~ AT Chapitre 25 ~

Ecrit par Nobody

02 Juillet


C'était l'anniversaire de Nadia aujourd'hui. Et aujourd'hui coïncidait avec samedi jour d'appel. Elle était heureuse de pouvoir parler avec sa mère et avec un peu de chance, ses frères et son fils ne seraient pas bien loin.


Quand elle était sortie du trou,y'a de cela quatre jours, une gardienne l'avait conduit dans une salle avec en face d'elle une dame au visage très serré.


Elle s'était présentée comme étant son avocat. Nadia n'avait pas passé plus d'un quart d'heure avec elle qu'elle s'était rendue compte qu'elle avait affaire a une version de Marie le Pen. Encore une autre raciste qui ne s'était pas cachée de lui reprocher sa venue en France. Elle lui avait clairement dit : si vous étiez restée chez vous là-bas,rien de tout ça ne serait arrivé.


Ni une ni de deux Nadia avait refusé de se faire défendre par une personne comme ça. Elle avait avancé qu'il y avait conflit d'intérêt et s'était tout simplement retiré dans la cour sous le regard médusé de son avocat.


Deux semaines qu'elle était en prison en attente de son jugement. Deux semaines déjà qu'ils n'ont pas eu de date et qu'ils la laissaient purger des jours qui ne seraient pas enlevé de sa peine. C'était comme si elle passait ses jours ici pour rien étant donné qu'elle n'était pas officiellement condamnée.


Elle avait appris que normalement l'enquêteur aurait pu la laisser en liberté jusqu'au jour de son jugement. Mais faut croire qu'il n'était pas particulièrement enchanté a l'idée de la laisser elle en liberté,va savoir pourquoi !


Elle était assise avec Sarah et les autres détenues de la dernière fois.


Depuis sa sortie du trou elle n'était pas retourné dans son ancienne cellule.


Sofia la gardienne avait réussi a lui changer de cellule et coup de chance l'avait mis dans la même que Inès et d'autres filles cool.


Cependant ce n'est pas parce qu'elle n'était pas retournée là-bas qu'elle n'avait pas eu de problème avec les autres pestes. Ah bien sûr que non !


Pendant la douche ou la promenade quotidienne, elle se faisait agressée. Mais elle serrait les dents et gardait ça pour elle. Elle n'avait pas envie de relancer une nouvelle guerre, elle avait bien vu où l'ancienne les avait mené.


Elle supportait en silence mais les attaques devenaient de plus en plus répétitifs. Elle savait qu'elle ne pourrait continuer comme ça. Sa décision était prise.


Bien que ça lui briserait le coeur de laisser sa grande soeur de coeur Sarah,elle ne pouvait plus tenir.


Alors elle se leva de son banc et marcha vers le bureau de la gardienne en chef nommée Sofia.


Arrivée devant sa porte,elle toqua une fois, deux fois,trois fois sans aucune réponse. Elle essaya d'ouvrir la porte et vit que celle-ci était fermée a clé.


Elle haussa les épaules puis fit demi-tour. Elle s'avança vers la salle où elles pouvaient téléphoner.


A cette heure de la matinée, il n'y avait pas grand nombre. Et c'est tout naturellement qu'elle se dirigea vers un combiné puis lança le numéro de sa mère.


Celle-ci décrocha a la première sonnerie comme si elle attendait son appel.


- Mais toi c'est comment même ? C'est quoi cette sim que tu as prise d'abord même ? Et on ne peut pas t'appeler ni t'envoyer un message je dis y'a quoi ? Moi j'aime pas ça inh. Et toi aussi la tu ne pouvais pas appeler ? Tu as recommencé ? Nadia je dis tu as recommencé ?


Elle la bombardait tellement de question qu'elle ne savait pas où donner la tête.


- Fais une pause mama et respire. C'est bon ? Je te demande pardon, c'est juste que je suis très débordée ces temps ci tu ne peux même pas imaginer inh. Mais bon,je t'ai appelé maintenant


- Donc c'est maintenant tu as mon temps quoi ? Je dois attendre que tu ai mon temps d'abord pour te parler ? Donc quand moi j'aurai envie de te parler la je ne peux pas ? Okay on est la,on verra si la prochaine tu vas m'appeler la je vais décrocher on verra. Et puis d'ailleurs même la moi je te parlais la dernière fois et tu as raccroché ? Je suis déjà devenue ton égale ma fille c'est ça ?


