Amitié ?
Ecrit par Aura
Aimer c’est pardonner, pardonner, c’est faire la paix ; je ne sais pas qui l’avait dit mais ce n’était quand même pas réfléchi. J’ai quitté Alex encore une fois. Cette fois, ce n’était point sur le coup de la colère, ou sur le poids de la détresse, encore moins en raison d’un quelconque regret. Je suis partie parce que grand nombre de questions nécessitent des réponses. Les zones d’ombre planent encore sur nous et j’ai besoin de prendre du recul pour mieux appréhender la situation, alors quoi de mieux que de retourner en Afrique du Sud pour revoir la personne qui me comprend mieux que quiconque : Vincent. Ce dernier m’a fait savoir qu’il était libre comme l’air. Ayant longtemps été absorbé par le travail, il voulait souffler un peu. J’avais tellement envie de le revoir qu’il m’a proposé de passer quelques temps à ses côtés. Je n’ai en ce qui me concerne pas hésité une seule seconde. Vincent promettait m’envoyer le billet électronique le même jour c’est-à-dire le même vendredi.
Ne sachant comment l’annoncer à Alex, j’ai donc pensé nous concocter un bon diner. De fil en aiguille, j’ai voulu pousser le bouchon plus loin en organisant une soirée entre amis, question de mettre une belle ambiance avant d’annoncer ce genre de nouvelles. Et puis ce qui devait l’être, s’est changé en diner aux chandelles pour finir dans le lit d’Alex. Je ne nie pas avoir passé le meilleur week-end depuis quelques temps. Alex a su me sortir de la longue jachère dans laquelle j’étais plongée depuis des années. Il a nettoyé toutes les toiles d’araignées qui recouvraient mon antre depuis belle lurette. Mon Dieu que c’était magique. C’était de vrais retrouvailles et en digne mâle dominant qu’il est, il a su me faire vibrer de tous les côtés. J’avais oublié à quel point on était en pleine extase, on devenait maboule. C’était bon, oui tellement bon que j’en ai eu les larmes aux yeux. J’avais l’impression de mieux voir les choses avec des lunettes 3D. Je me suis même posé la question de savoir comment j’ai fait pour m’enfermer dans mon cocon alors que le bonheur était juste en face de moi. Un week-end seulement et nous avons fait l’amour plus de dix fois. C’est énorme je sais, mais ça ne me dérange pas.
J’étais déjà en train de trouver le moyen de m’excuser auprès de Vincent pour mieux me concentrer sur ce que je vivais avec Alex, mettre un terme à nos conflits et reprendre les choses sur un nouveau pied, mais malheureusement mon bonheur n’étant que de courte durée, ma fée marraine me l’a une fois de plus signifié en sonnant la cloche. Le lundi matin, pendant que monsieur était à la douche et moi en train de lui préparer son petit déjeuner, son téléphone s’est mis à sonner. Je l’ai laissé sonner dans le vide jusqu’à ce que je me décide enfin à décrocher, constatant en passant qu’il s’agissait d’un numéro inconnu en provenance de Guinée. Et comme toujours la première bombe m’a été larguée lorsque je découvris qu’il ne s’agissait que de Dana. Quand elle sut aussi qui était son interlocuteur, elle ne s’est pas gênée un seul instant de m’insulter comme il se doit. D’après ses dires, Alex avait déserté du domicile conjugal, il l’avait abandonné avec une grossesse qui était presqu’à terme et que j’avais intérêt à laisser son mari tranquille au risque qu’elle ne déclenche sa colère sur moi. J’avais tellement mal. On aurait cru à un sabre qu’on m’enfonçait en plein cœur. je me suis posée la question de savoir pourquoi les hommes sont aussi malhonnêtes. Mais au final, je me suis dit que la faute me revenait puisque c’est moi qui suis allée vers lui et non le contraire. C’est moi qui l’ai séduit et non lui, alors ça ne servait à rien de m’en prendre à cet énergumène. J’ai effacé le numéro de la liste d’appels et j’ai fait comme si de rien était. Après son départ, j’ai fini par recevoir le mail de Vincent qui stipulait que mon vol était prévu pour le lendemain à 7 heures du matin. C’était tout ce qu’il me fallait pour me sortir de cette situation. Vincent a su me tendre la perche comme d’habitude juste au bon moment. J’ai plié bagages et je suis partie de là pour un hôtel près de l’aéroport.
*************************
Nous venons d’atterrir sur le sol sud-africain. Je ressens une boule au ventre. Contrairement à la dernière fois où Vincent n’arrêtait pas de me déranger, lors de ce voyage au moins, j’ai dormi comme un sac de patates, mais là j’ai le vague à l’âme. Je repense à la scène qui s’y est produite et je peux me dire que j’ai fait du chemin. Je passe les frontières, récupère mon bagage et je me rends vers la sortie où un homme avec la pancarte « Mme LIMANI » m’attend. Je devine que Vincent n’a pas pris la peine de venir me chercher. Je suis le monsieur jusqu’à la voiture (une Prado), m’y engouffre avant qu’il ne démarre en trombe. On aurait cru que le diable était à ses trousses. Je profite de ce moment pour contacter Lucien. Je le tiens au courant de ma position actuelle, car je sais qu’il va relayer l’info à ma mère. A défaut de lui parler, eh ben Lucien nous sert de pont, de canal pour ne pas se faire la gueule. Les minutes qui suivent, le chauffeur arrive enfin à destination. Chaque fois que je vois cette bâtisse, je suis toujours sous le charme. C’est tellement beau. Je sors de la voiture et me dirige vers la maison.
