~ AT Chapitre 40 ~
Ecrit par Nobody
- Je dois avouer que cette année, nous avons récolté énormément. Et peut-être est-ce grâce a toi ?
Elle releva la tête de la tasse qui fumait devant elle pour fixer Amal qui venait de prendre la parole.
Après qu'il ai fait le rapprochement la nuit dernière, il ne s'était pas épilogué sur le sujet et avait clos le débat.
A présent, elle était attablée avec lui et elle ne cessait de se demander par quel tour de force il avait réussit ça.
Elle fronça les sourcils. Elle avait l'impression qu'il jouait un rôle, qu'il cherchait quelque chose derrière elle sans pour autant être sûre de ce qu'elle avançait.
Sinon pourquoi serait-il revenu l'inviter pour un petit déjeuner?
Cette nuit quand il s'était retiré, elle n'avait pas pu trouver le sommeil. Malgré l'heure tardive elle avait appelé sa mère qui n'avait pas décroché, sûrement en' train de dormir.
Elle avait longtemps hésité avant de composer le numéro de son frère Mohamed. Celui-ci avait décroché a la dernière sonnerie alors qu'elle désespérait qu'il le fasse.
Quand elle avait entendu sa voix elle avait immédiatement fondu en larmes, en faisant attention de ne pas faire de bruits pour ne pas réveiller son fils qui dormait a côté d'elle.
Elle avait tout raconté a Mohamed mais absolument tout. De sa rencontre avec El-Yacine a l'aéroport, en passant par son séjour en prison et son altercation houleuse avec le frère de Shèri. Elle lui avait tout raconté.
Elle lui avait également parlé du retour de Máel et elle l'avait entendu pété un câble derrière le téléphone. Elle avait entendu plusieurs bruits signe qu'il venait de faire tomber des choses.
Elle avait essayé de le calmer alors que cela aurait dû être l'inverse. Après des minutes et des minutes a essayer de le persuader que tout allait bien se passer,il finit par capituler et échangea les rôles. A son tour,il essaya de la calmer.
Elle avait passé presque toute la nuit au téléphone avec son frère. Elle n'avait que peu dormi.
Elle était très contente d'avoir pu se confier a son frère,d'avoir pu se libérer de tout le poids qu'elle avait, de s'être libérer de tous ses secrets et mensonges et d'avoir enfin retrouvé son frère,son grand amour. Elle pouvait tout donner pour lui,tout sacrifier. Elle se demandait même des fois qui elle aimait le plus entre sa mère et son frère. C'est dire qu'elle aimait son frère à mort.
Il l'avait longuement grondé par rapport a ce qu'elle avait fait. Il était déçu de son comportement et le lui avait fait comprendre. Mais il l'avait rassuré qu'il serait toujours là pour elle.
- Euh excuse moi tu disais quoi ? demanda Nadia en revenant a l'instant present
Elle le vit la regarder comme s'il inspectait la moindre parcelle de son corps. Après un bref moment,il prit la parole.
- Je disais juste que les recettes ont été très fructueuses cette année.
- Ah se sont les enfants qui seront heureux alors répondit-elle évasivement
- En effet. Je te sens loin la,qu'est-ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il
Elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle ne savait déjà pas ses intentions vis-à-vis d'elle, qu'elle allait se mettre à lui déballer sa vie. Hors de question !
- Tonton tu peux m'ouvrir ça ? demanda la petite voix de Samir
Nadia lança un regard à son fils et il comprit immédiatement
- Tu peux m'ouvrir ça s'il te plait ? ajouta-t-il en regardant sa mère qui lui fit un gros sourire
Elle était fière de lui et ce à bien des égards ! C'était un gentil petit garçon, très intelligent pour son âge,brillant à l'école et surtout très respectueux.
Elle avait été stricte dans son éducation. Elle était jeune et c'était justement pour ça qu'elle s'était attelé à faire de lui une bonne personne. Elle ne voulait pas que plus tard, des critiques fusent à son égard. Elle ne voulait pas qu'il soit irrespectueux et sans éducation pour qu'après les gens la pointent du doigt. Pour ne pas que les gens disent que c'est parce qu'elle l'a eu trop jeune qu'il est devenu comme ça.
