Chapitre 1
Ecrit par Lilly Rose AGNOURET
Chapitre 1
Tard ce samedi
soir...
*** Lizzie
- Je crois que
je ne vais pas pouvoir cacher la nouvelle pendant longtemps, Lizzie !
Regarde, je ne rentre plus dans mon pantalon.
Je regarde
Sabrina et lui sourit.
- Miss !
Tu as dix mille pantalons dans ton armoire. Choisis-en un qui te va
encore ! C'est toi-même qui disais il n'y a pas une heure, que Dex n'est
pas encore prêt.
- Tu as raison,
me fait-elle en enlevant le pantalon qui ne lui va pas.
Elle se remet à
fouiller dans ses affaires puis me dit :
- je ne suis
plus très sûre d’avoir envie d'aller danser ; je crois que je vais rester
ici. J'ai à peine réussi à avaler le repas de ce soir.
- Oh ! Tu
es certaine d'avoir envie d'empêcher Dex de danser cette nuit ? Comment
vas-tu le convaincre de ne pas sortir ? Lui dis-je.
- Je t'avoue
que je n'ai pas envie de sortir, Lizzie. Je...
Elle
m'abandonne dans la chambre et court dans la salle de bain attenante. Elle
revient quelques instants plus tard et me dit :
- Je ne
comprends rien à ces malaises. Je n'ai pourtant rien avalé. Qu'est ce qui ne va
pas ?
Je m'approche
d'elle, l'aide à s’asseoir sur le lit t lui dis :
- Il va falloir
t'habituer. Dans quelques mois, tu devras pousser ce petit hors de ton ventre
et là, tu verras que les malaises ne sont rien face à l'accouchement.
Elle sourit et
me dit :
- C'est facile
de dire qu'on veut un enfant.
J'éclate de
rire et lui dis :
- Commence dès
maintenant à te créer des souvenirs que tu pourras raconter au petit Dex !
Elle fait de
grands yeux, me regarde en face et me dit :
- Lizzie !
Un petit Dex ? Pourquoi pas une petite Sabrina ? Imagine un peu que
le petit commence à séduire dès le berceau.
Je souris et
réponds :
- C'est dans
les gènes, ma sœur ! Même la petite Sabrina fera des malheurs dès la
maternité. On n'y peut rien.
Elle se lève du
lit et me dit :
- Je vais
mettre une robe. Au moins, il n'y aura pas de souci.
Elle finit de
s’habiller pendant que je me maquille. Quelqu'un frappe alors à la porte de la
chambre. On voit Dex arriver. Il nous sourit et dit :
- Disons que ça
va faire une heure que vous avez dit que vous serez prêtes dans 5
minutes !
Je le regarde
et lui dis :
- C'est
bon ! Nous sommes prêtes.
Il s'approche
alors et passe ses bras autour de la taille de sa belle. Ils finissent par
s'embrasser. Discrètement, je sors de leur chambre pour aller retrouver les
autres dans le salon. Là, je remarque que Willy est arrivé. Il est tout
souriant et tout beau. Je le taquine en lui demandant pourquoi ma sœur n'est
pas avec lui.
- Depuis quand
Frida te permet-elle de sortir en boite sans elle ? lui fais-je.
Il me sourit et
dit :
- J'ai la
permission aujourd'hui. Il paraît que tu es là pour me surveiller ; donc,
tout va bien. En fait, elle avait besoin de se reposer. Les petits ont reçu des
amis cet après-midi. Ça courrait dans tous les sens. Heureusement que ma mère
était là.
- Je
vois ! Dis-je en allant chercher une place à côté de Malek. On part quand
vous voulez.
