Ca recommence

Ecrit par lelechu

2 mois plus tard

Jasmine

Je me lève de la chaise que j’occupais et cours jusqu’aux toilettes où je rends mon petit déjeuner. Mon ventre se contracte douloureusement sous la violence des spasmes. Boris sort également de la salle où se tient la réunion a laquelle nous assistions tous les 2 et me rejoins dans les toilettes. Je veux lui demander pourquoi il fait ça quand un nouveau spasme me pousse à me baisser pour rendre encore. Il me tient les cheveux et me caresse le dos pour m’apaiser. Je suis épuisée. Dès que j’arrive à sortir de ces toilettes, je fonce à l’hôpital. J’en peux plus de ces malaises.

- (Voix inquiète) Ça va ? me demande 

- Ça ira.

Il m’aide à me redresser et à me rincer la bouche et me porte comme un bébé pour traverser la salle de réunion et aller à son bureau. Les yeux qui se sont posés sur nous la ! Mon Dieu ! 

- Boris je n’aime pas ce que tu fais. Tu attires l’attention sur nous pour rien.

- Tais toi inconsciente. Ta santé c’est ce que tu appelles « rien » ? depuis près d’une semaine tu es sujettes a ce genre de malaise. Mais tu ne veux pas que je te conduise à l’hôpital. C’est parce que je t’écoute.

Je ne sais pas pourquoi mais l’entendre me gronder comme ça, me fait pleurer. Il ne le remarque pas tout de suite, toujours occupé à tempêter. Puis nous arrivons dans son bureau et il me fait descendre. C’est alors qu’il remarque que je renifle doucement. Il me regarde, désemparé.

- (Voix douce) Bébé ? qu’est ce qui se passe ?

- Je n’ai pas aimé la façon dont tu m’as grondé tout à l’heure.

Il reste 5 bonnes secondes à me regarder comme si j’avais des cornes sur la tête et mes pleures redouble d’intensité. Il se ressaisit et me prend dans ses bras jusqu’à ce que je me calme.

- Je suis désolé bébé. Je te grondais gentiment. Je m’inquiète juste pour ta santé. Viens là. 

Il s’installe sur son fauteuil et me cale sur ses cuisses.

- Je ne sais pas trop par où commencer bébé. 

- Pour quoi ? 

- Tu n’as jamais pensé à l’éventualité que tu pourrais être enceinte ?

- Enceinte ?! non j’ai eu mes menstrues ce mois.

Quand elle termine sa phrase, elle pousse un petit cri.

- Mais ça ne coulait pas normalement. 2 jours à peine de léger saignement.  Je suis enceinte ?

- Calme toi bébé. Nous irons en clinique pour faire le test.

- Mais et si je suis enceinte ?

Je la regarde paniquée sans rien dire. Si elle est enceinte, moi je serai juste fou de joie. Nous avons aménagé ensemble il y a 1 mois. Elle ne voulait pas et j’ai du bataillé fort un moment pour la faire céder. C’est la dernière menace qu’elle a reçu qui a accéléré les choses. Cette fois ci, c’est une voiture vitres fumées, sans immatriculation qui lui ai rentré dedans et a pris la fuite. Ce jour-là, j’étais comme fou quand j’ai vu l’état dans lequel ils ont laissé sa voiture. Qui que ce soit, il veut vraiment la tuer. Sans lui demander son avis, je suis allé moi-même chercher ses affaires que j’ai rangé chez moi pendant qu’elle était à l’hôpital pour qu’on l’examine. De l’hôpital, nous avons fait une halte pour faire une nouvelle déposition a la police. Et je l’ai amené chez moi. Elle n’a pas bronché. Je crois qu’elle était plutôt soulagée. Depuis, je suis son ombre. Elle ne va nulle part sans moi et moi non plus. Il faut que l’on mette la main sur le salop qui s’amuse à faire ça.

Je reporte mon attention sur Jasmine.

- En rentrant ce soir, nous allons prendre des tests de grossesse et tu les feras demain matin.

- (Petite voix) D’accord. 

- Qu’est ce qu’il y a bébé ?

