Chapitre 1: Ushindi
Ecrit par Plume Inspirée
Chapitre 1 : Ushindi
C’était un certain matin d’Aout, le temps était doux, il apportait aussi des douces nouvelles dans une des parcelles du quartier Matshipisha à Lubumbashi, la maman était en joie, elle sautait, elle criait deux enfants admis à un examen d’état, ça méritait effectivement toute cette joie. Maman Lydie était très contente. L’une des particularités des deux Congos, était que le voisinage savait se joindre aux célébrations des autres.
Habitant une cour commune, les voisines de maman Lydie s’étaient jointes à elles pour célébrer, c’était une furie de joie, Ushy et Ben étaient admis à l’exetat, ce qu’on appelait aussi le baccalauréat ailleurs, il y avait des cris dans la parcelle. Propre à nos mamans en Afrique, elles s’étaient lancées dans des chants de louanges à l’Eternel et aux danses avec leur voisine, couvrant de foufou les deux futurs étudiants ainsi que leur maman.
- Dieu est merveilleux oh, eh Dieu a écouté nos prières, criait l’une d’entre elles, entre deux couplets de chants
- Il est vraiment le père des orphelins oh, le mari des veuves, ce Dieu est bon, lançait une autre entre deux couplets
La joie de ces mamans était pure et vraie, elles célébraient comme s’il s’agissait de leurs propres enfants, elles semblaient même célébrer plus que les deux concernés qui ne faisaient que rire aux éclats face aux danses des mamans. Pendant ce temps, le fils d’une des voisines filmait la scène.
Maman Lydie était veuve depuis 15 ans, elle avait appris à se battre dans son commerce pour l’avenir de ses enfants, heureusement aujourd’hui ils étaient tous très grands, Ushy et Ben étaient les deux derniers. L’ainé de tous, Martin était en Afrique du Sud où il avait réussi à s’installer de façon stable avec sa petite famille ; Gloria la deuxième, était mariée à un pasteur, elle n’avait pas une vie de luxe mais elle savait se contenter de ce que la vie lui donnait ; Gustave avait trouvé une place à la fonction publique grâce à l’un de leurs oncles puis il y avait Ben qui avait manqué son bac l’année précédente et Ushindi (Ushy) la dernière; finalement, les deux derniers avaient fini par avoir leur bac au même moment cette année.
Quelques heures plus tard, la parcelle avait retrouvé son calme, les mamans avaient vaqué à leurs occupations, les unes s’étaient rendues au marché et les autres étaient concentrées sur les travaux ménagers. Ushy s’apprêtait à sortir, elle avait hâte de célébrer son admission avec olivier, cela faisait à peine 6 mois que les deux jeunes avaient commencé à se fréquenter, étant dans la même église depuis des années, Olivier était l’ainé d’Ushy de 4ans, il avait aidé Ushy à grandir dans sa marche avec le Seigneur. Depuis 6 mois, leur relation avait pris une autre nature, Olivier avait fait connaitre à Ushy ses sentiments et son désir de faire d’elle sa femme, Ushy n’était d’ailleurs pas indifférente à la personnalité d’Olivier à qui elle trouvait non seulement du charme mais aussi beaucoup de maturité elle était surtout fascinée par son attachement au Seigneur. Craignant Dieu, les deux amoureux observaient leur relation dans la sanctification.
« Fais l’effort d’arriver à temps je n’ai pas beaucoup de temps de pause, Ushy »
« Je m’apprête je suis presque prête »
« Noooon, te connaissant, si là tu t’apprêtes ça veut dire que tu finiras par arriver ici dans trois heures, tu prends tellement de temps devant le miroir »
« Je suis à terre Liv, non t’inquiète je serais là dans trente minutes, je prendrais un taxi »
Ce n’est que quarante minutes plus tard, qu’elle était fin prête, cependant elle ne répondait plus aux messages d’Olivier, elle ne les lisait même pas, elle savait déjà ce que disaient ces messages, Olivier se plaignait certainement du temps qu’elle avait encore passé devant son miroir. Ushy aimait prendre soin d’elle, en dehors de ses études qu’elle prenait avec sérieux, Ushy avait une passion pour l’esthétique, naturellement sans faire d’efforts, elle savait faire des belles mises en beauté et des belles tresses ainsi que des tissages, cette activité l’aidait à se faire des sous à ses heures perdues.