Sa mère aussi avait participé à sa formation. C'était un petit garçon certes, mais il avait déjà beaucoup d'expérience à son compteur. Combien de garçon de quatre ans peuvent prendre la vie avec autant d'optimisme? Malgré la précarité, malgré le fait qu'ils vivaient dernièrement dans un débarras, il ne s'est jamais plaint de rien.
Sa mère quand elle priait pour elle,demandait toujours a Dieu de lui donner des enfants qui auront pitié d'elle. Et elle avait la certitude que Samir était à lui seul, la personnification d'un enfant parfait. Il faisait constamment sa fierté.
Elle vit Amal lui ouvrit le pot de ketchup qu'il n'arrivait pas a ouvrir puis l'étala généreusement sur sa part de pizza avant de faire pareil pour lui même.
- Et pour mama ? demanda-t-il alors qu'Amal lui découpait sa part en petits morceaux afin qu'il puisse manger avec ses petites mains
- Merci chéri mais j'aime pas trop ça rétorqua-t-elle en lui touchant les cheveux. Ah mais tes cheveux deviennent trop beaucoup la, je vais dire a tonton Éric tu iras te coiffer avec ton ami Kevin
- Ah non je ne veux pas couper mes cheveux mama s'il te plait. J'ai vu dans un dessin animé et c'était trop joli
- Tu as vu quoi? demanda Amal
- Bah beaucoup de cheveux dit-il en mangeant
- Je pense qu'il veut dire qu'il a vu des gens avec beaucoup de cheveux. Donc tu veux pas couper ? lui demanda-t-elle
- No répondit-il avec un regard de merlan frit destiné a l'amadouer
- D'accord alors dit-elle en haussant les épaules
Il avait beaucoup de cheveux. Elle constata avec amertume qu'il avait prit ça de son père.
- Samir tu as beaucoup de tonton on dirait. Comment tu fais pour les reconnaître ? questionna Amal
Samir regarda sa mère n'ayant sûrement pas compris ce qu'il voulait dire.
Elle prit une serviette et lui essuya le coin de la bouche tout en lui parlant.
- Tonton veut savoir comment tu sais quel tonton est qui ? Quand tu as vu tes deux tontons au début, comment tu as pu savoir que lui c'est tonton Karim et que l'autre c'est tonton Éric ?
- Ah mais c'est facile répondit-il simplement comme si c'était évident et qu'il trouvait la question bête
Nadia décida de répondre a sa place.
- Tu sais, il avait beaucoup de tontons au Bénin. Beaucoup beaucoup,mes trois frères,les amis de mes trois frères, mes amis et leurs amis, ah non trop de tontons. Donc il est habitué a ça déjà. Et de toutes les façons on se trompe sur la mémoire des enfants, ils retiennent plus qu'on ne le pense. Mais là tu vois toi,étant donné qu'il te voit pour la deuxième fois,hier nuit ne compte pas parce qu'il était endormi, je suis sûre qu'il ne connait pas ton prénom. Mais il t'appelle tonton. C'est simple tous les amis de sa mère sont ces tontons. C'est comme ça dans sa tête.
- Alors je suis ton ami ? lui demanda-t-il
Nadia souffla. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire. Elle globalisait juste la situation.
- Euh bah non,t'es une connaissance on va dire répondit-elle
Il hocha la tête satisfait de sa réponse.
Il porta son verre à la bouche puis prit la parole.
- Tu peux me raconter ton histoire s'il te plait ? Pas en ce qui concerne Samir, même si je ne te cache pas que je suis curieux de savoir ce qui s'est réellement passé entre Máel et toi. Cependant je ne pense pas que tu ai vraiment envie de te livrer sur ce sujet la a un inconnu, que dis-je, a une connaissance. Alors raconte moi ton histoire. Ce qui t'a amené ici,pourquoi t'as fait tout ce que t'as fait. En gros je veux savoir qui est la véritable Nadia. Celle là qui est derrière le mur que tu as construit.