Elle avait la haine en ce moment contre Fabiola puisque c'était elle qui avait raccroché.


- Excuse moi ma petite maman. Est-ce que c'est dans mes habitudes de faire ça ?


- Viens me demander tu as compris,faut venir me demander. Bref ma fille,joyeux anniversaire mon gros bébé. Je prie Allah de te bénir chaque jour, de t'assister et t'accompagner tout au long de ta vie. Puisse-t-il te guider dans le droit chemin' et te faire lumière a chaque fois que des choix s'imposeront a toi. Puisse-t-il t'éloigner du vice et te garder en bonne santé. Je te remercie pour ce que tu as fait pour moi et ce que tu continue de faire,je te remercie pour les sacrifices que tu fais,je te remercie pour avoir accepté de laisser ta propre chair afin de me venir en aide, je...


Sa mère s'interrompit et elle devina qu'elle était en train de pleurer. Sa mère c'était tout ce qu'elle avait sur cette terre ! Son coeur se brisait a l'idée de la savoir en train de pleurer a cause d'elle.


- Voyons ma' ne pleure pas. Et d'ailleurs arrête de me remercier, ce n'est rien a côté de tout ce que tu as et continue de faire pour moi. Amine pour toutes tes prières petite mama, InchAllah je serai ta fierté.


En attendant elle était très loin de faire la fierté de quiconque.


- Amine ma fille Amine. Que Dieu t'entende et qu'il entende toutes mes prières dites a haute voix et celles silencieuses. Je t'aime ma fille. Encore bon anniversaire, de la part de tout le monde même de Kayal et Mohamed.


- Merci a vous tous. Ils sont la ?


- Non ils sont tous sortis, même Samir est chez ta soeur Andi. Toujours elle me vole mon mari,faut lui dire que je vais la taper ici inh.


Nadia rit aux éclats avant de prendre la parole


- Pardonne la ma',elle ne sait pas ce qu'elle fait. Samir il te dérange toujours autant ?


- Eh ne m'en parle même pas inh,il me dérange trop même. J'ai failli le vendre a plusieurs reprises. En tout cas,il ne me dérangera plus pour très longtemps, il va aller déranger quelqu'un d'autre là-bas.


- Ah mama vend pas mon fils inh y'a quoi même ? rétorqua-t-elle en rigolant. En tout cas deh.


- En tout cas rien. Si je veux le vendre je vais le vendre et puis c'est fini inh tu vas faire quoi ? Et plus sérieusement ma fille comment ça se passe là-bas,tu pries régulièrement ou tes patrons t'interdisent ça ? J'ai appris que les français n'aiment pas trop les musulmans


Euh...


- Non t'inquiète ma',je fais ma prière quotidiennement.


C'était faux, archi faux ! Depuis qu'elle avait mis pied en France elle n'avait plus jamais posé front au sol. Elle avait subitement honte d'elle même.


Elle avait laissé le diable prendre possession d'elle et avait délaissé la prière. Alors que sa mère lui avait toujours répété que seule la prière serait son salut dans ce bas monde.


Elle continua de parler avec sa mère puis fut forcer de raccrocher quand la salle se remplissait.


La première des choses qu'elle fit après ça fut d'aller prendre son ablution puis d'improviser une sorte de tapis dans sa cellule. Elle ne savait pas la direction où fallait faire face pour la prière mais se plaça dans la direction' qui lui semblait la plus possible.


Avec son drap elle se confectionna un voile et fit la prière.


Quand son front toucha le sol pour la première fois depuis des semaines, elle se sentit immédiatement apaisée. C'était ce sentiment la dont elle avait besoin durant cette épreuve.


Quand elle eut finit, elle paraissait revivre. Comme si elle n'avait plus aucun souci et qu'elle était encore chez elle a la maison' avec sa mère et son fils.


Mais la réalité s'imposa durement a elle. Elle était en prison et allait bientôt être condamnée.


Elle avait prié pour un miracle mais surtout pour le pardon de son créateur. Tant qu'elle obtenait ce pardon la, le reste lui importait peu.


