observent avec attention ainsi que sa petite bouche adorable qui bouge comme si elle voulait me dire des mots.
-c’est moi ton papa Lucille, merci d’avoir combattu si fort pour être parmi nous, je t’aime mon ange
Sa bouche bouge encore, je suis sûr qu’elle répond à mon je t’aime. C’est une évidence, je suis amoureux, elle est si belle
-et si dodue, elle a vraiment juste deux mois ? m’émerveillai-je davantage devant les joues
-tu entends ça demoiselle ? même papa trouve que tu manges trop donc arrête de vider le corps de maman, gazouille-t-elle lulu qui se met à bouger ses mains pour toucher sa mère
-arrête d’accuser mon bébé, ton corps ne serait pas vidé si tu te reposais comme l’a recommandé ton OB après ton traitement contre la mastite, mais non tu ne m’écoutes pas
-tu es malade ? demandai-je inquiet
-quelques infections et complications après l’accouchement, mais rien de grave
Toni prend congé de nous cinq minutes plus tard. Je ne peux pas me détacher de ma fille donc je lui demande de me donner une heure supplémentaire. Il me dit de prendre tout mon temps et l’appeler quand je serais prêt à rentrer à l’appartement.
-alors tu l’aimes toujours ? se moque Vita quelques minutes plus tard alors que nous étions dans sa chambre. Elle changeait la couche de Lulu qui ne s’est pas gênée pour lui chier encore sur la main bien qu’elle soit sur la table
-elle pète fort comme son père, comment je ne vais pas l’aimer, dis-je et fait rire Vita pour la première fois depuis un moment
-tu es sûr que tu n’es pas malade ? je ne t’insulte pas, mais tu n’as pas bonne mine
-je récupère d’une mastite comme Paï l’a dit, ce n’est rien d’alarmant, mais la petite ne fait pas ses nuits de surcroît, aussi mes cours que j’essaie de rattraper donc c’est un peu lourd sur moi, mais ça ira
-qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?
-je sais pas, l’enfant d’Henry n’est plus pauvre ?
-écoute on ne va pas y arriver si tu continues à être immature, on a un enfant donc l’idéal c’est qu’on oublie le passé pour être des bons parents
-lol tu es là depuis cinq secondes et sais déjà comment être parent, bravo
-ce que je veux dire, c’est qu’on a plus important, je sais que tu m’en veux, je le comprends entièrement
-non tu ne comprends pas, tu le dis simplement pour faire joli or ça ne marche pas donc laisse tomber les discours de politicien. Je m’en fous de ce que tu ressens. Si tu veux être papa, concentre-toi sur Lucille au lieu de me dire quoi faire grosse tête va
Je ne réponds rien pour ne pas envenimer la situation, mais dans mon esprit je lui tords le cou. On a idée d’être aussi difficile comme personne ? bref je laisse couler et sors mon portefeuille de ma poche.
-je n’ai que ça sur moi, dis-je en lui remettant cinquante euros, mais je te ferai un transfert dès que je retourne chez moi
-tu auras à manger si on te prend l’argent ? parce que nous on a besoin de rien, dit-elle en me pointant l’armoire pleine de vêtements, couches et tout l’essentiel dont un bébé aurait besoin je suppose. Elle me nargue je le sais et j’ai honte, c’est une évidence. Je n’ai rien fait en tant que père jusqu’à présent, mais hors de question que je continue à occuper la place de passager ici. Je prends sa main et lui flanque l’argent dans la main
-viens mon amour, heureusement ton papa est fort, dis-je en prenant mon bébé, parce que si tu as hérité de la bouche impolie de maman, tu vas avoir besoin de protection rapprochée
-regarde Luuuu, papa a donné à maman de quoi s’acheter du grec pour le mois entier, yes, rigole-t-elle devant la face intéressée de notre fille
J’ai dit quoi ? Une bouche qu’on doit tirer régulièrement.
