Chapitre 1 - #7 et #8
Ecrit par BlackChocolate
- Tue les!!Tue les !!
Les autres miliciens se mirent à crier ces mots avec une ferveur macabre, les yeux rougis par le mal ou plutôt par les différentes drogues qu'ils ne cessaient de prendre. Devant mon hésitation, Madjou s'approcha de moi et me remit encore le joint...
- Tire là-dessus… Ça te fera du bien fillette.
Cette fois ci, je fumai franchement, comme pour tout oublier. Oui, tout oublier de ce que j’avais enduré ces derniers mois, alors que je m'apprêtais à commettre l'irréparable dans l’instant à suivre. Après avoir tiré quelques coups, je me sentis plus légère. Je positionnai lentement l'Ak-47 qui était lourde en direction de mes agresseurs comme j'avais vu les autres le faire un millier de fois. Je respirais lentement, au point où je pouvais discerner le moindre battement de mon cœur. Je ressentais exactement la même sensation de peur que le soir où Fofana avait mis les pieds dans ma chambre pour la première fois. Mes doigts tremblaient, je me sentais incapable de le faire, mais la douleur que j’avais ressentie après cette agression prit le dessus.
Mon doigt se posa sur la gâchette, prêt à expédier en enfer ceux qui m'avaient arraché mon innocence. Mais alors que j'allais presser la détente, j'entendis au fond de moi une voix ressemblant trait pour trait à celle de ma mère et répétant :
- Ne fais pas ça, ne fais pas ça, ne fais pas ça...
Etait-ce le fruit de mon imagination ou ma mère qui me parlait depuis l'au-delà ? Je ne le saurais jamais... En Afrique, on a l’habitude de dire que les morts ne sont pas morts, et qu’ils veillent sur leurs proches depuis là-haut. Toujours est-il que cela eu pour effet de mettre fin à mes pulsions meurtrières. Qu'étais-je en train de devenir? Madjou et ses hommes voulaient me transformer en l'une des leurs, m'arracher ma dernière part d'humanité. J’en voulais à ces deux hommes, je leur en voulais énormément, mais les tuer aurait-il été la solution ? Je me serais certainement sentie bien pendant quelques heures, mais après qu’en serait-il ? Je me retournai vers Madjou :
- Non je ne les tuerais pas...
Je jetai le fusil à ses pieds, et tout ce que je voulais, c’était partir de là pour ne pas céder à la tentation. Je ne voulais pas non plus assister au spectacle qui allait avoir lieu dans quelques instants, parce que je savais que même si je ne l’avais pas fait, les deux hommes perdraient la vie ce jour-là. Tous les miliciens se turent comme interloqués par ma réaction, mais très vite, la colère succéda à l'étonnement. Fofana se précipita sur moi, prêt à me donner une de ces gifles que je n’aurais pas oublié de sitôt. Si le diable existait vraiment, alors je crois que je le vis ce jour-là à travers Fofana. N'eut été Madjou qui s'interposa à temps, j'aurais surement passé un mauvais quart d’heure. Il lui dit sur un ton impériale :
- Madjou : Non, laisse-la. Elle est encore petite, elle n’a pas encore vu grand-chose de l’injustice qui règne dans ce monde. Elle croit encore au pardon et en l’amour.
Mais Fofana n'en démordait pas.
- Mais comment elle peut être aussi bête ? On lui fait tout et c’est comme ça qu’elle nous récompense. Laisse-moi m’occuper d’elle boss. I
l fallait manifestement qu'il voit le sang couler. Mais, face à Madjou, il ne pouvait rien. A défaut de me battre, il se dirigea vers les violeurs ligotés et les arrosa copieusement avec son arme.. Le sang giclait de partout, les deux corps inertes sur le sol avaient été transformés en passoire. Ce n'est qu'après ça qu'il se sentit mieux, le démon qui était en lui avait sans doute eu satisfaction à la vue de tout ce sang versé. Dépitée et dégoutée, je décidai d'aller faire un tour dans les environs histoire de me changer les idées. J'aurais voulu m'échapper, partir loin de là mais les hommes de Madjou quadrillait le quartier. Toute tentative était donc inutile et vouée à l'échec. De plus, je ne pouvais pas prendre le risque de m’aventurer trop loin. Je porte encore les séquelles de la dernière fois où j’ai essayé de m’éloigner de mes bourreaux-protecteurs.