- Je t’ai dit que j’ai avorté de notre bébé quand on s’est revu après ma fuite. Je t’ai menti bébé. Je n’aurai jamais fait une chose pareille. C’était mon bébé et je l’aimais déjà. La grossesse n’a juste pas tenu et j’ai eu du mal à m’en remettre d’ailleurs. Jamais je ne pourrai faire une chose pareille, il faut que tu me crois.

- Je ne t’ai jamais pensé capable de faire une chose pareille. J’ai fait semblant de croire à ton histoire pour pouvoir te punir à l’époque de m’avoir rejeté parce que j’étais vraiment con. Je t’aime ma prunelle. Et je te promets que la première des choses que je fais quand on prononce enfin le divorce, c’est de t’épouser.

Elle se remet à pleurer. Les hormones ! Si elle n’est pas enceinte, c’est que je ne connais vraiment rien aux symptômes d’une grossesse. Mon cœur tressaute de joie. Vais-je enfin connaitre la joie d’être père ? en plus avec la femme de ma vie ? Qu’est ce que j’ai fais pour mériter tant de bonheur ?


Assane

Je traverse vraiment une mauvaise passe. Je suis conscient de mal agir mais je n’arrive pas à m’arrêter. On dirait qu’un mauvais esprit a pris possession de mon corps et ce n’est pas totalement faux parce que la jalousie est un sentiment négatif, un sentiment du diable. Pourtant c’est ce sentiment qui guide actuellement tout mes faits et gestes. J’ai tenté de joindre Jasmine pour l’emmener en clinique. Mais elle refuse de répondre à mes appels. Pareil pour mes messages textes et ceux que je lui envoie sur WhatsApp. J’ai même pris le risque d’aller chez elle pourtant j’aurai pu y croiser Boris mais ça ne m’a pas arrêté. J’aurai su quoi raconté pour me sortir de la mais là encore je n’ai pas eu de chance parce que le gardien m’a dit qu’elle n’habite plus les depuis quelques temps. Depuis je suis enfermé dans ma maison et je broie du noir. Je ne veux pas me rendre dans leur entreprise. Je ne veux pas croiser Boris là-bas. Il aurait trop de pouvoir sur moi puisque je serai sur son terrain. Je m’allonge pour manipuler mon téléphone. Je vais dans la galerie et regarde les photos et les vidéos que j’ai en ma possession. Je les regarde tous un nombre incalculable de fois et ce que je ressens est mitigé. Je ressens de la nostalgie, de l’amour, du désir, et en même temps du dégout pour ce que je regarde, de la haine pour cette facette de moi-même. Je décide de les supprimer mais finalement je ne le fais pas et je lance plutôt un appel vers le numéro de Boris. Il décroche après plusieurs sonneries.

- Allo ?

Je déteste vraiment ce type. Je ne sais a quel moment j’ai développé une haine pareille pour lui mais je sais une chose, c’est que ma haine pour lui est aussi forte que mon amour pour Jasmine.

- Boris, c’est Assane.

Il reste silencieux plusieurs minutes au téléphone puis me répond d’une voix calme et posée.

- Qu’est-ce que tu veux ?

- Te parler. Quand pouvons-nous nous voir ?

- Je ne suis pas disponible. Dis-moi ce que tu as à me dire tout de suite.

- Ok.

Je coupe l’appel et je vais directement dans la galerie choisir quelques photos et une vidéo que je lui envoie. J’ai les mains qui tremblent. J’attends patiemment que mon téléphone sonne ensuite parce que je sais qu’il va sonner. Au bout de 5 minutes effectivement, il rappelle. Je souris méchamment. Imbécile, tu fais moins le fier maintenant.

- On se voit demain au café qui se trouve en face de ton bureau à 13h.

- A demain.

Je me recouche et me perd dans mes pensées. Je ne suis pas un saint mais je voulais être une meilleure personne pour Jasmine. C’est la seule femme qui m’a donné envie de changer, d’être meilleur. C’est la femme qu’il me faut et il me l’a arraché de manière égoïste. Il était marié, il aurait pu sauver son mariage et me laisser vivre tranquillement mon amour avec la femme de ma vie. Ce que je m’apprête à faire, portera forcément des fruits et qu’elle soit enceinte ou pas ? ça en sera fini de cette relation entre eux. 


