Chapitre 1.

Ecrit par Benedictaaurellia

Edmund.

Ruth s’est réveillée, deux (2) heures de temps après, juste à temps pour le brunch qu’ont concocté les femmes.

C’est dans la bonne humeur que nous avons tous déjeunés même si la tristesse de Ruth et la tension dans le corps de Paul était palpable.

Depuis que je les connais, je ne les ai jamais vus dans cet état. J’imagine que cela doit bien être grave, vu leurs réactions.

Après le brunch, nous nous sommes tous réunis au salon à la demande de Paul et Ruth qui demandent à nous parler. Ils aimeraient nous expliquer la situation. J’en suis content. Mais en même temps, je crains le pire. La dernière fois qu’on m’a annoncé une discussion à venir, les révélations que j’ai eues par la suite ont complètement chamboulé ma vie.

Cette discussion elle aussi n’augure rien de bon quand on voit leurs mines.

Une fois tout le monde installé, Ruth prend la parole.

Ruth : Tout d’abord, je tiens à m’excuser, parce que je vous ai effrayée. Croyez-moi, ce n’était pas mes intentions.

Stella : Ne t’inquiète pas Ruth. Tu as dû avoir un choc. C’est compréhensible. Personne ne t’en veut.

Ruth : Merci.

Avant de commencer, j’aimerais demander à Adriel et à Sébastien de fermer la porte de la pièce où est Sabine et de garder la clé. Je m’en vais faire des révélations qui vont vous choquer et je tiens à ce que personne ne lui fasse de mal. L’Eternel a dit à moi la vengeance. Adriel, tu es le plus calme et le plus posé. Je te fais confiance pour garder cette clé et ne la remettre à personne. Sébastien, tu lui prêteras mainforte s’il te plait.

Paul, sois mon soutien comme tu sais si bien le faire.

Une fois qu’Adriel et Sébastien sont revenus, elle commença son récit.

 

Flashback près d’un demi-siècle plus tôt.

Ruth.

J’avais cinq (05) ans, quand, mes parents m’annoncèrent la mort de ma tante et son mari dans un accident de voiture. Ma mère était effondrée puisqu’il s’agissait de sa sœur jumelle. Elles étaient très soudées. Plus complices qu’elles, il n’y en avait pas. Même aussi âgées qu’elles étaient en ce moment, elles étaient toujours complices. J’ai vraiment été marquée positivement par leur relation. Je rêvais d’avoir une sœur ou une amie avec qui je pourrai avoir une telle relation.

Leurs parents, mes grands-parents, étaient décédés quand elles étaient jeunes, juste après leur bac. Suite à cela, la grande famille leur a tourné le dos et elles ne pouvaient compter que l’une sur l’autre.

Leurs parents avaient de grands moyens. Mais, la grande famille s’était tout accaparée en prenant soin de jeter ma mère et sa sœur à la rue. Leur bac, elles l’avaient eu avec mention. Leurs parents se préparaient même à les faire partir à l’étranger pour leurs études supérieures quand ils sont morts. Une mort vraiment sans tête ni queue. Un camion conduit par un ivrogne les chauffa en pleine route. Ils moururent sur le coup.

Quand ma mère me racontait cette période de sa vie, elle avait toujours les larmes aux yeux. Après qu’on les eu renvoyées de chez elles, elles dormaient à même le sol dans la rue. Elles pouvaient passer plusieurs jours sans trouver de quoi manger pendant les premières semaines. Par la suite, elles ont commencé à avoir de petits boulots. A partir de là, tout a décollé pour elles.

Elles lavaient les assiettes pour les revendeuses de nourriture en échange de nourriture, elles faisaient le ménage dans les maisons, donnaient des cours à domiciles et autres tout au long de l’année qui a suivi. Elles ont ainsi pu économiser et reprendre leurs études l’année d’après. Elles se sont inscrites à l’université publique et y ont fait le droit. Trois années plus tard, elles obtenaient leurs licences, encore une fois avec mention. Cela leur a valu une bourse une fois encore et elles purent partir étudier à l’étranger. Elles se sont battues et sont devenues de grandes dames. Chacune s’est mariée mais elles étaient toujours autant fusionnelles.

Pour en revenir à l’accident des parents de ma cousine, avec eux dans la voiture, le jour de l’accident, il y avait ma cousine qui avait six (06) ans. Elle était leur seule fille. Ils avaient aussi un fils ainé, Raymond, qui est là avec nous et que vous connaissez tous. Ils l’ont eu plus tôt. Il avait 15 ans à l’époque. Lui vivait déjà dans un petit séminaire à ce moment puisqu’il aspirait à devenir prêtre. Heureusement, ma cousine a survécu. C’est donc naturellement que mes parents la prirent avec nous.

Cet accident aussi, n’a selon moi, ni tête ni queue. Le mari de ma tante était un homme très prudent. Il ne prenait jamais la route sans avoir au préalable vérifié l’état de la voiture. Et pourtant, après l’accident, les enquêteurs ont conclus qu’il s’agissait d’un problème mécanique : les freins de la voiture avaient lâchés. Bête pour quelqu’un qui vérifie toujours l’état de sa voiture, n’est-ce pas ?