Du côté d'Amal
Il espérait qu'elle prenne la parole et qu'elle résolve les zones d'onde qui étaient encore dans son esprit. Il lui fallait des réponses pour enfin pouvoir passer à autre chose et la rayer de sa liste.
Il s'était retrouvé ce matin devant son immeuble avant même qu'il ne se rende compte de ce qu'il faisait. Mais il était trop tard, il ne pouvait plus faire marche arrière.
Il l'avait trouvé seule chez elle avec Samir. Alors il leur avait proposé sortir prendre le déjeuner dehors. Il la devinait réticente mais son fils était tellement excité a l'idée de sortir qu'elle n'eût pas le coeur de refuser.
Il les avait amené à un fast food et avait passé commande. Mais tout au long, il avait senti Nadia absente. Elle ne faisait même pas attention a son fils. Il voulait savoir ce qui la préoccupait tant mais il se retint de lui poser la question. Cela aurait été déplacé de sa part.
A présent il voulait des réponses. Il était curieux et voulait satisfaire sa curiosité. Après ça,il allait disparaître de sa vie et reprendre le cours de son existence.
- Je vais te dire Amal mais si tu ne me crois pas,sache que je ne ferai absolument rien pour te convaincre. Je suis venue en France afin de trouver un travail et d'aider ma mère qui croule sur les dettes au pays. On lui a déjà tout prit, sa voiture, sa villa et ses quelques économies. Je n'en pouvais plus de la voir soucieuse et renfermée sur elle même a longueur de journée. En plus de ça,Samir et moi étions une charge supplémentaire pour elle même si elle le nie a chaque fois que je le lui dis. Enfin bref, je suis venu ici,j'ai accepté d'abandonner Samir afin de l'aider. Mais tout ne s'est pas passé comme je l'espérais .
Elle prit une pause puis se lança après avoir soufflé.
- A l'aéroport, je me suis trompée de personne. Je te jure que jamais au grand jamais ton frère ne m'avait précisé qu'il attendait la fiancée de son frère. Bien au contraire,il a été très méprisant avec moi. Je m'étais demandé tout au long du trajet comment cet homme avait pu être ami avec mon frère. Et comment mon frère voulait-il que je vive avec lui pendant tout ce temps. Je savais que cela n'allait pas faire long feu
- Je dois avouer que vous avez tous deux, des caractères de merde lança Amal
Elle lui fit son plus beau regard sombre avant de poursuivre.
- Enfin, quand suis arrivée chez vous,j'ai été reçu par ta mère qui s'est montrée à son tour très amère avec moi. Enfin,je ne vais te raconter mon séjour parsemé d'insultes, de coups et de mépris, je crois t'en avoir déjà parlé. Si tu veux tout savoir, je haïssais ta famille et surtout ta mère qui voyait Yacine me faire du mal sans jamais intervenir, elle en était même l'investigatrice. Je haïssais ta famille de toutes mes forces alors quand j'ai reçu des infos de chez moi comme quoi la situation se dégradait de plus en plus pour ma mère, et qu'elle risquait même la prison, je n'ai pas réfléchi un seul' instant. J'ai décidé de retirer l'argent de ton compte et le lui envoyer pour l'aider à avancer rapidement quelque chose pour ne pas en arriver à de telles extrémités. Je voyais que vous viviez dans l'argent alors je me suis dit que cela n'était pas bien méchant. Je n'aurais jamais dû je sais mais personne ne peut comprendre ma motivation.
Il avait eu raison de penser que lors du discours, par endroit,elle faisait référence à elle même.
Il ne douta pas de la véracité de ce qu'elle venait de dire. Il n'était pas un enfant,il n'était pas sans savoir que dans la vie il y avait des riches et des pauvres. Puis des pauvres qui devenaient riches et inversement des riches qui devenaient pauvres.
- Je suis désolé pour toi. Mais je continue de penser qu'il y a des moyens plus honnêtes pour gagner sa vie. Je sais que le temps pressait mais ce que tu as fait est mal et cela n'a aucun autre nom. C'est mal. Cela ne se fait pas. Tu aurais pu me le dire a moi, enfin je sais pas, j'aurai peut-être été méfiant mais je t'aurais accordé le bénéfice du doute. A présent,il est impossible de te faire un jour confiance et toi aussi tu dois le savoir. Je ne veux pas te faire la morale,mais quand on fait quelque chose on pense a plus tard et surtout on pense aux autres. Enfin bref, ce qui est fait est fait. J'espère que ta mère a pu souffler un moment là-bas.
