Chapitre 1

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

Chapitre 1

   

Tard ce samedi soir...

 

*** Lizzie

 

- Je crois que je ne vais pas pouvoir cacher la nouvelle pendant longtemps, Lizzie ! Regarde, je ne rentre plus dans mon pantalon.

Je regarde Sabrina et lui sourit.

- Miss ! Tu as dix mille pantalons dans ton armoire. Choisis-en un qui te va encore ! C'est toi-même qui disais il n'y a pas une heure, que Dex n'est pas encore prêt.

- Tu as raison, me fait-elle en enlevant le pantalon qui ne lui va pas.

Elle se remet à fouiller dans ses affaires puis me dit :

- je ne suis plus très sûre d’avoir envie d'aller danser ; je crois que je vais rester ici. J'ai à peine réussi à avaler le repas de ce soir.

- Oh ! Tu es certaine d'avoir envie d'empêcher Dex de danser cette nuit ? Comment vas-tu le convaincre de ne pas sortir ? Lui dis-je.

- Je t'avoue que je n'ai pas envie de sortir, Lizzie. Je...

Elle m'abandonne dans la chambre et court dans la salle de bain attenante. Elle revient quelques instants plus tard et me dit :

- Je ne comprends rien à ces malaises. Je n'ai pourtant rien avalé. Qu'est ce qui ne va pas ?

Je m'approche d'elle, l'aide à s’asseoir sur le lit t lui dis :

- Il va falloir t'habituer. Dans quelques mois, tu devras pousser ce petit hors de ton ventre et là, tu verras que les malaises ne sont rien face à l'accouchement.

Elle sourit et me dit :

- C'est facile de dire qu'on veut un enfant.

J'éclate de rire et lui dis :

- Commence dès maintenant à te créer des souvenirs que tu pourras raconter au petit Dex !

Elle fait de grands yeux, me regarde en face et me dit :

- Lizzie ! Un petit Dex ? Pourquoi pas une petite Sabrina ? Imagine un peu que le petit commence à séduire dès le berceau.

Je souris et réponds :

- C'est dans les gènes, ma sœur ! Même la petite Sabrina fera des malheurs dès la maternité. On n'y peut rien.

Elle se lève du lit et me dit :

- Je vais mettre une robe. Au moins, il n'y aura pas de souci.

Elle finit de s’habiller pendant que je me maquille. Quelqu'un frappe alors à la porte de la chambre. On voit Dex arriver. Il nous sourit et dit :

- Disons que ça va faire une heure que vous avez dit que vous serez prêtes dans 5 minutes !

Je le regarde et lui dis :

- C'est bon ! Nous sommes prêtes.

Il s'approche alors et passe ses bras autour de la taille de sa belle. Ils finissent par s'embrasser. Discrètement, je sors de leur chambre pour aller retrouver les autres dans le salon. Là, je remarque que Willy est arrivé. Il est tout souriant et tout beau. Je le taquine en lui demandant pourquoi ma sœur n'est pas avec lui.

- Depuis quand Frida te permet-elle de sortir en boite sans elle ? lui fais-je.

Il me sourit et dit :

- J'ai la permission aujourd'hui. Il paraît que tu es là pour me surveiller ; donc, tout va bien. En fait, elle avait besoin de se reposer. Les petits ont reçu des amis cet après-midi. Ça courrait dans tous les sens. Heureusement que ma mère était là.

- Je vois ! Dis-je en allant chercher une place à côté de Malek. On part quand vous voulez.

 

Nous nous engouffrons dans les trois voitures disponibles. Les garçons sont de très très bonne humeur. C'est Aymar qui conduit ma voiture. Malek st assis à ses côtés alors que je suis sur la banquette arrière avec Rina, sa fiancée. On se raconte des conneries de filles en parlant de la sortie de la ligne de sous-vêtements de Fenty. A ce moment-là, Aymar change de morceau et met un peu de musique gaboma. Rina et moi, le sourire aux lèvres, nous commençons à danser assise en répétant les paroles d'un morceau que m'a fait découvrir Malek. Je trop nulle en musique gabonaise. Heureusement que l'homme de ma vie est là pour me ramener à la source. Ainsi, les paroles flottent dans l’habitacle du véhicule : le marteau, de l'artiste Panik de Waza :

Et toi la jolie fille qui couche avec les hommes pour les kolo

Le SDA est là frappe et fait mal comme un coup de marteau

   

Nous sommes dans la boite depuis près de deux heures, à danser sans se soucier de quoi que ce soit, quand Sabrina me demande de l'accompagner dans les toilettes. Nous y allons tranquillement. Elle se sent mal. Je l'aide à respirer et à se passer de l'eau sur le visage. Rien n'y fait ;

- J'ai l'impression que mon cœur remonte et va me sortir par la gorge. Ça ne va pas. Je...

