AVEUX D'ABANDON
Ecrit par Marc Aurèle
AVEUX D’ABANDON
SUZY
Je ne sais pas pourquoi, après le coup de
fil de Daddy, je suis devenue toute fébrile. Excitée et en même temps nerveuse.
Je cherchais le moyen de précipiter les choses pour rentrer, mais ma conscience
professionnelle me retenait. Je fus heureusement appelé juste à temps par mon
employeur qui me rappela qu’on devrait de toutes les façons se rencontrer dans
les heures à suivre.
Mon attente ne fut pas facile à supporter.
Dès que je pu me libérer, je sautai au volant de ma Mercedes ML 4matic. Dès que
je me retrouvai devant l’immeuble qui abrite tant ma résidence, celle de mes
parents adoptifs et le grand temple de culte de mes bienfaiteurs, je courrai
vers le seul endroit où j’étais plus que sure de les trouver à cette heure de
la journée. Daddy et Mummy se tenait par la main et marchait de long en large
devant l’autel. Depuis que je les connais, les deux ne se tiennent que très
rarement les mains pour prier. Si j’ai bonne mémoire, cela n’est arrivé que les
quelques fois où ils priaient soit pour moi ou pour leurs deux fils. J’en
déduisis très vite que la famille était en question. Je me mis à élever la voix
tout en avançant vers mes parents. Je fus vite freiner dans mon élan par un
geste de mon père m’intimant de ne pas m’approcher. Il avait, lâcher les mains de
mummy qui n’avait pas cessé sa marche, et s’avançai vers moi prestement.
-
Suzy, comment tu vas ? as-tu
informé ton homme ? pardon ton patron ?
-
Daddy de quoi parles-tu ?
-
… excuse je t’explique après.
As-tu informé Sam que nous l’attendons pour prier ?
-
Oui Daddy, il ne doit plus
tarder. Répondis-je, le regardant tout étonné par son attitude.
-
Ok, monte vite te changer, ta
mère va te rejoindre. Ne passe pas par le presbyterium surtout.
-
…
-
Allez vas-y vite fait vite. Il
me donna dos et je vis Mummy venir vers nous, l’air grave. Le message était
clair je ne devais pas me faire prier.
Je me dirigeai vers la cage d’escaliers, tout
en essayant de scruter le temple pour trouver un indice, je pu juste entrevoir
les diacres entrain de faire une délivrance au coin de l’hôtel et un homme d’un
certain âge se trouvait assis non loin d’eux. Ma mère adoptive était déjà juste
dans mon dos.
-
Suzy ce n’est pas le moment
jouer aux curieuses. Dieu a révélé à ton père, que c’est le moment de te
marier. Je crois aussi que j’ai eu des signes, montons prier et si le Saint
Esprit t’éclaire sur le sujet positivement, on le fera aussitôt.
-
… tout en parlant, elle me
poussait dans le dos.
-
Il y a des nouvelles qui ne
pourront-t-être donné que si nous te savons en sécurité.
On était sur le seuil de ma porte, et elle
me pressait de l’ouvrir.
MUMMY, EUDOXIE APPIAH
Mon foyer n’avait jamais connu la joie d’une
naissance féminine jusqu’en ce soir de Décembre où rentrant d’une réunion de prières ;
mon époux et moi tombions sur cette merveilleuse petite fille dans une
couverture rose dont l’état en disait long sur les origines. Le poupon tait
délicatement abandonné sur le parvis de l’église et gazouillait.
Nous scrutâmes les environs, pensant que les
parents ne devraient point être loin. Une bonne heure plus tard, John et moi
étions toujours là à attendre. Il sonnait finalement trois heures du matin,
quand nous rentrions finalement dans notre appartement cette nuit-là. John avait
insisté que nous signalions la découverte à la police, ce que nous fîmes et la
providence ainsi que le bon cœur de mon mari, me fit connaître la joie de
porter contre mon cœur une fille. Suzy recevait son identité officiellement six
mois après et devenais désormais Mademoiselle APPIAH. Nos garçons ainés
n’étaient plus avec nous depuis bientôt cinq ans et cette nouvelle présence
venait compenser le vide.