- Oui, quand elle m'a appelé elle était tout en pleurs et se confondait en remerciements dit Nadia émue. Je suis contente que tu me crois et que tu acceptes mes excuses. Je pourrai enfin passer a autre chose.
- En effet. Mais dis moi, pourquoi tu ne cherches pas de travail ? Tu dois bien élevé ton enfant et subvenir a vos besoins non
- Ne t'inquiète pas pour nous. J'ai déjà postulé pour un travail et si je ne m'étais pas retrouvé a l'hôpital, j'aurais déjà commencé. D'ailleurs je commence le lundi prochain.
Avant qu'il ne prenne la parole,il vit un jeune homme avec une capuche venir s'asseoir a leur table.
Il vit Nadia ouvrit grand les yeux et prendre immédiatement son fils dans ses bras. Cette fille avait des problèmes avec toute la terre ou quoi ?
- Nadia comme on se retrouve. Je vois que tu n'es pas si amochée que je l'espérais. C'est peut-être pour ça que Shèri ne prend pas mes menaces au sérieux. Mais je vais remédier a ça. Je vois là que tu as un joli petit garçon, il serait dommage qu'il lui arrive quelque chose tu ne crois pas ? Tu diras a Shèri que si elle ne vient pas dans trois jours à 22h à la base, eh bien le lendemain un malheur pourrait arriver. Je ne sais pas sur qui,ce n'est pas moi qui décide. Mais ça pourrait être chacun d'entre vous. Et je vois qu'un nouvel ami s'est ajouté a l'équation. En tout cas,je t'ai chargé la commission. Je vais m'en aller.
Tout au long Amal avait analysé le type qui était assis. Il aurait juré l'avoir déjà vu quelque part, avec Yacine ou quelqu'un de son entourage. Il ne savait pas avec qui ni où mais il était sûr d'une chose : il l'avait déjà vu.
Qu'est-ce qui venait de dire déjà ? Venait-il sincèrement de les menacer ?
Il ne connaissait pas vraiment Nadia, il avait eu une discussion' avec elle,avait remis les choses a plat mais cela ne faisait pas d'eux,des amis. Il ne souhaitait pas être mêlé de près ou de loin, a ses affaires. Si elle avait des problèmes avec des personnes aussi louches,il entendait qu'elle la règle toute seule.
- Mais pourquoi veux-tu forcément me mêler dans cette histoire ? Je ne t'ai rien fait,je ne te connais même pas. J'ai un fils alors s'il te plait,laissez moi ta soeur et toi vivre tranquillement avec mon fils. On ne vous a jamais rien demandé nous. Je me suis déjà retrouvée a l'hôpital a cause de vos histoires de famille,je vous en conjure, laissez moi en paix.
- Mais ce n'est pas moi qui décide ma jolie ! On fera revenir Shèri coûte que coûte, quitte a perdre des vies humaines. Elle est bien plus précieuse que vous tous réunis. Alors contente toi de transmettre le message et le reste va bien se passer.
- Mais comment veux-tu que je fasse maintenant ? Je lui ai chargé la commission la dernière fois, mais elle n'a rien fait. Elle n'est pas sous mon emprise que je sache.
Il se leva, caressa la tête de Samir qui était collé contre elle et prit la parole.
- A toi de trouver un moyen. Tu pourrais aussi nous la livrer. Ça sera plus simple. A bon entendeur, salut. A bientôt.
Et il disparaissa comme il était apparu.
- Amal nous on va y aller déclara-t-elle paniquée
Devrait-il laisser cette jeune mère seule avec ses tourments, ou devrait-il lui venir en aide ?
Il n'aimait pas du tout la tenue que prenait les choses.
Lui qui disait qu'après avoir eu des explications, allait se retirer,en avait du mal a présent.
Décidément.