Chapitre 1

Ecrit par Leïla studio

YLe soleil était déjà bien haut dans le ciel , lorsque je décidai enfin de quitter mon somptueux lit . Aller du lundi au vendredi dans cet endroit hostile et abominable , que les gens appellent communément « école» , n'était pas une partie de plaisir , alors que je peux très bien rester là à flâner sur les réseaux . Surtout lorsque l'on sait qu'on y va pour revoir les mêmes visages , que ce sont les mêmes personnes qui vous demandent de l'argent , que ces poisons de lycéens populaires trouvent toujours un truc sur vous pour amuser la galerie , et que les profs sont toujours aussi durs et pénibles par dessus le marché. 


Heureusement que ce cauchemar ne dure pas longtemps , et que si je me torture le cerveau chaque jours , dans ces pièces où la chaleur fait sa loi et que la moisissure dévore les murs petit à petit , c'est pour rendre mon papounet heureux . 


Après quelques minutes passées à lire et répondre aux  messages laissés par les internautes sur mes divers comptes , je file à la douche prendre un bon bain chaud . Je prends par la suite , le soin d'appliquer sur ma frêle peau , mon lait de toilette château rouge , enfile ma robe rose fleurie et mon par dessus jeans bleu ciel. Mes orteils au chaud dans ma paire de sandales Tamaris , je peigne mes cheveux crépus en une coupe afro , fais mon sac à la va-vite , avant de rejoindre Georges , mon chauffeur , qui patiente en bas depuis plusieurs minutes . 


8h00, nous démarrons . J'ai pris l'habitude d'arriver en retard , en dépit du fait que monsieur KOMBILA , le surveillant général , me donne des convocations à en pleuvoir . Je sais pertinemment que père ne gaspillera jamais son temps «si précieux » , pour atteindre l'établissement , lui qui est si occupé avec son bébé , depuis qu'elle a vu le jour , qui m'ejecte littéralement de la place qui me revient de droit . D'ailleurs en parlant du loup , il a décollé ce matin même en direction de New York , pour régler un tout petit problème . La routine . Et bien sûr , Mélissa est invisible ! Son entreprise par ci...son entreprise par là... Il y en a marre au finish ! 


À l'arrivée , je ne manque pas de remercier Georges , qui disparaîtra bientôt au volant de la Duster kaki . Je pénètre le lycée telle une reine dans son palais , avec une démarche comme je sais si bien l'exécuter , hélas ! Mon numéro n'aura duré que quelques  instants . 


— Mademoiselle Afane ! Je vois que vous restez fidèle à vous-même malgré le temps qui passe ! M'interpelle monsieur LOUANGO , le proviseur adjoint , serré dans son costume trois pièces noires , qu'on a l'impression qu'il s'étouffe tellement son ventre est gros . 


— Bonjour monsieur . Je n'ai pas fais attention à l'heure qui défilait , j'en suis navrée ! Dis-je sans même cacher mon agacement . 


— Gardez vos excuses pour vous ! Filez en classe , et venez me voir dans mon bureau à l'heure de la pause.  Je joindrai votre père tout à l'heure . 


— Merci monsieur ! Lachai-je en tournant vivement les talons . Quel amateur ! Il devrait y être habitué depuis le temps ! En plus de cela , si c'était un test de ponctualité en l'honneur de cette houleuse fin de vacances de Noël , je l'ai raté avec succès , en revanche , lui , a réussi à me dégoûter encore plus de l'école que je ne l'étais déjà .


Je rejoins ma classe à la vitesse d'une tortue , fatiguée et agacée , que mes lundis matins commencent par un cours de mon vieil ennemi monsieur Moukanda , le prof de maths , qui ne se gêne pas le moins du monde de faire une interrogation sur , pour «redonner de la fraîcheur à nos cerveaux» , comme il le dit souvent . 

— Prenez une feuille , munissez-vous de vos instruments et stylos , avant de déposer votre cartable devant et de débuter l'épreuve . Me crache-t-il , sans même m'accorder ne serait-ce qu'un regard insignifiant. 


Zut ! Je n'ai pas étudié , ou plutôt disons que j'ai commencé avec un bon état d'esprit mais qu'au bout d'une demi heure , je dormais paisiblement sur ma table de bureau , mon cahier scellé à ma joue par de la salive . J'exécute sans broncher , et comme je le disais tantôt , je n'ai même pas pu répondre à une seule petite questionnette lorsque la sonnerie retentit . Je déposai alors ma copie double dépourvue de bonnes réponses et sortais de cette salle qui m'asphyxiait bientôt . 