Elle a soudain du mal à respirer et là, je comprends que c'est plus grave que je ne le pensais. Alors, je suis obligée de l'aider à s'adosser contre un mur. Je lui lance :

- Je vais chercher Rina pour qu'elle vienne nous aider.

- Ne lui dis rien, s'il te plaît. Je...

- On se calme. Soit on rentre à la maison, soit on t'emmène à l’hôpital.

Au moment où je m'apprête à la laisser pour aller rapidement chercher notre amie, je l'entends qui m'appelle avant de s’effondrer par terre ; heureusement pour moi, deux filles entrent dans les toilettes. Je leur demande de m'aider. L'une d'elle décide d'aller rapidement prévenir pour que l'on appelle le SAMU.

C’est ainsi que se termine la sortie en boite de nuit. Le SAMU intervient très vite pour prendre Sabrina en charge. Le stress monte très vite en chacun de nous. Les garçons en sont à se demander qui est assez sobre pour rester avec nous et nous raccompagner à la maison, tandis que Malek accompagne Dex à l’hôpital.

- Je raccompagne Lizzie ! Annonce Willy.

- Je viens avec vous ! Dit Bomann !

- Cool ! On se voit demain, lance Marcus.

Il s'en va de son côté avec sa, Elna, sa cousine venue de Paris. Aymar en fait de même avec Rina. En voiture, les garçons me demandent alors :

- Qu'est ce qui s'est passé, Lizzie ? Tout allait bien, pourtant. Sabrina rigolait avec nous et l'instant d'après, nous voilà obligé de la laisser partir avec le SAMU.

Je leur dis alors :

- Elle a dû avaler beaucoup trop de coca. Elle n'en a pas l'habitude.

Willy me dit alors :

- Si maintenant le coca cola rend malade, il ne nous reste plus qu'à faire nos prières !

Je me tais, me contentant de regarder par la vitre de la voiture.

Bientôt, nous arrivons chez moi. Les garçons s'assurent que je monte tranquillement. Comme de vrais gentlemen, ils m'accompagnent jusqu'à la porte de l'appartement et attendent que j'ai refermé à clé ; ils s'en vont tranquille. Je m’assois dans le canapé du salon et reste là longtemps à contempler le vide avant de me décider d'aller me changer et passer un pyjama. Je vais prendre un verre de lait avant de me glisser sous les draps avec un magazine en main. Je prévoie de lire en attendant Malek. Pourtant, le sommeil m'emporte très vite et je me retrouve à dormir.

C'est bien plus tard que je me réveille en sentant une présence à mes côtés ; j'ouvre les yeux et remarque que Malek est assis dans le lit à mes côtés.

- Je n'avais pas l'intention de te réveiller, désolé !

- Comment va Sabrina ? Lui dis-je.

- Bien. Le médecin qui s'est occupé d'elle a dit qu'elle a fait une anémie.

Je redresse sur le lit en remarquant qu'il n'arrête pas de se toucher les lèvres. Là, je me rends compte qu'il y a un souci avec ses lèvres, justement.

- Que se passe-t-il, Malek ? Tu as les lèvres enflées.

Il sourit et me dit :

- Dex ne m'a pas raté quand il a su que je suis au courant depuis longtemps que Sabrina est enceinte ; j'ai pas pu nier quand il m'a posé la question. Il m'a foutu son poing dans la gueule en disant que je me suis foutu de lui. En fait, depuis quelques jours, il n'arrête pas de parler de ses problèmes d'argent. Et le fait d'apprendre que j'étais au courant, l'a vraiment mis en boule.

- Il t'a vraiment mis son poing dans la gueule ? dis*je incrédule.

- Oui ! Et ça fait un mal de chien. Désolé si je refuse tout baiser durant les deux prochaines semaines ! Fait-il en se glissant sous les draps.

Je me rapproche pour me glisser dans ses bras et lui dis :

- Raconte-moi tout. C'est le médecin qui lui a annoncé la nouvelle ?

