And so remember!

Ecrit par Iriselom

Chap 48: And so remember!

Nous arrivons à Agbodrafo, quarante-cinq minutes plus tard.

Nous descendons à l'hôtel Le Lac Paradis, le temps d'installer tout le monde, il est presque 12:30. Toutes les chambres donnaient directement sur la plage.
Nous passons directement au restaurant qui est très cosy, je dois dire.

En entrée,  salade d'ananas, céleri et gambas puis du pinon (pâte de gari ( semoule de manioc)) avec langoustes.

Je me suis régalé comme pas possible, je dois demander à Magnim de me faire ça. Je prends note sur mon téléphone d'ailleurs. C'est un plat dont j'avais oublié jusqu'à l'existence.

Pour le dessert, il y avait juste du sorbet au citron et deha (vin de palme). Ces vacances promettent!

La reine était dans son domaine en train de superviser les choses. Fallait voir comme elle jubilait. Je ne sais même pas si elle a mangé.

Dans le programme, il y a écrit que nous avons une heure trente pour nous rafraîchir après le déjeuner. Nous devons aller visiter la maison des esclaves.

J'étais en train de m'éclipser dans notre chambre à Léon et moi quand je me fis intercepté par Aoleon.

Magnim: Tu me donnerais un coup de main pour la visite des enfants?

Moi: Euh oui. D'accord. À 16h pas vrai?

Magnim: Exact chouchou.

Moi: Tu te trouves bien avec la voiture?

Magnim: Oui très bien. Encore une fois merci mon amour!

Moi: Tu fais quoi là? Et si on allait se reposer ensemble? Tu m'as parlé d'une chambre.

Magnim: Là maintenant je suis un peu occupée.

Moi l'entraînant vers je ne sais où: On n'a pas besoin de beaucoup de temps.

Au finish, nous n'avons pas dormi. Petite douche et hop.

Moi qui m'attendais à trouver tout le monde, Il n'y avait que les enfants de 0-18 ans. Les Tania étaient assez remontés, ils auraient aimé assisté plus tard avec "les grands".

Il y avait trois guides, j'étais à côté des filles pour pouvoir leur traduire en anglais.

Nous voici devant la Woold Homé (en ewe, Maison Wood): c'est une maison assez simple comme j'en ai vue au Brésil. Construite peu après 1835, par un écossais John Henry Wood qui
opérait illégalement un commerce d'esclaves en dépit de l'abolition de la traite atlantique par l'Angleterre en 1807.

Habitués à la pratique de l’esclavage sur les côtes d’Aného, certains autochtones ne voulaient en effet abandonner ce commerce juteux malgré les injonctions des puissances occidentales et la surveillance des croisières antiesclavagistes dans le Golfe du Bénin*.

Cette maison a paraît il été utilisée pour la traite illégale jusqu'en 1852.

Nous avons d'abord visité les six chambres et le salon où vivaient les négriers puis sommes passés aux caves où étaient détenus les esclaves.

Je n'y retournerai plus, la hauteur n'était pas plus d'1m50 et il y avait une telle humidité.

Aucune lumière, les enfants se sont plus rapprochés de moi. J'avais moi même peur à dire la vérité.

Sortis de ce lieu lugubre, je ne puis retenir un ouf de soulagement.

Je pense aux chaînes, à ces personnes arrachées à leur terre qui ne pouvaient même pas se tenir dans ces caves qui les abritaient pendant des jours.

Une haine inexplicable m'étreint à la vue d'un petit groupe de caucasiens. Est il judicieux de garder ces endroits? Ils m'horripilent et représentent presque une incitation à la haine raciale pour moi.

Churchill disait qu'un peuple qui oublie son passé, se condamne à la revivre. Je ne sais pas si de tels vestiges nous aident à ne pas répéter nos erreurs passées, toujours est il que cet endroit est patrimoine de l'Unesco.

Un des guides nous conduit vers le puits des fétiches ainsi appelé parce qu'il paraît que les esclaves y faisaient leur dernière toilette sur la terre de leurs aïeux et étaient contraints à en faire sept fois le tour pour se "défaire de leurs liens spirituels avec leur terre" et donc éviter les révoltes et ou mutineries.