Jasmine

Je sors à peine de la douche que j’entends claquer la porte du salon et vrombir la voiture de Boris. Pourquoi sort-il aussi brusquement et sans me dire ? Je porte la première tenue que j’ai sous la main et je descends vérifier. Il n’est effectivement pas là. Je sors me renseigner auprès du gardien qui me confirme qu’il vient de sortir. Il ne fait jamais ça d’habitude. Depuis que j’ai aménagé chez lui, très rarement, il sort sans moi. Quand il le fait, c’est juste pour quelques minutes et je sais toujours ou il va et ce qu’il va faire. Surtout qu’il me sait dans un état particulier ce soir, je ne comprends pas son comportement. Je m’inquiète aussi peut être pour rien. Je retourne chercher mon téléphone et je lance un appel vers son numéro. Ça sonne sans réponse mais dès que je coupe, je reçois un message disant ceci : « je vais bien, ne m’attends pas ce soir. Et ferme bien la porte quand tu montes te coucher. » Mais qu’est ce qui se passe au juste ? Qu’est ce qui ne va pas encore ? J’essaie encore de le joindre sans réponse. Mes larmes se mettent à couler silencieusement. Je pose mon téléphone et je vais m’allonger dans le grand lit en laissant la lumière allumée. Qu’est ce que j’ai bien pu faire à Boris pour qu’il se comporte de la sorte avec moi ? quelle tempête s’annonce encore ? je suis épuisée. 

Je reste éveillée jusqu’au petit matin, espérant entendre le bruit du puissant moteur de sa voiture mais rien. A 5h du matin, je me décide à sortir du lit. Je me rends directement dans la salle de bain d’où je fais les tests de grossesses. 4 au total et ils sont tous positifs. J’éclate en sanglots et me laisse glisser le long du mur. J’ai l’impression de vivre la même chose qu’il y a 4 ans, quand j’ai découvert que j’étais enceinte après ma fuite. Seigneur, viens à mon aide. Je ne veux plus jamais vivre ça. Je ne veux plus connaitre la douleur de la perte d’un bébé et ce sentiment de solitude et de chagrin. Je ne veux plus connaitre une souffrance pareille. A 8h, je comprends qu’il ne rentrera pas. Et je me prépare l’âme en peine pour le bureau. J’espère au moins le voir là-bas. Son silence me tue. Hier seulement qu’il a commencé et j’ai déjà l’impression d’avoir perdu 10kg. J’ai une tête à faire peur carrément. Quand j’arrive, je remarque sa voiture au garage. Et mon cœur se serre davantage. Il m’évite donc réellement. Je me dirige directement vers son bureau quand sa secrétaire m’arrête.

- Désolée Jasmine. Le patron ne souhaite pas être dérangé ce matin. J’ai reçu des instructions très stricte à ce sujet. Je suis vraiment désolée.

Je reste figée comme si je venais de recevoir une gifle avant de bredouiller quelque chose à la jeune dame et de me diriger vers mon bureau. La journée s’écoule lentement sans que je ne sache quoi faire. Je reste dans mon bureau sans sortir pour manger jusqu’à ce que j’entende de légers coups à la porte vers 19h. Boris franchit le seuil quand je dis à la personne d’entrer. Il a la mine fermée et ne semble pas ouvert à la discussion. Je ne dis rien et je le regarde, attendant qu’il parle en premier.

- Il faut que tu rentres maintenant. Tu as trop travaillé. Tu dois être épuisée. Lève-toi on rentre.

Et il se redirige vers la sortie.

- Mon test est positif. Je suis enceinte.

Il ne se retourne pas et me dit juste « ok ». Là je perds le peu de contrôle que j’avais.

- Boris pourquoi tu me fais ça ? parle moi s’il y a un problème. Hier seulement tu me portais comme un œuf. Aujourd’hui tu m’évites comme la peste. Qu’est ce que je t’ai fait Bébé ? qu’est ce qui se passe ?

En parlant, je m’approche de lui mais quand j’essaie de le toucher, il esquive et sort du bureau en me disant « je t’attends au parking ». Seigneur ! qu’est-ce que c’est douloureux ! j’ai envie de mourir. Pourquoi est ce qu’il me fait ça ? Je sanglote un moment dans mon bureau en me demandant si je dois le suivre ou juste retourner chez moi vu que notre relation a l’air d’être terminée.


Tel un feu dévorant