- Oui. Enfin, c'est la première chose qu'a dit Sabrina en reprenant connaissance. Le médecin a fait des prélèvements sanguins et elle a eu droit ç une échographie. Tu vois, quoi. Tout le tralala. C'est pour cela que je suis resté aussi longtemps.

Je lui demande alors quelle heure il est. Il me répond :

- Il est 6h passés. Je vais dormir. Je crève de fatigue.

Je lui pose alors un baiser sur la joue et lui dis :

- Je n'en reviens pas que Dex ait fait ce genre de chose !

Il me sourit et dit :

- Et moi qui avait demandé à Sabrina d'attendre encore un peu avant d'annoncer la nouvelle à Dex. Imagine ce qu'il m'aurait fait dans un mois ou deux.

- C'est incroyable ! lui dis-je.

- Il a décidé de faire la tête et de ne plus me parler jusqu'à nouvel ordre, me fait-il.

- Jamais il ne tiendra le coup ! Ce n'est pas son genre de bouder.

- On verra bien ! me fait-il avant de fermer les yeux.

 

Moins d'une heure plus tard, le téléphone de Malek sonne. Je me déplace pour le saisir. Là, je décroche. Au bout du fil, la voix de Bomann me balance :

- Mani, habille-toi et rejoins-moi. On doit se rendre chez Dex ! Le frangin nous tape une crise d'angoisse très grave. Il risque de se jeter dans la Garonne si on n'y prend pas garde !

Je lui lance alors :

- Bomann, c'est Lizzie. Malek dort encore.

- Bonjour Lizzie. Réveille ton mec et dis-lui que je l'attends.

Voilà comment je réveille Malek, qui me lance :

- J'ai sommeil ! Laisse-moi dormir.

Il se retourne sur le lit et pense pouvoir tranquillement dormir. Pourtant, je le tire par un bras en lui disant :

- Dex fait une crise ! Bomann vint d'appeler, il t'attend pour aller régler le problème.

Malek ouvre un œil puis l'autre. Il me dit alors :

- Ce sera de ta faute si je reçois un autre coup de poing !

- Très drôle, lui dis-je. Allez, dépêche-toi ! Moi, je vais me préparer pour aller voir Sabrina à l’hôpital.

   

*** Dexter Malékou.

   

On ne parle pas assez des sentiments qui habitent un homme quand il apprend qu'il va être père. Ce que je veux dire c'est que trop souvent, on met l'accent sur les sentiments de joie alors qu'à l'instant, je pourrais écrire tout un chapitre sur l'angoisse qui m'a saisi depuis que le moment où j'ai entendu Sabrina demander au médecin si son bébé va bien.

Mon esprit a tout de suite beuggé. J'ai mis du temps à comprendre car, elle s'est tout de suite endormie. J'ai fait les cent pas dans la salle d'attente jusqu'à ce que l'on m'autorise à la rejoindre dans la salle de soins, alors qu'elle avait de nouveau ouvert les yeux. Elle se sentait faible, alors, l'infirmière lui intimait l'ordre de ne pas parler et de garder son calme.

Quand l'évidence s'est faite et que devant mes yeux, les images auxquelles je ne comprenais rien, se font affichées à l'écran de l'échographe, j'ai vu rouge. J'ai eu envie de crier ; pourtant, je suis resté la bouche close alors qu'une explosion avait lieu en dedans de moi.

C'est en sortant de là, incapable de tenir sur place que j'ai annoncé la nouvelle à Malek. Il m'a regardé en souriant. J'estimais qu'il n'y avait pas de quoi plaisanter. Alors, j'ai compris qu'il savait depuis le début. Il a ce sixième sens qui lui permet de tout flairer quand nous, nous sommes dans le flou. Le coup de poing que je lui ai mis et parti tout seul. J'ai eu du mal à accepter qu'il ne m'en a pas parler. Qui laisse un copain dans le flou alors qu'une chose importante est sur le point de lui tomber sur la tête !

 

A l'instant, j'entends que l'on sonne à mon interphone. Je sais que c'est Bomann, car il m'a dit qu'il arrivait. Je vais ouvrir. Quelques secondes plus tard, Malek et lui arrivent. Ils tentent de sourire pour détendre l'atmosphère. Je n'ai pas envie de sourire. En fait, je me suis avaler trois bouteilles de bière histoire de faire descendre la pression. Bomann me regarde et me dit :

- Mec, pose cette bouteille ! Tu ne vas quand même pas nous faire le coup de l’ivrogne !