Nous rentrons à l'hôtel assez secoués, il n'y a que les enfants qui parlent encore.

Vers 18h, les "adultes" s'y sont rendus pendant que nous nous occupions des enfants et sont revenus autant abattus que nous et parlaient de centaines de bougies.

Kossi m'a fait voir les photos.

Le diner a été très léger.
Kossi et AKG m'ont surpris pendant que j'allais furtivement rejoindre Magnim dans la fameuse chambre.

AKG: Tronpa tu vas où à cette heure de la nuit?

Kossi: Krkrkr. Laisse mon père tranquille! Il fait sa ronde pour s'assurer que tout va bien. Pas vrai papa?

Moi: Bonne nuit!

Dans la chambre,

Moi: La petite est où?

Magnim: Avec Astrid.

La fête devrait commencer à 16h; après un brunch copieux au buffet de l'hôtel, j'ai un peu joué avec les enfants. Entre jet ski, pédalos et autres, la matinée est très vite passée.

Nous sommes allés nous préparer et ceux qui venaient de Lomé ont commencé par arriver.

Les copines de Tania se sont approchées de moi pour me saluer, la cousine d'Eli de l'autrefois était encore présente, je ne me souviens plus de son nom.

Il y avait à manger pratiquement toute la journée puis maman a ouvert les danses avec Léon.

Vers 18h, j'étais avec les jumelles, Abi et d'autres enfants entrain de jouer dans le lac.

L'eau n'était pas très profonde.

Akoele voulait aller aux toilettes et vu qu'elle ne savait pas y arriver toute seule, je l'ai accompagnée et l'y ai laissée tout en confiant les enfants à Akoko. Elle a décidé d'aller manger un bout donc est partie dans une direction et moi dans l'autre.

Sur le retour, qui ai je découvert le top relevé en train de se faire embrasser les seins par Blacky: Samantha!

Je ne suis pas arrivé à m'éclipser tranquillement comme j'aurais voulu: Blacky m'a aperçu.

Sans un mot, je suis retourné auprès des enfants.

10 minutes plus tard,

Akoko: Tata Samie!!

Je ne me suis même pas retourné, elle s'est mise à parler avec les enfants.

Samantha: Mattia désolée pour la scène de tout à l'heure.

Moi: Pourquoi donc? Tu es majeure et vaccinée Samantha, l'autre aussi. Si vous vous plaisez, où est le problème?

Samantha: Ce n'est pas ce que tu penses, c'était juste un truc comme ça.

C'est quoi cette histoire?

Moi: Si tu penses que c'est de cette manière que tu trouveras quelqu'un avec qui construire quelque chose de sérieux, c'est bien. Fais juste attention, jusqu'à peu de temps il était persuadé d'être fou amoureux de Magnim; je ne sais pas si l'amour disparaît aussi vite.

Samantha se tournant vers le lac: Moi aussi j'étais persuadée d'être folle amoureuse de toi.

Quelque chose dans sa voix me fit comprendre que ce n'était pas une plaisanterie.

Samantha: J'espère de tout mon coeur que cet amour disparaisse très vite.

Pour la première fois de mon existence, je suis sûr, je restai à court de mot.

Je me sentais comme enfermé dans un cocon et entendais de loin les petites.

Samantha, ma Samie était quand à elle toujours face au lac et semblait attendre quelque chose.

Il fallait juste que j'ouvre la bouche, quelque chose allait forcément en sortir: Samie, viens dans mes bras!

Elle s'y engouffra et nous restâmes enlacés pendant je ne sais combien de temps.

Akoko: Daddy, we want to go back.!

Moi me détachant lentement de Samantha: D'accord.

Akoko: Viens Abi!

Abi: Non.

Elle est venue s'accrocher à mes jambes; Samantha la prenant dans ses bras: Tu as un garde du corps, Krkrkr!

Moi: Tu ne crois pas si bien dire. Pourquoi ne me l'as tu jamais dit?

Samantha détournant le sujet: Il y a beaucoup de choses que je ne t'ai jamais dites. Par exemple le fait que j'ai un tatouage sur la cuisse gauche.