Je suis Eudoxie RAWLLINGS APPIAH, fille
unique de la grande famille Ashanti RAWLLINGS du Ghana. Princesse, héritière du
trône RAWLLINGS du grand état Akan, j’avais pu échapper à mes réalités
princières grâce à John que j’avais épousé contre vents et marées, alors que
nous étions tous les deux étudiants à la prestigieuse University of Ghana de
Légon. Lui étudiait la philosophie et moi les histoires contemporaines, très
vite nous fîmes attirés l’un par l’autre et depuis avions convolé en juste
noces, loin de toutes les oppositions depuis bientôt quarante-cinq ans. Ma mère
avait fini par récupérer nos fils pour compenser du manque occasionné par mon
absence au royaume. Ma nouvelle orientation spirituelle n’étant pas en accord
avec les principes ancestraux, je n’étais plus admise à la cour. Ma confession
de Jésus Christ comme Seigneur et Sauveur, ne cadrait pas avec les croyances
Akan. Mes parents m’accordèrent quand même de temps à autres des visites à mon
époux et à moi-même. Nos fils les consolaient suffisamment et désormais, Suzy
remplissait le vide des enfants.
Une histoire rocambolesque me diriez-vous.
Eh oui, je vous en donne la version simplifiée et résumée : « je suis
Eudoxie, je suis l’épouse du pasteur John et nous sommes mariés depuis
exactement quarante-six ans. Nous avons trois enfants, dont deux garçons dont
nous sommes les géniteurs et une fille dont nous sommes les parents adoptifs
depuis bientôt vingt-sept ans. A en croire les médecins, elle n’avait que huit
mois lorsque nous l’avons récupérée devant notre maison. Suzy n’avait jamais
manqué de rien et nous nous en sommes occupés comme de nos propres enfants. Très
tôt, nous lui avons aussi dit la vérité au sujet de ses origines, tout en la
rassurant de notre présence à ses côtés quant à la recherche de ses géniteurs.
Une épopée que nous n’avons pas cessée de faire depuis ses dix-huit ans. Toutes
nos tentatives furent vaines et tout espoir perdu. Suzy a fini par s’accrocher
à nous et nos quotidiens remplis de grâces divines. »
Depuis quelques jours, j’ai des visions et des
songes sur elle et son patron, j’avoue que les choses ne se précisent pas
vraiment dans mon esprit, mais je reste convaincue de plus en plus, que les
deux sont faits pour être ensemble, quoique les contours de cette relation
n’apparaissaient pas clairs pour moi, jusqu’à ce qu’avec John mon époux, nous
n’entamions, une série de prières d’intercessions pour eux. Depuis hier nuit,
les choses furent évidentes et clairement révélées à notre entendement et à
présent nous vivons la succession des éléments déclencheurs d’un processus
spirituel intense. »
JOHN APPIAH
Ma tendre et douce Eudoxie et moi avons unis
nos forces spirituelles ces dix derniers jours après que j’ai eu une révélation
étrange au sujet des origines du jeune Sam RENE. Dans mon songe, je le voyais
lui, dans un palais, avec assis à ses côtés ma tendre Suzy dans des habits
royaux. La salle du palais était remplie de convives et débordait de toute
part. Le palais brillait de mille feux et les éclats qu’il propageait,
semblaient contaminer progressivement les espaces environnants. La joie
qu’exaltaient les personnes se faisait contagieuse au fur et à mesure. Je
pouvais voir des personnes tristes, retrouver la joie de vivre. Mais au loin,
un petit groupe tout de noir vêtu était tenu en respect par des gardes armés
jusqu’aux dents.
En bon père spirituel, j’entrepris de
méditer pour obtenir la clairvoyance sur le sujet et aujourd’hui, l’image du
puzzle géant se reconstitue. Je continue de prier avec force et ardeur. Je crie
à l’Eternel de descendre parfaire son œuvre car j’ai la conviction que l’heure
de sa révélation a sonnée. Je suis là à en appeler au Dieu Tout Puissant, le
Seul grand Dieu qui détient toutes les clés de l’invisible et du spirituel pour
mettre un terme à autant d’année de tribulation. J’en appelle aux saintes
écritures, mais je sais que je dois forcément laisser mon esprit guider ma
prière et choisir mes mots. Je regarde mes diacres qui délivrent la vraie mère
de Suzy et je réalise combien, le Nom de JESUS CHRIST est fort. Elle est non loin
de moi au sol, se tortillant dans tous les sens, hurlant tel un être enflammé à
chaque fois que les intercesseurs invoquent le feu divin. Je ne m’en préoccupe
pas vraiment car je suis convaincu que les jeunes pourront non seulement la
délivrer, mais je reste également convaincu que je devrais vite finaliser
d’accomplir le rituel d’union de Suzy et de Sam avant d’ouvrir mon cœur à mes
hôtes surprises de cet après-midi. Eudoxie et sa fille sont au premier depuis
quelques minutes. Je viens de voir le jeune RENE entrer dans le temple, portant
dans ses bras son fils. J’avance vers eux tout en priant et en invoquant le
Seigneur.