Resté en retrait, Malek me regarde. Je lance alors à Bomann :

- Pourquoi lui as-tu demandé de venir ? Il n'a pas fait assez de dégâts comme ça !?

Bomann sourit et me répond :

- Dexter Malékou, calme-toi ! Je te signale que je n'ai pas fermé l’œil depuis que nous sommes partis de la boite de nuit. Maintenant que je suis là, tu vas m'écouter au lieu de crier.

- Je veux qu'il parte de chez moi ! Dis-je en pointant Malek du doigt !

Je vois ce dernier qui se passe une main sur le visage et me dit :

- Je n'irai nulle part Dex ! J'ai à peine dormi une heure ; maintenant que je suis debout, on va régler ton problème et tout le monde pourra se reposer tranquillement.

J'ai envie de lui sauter dessus mais je me retiens et crie :

- Tu n'avais pas le droit de me cacher ce genre de chose ! Tu m’as entendu me plaindre de mes finances et tu n'as rien dit. Quel genre de frangin es-tu ?

Malek ne me répond pas. Il se contente de venir s’asseoir dans le canapé face à moi. Bientôt, il lève la tête vers moi et me dit :

- Dex, tu arrêtes ton cinéma ! Ce n'étais pas à moi de t'annoncer cette nouvelle. Et puis, ça n'aurait rien changé.

- Ce n'étais pas à toi de décider. J'avais le droit de le savoir.

- d'accord ! Toutes mes excuses, monsieur Peux-tu s'il te plaît reposer cette bouteille de bière sur la table !

Au lieu de l'écouter, je porte la bouteille à ma bouche et en avale une gorgée avant de hurler :

- Mais qu'est-ce que je vais devenir ? Merde alors ! Un bébé ! Mais qu'est-ce que je vais faire d'un bébé ? Est-ce que j'ai la tête à faire le papa ?

- On ne fait pas le papa. On est papa ou on ne l'est pas ! Me lance Bomann.

Je me retourne vers lui, le toise et lui dis :

- Je ne t'ai rien demandé, à toi !

Il sourit et me répond :

- Si. Tu m'as appelé en chialant en me disant que ta vie et tes projets tombaient à l'eau. Alors, je suis venu te demander de quelle vie et de quels projets il est question. 

Je le regarde, tourne les talons et vais vers la fenêtre. Là, je réponds :

- Peut-être que je devrais aller me jeter d'un pont. Là, vous comprendrez que je n'ai aucune idée de comment je vais devoir gérer ma vie dès à présent ! Mon Dieu, je n'ai même pas de quoi me payer une séance de cinéma en ce moment. Je suis censé aller voler pour acheter ce qu'il faut pour un bébé ;

- Calme-toi, Dex ! Tu me fais angoisser là ! me lance Bomann !

Je regarde Malek et lui dis :

- Je t'en voudrais toute ma vie !

Il me regarde et avec beaucoup de sérieux, me répond :

- Il n'y a jamais de bons moments pour annoncer des nouvelles qui bouleverse une vie. Un mois avant ou une semaine après, ta réaction aurait été la même, chef ! Je te demande de te calmer. Va prendre une douche bien froide et reviens ici qu'on puisse réfléchir à têtes reposées.

- Malek a raison. Dans l'état dans lequel tu te trouves, nous n'arriverons à rien. Heureusement que l'on est dimanche et que l’hôpital ne laissera pas sortir Sabrina aujourd'hui. Ça te laisse le temps de retrouver tes esprits.

 Alors que j'essaie de bouder et de cracher ma mauvaise humeur, Les gars se lèvent et me traînent dans la salle de bain ; là, ils me foutent tout habillé sous un jet d'eau froide en me disant :

- La ferme, Dex ! On a compris que tu as les pétoches ! Calme-toi !

Là, je laisse couler mes larmes car je sens en moi, un profond désespoir !

- J'ai besoin d'être seul ! Vous pouvez me laisser ! Dis-je tête collée à une paroi de la cabine de douche.

- Nous n'irons nulle part ! me crie Bomann.

 

Quand je sors de là, je me change et vais mettre mes vêtements dans la machine à laver ; là, je reviens dans le salon où les gars sont assis. Je reste debout et leur dit :

- Je vais dormir. J'ai besoin de réfléchir.