Je lui fus gré de la tournure qu'elle avait donnée à la chose.

Moi: Ah oui? Qu'est ce que c'est? J'ai moi aussi un tatouage.

Samantha: Je n'y crois pas.

J'ai ôté ma chemise et lui ai montré mon dos.

Samantha: Ce n'est pas tout à fait ce que l'on qualifierait de tatouage intelligent.

Moi: Hahaha. J'avais 21 ans, j' adorais la musique rock et surtout Kurt Cobain, le mien ne se voulait pas un geste intelligent.

Samantha: C'est qui ce Kurt Co machin?

Moi: Attends, tu ne connais pas Kurt Cobain?

Je me mis à lui fredonner "In utero" des Nirvana tout en sonnant une guitare imaginaire.

Elle partit dans un de ses fous rires dont elle seule a le secret et Abi silencieuse jusqu'alors ne tarda pas à l'imiter.

Moi: Tout ne tourne pas rond dans ta petite cage Samie, évite de contaminer ma fille!

Samantha: J'ai essayé de t'imaginer avec une guitare électrique à la main en train de chanter du rock. Krkrkr! Quel genre de noir es tu? Krkrkr!!

Moi: Hahaha!

Magnim surgissant de nulle part, vint nous trouver tous les trois en train de rire à gorge déployée.

Elle tendit les bras à Abi et la souleva: Ta mère veut faire une photo avec elle.

Moi: Ok.

Un ange bon plusieurs anges passèrent après leur départ,

Moi: Samie, Tu es l'une des plus belles choses qui me soient arrivées dans ma vie après ma crise, ne l'oublie jamais!

Samantha: Mais tu n'es pas amoureux de moi, je le sais. J'espère que je ne perdrai pas ton amitié après cette déclaration. Parlons d'autre chose: ça a vraiment été courageux de ta part de choisir de tout recommencer à zéro et de continuer à vivre.

Mattia: Tu veux savoir la vérité: je pense n'avoir jamais vécu avant mon burn out. Du moins je ne vivais que pour ma carrière et me rends compte aujourd'hui que ce n'était pas une vie. Et puis c'est pas difficile de recommencer de zéro avec un capital presque illimité, ça doit plutôt être difficile pour qui hélas n'a pas les mêmes moyens.

Appel entrant de Léon

Léon: Photos de famille! Il y a aussi une surprise pour toi.

Clic.

Moi: Allons donner un peu de beauté aux photos Samie!

Samantha: Krkrkr!

La surprise est Roger, mon ami de Seattle et sa famille. Ils sont arrivés, il y a deux jours et ont par pur hasard rencontré Léon en ville.

Après les choses d'usage, Roger et moi nous sommes éclipsés sur la plage.

Roger: De mieux en mieux!

Moi: Et toi donc!

Roger: Je suis fier de toi, Mattia.

Moi: Je pense que tout le mérite revienne au burn out qui a permis à la vie de me donner une deuxième chance. Et puis regarde ce magnifique coucher de soleil, que faut il de plus pour être heureux?

Roger: Il est vrai qu'avant nous ne vivions pas du tout. Je dis nous parce que moi aussi après ton expérience, j'ai drastiquement réduit le temps et l'énergie excessifs que je consacrais au travail.

Moi: Tu m'en parlais, la dernière fois que je suis venu à Seattle.

Roger se tapant le front: Je t'ai ramené un CD des Nirvana. Like Kurt Cobain, right?

Moi: Oh great! "And so remember, it's better to burn out than fade away**"

                    ¥¥¥¥¥¥¥  FIN  ¥¥¥¥¥¥¥

*: Le golfe du Bénin ou baie du Bénin, situé dans la zone subéquatoriale de l'Afrique de l'Ouest, est une partie du golfe de Guinée, à l'ouest du delta du Niger. Il constitue la façade maritime du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria.

**: Phrase extraite de la dernière lettre de Kurt Cobain trouvée sur les lieux de son suicide, le 8 Avril 1994.
Passage précédant les mots: Peace, Love, Empathy.

Better To Burn Out T...