***Garcelle Ekim***
Toni m’a laissé avec tout ce travail comme si je gagnais quelque chose en faisant son ménage donc j’ai fait le minimum et je suis allée me reposer dans sa chambre. La porte s’ouvre, quelqu’un allume la radio et monte le volume. Comme c’est du RnB, je hèle le nom de mon chéri pour qu’il vienne me faire un câlin, mais c’est mon frère qui entre
-pardon il ne faut pas trop parler sur moi j’étais fatiguée, dis-je en me tournant le côté
Le coup que je reçois dans le dos me fait sursauter du lit et j’atterris au sol.
-mais c’est….
Un deuxième coup de ceinture atterrit sur mon bras et il place un doigt sur sa bouche pour me demander de me taire
-tu vas me dire ceux qui t’ont appris qu’empoisonner les gens c’est une pratique normale
-je ne sais pas de quoi tu parl…
Je ne finis pas la phrase qu’encore une fois, il me claque la ceinture sur l’autre bras et m’empêche de fuir en me retenant
-Thierrrryyyyyy vient me sauver !!!! pleurai-je avec douleur
-ah bon hein, tu veux qu’il vienne et que j’appelle Leah ?
-leleleleleah ? balbutiai-je
-à genoux !
-pardon To…
-j’ai dit à genoux !
Je m’exécute à la vitesse de l’éclair et me confesse tout en implorant son pardon
-ehh Toni je t’en supplie, ne lui dis rien, je te jure, je n’ai empoisonné personne oh. C’est Tiana qui m’a dit que son mari reste droit grâce à un remède là
-tu as déjà donné la vie Garcelle ? Quelqu’un te dit de donner quelque chose à manger à une autre personne et tu le fais sans même te questionner ? tu sais ce qui arrive aux gens qui jouent avec la vie ? Thierry est le seul homme sur terre ?
-c’est la fille là qui voulait gâter mon couple et elle m’a effrayé. Tu étais là non, tu as vu comment elle a sauté sur moi
-Et qu’est-ce qui t’empêchait de porter plainte ? tu vas me dire que je ne te l’ai pas recommandé
-tu sais comment les choses là sont, je voulais qu’elle paie
-idiote, il dit et m’assène deux coups qui me font me tortiller comme un verre sur lequel on a versé du sel. C’est comme ça que vous faites les choses dans le dos des gens, ensuite les parents viennent nous fatiguer que ta sœur ne fait pas d’enfant, ta sœur ne trouve pas de travail, ta sœur souffre d’une maladie incurable. Tu as pensé aux parents ? tu sais dans quel chagrin incommensurable tu les aurais plongés si quelque chose t’était arrivé ?
-je suis désoléééééé, pitié ohhh, pleurai-je à chaudes larmes
-bimberk que je trouve encore dans les bêtises et tu verras pffff
Le sans-cœur ne m’aide même pas à me lever. Il ne vient que me prévenir qu’il va commander de la pizza et que je vienne manger. Je vais tuer Leah si je la trouve. La connasse avait juré que tout resterait entre nous. En plus j’ai retourné les nombreux appels qu’elle m’avait faits, mais elle a juste répondu qu’elle a réglé le problème. Je vais prendre une douche avant que Thierry ne rentre. Il est hors de question qu’il découvre la vérité. Il m’a frappé le chien ; j’ai une marque rouge sur un bras. Que l’eau coule sous les ponts, je trouverai le moyen de lui rendre la pareille au centuple. J’enfile ses vêtements et sors le retrouver.
-pardon Toni, tu as dit que papa et maman ne vont pas entendre hein, je lui rappelle
Il me dévisage, et pousse un long juron avant de continuer à manger sa pizza.
Je cours dans les bras de TH dès qu’il rentre. Il me serre fort et même si je grimace de douleur, j’ai besoin de ça. Les larmes coulent, mais je m’en fous, il me demande si je sais, puis regarde Toni. Craignant que mon frère m’ait vendu avant de venir me frapper en plus, je joue d’abord la carte de l’ignorance. Thierry me susurre qu’on parlera plus tard. Le plus tard m’a paru durer une éternité. Mais lorsqu’il me l’annonce une fois que nous sommes chez nous à Lille, je regrette vraiment tout. J’ai fait tout ça, Touuuuutttt ça pour qu’elle ait quand même son rejeton ?