SAM RENE
Le père de Suzy avança vers moi et me croisa
dans les allées. Junior me pesait de toutes les façons et en voulant le saluer,
je le posai au sol. Je ne compris pas pourquoi, il se dépêcha de le reprendre
et répondant de la tête à ma salutation, m’invita à le suivre et pris le chemin
du presbytère. Il marchait prestement et dès que je franchi le seuil de son
bureau, ferma la porte à double tour avant d’en retirer la clé.
-
Suzy et sa maman nous
rejoindrons tout à l’heure, mais avant nous devons avoir un petit entretien
d’homme à homme. Déclara-t-il en s’asseyant.
-
…
-
Sam, Dieu est Un et Eternel, Il
a un plan pour chacun d’entre nous et c’est pourquoi je suis convaincu que le
hasard n’a jamais existé. Que penses-tu de Suzy mon fils ?
-
…
La question tomba comme un couperet sur ma
tête. Depuis deux mois, je ne me suis plus posé de question quant à ses manies
ou mieux quant à sa présence à mes côtés. Les propos de gran’ma résonnèrent
encore dans ma tête. Le pasteur John me regarda, opina de la tête comme pour
dire qu’il comprenait mon silence avant d’enchainer.
-
Mon fils si je t’ai fait venir
en express c’est pour accomplir un plan de Dieu. Mais je ne le ferai pas sans
ta permission. Je sais que tu as déjà des éléments de compréhension du
mélodrame que tu traverses actuellement mais il est important que l’autre face
de la médaille te soit révélée pour que tu complètes les vides de ton histoire.
-
… je pris ma tête dans mes deux
mains. Pourquoi ne vient-il pas au fait.
-
Dieu m’a révélé que tu à un
destin grandiose à accompli. Tu es pour le peuple d’Abokpè comme Moise pour le
peuple d’Israël. Mais Dieu t’a préparé une aide semblable qu’il a confié à mes
soins pour qu’ensemble, vous soyez non seulement une seule force, mais surtout
un valeureux instrument de libération de son peuple. J’ai reçu tout ceci en
révélation et je sens que la course à la montre à dejà commencé.
Au moment où il parlait, je fermai les yeux
un instant et
-
… de quoi s’agit-il vraiment
l’interrompis je.
-
Sam, la femme qui se faisait
délivrer par mes diacres est la mère génitrice de Suzy. Si elle à apparu après
plus d’un quart de siècle, c’est bien parce qu’il est arrivé le temps d’accomplir
la prophétie.
-
Encore cette histoire
d’Abokpè ?
-
Mon fils, je suis un spirituel
qui communique avec la nature et ses principes, car Dieu est principe et il a
créé toutes choses sur cette base. Suzy et toi êtes les seuls capables de
libérer Abokpè. J’ai recoupé les informations que tu m’avais données au sujet
de ta grand-mère et celle que j’ai reçu de la génitrice de ma fille. Sam le
processus est lancé et irréversible. Si dans le cycle de quinze jours tout
n’est pas fini, il faudra encore un siècle, voir plus pour rétablir l’harmonie
au sein des peuples d’Abokpè.
-
…
-
Pour y arriver, nous devons vous
unir par les liens sacrés du mariage. Vous n’êtes pas du même sang, mais il est
essentiel pour l’accomplissement de ce plan que vous soyez un.
-
Hummm ! mais ….
J’allais parler quand une clé s’introduisit
dans la porte qui s’ouvrit presque aussitôt. Je vis cette silhouette
s’introduire en premier, suivi de l’autre et quand la porte avait fini par se
fermer, et que à la lumière de l’ampoule je reconnu suzy, j’en avais la bave
qui coulait. Je sorti de mon étonnement seulement qu’en entendant son père
s’exclamer.
-
Waohhhhh !!!! tu es
resplendissante. …. N’est-ce pas Sam…
-
… oui oui balbituai-je
-
Alors nous n’allons pas tarder.
Je sais Suzy que tu es amoureuse de ton manager depuis le premier jour que tu
l’as rencontré veux tu m’autoriser à
bruler les étapes et vous unir devant Dieu….
-
….. pardon… c’est quoi cette
histoire et moi à la fin, je n’ai pas d’avis ?…. Fis-je en masquant très
mal mon gène.
-
Sam, même si tu ne le voulais
pas, on n’a pas le choix. Finissons-en et allons au-devant de nos
responsabilités
Je reconnu, la Suzy, celle qui m’avait à son
entretien fasciné par sa directivité et son sens de la responsabilité et du
devoir. Je la fixai un moment, puis me tournai vers le pasteur.