Pendant la pause , je suis toujours isolée dans mon coin au fond de la cantine et j'avoue que cela ne me déplaît pas outre mesure . Je n'aime pas avoir d'amis , de peur de me mettre dans des situations indélicates que je pouvais éviter sans le moindre effort. Néanmoins , cette tranquillité qui si parfaite , est rompue par cette fille , Lola, que j'aperçois au loin , se dirigeant dans ma direction , avec Louise et Marguerite , ses deux esclaves marchant à ses côtés . 


— Alors Afane , tu te plais bien ici ? Dit-elle sarcastiquement en riant comme une idiote .  Je l'ignore royalement , et continue à déguster le délicieux sandwich que m'a concoctée Laure , notre cheffe gastronomique . 


— Oh là là ! En plus d'être sourde , tu es muette ? Je te plains ma pauvre . Me provoque-t-elle encore . 


— Dis donc Lola , tu n'as rien de mieux à faire ? Sinon , tu peux aller jouer les petits toutous auprès de Kylian , il en sera ravi j'en suis sûre . 


J'ai toute rouge comme une tomate gorgée de Soleil , qu'elle s'en va en talonnant le sol du réfectoire de ses hauts talons. J'enchaîne les cours, ennuyants les uns plus que les autres , les pauses toujours aussi calmes , et le moment que je préfère arrive enfin .  La fin des cours . La liberté . La fin du cauchemar . 


Georges me récupère , et c'est dans une immense joie que je vais retrouver l'un de mes trésors les plus précieux . Mon iPhone X . Grande est ma surprise lorsque c'est oncle Jerry qui m'ouvre la porte , au lieu de Christophe , le majordome qui le fait habituellement . 


— Je te salue mon oncle . Dis-je respectueusement . Ah ! Les formalités , c'est gonfflants . Un simple « salut oncle Jerry !» , aurait suffit à mon humble avis , mais si tu tente de le faire sortir de ta bouche , tu entendras les membres de cette famille trop stricte , te dire des mots du genre : impolie , sans aucune éducation... Des fois , j'envie beaucoup  les autres genres d'enfants riches . Ce qui font ce qu'ils veulent , quand ils veulent et où...


— Le plaisir est pour moi , ma très chère nièce , entre je t'en prie . Répondit-il de sa voix rauque et suave à mes salutations.  Oncle Jerry est un homme dynamique , compréhensif , drôle , parfois sévère , dans la rareté et plus encore , le frère cadet de mon père Serge . Vue , le ton de sa voix, j'ai l'intime conviction qu'il n'est pas dans son assiette . Je ne me fais pas prier plus longtemps , et entre, puis m'installe sur le sofa en face de lui . 


— je ne sais pas où commencer sincèrement , mais je ne vais pas tourner autour du pot . Tu dois être forte . J'avoue que j'ai moi-même été profondément choqué et attristé par la nouvelle... commença-t-il d'une voix hésitante . 


On me coupe le wifi ? Mon téléphone est confisqué parceque je n'ai que des notes médiocres en maths ? Je vais passer le restant de ma vie à manger des chamallows , ces trucs tout mous et dégueulasses ? Allez ! Allez ! Oncle Jerry , crache le morceau sinon tu vas t'étouffer avec ! 


— Ta tante Annie ne reviendra pas . Reprit-il brusquement . 


— Je savais qu'elle m'avait men...


— Elle a perdu la vie dans le crash de son jet privé , sur le chemin du retour , il y a environ une semaine . Me coupa-t-il promptement . Je sais que...


Avant même qu'il ne terminé sa phrase , une cascade de larmes avaient envahi mon visage . Il essayait sans doute de me réconforter , mais je pense que mon cœur était déjà brisé en un milliard de morceaux . 


Je me lève précipitamment du sofa , et montai à une vitesse folle les escaliers , au risque de voir ma tronche étalée sur le parquet . Je rentrai dans ma chambre , et verrouillai la porte derrière moi , sans même me soucier des appels incessants de mon oncle .  Une semaine ? Depuis une semaine ? Il n'avait pas trouvé bon de m'avertir , ou comme d'habitude j'étais le fantôme de service ? Si seulement elle m'avait écoutée , ne serait-ce qu'une fois dans sa belle et luxueuse vie , rien de tout cela ne serait arrivé ! Si elle avait pris un temps de repos comme je le lui avait proposé , elle serait là et comme d'habitude , on serait à l'heure actuelle au bord de la piscine , les pieds dans l'eau entrain de siroter nos jus de fruits fraîchement pressés . 


Elle est partie, son boulot l'a conduite à sa perte...


I'M a teenager - 1