Nous nous
engouffrons dans les trois voitures disponibles. Les garçons sont de très très
bonne humeur. C'est Aymar qui conduit ma voiture. Malek st assis à ses côtés
alors que je suis sur la banquette arrière avec Rina, sa fiancée. On se raconte
des conneries de filles en parlant de la sortie de la ligne de sous-vêtements
de Fenty. A ce moment-là, Aymar change de morceau et met un peu de musique
gaboma. Rina et moi, le sourire aux lèvres, nous commençons à danser assise en
répétant les paroles d'un morceau que m'a fait découvrir Malek. Je trop nulle
en musique gabonaise. Heureusement que l'homme de ma vie est là pour me ramener
à la source. Ainsi, les paroles flottent dans l’habitacle du véhicule : le
marteau, de l'artiste Panik de Waza :
Et toi la jolie
fille qui couche avec les hommes pour les kolo
Le SDA est là
frappe et fait mal comme un coup de marteau
Nous sommes
dans la boite depuis près de deux heures, à danser sans se soucier de quoi que
ce soit, quand Sabrina me demande de l'accompagner dans les toilettes. Nous y
allons tranquillement. Elle se sent mal. Je l'aide à respirer et à se passer de
l'eau sur le visage. Rien n'y fait ;
- J'ai
l'impression que mon cœur remonte et va me sortir par la gorge. Ça ne va pas.
Je...
Elle a soudain
du mal à respirer et là, je comprends que c'est plus grave que je ne le
pensais. Alors, je suis obligée de l'aider à s'adosser contre un mur. Je lui
lance :
- Je vais
chercher Rina pour qu'elle vienne nous aider.
- Ne lui dis
rien, s'il te plaît. Je...
- On se calme.
Soit on rentre à la maison, soit on t'emmène à l’hôpital.
Au moment où je
m'apprête à la laisser pour aller rapidement chercher notre amie, je l'entends
qui m'appelle avant de s’effondrer par terre ; heureusement pour moi, deux
filles entrent dans les toilettes. Je leur demande de m'aider. L'une d'elle
décide d'aller rapidement prévenir pour que l'on appelle le SAMU.
C’est ainsi que
se termine la sortie en boite de nuit. Le SAMU intervient très vite pour
prendre Sabrina en charge. Le stress monte très vite en chacun de nous. Les
garçons en sont à se demander qui est assez sobre pour rester avec nous et nous
raccompagner à la maison, tandis que Malek accompagne Dex à l’hôpital.
- Je
raccompagne Lizzie ! Annonce Willy.
- Je viens avec
vous ! Dit Bomann !
- Cool !
On se voit demain, lance Marcus.
Il s'en va de
son côté avec sa, Elna, sa cousine venue de Paris. Aymar en fait de même avec
Rina. En voiture, les garçons me demandent alors :
- Qu'est ce qui
s'est passé, Lizzie ? Tout allait bien, pourtant. Sabrina rigolait avec
nous et l'instant d'après, nous voilà obligé de la laisser partir avec le SAMU.
Je leur dis
alors :
- Elle a dû
avaler beaucoup trop de coca. Elle n'en a pas l'habitude.
Willy me dit
alors :
- Si maintenant
le coca cola rend malade, il ne nous reste plus qu'à faire nos prières !
Je me tais, me
contentant de regarder par la vitre de la voiture.
Bientôt, nous
arrivons chez moi. Les garçons s'assurent que je monte tranquillement. Comme de
vrais gentlemen, ils m'accompagnent jusqu'à la porte de l'appartement et
attendent que j'ai refermé à clé ; ils s'en vont tranquille. Je m’assois
dans le canapé du salon et reste là longtemps à contempler le vide avant de me
décider d'aller me changer et passer un pyjama. Je vais prendre un verre de
lait avant de me glisser sous les draps avec un magazine en main. Je prévoie de
lire en attendant Malek. Pourtant, le sommeil m'emporte très vite et je me
retrouve à dormir.
C'est bien plus
tard que je me réveille en sentant une présence à mes côtés ; j'ouvre les
yeux et remarque que Malek est assis dans le lit à mes côtés.