Après cela, ma cousine devint un membre intégrant de notre famille. Autant mes parents me chérissaient, autant ils la chérissaient. Quand j’étais punie, elle l’était aussi. Quand ils m’offraient un cadeau, ils faisaient pareil avec elle. Ils ne mettaient aucune différence de traitement entre nous. Nous étions sur un pied d’égalité. Raymond aussi passait ses vacances avec nous, tant qu’il était là. La plupart du temps, il préférait allez vivre dans une communauté de religieux carmélites. Il voulait être carmélite.

Avec ma cousine, nous étions déjà proches avant mais avec notre cohabitation, nous sommes devenus encore plus proches. Tout le monde nous prenait pour des jumelles. Mon désir le plus cher avait été exaucé. J’avais une sœur, une complice. Mes parents ne lésinaient pas sur les moyens pour nous choyer. Nous n’avions jamais été dans le besoin. Nous ne manquions ni de moyens, ni d’amour, ni de l’attention des parents. Bref, c’était la belle vie.

Les premières années, tout allait bien.

Mais à l’adolescence, quand elle eut treize (13) ans, elle changea radicalement. Sur le moment, nous n’avons rien compris.

Nous avions tous mis cela sur le coup des crises d’ado, on espérait que cela lui passerait. Ado, je l’étais aussi. Mais je ne suis pas devenue rebelle comme elle. On avait tout de même espoir qu’elle changerait. Après tout, chaque enfant vit différemment son adolescence.

Mais, plus le temps passait, pire elle devenait.

Elle se mit à mépriser mes parents, elle ne respectait plus personne. Elle volait à la maison comme bon lui semblait. Malgré les nombreuses punitions qu’elle recevait, rien ne changeait. Plus on la punissait, pire était le prochain acte qu’elle posait. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle essayait de m’entrainer dans ses actions. Elle m’incitait à voler les parents pour elle, elle m’invitait à la suivre dans ses délires. Bien sûr je refusais. Et elle m’en voulait pour ça. Les parents nous avaient appris la crainte de Dieu. Voler, mentir tout ça se sont des péchés. Je préférais refuser de l’écouter et rester en bon termes avec mon Dieu plutôt que de l’écouter et pécher contre Dieu. La question ne se posait même pas.

Maman déprimait. Elle ne savait plus quoi faire d’elle. Elle souffrait de voir ma cousine ainsi. Elle souffrait parce qu’elle s’en voulait. Elle se demandait ou elle avait raté son éducation. Moi, je savais qu’elle ne l’avait ratée nulle part.

J’en étais la preuve vivante. Nous avons reçu la même éducation et moi je n’avais pas tous ces comportements. Bien sûr, il m’arrivait de faire des bêtises. Tout le monde en fait. Mais je savais ou étaient mes limites.

Elle voulait que de là où elle était, sa jumelle puisse être fière de sa fille. Mais elle savait que dans l’état ou était cette dernière, c’était chose impossible. C’est ce qui lui faisait plus mal.

A la longue, elle a commencé par dépérir. Mon père, qui ne supportait pas voir quelque chose arriver à sa chère et tendre, en voulait à ma cousine.

Moi, j’étais au milieu d’eux. J’aimais ma mère. Ça me peinait de la voir dans cet état. Mais j’aimais aussi ma cousine. J’essayais tant bien que mal de la ramener à la raison mais peine perdue. Je ne perdais pas espoir.

La concernée elle-même s’en fichait. Ses frasques continuaient.

On regretta même de l’avoir recueilli chez nous.

Mais que pouvait-on faire ?

Elle n’avait personne d’autre que nous. On ne pouvait pas l’envoyer à la rue.

Quand elle eut seize (16) ans, elle était devenue incontrôlable.

Ma mère avait fini par jeter l’éponge. Elle ne se préoccupait plus d’elle. Mon père encore moins. Que n’ont-ils pas fait ? Ils ont essayé la manière douce ; ils l’ont appelé je ne sais combien de fois pour lui parler. Elle promettait toujours de changer mais  zéro résultat.

Ils ont essayé la manière forte : punitions, bastonnade, toujours rien. Papa l’a même emmené dans un camp militaire ou elle y a subi je ne sais quel traitement. En tout cas, elle est revenue bien amochée. Après ça, elle a semblé s’être calmée pendant quelques jours. Mais une semaine après, elle a recommencé de plus belle. C’est là que mes parents ont décidé de laisser tomber. On ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé, disaient-ils.

Elle fumait, se droguait, buvait à outrance. Son habillement, n’en parlons même pas. Mes parents lui ont coupé son argent de poche mais elle trouvait toujours, on ne sait où, de l’argent, pour se procurer ses saloperies.

Mais moi, je ne voulais pas jeter l’éponge. Je me disais qu’à force de la côtoyer, je finirai par déteindre sur elle. J’essayais toujours de lui parler, de la ramener à la raison. Elle m’envoyait bouler mais je revenais toujours à la charge.

Elle prit l’habitude de faire le mur chaque soir pour aller retrouver des soi-disant amis à elle.

Tantôt, c’était pendant des jours entiers qu’elle disparaissait avant de refaire surface, parfois, elle revenait tout simplement le lendemain.

  

Plus de Likes, Plus de commentaires.

Ma cousine, mon cauc...