Dans les rues, le décor était celui des guerres. Les murs étaient criblés de balles, et l’odeur de sang et de fumée était présente dans l'air. Je me mis à penser à ma famille. Où pouvait bien être mes frères et mon père en ce moment? Pensaient-ils toujours à moi? Savaient-ils que j'étais encore vivante? Étaient-ils toujours vivants eux ? Toutes ces questions me taraudaient l'esprit quand j'aperçus dans un coin, sous un amas de pierre, un téléphone portable. Dans ce trou perdu !! En ce moment!! C’était incroyable.
Je jetai furtivement un coup d'œil à droite puis à gauche pour être sûre que personne ne me voyait, puis pris le téléphone. Miracle !!! Il était encore allumé. Pour une surprise, s’en était une d’autant plus que ce genre d’appareils était rare à l’époque. Papa en avait un qu’il avait ramené de l’un de ses voyages et qu’il avait acheté très cher d’après ce qu’il nous avait dit. Il ne laissait donc personne jouer avec, mais il nous avait demandé à tous de mémoriser le numéro, que j’essayai de joindre immédiatement. Le souvenir de mon père et de ses cris lorsqu’il nous trouvait en train de manipuler son téléphone me fit sourire... Subitement, j'entendis une voix à l’autre bout du fil.
- Allo, allo...
C'était la voix de mon père.
Cette histoire se déroule à deux endroits.
Dans le nord et dans le sud du pays
Dans le Nord (Naïa)
- Allo, allo...
C'était la voix de mon père.
- Moi : Papa, c’est Naïa, Naïaaaa…
J’essayais de crier aussi fort que possible pour qu’il puisse m’entendre
- Papa : Naïa ? Oh mon Dieu, ma petite fille, mon bébé. Où es-tu ?
Dans sa voix, il y avait tellement d’émotion. On aurait dit qu’il ne s’attendait plus à me revoir un jour.
- Moi : Dans le nord du pays. Aide moi papa ! Viens me sauver !
Et avant même de m’en rendre compte, je vis des larmes couler de mes yeux. Ce n’était pas des larmes de tristesse, mais des larmes de joie. C’était juste bon d’entendre une voix familière, une voix qui me faisait sentir en sécurité.
- Papa : Je serai là bientôt chérie. Je serai là très bientôt. Tu vas bien ?
- Moi : Non, ça ne…..
J’avais à peine commencé ma phrase que je reçus une gifle qui me fit lâcher l’appareil et m’écrouler sur le sol.
- Fofana : Sale gamine, à qui parlais-tu ? Tu as la chance que Madjou te protège sinon il y a longtemps que je me serais débarrassé de toi.
Pourquoi avait-il autant de haine en lui ? Etait-ce les situations de la vie qui l’avait amené à devenir ainsi ? Le monde avait-il été aussi injuste avec lui ? Je me posais toute cette question, pendant que je continuais de pleurer. Mais j’étais loin d’être triste. Je ressentais à peine la douleur de cette claque. Le fait d’avoir entendu mon père au téléphone venait de me redonner espoir. Oui, il y a toujours de l’espoir tant qu’on ne baisse pas les bras. Inutile de reprendre le téléphone. Fofana s’en était déjà occupé et me demandait de le suivre. Je me dirigeai donc avec lui vers l’emplacement où nous étions quelques minutes auparavant.
Personne n’a pris le soin de retirer les cadavres des deux violeurs. Les mouches, gourmandes comme elles sont, s’étaient déjà empressées de venir se remplir le ventre. D’ici deux ou trois jours, les charognards viendraient finir le boulot. Mais qu’est-ce que je m’en foutais. Je repensais à la conversation avec mon père. Aussi courte qu’elle fut, elle m’avait ragaillardi et je me sentais plus sereine.