- Madame, monsieur est dans le jardin.
- Ah ok.
Je fais donc demi-tour et je prends le sens opposé. Je longe le petit sentier qui s’y trouve avant d’arriver au jardin. Là, sorti de nulle part, je le vois se pointer devant moi tout d’un coup. Je pousse un cri de frayeur comme jamais.
- ABENDZET !!!!!
- Lol pour une fois tu as peur.
- Mouf ! Qu’est-ce que la sauvagerie t’a fait ?
- Ah oui, tu vas me dire que je suis déjà Georges de la jungle ?
- Disons en mode plus soigné.
Là nous partons tous deux dans un fou rire. Il est vêtu d’un blue-jean et d’un sweet-shirt bleu foncé ainsi que des tennis noirs. Sa touffe de cheveux habituelle a disparu pour faire place à un très beau ras. Il porte des lunettes à présent qui lui vont à ravir, sa barbe a disparu et sa mine est a changé. Par-dessus-tout, il est beau à croquer. Comment est-ce que je fais pour ne pas craquer pour cet homme ? Il faut vraiment être moi pour ne pas succomber au charme de cet homme.
- Tu as fini de me relooker ?
- Pffff ! Tu te crois déjà sur le tapis rouge ou tu te prends pour un mannequin ?
- Hein hein ! Il n’y a que toi pour ne pas voir mon sourire ravageur. Il fait craquer toutes les poulettes.
- Dieu merci que je suis une canne.
- Beurk !
- N’importe quoi.
Nous nous faisons finalement une accolade qui met du temps. Il m’a manqué, lui et sa bonne humeur et je crois que c’est réciproque.
- Tu m’as manqué beauté.
- Toi aussi vilain coq !
- Merci pour le compliment.
- Je t’en prie.
- Tu as fait un bon voyage ?
- Bien mieux que la dernière fois qu’un énergumène m’a dérangé totalement.
- Mouf ! Un peu de respect petite !
- Je suis plus grande que toi hein attention.
- Yeuch ! A peine arrivée, tu cherches déjà la bagarre ?
- C’est toi qui en est la cause.
- C’est ça ! Trouves toujours des excuses.
- Mdr.
- Allez viens. Je suppose que tu es claquée.
- Je ne t’en parle pas. J’ai faim, soif, sommeil et surtout j’ai besoin d’un bon bain.
- D’accord. Viens rentrons à l’intérieur. Tu vas me raconter toutes les bêtises que tu as faites en long et en large après que tu te sois goinfrée comme une ogresse.
- Continues avec les provocations et tu vas te retrouver à Durban dans une seconde.
- Ah oui ? Quoi tu as encore inventé un tour de magie ?
- Merci de te moquer.
- Non, je ne me moque jamais de toi. Croix de bois, croix de fer.
- Pfff ! Et tu attends que je te crois ? Tu as tiré à terre.
- Hum, je dois refaire ton éducation. Tu me nargues déjà trop. Je dois préparer mes tactiques sinon tu vas me mettre à plat.
- Mdr !
Vincent et moi c’est la folie à l’état pur et j’adore ça. On passe le plus clair de notre temps à se taquiner de la sorte et ça peut durer des heures. Je me souviens que Safiya croyait qu’on se disputait, et elle passait son temps à nous réconcilier. Quand elle avait fini par comprendre que c’était notre façon à nous de s’apprécier, elle a lâché prise, au point de dire qu’on la prenait pour le dindon de la farce. Finalement, lorsque nos « disputes conjugales » comme elle les appelait, commençaient, elle disait tout simplement qu’on sortait de la planète Mercure, ensuite elle s’en allait nous laissant dans notre interminable palabre. En parlant d’elle, elle me manque et je n’ai toujours pas de ses nouvelles. Je prends la peine de lui laisser des messages sur les réseaux sociaux mais rien, aucune réponse. Je comprends son silence. J’ai merdé et je dois trouver le moyen de me racheter à ses yeux.
Je suis chez Vincent depuis pratiquement une semaine. On s’amuse bien, on se parle comme d’habitude. On prend la peine de faire beaucoup d’activités ensemble, aller pêcher par exemple, comme aujourd’hui. Vincent m’y emmène au milieu de la journée. Le temps est frais et propice pour ce genre d’activités. Nous emmenons l’arsenal qu’il nous faut, puis arrivons, au lac une heure plus tard. Vincent installe le matériel et lance sa ligne. Je suis assise à ses côtés juste pour l’assister.
- Tu ne t’ennuies pas ?
- Non ! Au contraire ça me détend énormément.
- C’est la deuxième fois que tu m’y emmènes et je ne trouve pas ce qu’il y a d’extra.