Elle rangea un peu la cellule et retourna au bureau de Sofia.


Cette fois quand elle tapa, elle eut une réponse.


Elle ouvrit la porte et entra dans la pièce.


- Bonjour,Nadia c'est ça ? Vas-y prend place, reste pas debout comme ça.


Elle hocha la tête puis prit place devant elle.


Elle était intimidée par le regard que dardait Sofia sur elle. Elle baissa la tête puis se tritura les mains mal a l'aise.


- Que puis-je donc faire pour toi Nadia ? encouragea-t-elle


Elle ne savait même pas par où commencer. Elle prit une grande inspiration puis prit la parole en relevant la tête mais toujours en fuyant le regard de la gardienne en chef.


- C'est que depuis mon arrivée dans votre prison je me fais traiter comme un jouet. Dans mon ancienne cellule j'etais avec quatre filles. Dès le premier jour où j'ai été dans la cellule je me suis faite agressée par les quatre en même temps. Elles m'ont fait comprendre que c'était elles qui faisant la loi et moi j'y voyais aucun inconvénient. Mais elles ont vu en moi leur punching-ball et a chaque fois je me faisais tabasser en groupe. Je me taisais et je ne pipais mot. Mais c'était devenu trop au moment où l'une d'elle m'a déchiré le dos juste parce que j'ai pris ma douche avant elle.


Elle s'interrompit puis se tourna dos a elle et leva sa tenue où se trouvait un long pansement.


Sofia émit un petit cri et Nadia se retourna vers elle en soupirant.


- C'est arrivé quand ça ? questionna-t-elle en ouvrant grand les yeux


- Y'a deux semaines environs répondit Nadia


- C'est pas possible fit Sofia en se tapant le front. J'étais en arrêt maladie a ce moment la


- Hum


- Décidément le contrôle de cette prison est en train de m'échapper. Mais vas-y je t'en prie continue


- Madame je ne cherche pas a me faire passer pour la victime mais l'infirmière même vous le confirmera. Quand on m'a conduit a l'infirmerie, la gardienne Alvares m'a administré un violent coup de matraque exactement la où il y avait l'entaille, juste parce que je n'avais pas eu la force d'acquiescer à une phrase qu'elle disait. C'était tellement violent que je me suis évanouie. Et quelques temps après vous nous avez envoyé au trou alors qu'on était les victimes de l'histoire et ça a cause de ce que cette gardienne a dit. Elle était là tout ce temps quand les blanches la me frappait et m'ordonnait de leur lécher le pied mais elle n'était pas du tout intervenu. De..


Elle se fit interrompre par le téléphone fixe qui résonnait.


- Excuse moi Nadia je dois décrocher.


Elle se tut pendant que Sofia répondait au telephone. Quelques minutes plus tard elle la vit fouiller frénétiquement dans ses affaires et faire ressortir un dossier.


Quand elle reposa le combiné sur son socle, elle avait un grand sourire sur ses lèvres.


- Vas-y Nadia continue dit-elle toujours avec le sourire


Cette attitude déstabilisa un peu Nadia mais elle continua son récit


- Malgré que vous m'aviez changé de cellule je continue a me faire agressé soit dans la douche ou lors des promenades, j'ai quelques petites blessures sur les cuisses pour en témoigner.


- Alors que puis-je faire pour toi Nadia?


- Je souhaite être transféré dans une autre prison voilà dit-elle dans un souffle


Elle ne pouvait vraiment plus rester dans cette prison.


- Alors Nadia, ça peut se faire vu les conditions dans lesquelles tu évolues ici.


Nadia eut immédiatement un grand sourire et faillit pousser un ouf de soulagement.


- Mais je ne vais pas autoriser ton transfert dans une autre prison


Son sourire s'effaça lentement de ses lèvres pendant que le désespoir l'accablait.


- Mais..


- Parce que tu sors de prison


Quoi ? Était-ce une blague ? Si c'était le cas elle allait très mal le prendre, elle pouvait jouer sur tout ce qu'elle voulait mais pas sur ça.


- Quoi ? s'écria-t-elle


- Ta plainte a été retiré. Dès aujourd'hui tu sors de prison. Tu es libre Nadia, libre.


Libre...


Libre...


Libre...


Je suis vraiment libre?


Amour et Tourments