- Ben, s’il te plait donne-moi de quoi prendre un taxi je te rembourse à mon retour
- Ushy toi aussi ! l’argent que j’ai ici je compte l’utiliser pour aller faire un shooting photos pour célébrer mon admission avec mes potes
- Mais je te rembourse à mon retour non ?
- Justement ce n’est pas possible parce que là je m’apprête pour aller faire le shooting, pourquoi tu n’aimes pas te mettre à la place des autres toi Ushy !
- Ecoute t’as même pas encore pris une douche, donne-moi l’argent dès que j’arrive où je vais, je te fais un Mpessa
- Ah toi franchement !
Exaspéré, son grand frère se voyait obliger de lui remettre de quoi payer son taxi, Ushy courrait prendre un taxi, pendant ce temps son téléphone sonnait, c’était Olivier qui tentait de la joindre. Près d’une trentaine de minutes plus tard, elle était arrivée au lieu du rendez-vous ; descendant du taxi, elle apercevait Olivier devant son plat déjà, elle savait qu’il allait encore lui faire la même remarque de tout le temps, elle souriait déjà à l’égard de son ami,
- Désolée il y avait le trafic, laisse tomber
Il éclatait de rire comme pour dire qu’il ne croyait pas un seul mot de ce qu’elle disait, il était habitué à ses retards, Olivier était suffisamment mature pour savoir qu’Ushy ne pouvait pas être parfaite, il l’aimait et savait se faire à ses petits manquements. Il lui lançait un regard amoureux avant de dire
- ça valait la peine je pense,
- Quoi ? je ne te saisis pas bien
- Arrête de faire semblant tu as tout compris, mais bon je vois que tu aimes ça, alors je vais le répéter avec des expressions plus claires, je disais que ça valait la peine que tu prennes autant de temps, tu es très belle Ushy l’étudiante
- Ahahahaha, en effet je suis désormais une étudiante, non mais on dirait que je n’arrive pas trop à réaliser en fait
- Bah tu vas très vite le réaliser une fois à la fac, il faut déjà te préparer pour les démarches d’inscription à la fac, ça va passer tellement vite que tu dois déjà rassembler tous tes papiers. Mais dis donc tu es devenue la star de tous les statuts des frères et sœurs de la chorale, on aurait dit que tu étais la seule à présenter l’exetat cette année à la chorale !
- Nous étions près d’une dizaine et jusqu’ici je n’ai entendu que des bonnes nouvelles, bon je n’ai pas les résultats de tout le monde aussi mais il faut comprendre hein, je suis Ushy le bébé de tout le monde
Avec le retard d’Ushindi, il ne leur restait pas beaucoup de temps avant la fin de la pause d’Olivier qui faisait un stage pour l’obtention de sa licence. Les deux jeunes amoureux avaient profité du peu de temps qui leur restait pour parler. Ils chérissaient ces moments qu’ils passaient à parler ensemble, ça leur permettait de mieux se connaitre, s’il était possible, ils auraient pu arrêter le temps, pour passer encore plus de moment ensemble, là dans cette pâtisserie, le moment de prendre congé l’un de l’autre était toujours aussi difficile pour Ushy et Olivier. Ils étaient très complices.
…………..
Deux jours s’étaient écoulés depuis la bonne nouvelle, les messages de félicitation ne faisaient qu’arriver de partout, Ushindi qui aidait beaucoup sa maman dans la gestion de leur maison, était occupée avec les taches ménagères et au même moment, la sauce de pate d’arachide qu’elle cuisinait était déjà au feu. Ben quant à lui était dehors concentré à parler avec ses amis sur les réseaux sociaux
- Ushy ? Ya Martin te félicite, il a dit qu’il est très fier, criait Ben depuis l’extérieur
- Ah ok, dis-lui dès que je termine tout ce que j’ai à faire je vais me connecter, salut aussi Ya Sandra de ma part, je les écris tous dès que je suis libre
- Ya Sandra demande quels sont tes projets pour l’année scolaire prochaine
- Ah mais Ben je t’ai demandé de dire que je me connecte plus tard pour parler de tout ça non !