Dans le sud (Père de Naïa)
- Allo, Naïa, tu es là ? Naïa, Naïa ? *
Crier ne servait à rien. Elle n’était plus à l’autre bout du fil. Je n’en revenais pas. C’était bien elle. C’était Naïa qui venait de me parler. Après avoir passé quatre mois à chercher ma fille, je commençais à perdre espoir. Comment une petite de 10 ans avait-elle réussi à survivre dans un enfer pareil. Ma femme depuis les cieux avait peut-être veillé sur elle, ou alors la mission avait été confiée à un ange. Peu importe qui c’était, je ne le remercierai jamais assez. Après avoir été séparé de Naïa cette nuit où tout bascula, je devais être tué, de même que mes trois autres fils. Mais pendant que nous nous dirigions vers je ne sais où, le convoi avait été attaqué par des militaires qui après plusieurs coups de feu ont réussi à sauver les otages. Malheureusement, Marc-Hervé perdit la vie pendant cet échange de tirs. Perdre ma femme et mon fils en une nuit était insupportable. Et il y avait peu de chance qu’on retrouve ma benjamine un jour. Avec mes autres fils et le cadavre de Marc-Hervé, nous fîmes conduits en lieu sûr. La présidence avait déjà été attaquée, et le Chef d’Etat s’était enfui. L’aéroport était encore sous le contrôle des militaires, mais je ne pouvais pas partir du pays en sachant que ma fille y était encore. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, je l’ai cherché en vain. C’était comme si elle avait disparu de la terre. Trois mois plus tard, les choses commençaient à rentrer dans l’ordre tout doucement dans le sud. Plusieurs médiateurs internationaux avaient été envoyés pour négocier avec les rebelles, et les choses allaient bon train. Quand j’appris qu’elle était dans le nord du pays, c’était une satisfaction immense, mais je ne pouvais pas m’empêcher de craindre le pire. Les rebelles avaient totalement pris le contrôle de l’autre côté du pays, et qui sait ce qui pouvait se passer en quelques heures. Il me fallait au moins 5 jours pour la rejoindre, vu les nombreux postes de contrôle que le MADEP (Mouvement Africain pour le Développement et la Paix) avait installé le long de la route menant au Nord. Il fallait donc faire plusieurs détours avant d’arriver à destination. Première chose à faire, prévenir mes deux autres fils.
- Les enfants, Naïa est vivante. Je viens de lui parler. Elle est vivante !!!
Ghislain et Kevin (en chœur) : Quoi ? Naïa ? Elle est où ? Elle est où papa ? Elle est dehors ?
Moi : Doucement, calmez-vous. Elle va bien. Mais il y a un problème. Elle est au Nord.
Ghislain : Quoi ?
Dans le Nord (Naïa)
Trois jours étaient passés, mais toujours pas de nouvelles de mon père. Je commençais à me décourager, me demandant si cette conversation n’avait pas eu lieu seulement dans ma tête. La vie dans le Nord avait suivi son cours, avec les tueries habituelles. Mais dans le groupe de Madjou, il y avait de moins en moins d’entente. Les autres rebelles devenaient de plus en plus agressifs, et n’aimaient plus exécuter les ordres de leur « Chef ». Pour moi, cela n’augurait rien de bon, parce que si Madjou se faisait tuer, il y avait très peu de chance que je survive. Mais hormis cela, je ne voulais pas non plus qu’il meurt. Il y a bien longtemps que mes envies de vengeance étaient passées. Pendant ces derniers mois, Madjou avait été le père que je n’avais plus. Il m’avait protégé, nourrit, et soigné lorsque j’étais malade. Tout ce qu’il me restait à faire, c’était prier. Prier pour que Dieu ne nous abandonne pas, parce que je n’avais pas envie de mourir. Des cris me ramenèrent à la réalité. Qu’est ce qui pouvait bien se passer ? Quand je sortis, il y avait un grand cercle, et au milieu je vis Madjou et Fofana, se battant à mort, blessés de partout. Ce que je craignais était en train d’arriver. Si Fofana l’emportait, c’en était fini pour moi.