- Je n'avais
pas l'intention de te réveiller, désolé !
- Comment va
Sabrina ? Lui dis-je.
- Bien. Le
médecin qui s'est occupé d'elle a dit qu'elle a fait une anémie.
Je redresse sur
le lit en remarquant qu'il n'arrête pas de se toucher les lèvres. Là, je me
rends compte qu'il y a un souci avec ses lèvres, justement.
- Que se
passe-t-il, Malek ? Tu as les lèvres enflées.
Il sourit et me
dit :
- Dex ne m'a
pas raté quand il a su que je suis au courant depuis longtemps que Sabrina est
enceinte ; j'ai pas pu nier quand il m'a posé la question. Il m'a foutu
son poing dans la gueule en disant que je me suis foutu de lui. En fait, depuis
quelques jours, il n'arrête pas de parler de ses problèmes d'argent. Et le fait
d'apprendre que j'étais au courant, l'a vraiment mis en boule.
- Il t'a
vraiment mis son poing dans la gueule ? dis*je incrédule.
- Oui ! Et
ça fait un mal de chien. Désolé si je refuse tout baiser durant les deux
prochaines semaines ! Fait-il en se glissant sous les draps.
Je me rapproche
pour me glisser dans ses bras et lui dis :
- Raconte-moi
tout. C'est le médecin qui lui a annoncé la nouvelle ?
- Oui. Enfin,
c'est la première chose qu'a dit Sabrina en reprenant connaissance. Le médecin
a fait des prélèvements sanguins et elle a eu droit ç une échographie. Tu vois,
quoi. Tout le tralala. C'est pour cela que je suis resté aussi longtemps.
Je lui demande
alors quelle heure il est. Il me répond :
- Il est 6h
passés. Je vais dormir. Je crève de fatigue.
Je lui pose
alors un baiser sur la joue et lui dis :
- Je n'en
reviens pas que Dex ait fait ce genre de chose !
Il me sourit et
dit :
- Et moi qui
avait demandé à Sabrina d'attendre encore un peu avant d'annoncer la nouvelle à
Dex. Imagine ce qu'il m'aurait fait dans un mois ou deux.
- C'est
incroyable ! lui dis-je.
- Il a décidé
de faire la tête et de ne plus me parler jusqu'à nouvel ordre, me fait-il.
- Jamais il ne
tiendra le coup ! Ce n'est pas son genre de bouder.
- On verra
bien ! me fait-il avant de fermer les yeux.
Moins d'une
heure plus tard, le téléphone de Malek sonne. Je me déplace pour le saisir. Là,
je décroche. Au bout du fil, la voix de Bomann me balance :
- Mani,
habille-toi et rejoins-moi. On doit se rendre chez Dex ! Le frangin nous
tape une crise d'angoisse très grave. Il risque de se jeter dans la Garonne si
on n'y prend pas garde !
Je lui lance
alors :
- Bomann, c'est
Lizzie. Malek dort encore.
- Bonjour
Lizzie. Réveille ton mec et dis-lui que je l'attends.
Voilà comment
je réveille Malek, qui me lance :
- J'ai
sommeil ! Laisse-moi dormir.
Il se retourne
sur le lit et pense pouvoir tranquillement dormir. Pourtant, je le tire par un
bras en lui disant :
- Dex fait une
crise ! Bomann vint d'appeler, il t'attend pour aller régler le problème.
Malek ouvre un
œil puis l'autre. Il me dit alors :
- Ce sera de ta
faute si je reçois un autre coup de poing !
- Très drôle,
lui dis-je. Allez, dépêche-toi ! Moi, je vais me préparer pour aller voir
Sabrina à l’hôpital.
*** Dexter
Malékou.
On ne parle pas
assez des sentiments qui habitent un homme quand il apprend qu'il va être père.