- Ok c’est bon, mais ce sont eux, ils sont tous tellement excités avec cette bonne nouvelle
Sandra était leur belle-sœur, la femme de Martin l’ainé de la famille, Sandra était aussi de la RD Congo mais de Kinshasa par contre. Ils n’avaient encore jamais vu leur belle-sœur, mais ils s’aimaient déjà. Maman Lydie avait veillé à élever ses enfants dignement selon les voies du Seigneur, ils savaient respecter les valeurs de la famille, une atmosphère d’amour et de respect régnait entre eux. Sandra aussi était très gentille, ce qui avait facilité la tâche à sa belle-famille de l’aimer rien qu’à partir de leurs appels vidéo et messages, un grand lien s’était déjà créé entre eux.
Après avoir cuisiné la pâte d’arachide, Ushy était cette fois ci occupée à mettre les poissons sur le barbecue au charbon, tout ceci l’avait pris tellement de temps qu’entre se préparer pour se rendre aux répétitions de la chorale et terminer de tout ranger, Ushy ne s’était pas connectée pour parler à ceux de l’Afrique du Sud.
La répétition était un moment non seulement de pratique au chant qui était l’une des autres passions d’Ushy, mais c’était aussi des moments où ces jeunes qui se connaissaient pour la plupart depuis des années passaient à rire et à se transmettre la bonne humeur. Ils avaient été dans cette église depuis l’école du dimanche pour la majorité, Ushy n’était là que depuis 4 ans mais elle se sentait chez elle, cette église faisait partie de sa vie, ici elle avait eu une seconde famille.
Après les répétitions, comme toujours Olivier était venu chercher Ushy pour l’accompagner chez elle, les deux jeunes marchaient toujours de l’église jusqu’au domicile de la fille, ils aimaient ce temps pour se raconter leur journée,
- J’avais reçu ton message, mais pas le temps de répondre, mon tuteur m’a donné trop de travail aujourd’hui, alors tu veux enseigner la biologie au lycée c’est ça ?
- Oui ! et je suppose que tu trouves ce choix ridicule hein ?
- Non pas du tout, connaissant ton désir de transmettre, je me dis que tu ferras surtout une très bonne prof, en tout cas les élèves que tu auras seront chanceux d’avoir un prof qui ne leur transmettra pas seulement le savoir mais aussi son amour
- Oui c’est ce que je veux, en fait je veux faire un métier qui me procure vraiment de la joie au quotidien, j’aime tellement être au milieu des jeunes que je pense que ce métier me convient. Je me disais que toi aussi tu allais me déconseiller de le faire
- Qui d’autre t’a déconseillé ?
- Ben, il dit que les enseignants ne sont pas bien payés ici et tout. Mais tu vois je ne veux pas faire ce métier pour l’argent je veux vraiment le faire pour ma passion de transmettre
Olivier regardait Ushy avec admiration, Ushy était débordante de rêves. Olivier était plus réaliste qu’elle, mais il ne l’empêchait jamais de rêver, il aimait l’écouter lui partager ses rêves, comme toujours UShy s’était lancée dans son fameux discours de « Plus tard ceci…, plus tard, cela.. »
- Tu vois bien que selon mon frère, ce métier n’est pas bien rémunéré, je serais tout de même en train de vivre ma passion puis de l’autre côté, j’ouvrirais un grand salon de coiffure pour me permettre d’être encore au milieu des gens les week-ends, prendre soin d’eux et transmettre de l’amour
- Je vois qu’aujourd’hui tu as oublié une autre de tes passions, à quel moment tu seras entrain d’enregistrer tes chants au studio?