Le combat entre les deux hommes semblait interminable. Les coups partaient de tous les côtés, et les autres rebelles si bavards d’habitude ne faisaient pas le moindre bruit. Tout le monde voulait juste connaitre le dénouement de cette lutte à mort. Madjou et Fofana étaient sales, leurs yeux plus rouges que jamais, et du sang coulait de certaines parties de leur corps. De temps à autre, ils prenaient une petite pause comme pour reprendre leur souffle, et s’élançaient à nouveau l’un vers l’autre comme des gorilles déchainés. Je priais tous les dieux pour que Madjou sorte gagnant de ce combat, chose qui aurait été inimaginable 3 mois plus tôt. Cet homme avait violé ma mère et l’avait tué. Pendant tout le temps que nous avions passé ensemble depuis la mort de maman, le sujet ne fut jamais abordé. Pensait-il qu’il était possible de prendre la vie de quelqu’un qui m’est aussi chère sans donner d’explication ? Qui était-il pour ôter la vie à une personne ?J’étais sensée le détester, lui en vouloir à mort. Mais les circonstances de la vie en ont voulu autrement. Il m'avait sauvé la vie à maintes reprises, et sans lui je ne serais probablement pas là à vous raconter cette histoire. De là où je me trouvais, je voyais très mal les deux combattants, et j’avais du mal à savoir qui de Fofana ou de Madjou dominait le combat. Il fallait que je me faufile parmi les autres pour mieux voir. J’avais à peine fait quelques pas que je vis Fofana qui maintenait la tête de Madjou entre ses mains. Ce dernier se débattait comme un beau diable. En ce moment précis, Fofana était plus puissant que son adversaire, même si la fatigue se faisait sentir des deux côtés. Par un mouvement rapide, il mit Madjou à terre. L’autre avait le visage tuméfié, les yeux bouffis et du sang épais coulait de sa bouche. Puis il y eut ce son.. Ce "crack". Fofana venait de briser le bras droit de son adversaire... C’était comme dans les films, mais plus brutal, plus vrai. Même les miliciens qui semblaient n’avoir peur de rien étaient terrorisés. Moi je me pissais presque là-dessus. Cette brute de Madjou n'avait eu que ce qu'il méritait, mais il ne devait pas mourir. Il ne pouvait pas mourir. Le vainqueur réclama une machette. Il était inutile de demander ce qu’il comptait en faire, sinon ce serait mal connaitre Fofana.
- Fofana : On va finir tout ça en beauté.
Il avait un petit rictus aux coins des lèvres. Il souleva son bras, et s’apprêta à trancher la tête de Madjou….
Quelques secondes plus tard…
Fofana s’écroulait sur le sol, mort. Tout s’était passé si vite, tellement vite que même moi je ne m’en étais pas rendu compte. Tous les rebelles se retournèrent, et j’étais là, au milieu d’eux…Une arme à la main…
Je venais de tuer Fofana !!!!
Pendant quelques instants, il régna un silence de cimetière, jusqu’à ce que Madjou le rompit.
- Ce soir c'est la fête ! Sortez tout ce qu’il y a comme alcools"...
Le calme ambiant fit immédiatement place à des scènes de liesse.. Les rebelles se mirent à crier et à chanter à tue-tête des chansons improvisées à la gloire de leur chef. Eux, ils s’en foutaient de qui gagnerait. Ils étaient juste des spectateurs… Ils n’avaient rien à perdre, rien à gagner. Pour moi, c’était une question de vie ou de mort. Quelques heures avant, je refusais de mettre fin à la vie de mes violeurs. Et là, je venais de commettre l’irréparable. Mais je ne regrettais rien. Je n’étais pas faite pour être un martyr… et ça je l’ai compris ce jour-là.
