CHAPITRE 1

Ecrit par queen of africa

 

 CHAPITRE 1 

***Abidjan – Riviera 3 -domicile de Cyrielle****

Cyrielle et Latif étaient mariés depuis bientôt 4 ans et formait un couple heureux. Bien que de religions différentes, elle chrétienne catholique et lui musulman, ils vivaient en harmonie chacun respectant la religion de l’autre. La seule tache à ce beau tableau familial était qu’ils n’arrivaient pas à avoir d’enfant. Et du côté de la belle-famille de Cyrielle qui ne l’avait jamais vraiment acceptée l’occasion était offerte sur un plateau d’argent pour se moquer d’elle et la traiter de tous les noms. Latif avait eu un enfant avant de rencontrer Cyrielle, Rahim 5 ans, que Cyrielle élevait comme son propre fils. Elle aimait beaucoup le petit qui le lui rendait bien. Il ne manquait à ce beau tableau de famille qu’un enfant d’elle et de Latif. Malheureusement, cela tardait à venir. Cyrielle demeurait en prière et s’en remettait à Dieu. Car comme le dit la Bible : « nos pensées ne sont pas les pensées du seigneur, et notre temps n’est pas son temps. »

Je mets une touche finale à mon maquillage, en achevant ma prière quotidienne. J’ai vraiment besoin que Dieu me donne la force et le courage vu que la journée ne va pas être facile. Et pour cause je me rends à un baptême dans ma belle-famille. Je viens de prendre mon sac à main et m’apprête à quitter la chambre, quand j’entends mon mari se plaindre :

- Eh les femmes et leur affaire de maquillage ! Cyrielle s’il te plait, tu ne vas pas concourir à miss côte d’ivoire. Tu es belle sans maquillage. Sors, s’il te plaît. Tu vas nous mettre en retard pff.

« Je suis prête chérie. On peut y aller », je réponds en éclatant de rire.

- Tu ne vas jamais changer toi. Toujours en retard …

Abdoul Maiga, le frère cadet de Latif, fait baptiser ses filles aujourd’hui, et comme les MAIGA sont une des familles les plus connues et respectées de la communauté musulmane de la ville, c’est sûr que tout Abidjan sera là. Ce sera sûrement une grande fête, et je suis sûre que ma belle-mère et son clan ne vont pas manquer de me lancer des piques. Je me prépare donc déjà mentalement à les ignorer. Si seulement je pouvais me dérober à cette tâche… Mais hélas ! Mon mari tient à ce que je sois présente à ses côtés. J’ai donc dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et le suivre. Croisez les doigts pour moi mes gens pour que tout se passe bien.

***Abidjan, angré la djibi-domicile familiale des MAIGA***

La fête bat déjà son plein lorsque nous arrivons. Je suis mon mari à la trace pour saluer parents et amis. Je pars saluer ma belle-mère qui se trouve bien entendu en compagnie de sa suite. Elle me répond du bout des lèvres et c’est à peine si les autres répondent à mes salutations. Je me trouve une place dans la foule et je m’installe tant bien que mal. La fête continue, chants et danses se succèdent. La nouvelle maman et ses enfants sont littéralement noyés sous les billets de banque et les cadeaux des parents et amis du couple. Les griots font l’éloge des hommes de la famille Maiga, en présentant chacun aux côtés de sa femme et de ses enfants. Bientôt ce sera au tour de Latif d’être présenté aux griots avec femme et enfants pour qu’on puisse lui faire des bénédictions. Je me suis donc mise à la recherche de Rahim. Je le trouve assis sur les pieds de sa grande -mère qui est en pleine causerie en compagnie de ses amies et de sa habituelle suite.

« Rahim tu viens avec maman s’il te plaît ? », je dis en tendant la main vers l’enfant.

- Tchrr maman mon œil ! Toi tu es sa maman. Tu connais que ce qu’on appelle porter un enfant, toi.

- Son père a besoin de nous pour…, tentais-je.

- Dégage de là oui ! Si tu veux présenter des enfants fait les tiens, tu as compris. Laisse les enfants d’autrui. Rahim n’est pas ton fils. C’est celui d’Aida. Elle au moins a fait connaitre la joie d’être père à mon fils.

- 

- Je ne sais même pas ce qu’il te trouve. Tu l’as envouté c’est sûr. Mais ne crie pas victoire trop vite. Bientôt je vais mettre de l’ordre dans tout cela. Et ça se dit femme mariée. Mon œil !!! Incapable d’avoir un simple retard. Tchrr !

Les autres autours se délectaient de la scène et j’entendais des commentaires et des rires. Je n‘en pouvait plus d’entendre tant de méchancetés. J’ai rejoint Latif en retenant mes larmes.

Je n’étais malheureusement pas au bout de mes peines, car je trouve Latif en plein débat avec les griots qui lui demande de présenter sa femme et ses enfants à l’assemblée pour qu’on lui fasse des éloges.

- Où es Rahim ?

- Ta mère refuse de le laisser venir avec moi…

Latif connut la honte de sa vie car vu qu’on n’avait pas encore d’enfant, on ne pouvait être présentés  et cela fut sujet à des murmures dans l’assemblée. Il a donc distribué des billets de banque aux griots en essayant tant bien que mal de leur expliquer la situation. Ma belle-mère et sa suite s’en donnèrent à cœur joie. Je ne savais plus où me mettre – « mon Dieu quelle humiliation ! », je me disais intérieurement.

Je me tenais droite aux côtés de mon mari, la tête baissée. On me regardait telle une bête de foire. Certaines femmes me pointaient même du doigt et les commentaires allaient bon train. C‘est sûr, je serai le sujet de causeries de ces vieilles chouettes pour au moins un mois entier, pensais-je.

Latif qui était à quelques mètres de moi, s’est dirigé à pas rapides vers la maison. Je voulus le rejoindre en espérant trouver un peu de réconfort auprès de lui, mais lorsque nos regards se sont croisés, ce que je lu dans le sien m’a fait peur. Il était en colère. J‘ai donc renoncé à le suivre. J’ai pris une chaise et je me suis installée dans un coin en attendant son retour. Quelques minutes à peine, et je vis sa mère se diriger vers la maison. Je sus automatiquement qu’elle allait le rejoindre, me demandant bien ce qu’elle allait lui raconter. Connaissant ma belle-mère, mon instinct me dit que ça ne sera rien de bon, surtout pour moi.

30 minutes plus tard, j’ai reçu un message de mon mari me demandant de le devancer à la maison car il devait s’entretenir avec sa mère. Le cœur lourd, j’ai pris Rahim et je me suis éclipsée.

 
A L' EPREUVE DE L' A...