CHAPITRE 1

Ecrit par Maylyn

Cette nuit-là, la lune était de sortie dans le ciel du Plateau, quartier des affaires d’Abidjan mais aussi lieu des boîtes de nuit les plus branchées et les plus sélectes de la ville. Avec mes potes, nous venions de fêter notre réussite au BAC scientifique. A 18 ans, je quittais le lycée avec un BAC C -mention Bien s’il vous plaît !- en poche. D’où l’autorisation de mon père de dépasser la permission de minuit. Il m’avait même permis de conduire sa nouvelle Mercedes. Même ma mère n’y avait pas eu droit. Après une virée assez arrosée pour Yves et Jean-Paul mes deux meilleurs amis et un ou deux verres de champagne pour moi vu que je conduisais, nous primes la route du retour. Sûr de ne pas rencontrer âme qui vive à 3h du matin dans les rues désertes du Plateau, je mis le pied à fond sur l’accélérateur pour vérifier les prouesses du bolide et pour aussi impressionner mes amis lorsque tout à coup Yves, assis à côté de moi, s’écria :

-PM attention !

J’eus juste le temps de freiner et de me retrouver nez à nez avec trois paires d’yeux qui me fixaient, l’air terrorisé ! Avec mes amis, nous étions presqu’aussi effrayés par ces trois créatures qui paraissaient sortir de nulle part. On se serait cru dans un clip de Meiway !

-Eh les mecs, je crois que j’ai trop bu ! s’exclama Jean-Paul. 

-Moi aussi, renchérit Yves. Please, dîtes-moi que vous voyez ce que je vois.

-Dis-nous d’abord ce que tu vois.

-Eh bien trois albinos éclairés par tes phares Pierre-Marie ! 

- Vous pensez que ce sont des génies ? J’ai un oncle qui dit que…

-Arrêtes de raconter des bêtises JP ! Tu soûles avec tes histoires de génies et sorciers…

-Ah bon ? J’exagère ! Donc dites-moi Messieurs les savants, que voyez-vous là devant nous à 3h du matin ?

Je laissai JP et Yves se disputer et reportai plutôt mon attention sur ces petites personnes qui paraissaient comme figées. Mon regard s’attarda surtout sur celle qui semblait la plus jeune. Ses grands yeux lui mangeaient pratiquement la figure. Mais ce qui me frappa , c’est surtout le défi qui je lisais dans ses pupilles malgré la peur que j’étais certain qu’elle éprouvait. Nous nous fixâmes ainsi durant quelques secondes mais qui me semblèrent hors du temps jusqu’à ce que j’entende :

-Pierre-Marie Aka ! 

Yves et Jean-Paul semblaient avoir trouvé un terrain d’entente quelconque et venaient de m’appeler en chœur.

-Quoi ?

-Qu’est-ce qu’on fait ? reprirent-ils encore.

Sans répondre, j’ouvrai la portière et descendis de la voiture . 

-Eh mais qu’est-ce que tu fous ? PM ! Au moins fais ton signe de croix d’abord ! Pierre-Marie !

-La ferme Jean-Paul ! lui répondis-je.

Approchant doucement les mains levées pour ne pas les faire fuir, je m’adressai à celle qui semblait la plus âgée :

-Bonjour ! 

Elle serra dans ses bras les deux autres comme pour les protéger et refusa de me répondre.

-Ne t’inquiète pas, je ne te ferai aucun mal. Je veux juste savoir comment tu t’appelles. 

Elle me regarda encore et je commençais à croire qu’elle était muette quand j’entendis dans un murmure :

-Irène.

-Un très beau prénom. Vous habitez le quartier ?

-Non.

- Ah ok ! Et vous aimeriez que l’on vous dépose quelque part mes amis et moi ?

La sentant prête à prendre ses jambes à son cou avec ses deux protégées, j’ajoutai :

-Nous ne vous ferons aucun mal. Et puis, je ne pense pas que vous trouverez un taxi facilement à cette heure ici. En plus, mes amis vous prennent tes soeurs et toi pour des créatures mystiques alors crois-moi, ce sont eux les plus effrayés.

Cette petite blague parut l’amuser et mon célèbre sourire fit le reste. Elle se retourna vers les deux autres, leur chuchotèrent des mots que je ne compris pas mais qui parurent les rassurer. Je revins vers la voiture et j’ouvris la portière arrière. Elles montèrent toutes les trois dans la voiture, toujours un peu tremblantes. Jean-Paul assis lui aussi à l’arrière, semblait sur le point de faire une crise cardiaque. Il poussa jusqu’à l’extrémité et Irène remarquant son manège, le regarda droit dans les yeux d’un air furieux. Ce qui le fit sursauter. J’échangeai un sourire avec Yves et fermai la porte arrière pour me mettre au volant.

-Alors Irène, moi c’est Pierre-Marie Aka mais tu peux m’appeler PM. Lui c’est Yves Sery et celui qui te semble être sur le point de ne faire qu’un avec la portière, c’est Jean-Paul Adiko mais JP pour les intimes. 

Avec un hochement de la tête, elle murmura :

-Enchantée.

-Et comment s’appellent tes sœurs ?

Après une seconde d’hésitation :

-Elle c’est Anaïs.

-Enchanté Anaïs, fis-je en la regardant dans le rétroviseur.

Yves en fit autant. Elle leva la main en guise de réponse.

-Et voilà Yélé.

Me retournant, je la regardai en souriant espérant en recevoir un de cette petite fille si frêle mais qui avait ce regard si envoûtant. Malheureusement, je ne récoltai qu’une mine encore plus revêche.

-Ok ! Maintenant que tout le monde s’est présenté, où je vous dépose ?

-Nulle part.

YELE, Lumière de ma...