Le soleil commençait à se coucher sur le camp. Un grand feu de bois fut allumé, et les rebelles dansèrent tout autour. Une grosse radio dont l’antenne tenait à peine jouait des chansons dont les paroles m’échappaient. Mais eux, les brutes féroces, s'étaient tous muées en joyeux fêtards et fredonnaient les paroles à gorge déployée. Dans cet environnement triste, il était agréable de voir qu’un peu de joie était encore présente. Parce qu’en ce moment, leurs rires étaient des rires joyeux.
Madjou se leva, et se dirigea vers sa tente. C’était probablement pour récupérer de sa lutte mortelle. Il avait le bras bandé dans un vieux tissu d’une blancheur douteuse. Après le coup de feu, il ne me parla pas. Et moi non plus. Je n’avais pas besoin qu’il me remercie, parce que ce n’était pas lui que je venais de sauver, mais moi. Je profitai de ce moment pour partir en direction de la tente de Fofana. Le téléphone se trouvait certainement là. Encore une chance que Madjou n'ai pas découvert le pot aux roses. Je scrutai les alentours pour m’assurer que personne ne me suivais. Dans la tente de Fofana, il y avait juste un sac. La lumière de la lune pénétrait l’intérieur, ce qui me permit de distinguer tant bien que mal le téléphone dans un sac sale et poussiéreux. Avant d'appeler mon père, je regardai une fois de plus autour de moi. Personne à l'horizon !!! Je pouvais donc lancer mon appel sans crainte. Mon père décrocha immédiatement. Comme s'il avait toujours attendu cet appel:
- Moi : Allo papa
- Mon père : Naïa, Naïa… Comment vas-tu? Ça va ? On ne t'a pas fait de mal j'espère? Où es-tu? Es-tu seule ?
Il posait tellement de questions à la fois, et si vite que j’avais du mal à le suivre.
- Moi : Non Papa ça va, je vais bien (je n’avais pas suffisamment de temps pour lui raconter mes déboires). Je ne sais pas comment t'indiquer où je suis.
- Mon père : Il y a quoi autour de toi?
- Moi : Quelques maisons et de la brousse à portée de vue. Tout ce dont je me souviens, c'est qu'il y a un grand pont un peu après les habitations.
- Mon père : D'accord. Je suis en route, je serai là dans pas longtemps. Attends, je te passe tes frères. Depuis que je les ai prévenu, ils ont énormément envie de te parler.
- Moi : D'accord Papa ! Commence par Marc-Hervé !
Là lumière du téléphone se mit à clignoter, me signalant que batterie était faible. Le téléphone ne tardât pas à s’éteindre. J'essayai de le rallumer en vain. Je dus me résoudre à l’idée qu'il ne s’allumerait plus. Je sortis de la tente et me dirigeai vers le campement. J’avais disparu trop longtemps, et il ne fallait pas que quelqu'un s'aperçoive de mon absence. À mon retour, je vis que la fête se poursuivait et tout se déroulait sans accroc. Certains dansaient, d’autres continuaient à boire et à fumer, et ceux qui tenaient surement moins bien l'alcool étaient étalés à même le sol. Je commençais à avoir très faim. J'entrepris donc de chercher à manger dans tout ce boucan. Par chance, il y avait quelques morceaux de viande grillé dans des feuilles de bananes. Ça fait longtemps que je ne me demandais même plus quelle viande je mangeais. J'avais déjà mangé un peu de tout à savoir des serpents, des gazelles, des crocodiles, des pintades, et même des chats. Moi, la petite fille à son papa qui faisait la fine bouche à la maison lorsque maman préparait certains types de poissons. Je dégustai mon repas avec un plaisir non dissimulé. Ce n’était pas la meilleure des bouffes que j’ai eu, mais j’étais contente d'être encore en vie. J’étais contente de pouvoir sentir le gout de cette viande sur ma langue, et par-dessus tout, j’étais contente de savoir que mon protecteur et les miens étaient encore en vie. C’était ma lueur d'espoir dans cet océan d'obscurité. Comme d’habitude, j’étais plongée dans mes pensées lorsque l’un des rebelles cria :
- Le boss t'appelle
-Pourquoi?
- Tu es folle ? Va lui demander ça toi-même !!!