-je suis désolé, dit-il et je me déchaîne sur lui, en le rouant de coups. Il a tout gâché.
***Toni Ekim***
J’ai attendu de m’installer confortablement dans mon nouvel appartement avant d’appeler le mari de Tiana, un ami, bon bandit qui a une famille ici et sa femme au pays se vante d’avoir un ange. Je le préviens qu’elle verse l’argent dans les poches d’un soi-disant pasteur qui supposément l’aide à tenir ses couilles. Il se lamente qu’il en a marre des histoires de Tiana quand il s’agit des églises. Le reste c’est entre nous gars. Oui je me doutais depuis un moment que le sel de Garcelle n’avait rien causé, mais je lui ai donné la correction par principe. Si tu n’apprends pas par les conseils tu apprendras par le bâton. Ce qu’elle fait de sa relation ne m’intéresse pas. Pareil pour TH, je voulais m’assurer simplement que la fille, Vitalia n’était pas mal en point et vu qu’il est un peu le responsable de l’histoire je l’ai mis face à ses problèmes, pendant que je fuis les miens. J’ai déménagé à Rouen où je commence un nouvel emploi. Personne ne le sait encore. Je verrais quand il faudra l’annoncer. Pour le moment, allons découvrir ce que disent les petites du coin.
***Leah Note***
Pourquoi j’ai la sensation que Toni filtre mes appels ? Je suis rentrée du week-end à Lille depuis une semaine, mais il ne répond pas. Je me suis rendue à son appart aussi, mais son concierge m’a dit qu’il a déjà déménagé. Au bout de douze jours, je ne tenais plus. Arthur revenait avec son harcèlement et Garcelle ne me donnait pas signe de vie donc j’ai trainé mes pieds pour aller supplier chez Macy. Même si elle ne me prête pas l’argent, elle peut au moins le ramener à la raison.
Sauf qu’elle m’ouvre puis l’intéressé se trouve dans son salon, puis sa tête se penche vers celle d’aurore qui est assise sur le bord du fauteuil et il se met à lui rouler une pelle, en ma présence !
-sale crétin, criai-je avant de sauter sur lui. C’est comme ça que tu dis m’aimer ?
-mais tu vas te calmer ma vieille, il ose s’irriter tandis que Macy essaie de nous calmer
-me calmer ? et toi aurore c’est comme ça que tu es mon amie ? j’attendais quoi d’une meuf qui s’habille comme une pute de toute façon ?
-oh, mais tu ne parles pas à Aurore comme ça, dit sèchement Macy
-laisse, y’a qu’une pute pour en reconnaître un autre réplique-t-elle puis devant nous, elle dégrafe son soutif et le met autour d’Arthur avant de lui introduire la langue dans l’oreille et s’en aller
Je me sens si humiliée que je m’en vais sans demander mon reste. Il s’est foutu de ma gueule royalement et pendant ce temps je lui souhaitais quand même de trouver une bonne fille. Une fois chez moi, je m’applique à appeler Toni, hors de question que je dorme sans lui. Il décroche enfin, mais la musique est assourdissante
-tu es où enfin Toni ? ta copine a besoin de toi et on doit te chercher avec la loupe ?
-copine de qui ? crie-t-il
-Toni, je t’attends chez moi, les rêves ont repris !! s’il te plaît
-les rêves te dérangent parce que tu t’étais éloignée de ton sentier de poupée divine pour côtoyer les autres sur les frontières comme nous, reprends ta bible et pries. Tu n’as pas besoin de câlins
-To…
Il a raccroché, il m’a abandonné aussi. Arthur n’aurait jamais fait ça. Il m’écoutait toute la nuit. Peut-être il n’est pas trop tard avec lui.