Ce que je veux dire c'est que trop souvent, on met l'accent sur les sentiments
de joie alors qu'à l'instant, je pourrais écrire tout un chapitre sur
l'angoisse qui m'a saisi depuis que le moment où j'ai entendu Sabrina demander
au médecin si son bébé va bien.
Mon esprit a
tout de suite beuggé. J'ai mis du temps à comprendre car, elle s'est tout de
suite endormie. J'ai fait les cent pas dans la salle d'attente jusqu'à ce que
l'on m'autorise à la rejoindre dans la salle de soins, alors qu'elle avait de nouveau
ouvert les yeux. Elle se sentait faible, alors, l'infirmière lui intimait
l'ordre de ne pas parler et de garder son calme.
Quand
l'évidence s'est faite et que devant mes yeux, les images auxquelles je ne
comprenais rien, se font affichées à l'écran de l'échographe, j'ai vu rouge.
J'ai eu envie de crier ; pourtant, je suis resté la bouche close alors
qu'une explosion avait lieu en dedans de moi.
C'est en
sortant de là, incapable de tenir sur place que j'ai annoncé la nouvelle à
Malek. Il m'a regardé en souriant. J'estimais qu'il n'y avait pas de quoi
plaisanter. Alors, j'ai compris qu'il savait depuis le début. Il a ce sixième
sens qui lui permet de tout flairer quand nous, nous sommes dans le flou. Le
coup de poing que je lui ai mis et parti tout seul. J'ai eu du mal à accepter
qu'il ne m'en a pas parler. Qui laisse un copain dans le flou alors qu'une
chose importante est sur le point de lui tomber sur la tête !
A l'instant,
j'entends que l'on sonne à mon interphone. Je sais que c'est Bomann, car il m'a
dit qu'il arrivait. Je vais ouvrir. Quelques secondes plus tard, Malek et lui
arrivent. Ils tentent de sourire pour détendre l'atmosphère. Je n'ai pas envie
de sourire. En fait, je me suis avaler trois bouteilles de bière histoire de
faire descendre la pression. Bomann me regarde et me dit :
- Mec, pose
cette bouteille ! Tu ne vas quand même pas nous faire le coup de
l’ivrogne !
Resté en
retrait, Malek me regarde. Je lance alors à Bomann :
- Pourquoi lui
as-tu demandé de venir ? Il n'a pas fait assez de dégâts comme ça !?
Bomann sourit
et me répond :
- Dexter
Malékou, calme-toi ! Je te signale que je n'ai pas fermé l’œil depuis que
nous sommes partis de la boite de nuit. Maintenant que je suis là, tu vas
m'écouter au lieu de crier.
- Je veux qu'il
parte de chez moi ! Dis-je en pointant Malek du doigt !
Je vois ce
dernier qui se passe une main sur le visage et me dit :
- Je n'irai
nulle part Dex ! J'ai à peine dormi une heure ; maintenant que je
suis debout, on va régler ton problème et tout le monde pourra se reposer
tranquillement.
J'ai envie de
lui sauter dessus mais je me retiens et crie :
- Tu n'avais
pas le droit de me cacher ce genre de chose ! Tu m’as entendu me plaindre
de mes finances et tu n'as rien dit. Quel genre de frangin es-tu ?
Malek ne me
répond pas. Il se contente de venir s’asseoir dans le canapé face à moi.
Bientôt, il lève la tête vers moi et me dit :
- Dex, tu
arrêtes ton cinéma ! Ce n'étais pas à moi de t'annoncer cette nouvelle. Et
puis, ça n'aurait rien changé.
- Ce n'étais pas
à toi de décider. J'avais le droit de le savoir.
-
d'accord ! Toutes mes excuses, monsieur Peux-tu s'il te plaît reposer
cette bouteille de bière sur la table !
Au lieu de
l'écouter, je porte la bouteille à ma bouche et en avale une gorgée avant de
hurler :
- Mais qu'est-ce
que je vais devenir ? Merde alors ! Un bébé ! Mais qu'est-ce que
je vais faire d'un bébé ? Est-ce que j'ai la tête à faire le papa ?
