Bijoux et Danger
Ecrit par deebaji
Je n’avais maintenant plus aucune raison d’attendre et de repousser le braquage au lendemain, Melissa avait décliné mon invitation et puis de toute façon je n’avais pas très envie de le faire ce rdv, j’avais déjà ce que je voulais savoir sur elle, je savais maintenant qu’effectivement, c’était elle qui s’était pointée hier à la bijouterie pour s’emparer des bijoux et se faire la belle, elle était donc vraiment celle que je pensais, rien d’autre qu’une actrice sous un masque de femme souriante de bonne foi. Bref, trêve de discussions inutiles, il fallait agir maintenant et en finir, tout était déjà prêt, les masques, les textiles, les voitures, les armes et l’équipe composée de Koba Jeremy et Jimmy aussi était en route, il ne manquait plus rien, mais quelque chose me mettait mal à l’aise, quelque chose me disait que ça pourrait finir mal et qu’il ne fallait pas perdre une seule seconde après avoir fini ce que nous étions venu faire. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Un simple mauvais pressentiment ? Je n’en savais pas grand-chose mais je comptais bien commettre ce braquage et me faire suffisamment d’argent pour élargir l’empire puis pour m’enfuir en Amérique avec l’argent que j’aurais réussi à faire et devenir un riche exploitant pour revenir ensuite à Brooklyn et grandir mon nom. Là, il n’était plus question de bâtir un empire du crime non, il était juste question de refaire ma vie et de m’enfuir loin, très loin, de disparaître de la surface de la terre, de m’enrichir suffisamment puis de faire un grand retour pour donner à ma famille l’honneur qui lui avait été refusé. Le plan semblait juste même s’il impliquait de commettre ce braquage mais bon, c’était le seul moyen juste que j’avais trouvé pour émerger et réussir dans cette vie qui pourtant semblant me vouloir tout le contraire, je me sentais chaque jour éprouvé, chaque jour un nouvel incident se produisait, chaque jour il fallait que je réfléchisse deux fois plus qu’un individu normal, chaque jour il fallait que je me soucis de ma famille et de mes parents qui étaient hospitalisés dans une clinique pour des frais très exorbitants. Quelle vie chiante ! Mais bref, ce n’était pas le moment de se mettre à se plaindre comme une mégère ou de rêvasser sur un plan sans même avoir perçu la somme que je devais utiliser pour faire ce qui était prévu et partir ensuite pour l’Amérique du sud. Une fois Jimmy et le reste de la bande arrivé à quelques mètres de la bijouterie, Alfred m’appela pour me prévenir et me demanda de me tenir prêt à jouer la comédie et n’a pas manqué de me notifier qu’il était possible que je reçoive des coups. Je devais donc être paré et prêt mentalement après tout, j’étais le chef de la bande, c’était donc à moi de tout faire pour que tout se passe comme prévu et que mon équipe réussisse à dévaliser cette bijouterie sans soucis. Après quoi je viendrais faire ma pédale dans le bureau de Monsieur Paul en lui disant que j’étais effrayé par l’incident qui s’était produit et que je ne voulais plus travailler à la bijouterie. Pouvait-il m’empêcher de donner ma démission ? Non, j’avais contracté un C.D.I. Contrat à Durée Indéterminée et de fait, je pouvais partir à tout moment, tout comme il pouvait me licencier à tout moment. Mais dans le cas de figure, ça tombait bien parce que je pourrais enfin arrêter de jouer ma vielle comédie avec un faux accent, une fausse personnalité, une fausse voix, un faux style vestimentaire qui, il faut l’avouer coûtait un peu cher pour du bon n’importe quoi. J’avais été obligé de débourser environ six cent dollars pour créer ce personnage absurde tout droit sorti d’un cirque, il était donc normal d’attendre en retour que le plan prévu pour dévaliser la bijouterie Saint Martin connaisse un franc succès. Il n’y avait pas de si jamais pour ce plan, soit ça marchait, soit ça marchait, impossible