Chapitre 1

Ecrit par Solim K.D.

Chapitre 1

Dominique d'Almeida

Ce matin, comme à l'accoutumée, après le départ des enfants, je m'apprête pour le travail. Il me faut pas moins d'une heure pour être pimpante. Mais le résultat en vaut toujours la peine. D'ailleurs, cela fait partie de mon travail : entretenir mon image. Rien ne doit être laissé au hasard.

Me suis-je présentée ?

Je suis Dominique d'Almeida, j'ai 31 ans et suis la CEO d'une galerie de créateurs. Togolaise, j'ai grandi dans la capitale, Lomé, entourée d’une famille aimante et unie. Mes origines sont modestes, mais je ne peux me plaindre d'avoir manqué de quoi que ce soit.

J'ai fait des études en Communication des Entreprises et ai travaillé pendant un temps comme assistante dans ce domaine. Aujourd'hui, je suis à mon compte, propriétaire d'une belle galerie. Vous aurez des détails sur mon activité professionnelle au fur et à mesure.

J'ai parlé de mes enfants et vous vous demandez sûrement quelle est ma situation matrimoniale.

Eh bien !, je suis l'épouse de Bruno d'Almeida depuis dix ans. Bruno, c'est mon âme sœur, celui pour qui mon cœur bat et a toujours battu. Nous nous sommes mariés quand j'étais encore jeune et mon amour pour lui n'a pas diminué avec le temps passant. Nous avons deux enfants qui font notre fierté, Loveday et Gilles. Loveday a neuf ans et Gilles en a sept.

Même si nous n'avons pas toujours connu ce train de vie que nous menons aujourd'hui, je ne voudrais pour rien au monde retourner à notre vie d'antan. Nous vivons bien, très bien même, devrais-je dire.

Bruno a construit une maison bâtie sur deux niveaux à un étage. Les chambres sont spacieuses et la nôtre est, bien sûr, la plus grande. La maison dispose également d'un jardin.

Chacun étant très occupé, nous avons engagé un cuisinier et une dame de ménage. Détrompez-vous. Je sais tout faire moi-même. À nos débuts, j'étais une parfaite femme d'intérieur. Mais avec les responsabilités accrues, je n'avais plus et n'ai toujours pas le temps de m'occuper de la maison correctement. Bruno était un peu réticent quand j'ai émis l'idée mais j'ai su le convaincre. Ne dit-on pas que 'ce que femme veut, Dieu veut' ? Bref, la vie est belle et je la croque à pleines dents.

Revenons à l'instant présent. Je suis habillée d'un pantalon et d'une veste d'une créatrice togolaise. La beauté de cet ensemble réside dans les matières utilisées. Le mélange du coton glacé et du pagne tissé est juste wow. Et la coupe et la couture ainsi que les finitions sont justes parfaites. C'est un des critères que je recherche chez un créateur avant de lui proposer un partenariat. Je ne travaille qu'avec les meilleurs. Pas que je ne veuille pas encourager les nouveaux et les débutants. Mais je suis de ceux qui pensent que nous, africains, devons proposer au monde le meilleur de ce que nous avons. Surtout quand il s'agit d'art. Nous avons de belles choses, de beaux savoir-faire que nous ne pourrons vraiment valoriser sans faire un minimum d'effort. Si on veut que l'Occident consomme notre production, il nous faut être à la hauteur. D'ailleurs, nous-mêmes, aujourd'hui, nous voulons toujours être bien habillés, avoir le meilleur choix possible.

Donc, me voilà prête pour entamer ma journée. Il est huit heures. Au volant de ma Mercedes C300, je savoure de bons sons sur le trajet. Je vous l'avais dit : ma vie est belle !

**

Il est dix-neuf heures. Nous fermons et je peux rentrer chez moi. Ma journée a été speed. J'ai pris une pause à treize heures, et là, je suis plus que contente de terminer. Les enfants sont déjà à la maison. Je les ai appelés à seize heures pour m'en assurer. Ils ont un chauffeur, ce qui nous facilite grandement la vie.

Sur la route, j'essaie de joindre en vain Bruno. Ok. Il me rappellera.

Loveday et Gilles sont devant la télé quand j'arrive à la maison. Ils lèvent juste la tête pour me dire bienvenue. Hum... Si je n'étais pas fatiguée, je les délogerais de là.

Après avoir pris un bain relaxant, je descends les retrouver dans la même position, et là, je vois rouge.

¾   Loveday et Gilles ! Il est quelle heure ?

Ils sursautent et éteignent rapidement la télé. 

¾   La table est mise ?

¾   Oui, maman.

Bruno n'est pas rentré et ne m'a toujours pas rappelée. Je le comprends. Être à la tête de son cabinet de Ressources Humaines n'est pas une tâche de tout repos.

Vingt-et-une heures.

Je m'effondre de fatigue sur mon lit, mes pensées, s'envolant vers Bruno, mon époux.

Bonheur fugace