- On ne fait
pas le papa. On est papa ou on ne l'est pas ! Me lance Bomann.
Je me retourne
vers lui, le toise et lui dis :
- Je ne t'ai
rien demandé, à toi !
Il sourit et me
répond :
- Si. Tu m'as
appelé en chialant en me disant que ta vie et tes projets tombaient à l'eau.
Alors, je suis venu te demander de quelle vie et de quels projets il est
question.
Je le regarde,
tourne les talons et vais vers la fenêtre. Là, je réponds :
- Peut-être que
je devrais aller me jeter d'un pont. Là, vous comprendrez que je n'ai aucune
idée de comment je vais devoir gérer ma vie dès à présent ! Mon Dieu, je
n'ai même pas de quoi me payer une séance de cinéma en ce moment. Je suis censé
aller voler pour acheter ce qu'il faut pour un bébé ;
- Calme-toi,
Dex ! Tu me fais angoisser là ! me lance Bomann !
Je regarde
Malek et lui dis :
- Je t'en
voudrais toute ma vie !
Il me regarde
et avec beaucoup de sérieux, me répond :
- Il n'y a
jamais de bons moments pour annoncer des nouvelles qui bouleverse une vie. Un
mois avant ou une semaine après, ta réaction aurait été la même, chef ! Je
te demande de te calmer. Va prendre une douche bien froide et reviens ici qu'on
puisse réfléchir à têtes reposées.
- Malek a
raison. Dans l'état dans lequel tu te trouves, nous n'arriverons à rien.
Heureusement que l'on est dimanche et que l’hôpital ne laissera pas sortir
Sabrina aujourd'hui. Ça te laisse le temps de retrouver tes esprits.
Alors que j'essaie de bouder et de cracher ma
mauvaise humeur, Les gars se lèvent et me traînent dans la salle de bain ;
là, ils me foutent tout habillé sous un jet d'eau froide en me disant :
- La ferme,
Dex ! On a compris que tu as les pétoches ! Calme-toi !
Là, je laisse
couler mes larmes car je sens en moi, un profond désespoir !
- J'ai besoin
d'être seul ! Vous pouvez me laisser ! Dis-je tête collée à une paroi
de la cabine de douche.
- Nous n'irons
nulle part ! me crie Bomann.
Quand je sors
de là, je me change et vais mettre mes vêtements dans la machine à laver ;
là, je reviens dans le salon où les gars sont assis. Je reste debout et leur
dit :
- Je vais
dormir. J'ai besoin de réfléchir.
- Va dormir et
repose-toi. On réfléchira à notre réveil tout à l'heure, me dit Bomann.
- Lizzie va à
l’hôpital voir Sabrina. Ça veut dire qu'on peut tranquillement dormir et
discuter plus tard.
Je tourne les
talons et vais dans la chambre alors que Bomann va dans la chambre d'amis et
que Malek s'installe dans le canapé.
Quand j'émerge
de mon sommeil quelques heures plus tard, j'ai tellement mal à la tête que je
suis obligé de me masser les tempes. Je regarde l'heure à mon téléphone. Il est
16h. Je sors du lit et essais de rester immobile histoire que la douleur dans
ma tête s'estompe. Quand j'arrive au salon, je remarque que mes deux compères
sont tranquillement assis en train de regarder un film sur Netflix.
- ça va
mieux ? me demande Malek.
Je le toise et
trace ma route vers la cuisine.
Il me suit et
me demande alors :
- Tu comptes
vraiment faire la tête pendant longtemps ?
Je me contente
de hausser les épaules. Il ne se débine pas et me dit :
- Je peux
comprendre que tu aies la frousse.
- ça veut dire
que tu peux comprendre que je n'ai pas envie de te parler ! Lui dis-je.