que l’on se rate tout avait été prévu minutieusement et aucun d’entre nous n’avait intérêt à faire de vagues. Pour l’opération, c’est-à-dire, pour le braquage de la bijouterie, nous attendîmes environ une demie heure puis en faisant style de me pencher je leur ai donné le signal par téléphone avec un simple message « ok » pour qu’ils se ramènent et que la partie puisse commencer. C’est Koba qui fit son entrée en premier, il était géant imposant et costaud et le regarder dans les yeux était assez humiliant, intimidant voir effrayant, il attrapa l’agent de sécurité par le col et le propulsa à l’intérieur de la bijouterie en prenant le soin de lui retirer son arme sa matraque et tout ce qu’il pouvait utiliser pour se défendre puis se mit à le tabasser, le pauvre. J’avais de la peine pour lui, même si ce n’était qu’un pauvre agent de sécurité corrompu, il ne méritait pas ça, mais bon nous n’étions pas là pour avoir du cœur et jouer les sentimentaux. Quelques minutes plus tard, comme pour détendre l’ambiance glauque, terrifiante et tendue qui sévissait dans l’enceinte de la bijouterie, se fut au tour de Jeremy de faire son entrée, Jeremy dans le plan, serait une sorte de canalisateur de la rage de Koba, un peu comme son dresseur, alors qu’en vérité non ce n’était aucunement le cas mais, il fallait que cela se passe comme ça et que ça marche, pour que les gens prennent peur et fassent gentiment ce que Jeremy dirait, à ce stade nous n’avions même plus besoin d’utiliser des armes, aucun homme, aucune femme, aucun chien, aucun chat, aucune souris, aucun insecte, n’avait assez de courage pour s’approcher de Jeremy ou de Koba en essayant de les défier ça serait comme se jeter dans une tombe soi-même, fini les prestations de gentleman qui donne ses vestes à des femmes lorsqu’elles ont froid, fini les machos qui crachent et insulte tout le monde. Hommes et femmes à l’intérieur de cette bijouterie, tous étaient confondus. Aucune distinction de sexe, d’âge ou de race. Tous avaient peur et l’attention était uniquement portée sur ce que disait Jeremy. En même temps, s’ils étaient aussi pris de peur c’est parce que Koba était vraiment une brute épaisse en quelques sortes, il avoisinait les deux mètres huit et avait le corps qui allait avec, musclé costaud et bien dodu, si on devait lui trouver un équivalent physique, on pourrait parler de Kevin Séraphin ou encore de je ne sais quel type d’homme à carrure géante et presqu’inhumaine. Ça serait de la folie de jouer aux plaisantins avec ce mec. Et vous vous dites surement que vu sa carrure il était évidant qu’il allait se faire remarquer à l’instant même où il entrait dans la bijouterie et que les gens alerteraient la police. Sauf que la police elle aussi coopérait avec nous, Jeronimo au poste se chargeait de décliner tous les appels d’urgence qui entraient et sabotait par la même occasion les câbles de télécommunication, il était alors impossible de contacter ou de faire appel à la police, un plan plus que parfait. Ce que Jeremy demanda en premier, fut d’abord que tous ceux qui se trouvaient dans l’enceinte de la bijouterie fasse un rang et vienne poser leur téléphone en s’assurant déjà de désactiver la localisation de ces derniers, le premier qui essayait de contacter les urgences se ferait tabasser par Koba puis flinguer ensuite par lui-même. C’était si vrai comme braquage et bien sûr, j’allais également participer et venir déposer mon téléphone portable pour éviter d’éveiller les soupçons. L’ambiance était d’une pression et d’une frayeur insoutenable, des grands gaillards se mettaient même à pleurer de peur d’avoir le même sort que le vigile et qui était déjà dans les pommes. En fait, si les gens étaient si craintifs et attentifs à ce que disais Jeremy, c’est parce qu’à lui seul, il avait pu calmer la bête dodue qui se déchainait sans pitié sur le pauvre agent de sécurité, si lui il