CHAPITRE 1 : Un matin d'hiver

Ecrit par Bobby21

Le froid comme tous les matins d'hiver dictait sa loi sur la ville rouge. Les nuages eux s'amusaient à cacher le soleil. Comme à l'accoutumé et bien que les fenêtres étaient parfaitement fermées, le réveil était compliqué. Elle s'accrochait à ma peau telle un enfant à sa friandise. Je l'entendais me murmurer à l'oreille "ne m'abandonne pas toute seule je t'en supplie". Notre relation avait pris une telle tournure depuis le début de cette saison hivernale à telle enseigne qu'on était devenus inséparables tous les deux.  On passait tout le temps ensemble. Quand je n'étais pas à la fac, où je me faisais de plus en plus rare sous prétexte d'avoir froid, j'étais dans ses bras et on se transmettait nos chaleurs mutuelles. Ce matin donc, de sa voix fine et douce, elle me suppliait de ne pas la laisser. C'est vrai, j'étais si bien en sa compagnie et nos chaleurs me mettaient bien au chaud mais, la fac me réclamait également surtout quand je réalise celle qui m'y attend. Il m'a fallu moultes excuses et explications pour qu'elle me comprenne enfin. Mais, en contrepartie, elle me demandait de revenir aussitôt que je finissais à la fac. Je dus là encore le lui promettre et Dieu seul sait que je trahi presque jamais mes promesses. La quitter blottie sur le lit me laissait perplexe. Il y avait une sorte de champ magnétique dans la pièce. Elle était probablement à cause de sa féminité le pôle positif et moi le négatif. Et contrairement au magnétisme que nous connaissons tous, plus j'essayais de m'éloigner, plus j'étais attiré. Tel un déclic, ma raison eut raison de mes émotions et je me rendis dans la salle de bain pour ma petite toilette du matin. Avec le froid et les températures qui sévissaient, il était préférable de prendre sa douche dans la nuit pour ainsi le matin, n'avoir qu'à se débarbouiller et se brosser les emails. Ceci n'était bien sûr pas haram, même pendant le mois saint du Ramadan. Après ma toilette, je me suis habillé, pris mon sac et m’en allai. Mes mains moites et froides ressemblaient à des gingembres asséchés. Le vent frais humidifiait mes narines. Et mon cou, dépourvu de cache-col ressentait une fraicheur unique. La route qui me menait à la fac était assez calme car la ville à cette saison ne se réveillait pas de sitôt. Mais, nous étudiants n’avions pas le choix quand bien même les grasses matinées s’insurgeaient de temps à autres. En moyenne je mets deux dizaines de minutes pour me rendre à la fac.

 

Chaque matin, je me faisais un plaisir de cheminer sur ces beaux asphaltes qui étaient présents même en quartier (je me demande toujours pourquoi cela n’est pas encore le cas chez moi). Les jours où je me sentais triste, je passais toujours par la fac sœur à la mienne où je pouvais humer les belles fleurs toujours entretenues et éclatantes qui embellissent cette fac et qui de leurs agréables odeurs et arômes, me faisaient retrouver le sourire. Bizarre, oui mais pour moi, voir ces fleurs toutes jolies et toutes fraiches chaque fois que j’en avais l’occasion me redonnait confiance car si elles, de si petites créatures, avaient la bénédiction du créateur qui leur donne toujours cet éclat, ce n’est pas moi, suprême et ultime créature, qui en manquerais. Cependant les jours ordinaires où je n’y passais pas forcément, je longeais la clôture de ladite faculté qui elle aussi arborait de beaux pétales avant d’aboutir, via la boulangerie où tous les midis, je me procurais du pain, à l’avenue menant tout droit à ma fac.

Après des centaines de mètres et de pas, j’arrivai enfin au passage piéton qui donnait sur ma faculté. Le respect strict de ce passage facilitait toujours la traversée des marcheurs. Les étudiants se grouillaient de tous les côtés et l’on se croirait aux USA ou en Angleterre tellement ils étaient pressés. Certains avaient cours, d’autres des travaux dirigés ou pratiques, d’autres encore venaient tout simplement étudier tant la fac grâce à ses dispositifs offrait un cadre idéal pour ce faire. Moi, ce matin, c’est elle qui m’attendait. Comme à l’accoutumé, je ne pouvais passer à travers la fac sans m’arrêter pour saluer une tierce connaissance. Après les salutations, et à cause du retard que je risquais d’accuser à son rendez-vous, je pressai alors mes pas. Une fois dans la salle, le bruit était à son comble et l’on se croirait à la garderie pour la simple raison que l’éducateur n’était pas encore là. Ça parlait de tout et de rien : du dernier épisode de ‘’Game of Thrones’’ au dernier scoop de la nuit en passant par l’actualité du jour. Il y avait de tout pour orchestrer une vraie cacophonie dans la salle. Ne sachant pas ce qu’elle me réservait en cette matinée fraîche, je me résolu à faire une chose que je faisais désormais rarement, je m’assis et pris un bouquin que je me mis à lire...  Quand le prof arriva, on n’eut pas besoin de me le signaler car le silence brusque de la salle me le fit réaliser. D’une corpulence imposante, il était comme toujours animé d’une bonne humeur. Ce professeur, je l’appréciais beaucoup pour son charisme et son dévouement. Son sens du travail bien fait nous rassurait toujours. Nous allions donc ce matin entamer la deuxième série de ses travaux dirigés. Le professeur nous la distribua pour y réfléchir avant de passer à la résolution. Deux heures après, c’en était terminé pour elle et le prof s’en alla. Moi, j’en avais fini de la journée et je rentrais donc retrouver ma chérie comme promis. Je descendais les marches du bloc de salles de travaux dirigés lorsque je l’aperçus de loin. Elle brillait des lèvres et le peu de soleil que les nuages avaient décidé de laisser briller illuminait son visage. Même à cette distance j’avais l’impression de sentir la belle odeur que dégageait son corps tellement elle était bien vêtue. Le manteau à fourrure qui sculptait ses formes lui donnait un effet Beyoncé, sa coiffure naturelle transmettait son africanité, le sac en bandoulière allait parfaitement avec ses bottes en velours. A pas sûrs, elle avançait telle une innocente vers le bloc ou j’étais. Son avancée accélérait mon rythme cardiaque.  J’étais tellement concentré à la dévorer des yeux que je glissai sur les escaliers. Grâce à Dieu et à mon réflexe, je ne m’écroulai pas au sol. Elle, était déjà arrivée au bas des escaliers et s’apprêtait à monter quand une voix l’interpella. Probablement une de ses amies. De toute façon, je pouvais la remercier car grâce à elle j’entendis le prénom de la Beyoncé de ma matinée : Manuela. Elle dût donc s’arrêter pour être rejointe par son interpellatrice. J’arrivai donc à son niveau avant cette dernière. Je ne puis m’empêcher de la mater du visage, passant par son imposante poitrine à ses belles chaussures, quelques secondes avant d’engager la discussion…

-         Bonjour Manuela !

-         Bonjour, euh… on se connaît ? me répondit-elle. Elle venait de balancer la phrase fétiche des filles lors des premières rencontre. Je n’eus pas le temps de répondre car son amie arriva… 

Elle