- Va dormir et repose-toi. On réfléchira à notre réveil tout à l'heure, me dit Bomann.

- Lizzie va à l’hôpital voir Sabrina. Ça veut dire qu'on peut tranquillement dormir et discuter plus tard.

Je tourne les talons et vais dans la chambre alors que Bomann va dans la chambre d'amis et que Malek s'installe dans le canapé.

 

Quand j'émerge de mon sommeil quelques heures plus tard, j'ai tellement mal à la tête que je suis obligé de me masser les tempes. Je regarde l'heure à mon téléphone. Il est 16h. Je sors du lit et essais de rester immobile histoire que la douleur dans ma tête s'estompe. Quand j'arrive au salon, je remarque que mes deux compères sont tranquillement assis en train de regarder un film sur Netflix.

- ça va mieux ? me demande Malek.

Je le toise et trace ma route vers la cuisine.

Il me suit et me demande alors :

- Tu comptes vraiment faire la tête pendant longtemps ?

Je me contente de hausser les épaules. Il ne se débine pas et me dit :

- Je peux comprendre que tu aies la frousse. 

- ça veut dire que tu peux comprendre que je n'ai pas envie de te parler ! Lui dis-je.

- Hum ! C'est vrai que tu n'y es pas obligé ; mais je crois que la situation est assez difficile pour que tu en rajoute. Garde plutôt ton énergie pour la suite eu lieu de te forcer à m'ignorer. Si tu ne changes pas d'attitude, je vais te coller aux basque comme un mauvais rêve. Ça te poussera à arrêter de faire l'enfant.

Je le regarde et lui dis :

- Je te faisais confiance, Malek !

- Désolé de t'avoir déçu, chéri ! Je ne le referai plus ! E lance-t-il en prenant une voix féminine.

- Tu sais que tu es un salaud ! lui dis-je.

- Je sais ! Maintenant, tu arrêtes ton cinéma et tu viens t’asseoir histoire qu'on discute.

- Discuter de quoi ? Vous avez trouvé une solution magique pour que je ne sois pas obligé de me tuer au travail en plus de mes études ? Tu te fous de ma gueule, n'est-ce pas ?

- Dexter Malékou, je ne savais pas que tu étais une femmelette à ce point ! me lance Bomann depuis le salon. Combien d'heures va-t-on devoir passer là à t'écouter chialer ? Le vin est tiré, il faut le boire. Alors, ramène ton cul que l'on puisse discuter tranquillement !

- Va te faire voir, Bomann Ivala ! Et emmène ton frangin avec toi. J'en ai marre de vos tronches ! Leur dis-je.

- Écoute-moi ce maboul ! lance Bomann ! Pour la peine, ce ne sera pas un bébé mais des jumeaux qui vont naître. Ça te rendra aimable.

Là, je me tiens alors la tête entre les deux mains, en me demandant ce qui ne va pas. Pourquoi moi ??? Malek me tape légèrement dans le dos et me dit :

- Viens ! Il n'y a pas mort d'homme. Tout ira bien.

Je le suis dans le salon avec une bouteille d'eau de source dans les mains. Assis dans un fauteuil face à eux qui s'installent dans le canapé, j'entends Bomann, occupé à pianoter sur son Iphone, lancer :

- Avec 30 euros, on peut avoir un beau bouquet de fleurs. C'est quoi les fleurs préférées de Sabrina ?

- Elle aime tout ce qui est coloré. Je viens de vous rappeler que je n'ai pas un sou. Avec quoi suis-je censé acheter ce bouquet de fleurs ? Et puis, ce n'est pas la saint valentin, non ?

Je sens le stress monter en moi. Je me lève pour aller à la fenêtre. Je l'ouvre pour respirer. Manque de pot, la canicule frappe. Pas de vent ! On étouffe dehors ; je referme la fenêtre et revient tranquillement m’asseoir.

- On va fouiller le fond de nos poches et trouver 45 euros, pour que tu prennes un bouquet de fleurs et une boite de chocolat. Tu ne peux pas arriver à l’hôpital à 18h les mains vides, dis Malek

- Et, il te faut le sourire en plus. Tu ressembles à un croque-mort à l'instant. Souris, Dex ! Tout va bien ! lance Bomann.