- C’est normal ! Tu aimes trop les magazines de mode.
- Et ? Où est le mal ?
- Rien. Je dis juste que de la même manière que tu te retrouves bête comme un chien regardant la télé quand tu regardes ces magazines bidons, c’est de la même manière que je me sens fasciné par toute cette nature.
- Donc tu es bête !
- Mais….Toi vraiment je dois prendre la chicotte.
- Tu as cherché, tu as trouvé.
- Je vais finir par t’attacher les fils pour que tu me respecte un peu.
- J’aimerai bien voir ça.
- Bon parlons sérieusement Arielle.
- Hum je sens que ce n’est plus de l’amusement.
- En effet.
- Je t’écoute.
- Il y a deux mois, j’ai reçu des coups de fil de Safiya. Elle m’a parlé du fait que tu te droguais.
- Sérieusement Vincent ?
- Laisses-moi poursuivre stp.
- Ok
- Elle m’a dit qu’elle avait trouvé des substances hallucinogènes dans tes effets et que ces herbes sont en partie des drogues. Elle m’a dit que tu en consommais et que vous avez fini par vous séparer toutes les deux à cause de ce problème.
- Elle m’a viré de chez elle pour être plus précis.
- Oui elle m’en a parlé aussi. Safiya m’a parlé de l’épisode avec ton ex, comme quoi qu’elle t’avait confié à lui pour qu’il veille sur toi, car tu ne semblais plus l’écouter. Je ne pouvais pas t’avoir près de moi en ce moment-là, j’étais en voyage en Belgique pour les affaires, alors j’ai accepté sa proposition. Pendant que tu étais avec ton ex, nous avons élucidé un plan pour t’aider à te sortir de là. Tu as vécu pas mal de choses et avec ce que tu as pris il te faut nécessairement te reconstruire, mais d’abord te refaire une santé.
- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis Vincent ?
- Arielle, je t’ai surpris en train de prendre ces saletés la dernière fois. Et ce n’est pas l’unique fois depuis que tu es ici. La femme de ménage également a retrouvé les flacons à deux reprises lorsqu’elle nettoyait ta chambre et m’a interpellé là-dessus. Je suis navré de te le dire mais tu as besoin de te faire aider.
- Non Vincent. Regardes-moi, je suis en parfaite santé.
- Tu te trompes ma puce. Tu es méconnaissable. Et j’ai hyper mal pour toi je te jure. Quand tu es arrivé la dernière fois, j’ai eu du mal à te reconnaitre, tellement tu as changé. Tu crois être en santé mais tu te trompes, tu es en train de sombrer chérie.
- Vincent stp. Ne m’aimes-tu pas ?
- C’est parce que je t’aime que je fais cela pour toi. Je ne veux pas que tu perdes la vie à cause de ça. Tu sais à quel point je t’aime, même si ce n’est pas réciproque, mais je ne veux en aucun cas te perdre. Je ne veux pas que tu finisses comme une détraquée.
- Je vois.
- J’ai contacté un centre de désintoxication qui est à Durban pour plus d’infos. Nous allons nous y rendre dès la semaine prochaine pour que tu commences au plus tôt ta thérapie.
- Je vois que tout a été planifié. Ce séjour dont tu parlais que nous passerions ensemble n’était qu’un prétexte. Tu m’as piégé pour venir ici.
- En fait l’idée ne vient pas de moi, mais de Safiya. Elle m’a demandé de te dire que tu ne regagneras son amitié que lorsque tu sortiras de tout cela.
- Merde !!!! Je me suis faite avoir. Moi qui croyais avoir des amis, mais je ne suis entourée que de traitres.
- Je sais ce que tu éprouves en ce moment. Je sais que tu as mal et que tu veux à tout prix te sentir mieux. Mais le moyen que tu utilises n’est pas adéquat. Tout ce que tu vis ou fais traduit ton instabilité actuelle. Tu as besoin de cette thérapie pour te sentir mieux. Et non, nous ne sommes pas tes ennemis, nous sommes là pour ton bien être, afin que tu redeviennes la designer que j’appréciais tant à Azurik, je veux que tu redeviennes la Arielle battante, forte, courageuse, intelligente et surtout à la beauté envoutante. C’est cette femme dont je suis tombé follement amoureux que je veux revoir et non celle qui est devant moi, celle que tu es aujourd’hui. Celle que tu es à présent m’effraies et me remet en question. Stp beauté, penses-y. Nous étions obligés de te contraindre un peu, mais c’est pour ton propre bien.
- Ok.
- Nous allons faire comme si de rien était jusqu’à dimanche. Lundi, nous partons pour Durban afin que tu commences ton traitement. Encore une chose, sois plus responsable cette fois-ci. Je sais que l’envie de prendre tes jambes à ton cou te tente, mais pense à ce que tu as à y gagner avec cette thérapie.
- D’accord.
- Oh mince, je crois que ça a mordu fait-il.
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Je crois qu’un poisson a mordu à l’hameçon. Viens m’aider à le tirer.
- Ah oui ?
- OUIIIIIII !!!!! Grouilllle
- J’arrive !