Au champ.
Ecrit par Losthis BADJITO
ÉPISODE 06
PATRICIA TOGNISSE
- C’est compris maman, dis-je par un signe de tête.
- Trouve-toi une bicyclette pour te ramener à la maison.
- Merci beaucoup maman, dis-je à ma mère par reconnaissance pour la remercier avec sourire léger sur mes lèvres. Que Dieu te bénisse, finis-je par dire à ma mère, moi toute contente, sans toutefois prendre la peine de poser mes yeux sur elle.
- Amen ma fille. Bonne route à toi ma chérie, dit ma maman en me prenant dans ses bras pour me câliner, un geste que j’ai vraiment apprécié chez ma mère.
- Au revoir maman, dis-je quand je quitte enfin ses bras en poursuivant mon chemin toute seule désormais.
- Rentre directement à la maison après les cours hein, me rappelle ma mère, avec un ton assez protecteur
- Ok ! C’est promis maman, dis-je en retour pour la rassurer.
Je poursuis ma route toute heureuse en jouant toute seule jusqu’à me rendre dans mon école pour les cours de la matinée. Vous ne savez pas encore grand-chose sur moi, mais d’ici là, vous allez mieux me découvrir et savoir plus sur ma vie et tout ce qui se passe dans ce lieu où je vis avec mes parents. Pour le moment, je suis Patricia TOGNISSE. Comme l’avait dit ma grande sœur la nuit dernière, je ne suis qu’une petite fille. Je suis âgée de quinze ans et je suis élève en classe de Quatrième dans le collège publique de mon village. Je suis la troisième fille de ma famille. Mes jours et mes nuits surtout ne sont pas très faciles à vivre.
HORANDIA TOGNISSE
Après mes courses dans le village, je suis rentrée à la maison pour me préparer pour le champ. Je n’ai pas d’autres moyens pour gagner e l’argent. Ce n’est que de cette façon que j’arrive à prendre soin de tous mes enfants et à payer les frais d’école de ma dernière fille Patricia. Elle serait en ce moment à l’école. Du coup, il est hors de question qu’elle aille traîner au champ. Ce sont ses grandes sœurs et moi qui sommes allées dans le champ. Nous allons passer la journée à récolter les noirs de palmes qui sont à maturation. Avec ce que nous allons récolter, nous pouvons faire de la sauce graine avec une partie et vendre ce qui va rester. Une fois arrivée dans le champ, elles se mettent au boulot sans perdre de temps. De mon côté, je suis restée assise pour superviser le travail qu’elles sont en train de faire :
- Allez dépêche-toi Laurencia. Faites vite les filles. Prends le régime et mets ça directement dans le panier au lieu d’enlever les graines une à une. Il faut que j’aille vérifier si de l’autre côté, le travail est fini. Regarde bien ce que tu fais Laurencia. Tu n’es même pas en mesure de soulever ce petit régime de palmier. Fais vite pour qu’on rentre à la maison pendant qu’il fait encore jour.
Je la regarde mettre dans le panier les régimes de palmiers. Elle ramasse ensuite les graines qui sont tombées parterre. Je me lève ensuite pour la charger afin qu’on rentre à la maison :
- Attends que je vienne t’aider à le charger, dis-je à Laurencia en me levant du bois sur lequel j’ai assois mes fesses. Tu ne peux pas le charger toute seule. Tu seras en train de te rendre à la maison avec le colis. Quant à moi, j’irai chercher un autre avec lequel je vais rentrer à la maison. J’irai prendre ce qu’il y a de l’autre côté-là-bas.
- Maman aide-moi à porter ça sur la tête. J’ai assez faim pour pouvoir soulever ça. J’ai déjà assez faim et vu l’heure qu’il fait, ma petite sœur doit en train de m’attendre ^pour qu’on puisse manger.
Je l’aide à porter le panier sur sa tête.
- La machette s’il te plaît maman, dit-elle et je la lui remets. Maman tu ne sais que je ne devrais pas te laisser toute seule au milieu de cette brousse.
- Parce que toi tu es qui ?
- Je suis ta fille et je m’inquiète juste pour toi.
- Tais-toi et vas-y, lui dis-je et elle s’en va. Je te rejoindrai à la maison, lui lancé-je en me dirigeant vers d’autres palmiers.
Il faut que je parcoure un peu les autres arbres pour vérifier si nous n’avons pas laissé quelques choses. Au moindre geste, les rats palmistes et d’autres oiseaux migrateurs ne perdent pas du temps à tout détruire. Je préfère prendre tout mon temps pour bien voir clair avant de quitter le champ pour rentrer à la maison. Des voleurs peuvent aussi se ramener dans le champ et emporter les régimes murs du palmier à huile pour aller les vendre soit pour se servir pour faire la sauce. Je ne peux pas être en train de vivre toutes ces peines et permettre que quelqu’un viennent profiter du fruit de mes efforts sous la pluie et le soleil.
LAURENCIA TOGNISSE
Je revenais du champ toute fatiguée avec mon panier de régime de palmier sur la tête. Pour me rendre à la maison, je devrais traverser la cour du vieux Djangban. En arrivant sur sa cour, je le vois sortir de la maison en train de marcher dans ma direction. Il est en pagne avec un débardeur. Malgré l’heure qu’il fait, il a une grosse brosse végétale dans sa bouche. Avec sa démarche dandinante, il arrive à ma hauteur et s’arrête pour ensuite me fixer dans les yeux en silence. Je m’arrête pour le regarder à mon tour avant de m’abaisser pour le saluer :
- Bonsoir vieux Djangban, dis-je en souriant. Comment tu vas ?
Il me regarde d’un œil bizarre et méchant sans même daigner de répondre à ma salutation. Le connaissant, pour ne pas avoir des problèmes avec lui, j’ai dû continuer ma route sans insister. À peine j’ai fait quelques pas de marche quand j’entends la voix du vieux Djangban dans mon dos pour m’interpeller. Je trouve cela étrange. Mais pour ne pas qu’il aille dire à ma mère et qui veut l’entendre que je lui ai manqué de respect et tout, je me retourne pour revenir sur mes pas. Il fallait donc que je m’arrête pour entendre ce qu’il veut m’annoncer :
- Hey toi qui t’en vas là-bas, dit-il avec force. Reviens ici, m’ordonne-t-il.
- Ah, dis-je en revenant sur mes pas. Ah ! Mais oncle ! Je venais juste de vous saluer quand je passais tout de suite même ! Mais j’ai remarqué que vous n’avez pas voulu me répondre. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai dû continuer ma route.
- As-tu perdu la tête ?...