avait pu contrôler cette brute, cela voudrait dire que c’était un homme avec du pouvoir, un homme dangereux, plus dangereux que le colosse qui se tenait devant eux. Et c’est ainsi que la magie s’opéra, que le charisme et la prestance de Jeremy s’exprima à son plus grand niveau. Les gens dans la bijouterie avaient désormais plus peur de lui qu’ils n’avaient peur de Koba le géant. Il le prenait plus au sérieux et lui montrait plus de respect qu’ils n’en avaient jamais montrer à personne, et pourtant, il n’avait rien d’impressionnant et c’était justement ça qui forçait le respect, comment un mec aussi banal avait bien pu calmer une brute épaisse que l’on pourrait qualifier de géant en juste quelques paroles alors que la brute se déchainait à coup de poings assez violent sur l’agent de sécurité et attention, n’allez pas croire qu’il était tout chétif cet agent de sécurité. Non, au contraire, lui aussi était assez costaud physiquement mais il ne faisait juste pas le poids face à l’immense et colossale brute épaisse qui se tenait devant lui. Un règne de terreur s’installa et pourtant, ce ne fut que pendant un bref instant. Après avoir fait ce que Jeremy leur avait demander en déposant leurs portables dans la valise qui se trouvait tout proche de lui, ce fut maintenant le moment de remplir le sac de bijoux, le moment final, la partie tant attendue. Jeremy, bien conscient qu’on pourrait prélever ses empreintes digitales afin de le retrouver leur ordonna de casser les vitres pleines de bijoux, puis de ramasser tous les bijoux qui s’y trouvaient pour ensuite les déverser dans la valise, mais cela ne s’arrêtait pas là. Il savait pertinemment que tout ce monde dans la bijouterie n’était pas venu bredouille et que la bijouterie avait certainement une caisse qu’elle cachait quelque part. Alors, il ne s’agissait plus de voler uniquement les bijoux et de se faire la belle non, il s’agissait maintenant de braquer la bijouterie et tous les maudits riches qui avaient eu le malheur de s’y retrouver pendant que nous faisions notre office, c’était encore quelques sortes, une petite vengeance contre tous ces favorisés qui s’amusaient à nous cracher dessus auparavant. Aujourd’hui, c’était le jour de paye et nous comptions bien le leur faire comprendre. Ce qui fut d’abord arracher fut l’argent dans les caisses de la bijouterie après les bijoux puis, l’argent que ces fameux riches distingués de la haute société avaient sur eux. Eh bien, ça faisait un sacré pactole en une fois tout ça. Aucun d’entre eux ne pouvait résister à moins de vouloir perdre la vie, massacré et criblé de balle. Ils étaient là à baisser le regard et à jouer les obéissants polis alors qu’ils ne se gênaient pas auparavant pour se foutre des personnes pauvres qui n’avaient pas eu cette chance-là de vivre en marge de la société comme eux et de naître avec une cuillère en or dans la bouche. Eh bien, à ce moment précis, ça tombait bien parce que maintenant, les rôles étaient inversés, les commandants étaient commandés, les premiers étaient les derniers et les plus puissants étaient réduits à la forme la plus honteuse de l’obéissance, la peur, la crainte, le désir de survivre, tels des cafards après le déluge. Ils tenaient plus à leurs vies misérables qu’à leur propre bien mais nous ça nous arrangeait. Parce que cela facilitait les « transactions », et il y en avait bientôt plus que ce que nous nous imaginions avoir, Jeremy cet homme, il était si intelligent, je ne m’attendais pas à ça de lui, il avait su canaliser l’attention sur lui, il avait su créer ce climat de crainte et de terreur en faisant une brève apparition et en calmant la brute épaisse qui déferlait sur le pauvre agent de sécurité, le plan connu un franc succès, il fallait maintenant m’innocenter de tout soupçon, j’ai donc fait ce que personne dans l’assistance n’avait osé faire durant ce bref instant et j’ai reçu deux balles…