-
Procédons et avançons, nous
connaissons tous l’intérêt de cet acte alors, je crois qu’on va y aller.
-
…. Je m’excuse, mon époux, ne
pense tu pas que la maman de Suzy doit être là ?
-
Ah justement ! fit le
pasteur avant d’ajouter. Je crois que Suzy à bien le droit de rencontrer enfin
sa mère, fait la monter Eudoxie.
Suzy ne cilla point. Elle était à coup sûr informée
de la présence de sa mère en ses lieux et surtout de la probabilité de la
rencontre. Je la vis s’arranger et s’asseoir juste à mes côtés et tendre la
main à Junior qui sans hésiter alla vers elle.
Un ange passa et Mummy fit son entrée suivie
d’une dame qui essayait tant bien que mal de s’arranger. Elle se jeta aussitôt
au sol au pied de Suzy et se mit à psalmodier des paroles qui semblaient être
les panégyriques d’origine de mon assistante et je me souvins aussitôt que je
les avais déjà entendu en compagnie de Ray.
-
Vous voulez dire que Suzy est de
la famille royale d’Abokpè ?
-
Comment le savez-vous ? je
vis la dame se lever brusquement et se tenir sur son séant.
-
J’en sais des choses et je crois
que vous devez nous en dire plus du moment que vous réapparaissez après
plusieurs décennies d’abandon.
-
… Elle soupira profondément.
-
Maman ! je vous appellerai
ainsi car bien avant ce jour, j’ai trouvez la force de vous pardonner. Vous êtes
ma mère, celle qui m’a donné la vie, alors….
-
Oui Hankpè Djetindé, je n’avais
pas d’autre choix que de te protéger quand j’ai eu la révélation au sujet de ce
que la confrérie d’Abokpè avait prévu faire de moi et de ma descendance. En
réalité, je suis aussi une princesse héritière appelé à m’asseoir sur le trône,
mais que mon père a vite fait de cacher et d’éloigner du royaume. Ayant grandi
hors d’Abokpè, je ne connaissais rien des réalités royales et ce n’est qu’après
le décès de ma mère que je suis rentré dans ma famille paternelle et que ne fut
mon choque de découvrir que l’homme avec qui je sortais était un cousin et que
nous étions non seulement en plein inceste mais que j’étais enceinte. Mon père en
apprenant la nouvelle, m’enferma aussitôt et m’informa de la destiné qui était
mienne et qu’il avait essayé de dérouter. Il fit venir de nuit et plusieurs
fois de suite des charlatans et des prêtres vodous qui à tour de rôle
apportèrent des explications quant à ton avenir et surtout concernant les
dangers qui planaient sur toi, surtout venant de la confrérie d’Abokpè. Le danger
était imminent selon le dernier qui d’ailleurs m’a pris avec lui et emmener
jusqu’au Nigéria. Hélas, l’homme avec qui j’étais parti n’a pas regardé mon
état, et très vite a commencé par abuser de moi sexuellement. J’ai dû profiter
d’une de ses absences pour fuir et me réfugier dans un centre de santé à la
frontière où j’ai accouché. Mais très vite il m’a retrouvé et ramené chez lui.
Une nuit, je l’ai surpris en train de deviser avec un homme d’Abokpè qui lui
proposait de l’argent contre mon bébé. Tu n’avais alors que deux mois. C’est
alors que j’ai repris la route et cherché un endroit où te déposer. Tu connais
la suite. J’ai souffert de devoir me séparer de toi, mais je n’avais pas
vraiment le choix…
-
On a toujours le choix. Ce qui
est fait est fait. Moi je ne fuirai pas. Je ne reculerai pas, j’affronterai mon
destin et ce même si ma vie devait y rester.
Notre mariage était la clé. Le sort en avait
décidé ainsi depuis la nuit des temps, un descendant male devait s’unir avec
une héritière de l’aile positive de la famille royale pour contrer le sort jeté
à Abokpè. Un mariage annoncé depuis la nuit des temps, par une prophétie, mais qui
avait toujours été craint et combattu.
Le destin désigne, au moment présent,
l'histoire future d'un être humain ou d'une société telle qu'elle est
prédéfinie par une instance qui est soit considérée comme supérieure aux hommes
dans les conceptions finalistes du Monde, soit comme immanente à l'univers dans
les conceptions déterministes comme dans sa conception stoïcienne. Il serait
aussi difficile de changer son destin par la volonté que d'échapper aux
courants marins à la nage. Le sort en est scellé et nous ne pouvions rien y
faire.