- Hum !
C'est vrai que tu n'y es pas obligé ; mais je crois que la situation est
assez difficile pour que tu en rajoute. Garde plutôt ton énergie pour la suite
eu lieu de te forcer à m'ignorer. Si tu ne changes pas d'attitude, je vais te
coller aux basque comme un mauvais rêve. Ça te poussera à arrêter de faire
l'enfant.
Je le regarde
et lui dis :
- Je te faisais
confiance, Malek !
- Désolé de
t'avoir déçu, chéri ! Je ne le referai plus ! E lance-t-il en prenant
une voix féminine.
- Tu sais que
tu es un salaud ! lui dis-je.
- Je
sais ! Maintenant, tu arrêtes ton cinéma et tu viens t’asseoir histoire
qu'on discute.
- Discuter de
quoi ? Vous avez trouvé une solution magique pour que je ne sois pas
obligé de me tuer au travail en plus de mes études ? Tu te fous de ma gueule,
n'est-ce pas ?
- Dexter
Malékou, je ne savais pas que tu étais une femmelette à ce point ! me
lance Bomann depuis le salon. Combien d'heures va-t-on devoir passer là à
t'écouter chialer ? Le vin est tiré, il faut le boire. Alors, ramène ton
cul que l'on puisse discuter tranquillement !
- Va te faire
voir, Bomann Ivala ! Et emmène ton frangin avec toi. J'en ai marre de vos
tronches ! Leur dis-je.
- Écoute-moi ce
maboul ! lance Bomann ! Pour la peine, ce ne sera pas un bébé mais
des jumeaux qui vont naître. Ça te rendra aimable.
Là, je me tiens
alors la tête entre les deux mains, en me demandant ce qui ne va pas. Pourquoi
moi ??? Malek me tape légèrement dans le dos et me dit :
- Viens !
Il n'y a pas mort d'homme. Tout ira bien.
Je le suis dans
le salon avec une bouteille d'eau de source dans les mains. Assis dans un
fauteuil face à eux qui s'installent dans le canapé, j'entends Bomann, occupé à
pianoter sur son Iphone, lancer :
- Avec 30
euros, on peut avoir un beau bouquet de fleurs. C'est quoi les fleurs préférées
de Sabrina ?
- Elle aime
tout ce qui est coloré. Je viens de vous rappeler que je n'ai pas un sou. Avec
quoi suis-je censé acheter ce bouquet de fleurs ? Et puis, ce n'est pas la
saint valentin, non ?
Je sens le
stress monter en moi. Je me lève pour aller à la fenêtre. Je l'ouvre pour
respirer. Manque de pot, la canicule frappe. Pas de vent ! On étouffe
dehors ; je referme la fenêtre et revient tranquillement m’asseoir.
- On va
fouiller le fond de nos poches et trouver 45 euros, pour que tu prennes un
bouquet de fleurs et une boite de chocolat. Tu ne peux pas arriver à l’hôpital
à 18h les mains vides, dis Malek
- Et, il te
faut le sourire en plus. Tu ressembles à un croque-mort à l'instant. Souris,
Dex ! Tout va bien ! lance Bomann.
Le téléphone de
Malek sonne alors. C'est Lizzie au bout du fil. Il se lève pour aller chercher
un peu d'intimité dans la cuisine. Je reste avec Bomann. Je lui dis
alors :
- Pourquoi
ai-je l'impression d'aller à l’abattoir ?
- Dex, écoute
un peu Malek quand il te parle. Il est déjà passé par-là ! S'il te dit de
te calmer, c'est parce qu'il sait que la panique ne résout rien.
Je me passe les
mains sur le visage et lui confesse :
- j'ai envie de
m'enfuir à toutes jambes. J'ai envie d'aller très loin, de disparaître.
Mon pote me fusille du regard et me dit :
- Tu n'es pas
sérieux là ! Tu vas te casser et ensuite ?