 

Le téléphone de Malek sonne alors. C'est Lizzie au bout du fil. Il se lève pour aller chercher un peu d'intimité dans la cuisine. Je reste avec Bomann. Je lui dis alors :

- Pourquoi ai-je l'impression d'aller à l’abattoir ?

- Dex, écoute un peu Malek quand il te parle. Il est déjà passé par-là ! S'il te dit de te calmer, c'est parce qu'il sait que la panique ne résout rien.

Je me passe les mains sur le visage et lui confesse :

- j'ai envie de m'enfuir à toutes jambes. J'ai envie d'aller très loin, de disparaître.

 Mon pote me fusille du regard et me dit :

- Tu n'es pas sérieux là ! Tu vas te casser et ensuite ?

Je 'adosse tranquillement, respire un grand coup et lui dis :

- Je ne serai jamais à la hauteur ! Je sais à peine me prendre en charge.

- Personne ne naît responsable, Dex ! On apprend à le devenir. Alors, fais disparaître de ta tête toute idée de fuite et concentre-toi sur l'essentiel. Fuir ne te mènera nulle part.

Je reste là en silence. Malek revient s’assoit ; je les écoute alors faire des plans, chacun vérifiant par téléphone le solde de son compte en banque ; bientôt, ils finissent par tomber d'accord. Alors, Malek me lance :

- J'appelle pour savoir si l'on pourra prendre le bouquet de fleurs au passage. D'après Lizzie, il y a un fleuriste ouvert le dimanche après-midi pas loin de chez nous. Il ne faut pas qu'on le rate.

Il se lève et va vers la fenêtre. Il revint quelques instants après et dit à Bomann :

- On trouvera la boite de chocolat chez un épicier au passage. Bon, c'est l'heure de te préparer, monsieur Malékou. On va lever le camp. Lizzie nous prête sa voiture pour aller à l’hôpital. Fais-toi beau mais évite le parfum. Apparemment, Sabrina ne supporte aucun parfum.

- C'est nouveau ? Dis-je surpris.

- Elle est enceinte, gros bêtas ! Me fait Bomann. Certaines femmes ne supportent ni les parfums, ni les poils de chat.

Je me lève et vais m'habiller. Pour le coup, je décide de mettre un polo bleu ciel et un jean noir. Je mets des mocassins et vais dans la douche pour me passer une peu de crème hydratante sur le visage. Je me regarde dans la glace et j'ai l'impression de ressembler à un zombie. J'ai besoin de me reposer l'esprit.

 

En arrivant à l’hôpital, Malek se gare tranquillement. Bomann se retourne et me tend le sac un papier rose dans lequel trône une boite de chocolat et un ourson en peluche de 15cm de hauteur. Il descend avec le bouquet de fleurs. Les gars m'accompagnent tranquillement vers l’intérieur de l’hôpital. Quand nous arrivons à l'étage où se trouve Sabrina, ils m'annoncent qu'ils redescendant pour m'attendre à la réception. C'est la panique à l’intérieur de ma poitrine. J'ai le cœur qui bat la chamade. Je leur dis alors :

- Mais, vous ne pouvez pas m'abandonner maintenant ? Je fais comment moi ?

Bomann me répond :

- Fais comme un grand ! Je t'assure que tu y arriveras.

- Vous n'êtes pas sérieux, les mecs ! Je vous signale que c'est vous qui avez eu l'idée des fleurs. Je ne sais même pas quoi lui dire. Je...

- Dex, arrête de faire durer le suspense ! Va dans cette chambre et dis-lui simplement « je t'aime. », me lance Malek.

- Et puis c'est tout ! Conclut Bomann.

J'avance comme un condamné à mort qui va vers la potence. J'ai l'impression de vivre les derniers instants de ma vie. Quand j'entre dans la chambre, Sabrina est endormie. Je m'approche et viens poser les fleurs sur la table à côté du lit. Je m'approche et me baisse pour lui poser un baiser sur la joue gauche. Elle ouvre alors les yeux et me sourit en disant :

- T'es enfin là ! J'ai attendu ton coup de fil pendant tout l'après-midi.

C'est tel un imbécile que je lui dis :

- J'étais à deux doigts de me tirer une balle tout à l'heure ; les frangins m'ont ramassé à la petite cuillère. J'ai l'impression d'être un idiot.

- Tu m'en veux, n'est-ce pas ?

- Non. Je crois plutôt que je t'aime, dis-je en posant mes lèvres sur les siennes.

     
Un sourire tatoué su...