Alice FOTSO (suite)
Ecrit par Badgalkro
Les jours qui suivent le départ de papa ne sont pas joyeux. Il me manque et à maman aussi ; je l’ai surprise plusieurs fois en train de pleurer sans pour autant me montrer. Après tout que vais-je lui dire pour la calmer ? c’est un peu moi qui fait en sorte que papa s’en aille… comment je vais-je la regarder dans ces moments sans me sentir coupable ?
Je suis d’une famille assez modeste. Papa a perdu son travail ça fait 2 ans et je n’ai jamais su quelle était la raison de son licenciement. Il m’a dit qu’un jour il me racontera. Cependant cela l’a beaucoup affecté. Même si au départ il aidait maman dans son commerce, il a carrément sombré dans l’alcool quelques temps après. Il rentrait un peu plus tard chaque jour. Maman en a bavé avec lui. C’est elle qui s’occupait de toute la merde qu’il laissait derrière lui. Entre vomis et casse dans la maison, elle en a morflé. Bien-sûr elle l’a toujours réprimandé en restant très compréhensive tout de même ; mais je pense que ce qu’il s’est passé avec moi ne lui a pas laissé le choix que de prendre cette décision.
Bref !
Afin que nous puissions joindre les deux bouts, maman vend de la nourriture à l’hôtel de ville, pas très loin de l’immeuble ‘T BELLA’. Son commerce passe bien, d’autant plus qu’il y a beaucoup de fonctionnaires dans la zone. Quand je ne suis pas à l’école ou en train de réviser mes leçons, je l’aide à la cuisine. C’est vrai que c’est épuisant de faire la cuisine chaque jour pour vendre mais elle s’en sort par habitude.
Ça fait un an que papa est parti de la maison. Il m’a souvent appelé pour prendre de mes nouvelles. Aujourd’hui alors que j’entre à la maison après l’école, je suis surprise de le voir attablé en train de manger. Mon cœur s’emballe de joie et je cours me jeter sur lui
Moi : tu es revenu papa
Papa : bonsoir mon bébé
Il me prend dans ses bras et se met à sourire de bonheur ; je fais pareil.
Moi : tu es venu papa
Papa : oui chérie. Je te l’avais promis. Qu'est ce que tu as grandi...
Moi : je suis si contente de te voir papa. T’écouter au téléphone et te voir est si différent.
Il m’informe que maman est allée faire le marché et qu’elle sera de retour sous peu. Je vais me changer et le retrouve à table. On échange tout en mangeant et il me raconte comment il a beaucoup voyagé, enchainant petits boulots après petits boulots : conclusion rien de définitif ; enfin, sur le long terme, quoi. De toutes les façons, je suis heureuse qu’il soit de retour.
Moi : dis, maman et toi avez parlez de ton retour ?
Il soupire
Papa : pas encore bébé. Elle m’a ouvert la porte, m’a servi à manger et est sortie
Moi : je veux que tu restes papa ; stp
Papa : ça ne dépend pas que de moi, mais de ta mère aussi
C’est à cet instant qu’elle franchit le seuil de la porte. Papa se lève et va l’aider avec les sacs qu'il va poser à la cuisine
Maman : merci
Moi : bonsoir m’ma.
Maman : bonsoir chérie. La journée a été ?
Moi : assez bien. J’ai des devoirs. Beaucoup de devoirs.
Ils vont déposer les sacs à la cuisine et reviennent au salon
Maman : tu vas aller faire une sieste, vu que tu as déjà mangé ; le temps pour moi d’apprêter ce qu’il faut à la cuisine et à ton réveil on les fera ensemble.
Je regarde papa
Moi : d’accord ; euh, papa voudrait te parler
Il me fait les gros yeux
Moi : moi … moi je vais aller faire ma sieste
Je me retire de table en emportant mon plat
Moi : excusez-moi
Oui je sais, je veux un tout petit peu forcer les choses. Une bonne fois pour toute. Je me dirige vers ma chambre après être passée à la cuisine déposer mon plat. Je m’allonge remplie d’angoisse. Je ne sais pas ce que mes yeux ou mes oreilles assimileront comme nouvelles à mon réveil ; d’autant plus que je connais assez bien le caractère stricte de ma chère maman. Je ne sais pas comment je fais mais je finis quand même par trouver le sommeil sur les voix au loin de mes parents.
Papa : c’est tout ce que je désire du plus profond de mon cœur. Rentrer à la maison, être auprès de vous, prendre soin de vous comme le chef de famille que je suis.
Il soupire
Papa : je sais que pendant longtemps je t’ai laissé tout gérer toute seule. Je ne peux pas t’expliquer mais j’étais comme jaloux de te voir travailler et moi pas. J’étais dans l’incapacité de faire quoique ce soit mais tu te battais, pour nous, pour la maison ; pour la petite. J’étais jaloux. A force de chercher sans succès je me suis laissé aller à ce vice qui m’a détruit ; qui a détruit ma famille ; et j’ai regretté cette période à la seconde que j’ai posé cet acte … je ne mérite pas ton pardon ; mais j’ai besoin de ta force pour me sentir mieux. J’ai besoin de toi chérie, tu me manques tellement
Il prend ses mains dans les siennes et les caresse
Papa : laisse-moi construire avec toi. Laisse-moi me battre avec toi. Laisse-moi t’aider, même si tu n’en as pas besoin…stp
Maman : Il n’y a pas de concurrence dans le couple Martin. Je ne sais pas comment tu peux avoir le courage de me dire que tu étais jaloux de me voir travailler. Tu as oublié nos vœux ? quand tu vas mal et que je peux faire quelque chose pour aider je le fais… j’ai supporté ce comportement de toi car je te comprenais … mas tu t’es laissé aller quand bien même je te tendais des perches. Et pour couronner le tout, il s’est passé ce qu’il s’est passé avec Alice. Qu’est-ce qui me prouve que tu ne recommenceras plus ?
Papa : mets-moi à l’épreuve
Maman : je l’ai toujours en travers de la gorge
Papa : tu ne m’aimes plus ?
Maman : ça suffit ? l’amour ?
Papa : 1 Corinthiens 13 :4-8.
Elle baisse la tête.
Papa : j’ai besoin de cette seconde chance. Je te promets de faire mon possible pour vous rendre heureuses et fières de moi.
Maman : une seule Martin. Pas deux !
Son visage s’étire d’un large sourire
Papa : la seule et dernière fois.
Il prend son visage en coupe entre ses mains et l’embrasse et elle répond à son baiser.
Quand je me réveille, je suis toute heureuse de constater que papa est toujours là e très complice avec maman. Je prends un moment à les observer et ce tableau m’avait tellement manqué. Ils sont assis sur le fauteuil, entrelacés à se lover comme des adolescents de la télévision. Je fais mon entrée et papa me donne la bonne nouvelle ; je me jette dans leurs bras en un câlin et toutes nos souffrantes s’envolent comme par miracle.