Je 'adosse
tranquillement, respire un grand coup et lui dis :
- Je ne serai
jamais à la hauteur ! Je sais à peine me prendre en charge.
- Personne ne
naît responsable, Dex ! On apprend à le devenir. Alors, fais disparaître
de ta tête toute idée de fuite et concentre-toi sur l'essentiel. Fuir ne te
mènera nulle part.
Je reste là en
silence. Malek revient s’assoit ; je les écoute alors faire des plans,
chacun vérifiant par téléphone le solde de son compte en banque ; bientôt,
ils finissent par tomber d'accord. Alors, Malek me lance :
- J'appelle
pour savoir si l'on pourra prendre le bouquet de fleurs au passage. D'après
Lizzie, il y a un fleuriste ouvert le dimanche après-midi pas loin de chez
nous. Il ne faut pas qu'on le rate.
Il se lève et
va vers la fenêtre. Il revint quelques instants après et dit à Bomann :
- On trouvera
la boite de chocolat chez un épicier au passage. Bon, c'est l'heure de te
préparer, monsieur Malékou. On va lever le camp. Lizzie nous prête sa voiture
pour aller à l’hôpital. Fais-toi beau mais évite le parfum. Apparemment,
Sabrina ne supporte aucun parfum.
- C'est
nouveau ? Dis-je surpris.
- Elle est
enceinte, gros bêtas ! Me fait Bomann. Certaines femmes ne supportent ni
les parfums, ni les poils de chat.
Je me lève et
vais m'habiller. Pour le coup, je décide de mettre un polo bleu ciel et un jean
noir. Je mets des mocassins et vais dans la douche pour me passer une peu de
crème hydratante sur le visage. Je me regarde dans la glace et j'ai
l'impression de ressembler à un zombie. J'ai besoin de me reposer l'esprit.
En arrivant à
l’hôpital, Malek se gare tranquillement. Bomann se retourne et me tend le sac
un papier rose dans lequel trône une boite de chocolat et un ourson en peluche
de 15cm de hauteur. Il descend avec le bouquet de fleurs. Les gars
m'accompagnent tranquillement vers l’intérieur de l’hôpital. Quand nous
arrivons à l'étage où se trouve Sabrina, ils m'annoncent qu'ils redescendant
pour m'attendre à la réception. C'est la panique à l’intérieur de ma poitrine.
J'ai le cœur qui bat la chamade. Je leur dis alors :
- Mais, vous ne
pouvez pas m'abandonner maintenant ? Je fais comment moi ?
Bomann me
répond :
- Fais comme un
grand ! Je t'assure que tu y arriveras.
- Vous n'êtes
pas sérieux, les mecs ! Je vous signale que c'est vous qui avez eu l'idée
des fleurs. Je ne sais même pas quoi lui dire. Je...
- Dex, arrête
de faire durer le suspense ! Va dans cette chambre et dis-lui simplement
« je t'aime. », me lance Malek.
- Et puis c'est
tout ! Conclut Bomann.
J'avance comme
un condamné à mort qui va vers la potence. J'ai l'impression de vivre les
derniers instants de ma vie. Quand j'entre dans la chambre, Sabrina est
endormie. Je m'approche et viens poser les fleurs sur la table à côté du lit.
Je m'approche et me baisse pour lui poser un baiser sur la joue gauche. Elle
ouvre alors les yeux et me sourit en disant :
- T'es enfin
là ! J'ai attendu ton coup de fil pendant tout l'après-midi.
C'est tel un
imbécile que je lui dis :
- J'étais à
deux doigts de me tirer une balle tout à l'heure ; les frangins m'ont ramassé
à la petite cuillère. J'ai l'impression d'être un idiot.
- Tu m'en veux,
n'est-ce pas ?
- Non. Je crois
plutôt que je t'aime, dis-je en posant mes lèvres sur les siennes.