Ushy éclatait de rire, elle était contente au fond d’elle, ça lui faisait plaisir de voir que son ami, notait les détails de tout ce qu’elle lui racontait.
- C’est vrai il y a ça aussi j’allais oublier, sans compter à quel moment je m’occuperai de mon cher mari
- Voilà là tu parles bien,
Olivier avait tenu la main d’Ushy, ils marchaient main dans la main et parlaient de leurs rêves et de leur projet de se marier dans deux ans. Dès que Ben allait fêter sa collation de licence, il allait parler de leur relation à ses parents ainsi qu’au pasteur, tels étaient leurs plans et dès ce moment ils allaient demander la liste de la pré-dot et se préparer.
Apres près d’une heure de marche, ils étaient arrivés dans la ruelle où vivait Ushy, c’était souvent au niveau de cet arbre au coin de la ruelle que les deux amoureux prenaient congé
- Bon je n’ai pas envie de te laisser, mais ma mère, c’est sûr qu’elle s’impatiente déjà alors je dois partir
- Je t’aime Wangu
- Je t’aime aussi Wangu, fais un texto dès que tu arrives à la maison,
S’était écriée UShy qui s’éloignait déjà. Wangu c’était comme ça que les deux amoureux s’appelaient affectueusement, il arrivait qu’Ushy appelle aussi Olivier par Liv, mais Liv était le surnom d’Olivier connu de tous à l’église. Wangu par contre n’était réservé qu’aux deux, « wangu » était une expression swahili qui pouvait être traduite en français par le mien ou la mienne.
- Maman tu es seule dehors comme ça ?
- Ah tu as oublié comment ton frère m’énerve quand il est devant la télé à suivre ses rediffusions de match ?
- Ahahahahah bah dans quelques temps nous serons libérés de lui maman
- Hum mais toi tu vas continuer à le supporter là-bas oh
- Moi je pense que je vais rester ici à Lushi maman, je ne compte pas partir à Unikin
- Comment ça ? Gloria vient déjà d’appeler ici, avec son mari ils ont donné toutes les informations concernant vos formations à ton frère. Et, par rapport à ce qu’ils ont dit, pour ta formation il faut seulement que tu ailles à Kinshasa ; ton frère qui prenait toutes les notes va mieux t’expliquer
Kinshasa était une autre ville de la République Démocratique du Congo.
- Maman l’un de mes amis de l’église m’a déjà donné toutes les informations concernant ce que je veux faire et il y a effectivement un moyen de le faire ici, en tout cas je n’irais pas à Kin moi !
- Ah, Ushy laisse ton bruit je veux prendre de l’air tranquillement, tu penses toujours tout connaitre mieux que tes ainés hein. Tu as toujours un ami qui connait ceci ou cela. Donc le mari de ta sœur qui a cherché les informations là pour vous, ne connait pas bien la fac c’est ce que tu veux dire ?
Elle savait que c’était mieux de ne pas avoir cette discussion avec sa mère pour qui la parole des ainés l’emportait toujours sur celle des cadets. Ushy avait choisi de déverser toute sa colère sur son grand frère par contre
- Ben toi franchement, pourquoi tu es allé demander des infos à ya Gloria tu aurais pu te taire et me laisser faire, tu vois maman va finir par ne plus se détacher de cette idée selon laquelle la seule possibilité de faire pédagogie serait à Kin ; tu vois ce que tu es allé chercher
- Oh calme toi ma petite, il n’y a pas le feu il suffit de bien expliquer à la daronne, toi aussi ! Arrête de te comporter comme une illettrée tu es maintenant une étudiante
- Oh laisse ça ! toi là, juste pour aller chercher les infos toi-même il fallait que tu demandes au pasteur Felix, tu as oublié comment il aime extrapoler tout.
- Je te dis que tu peux juste expliquer à maman que c’est possible de suivre ta formation ici, attends tu connais Glo, même si je n’avais rien demandé elle allait toujours dire à son mari de nous orienter tu connais comment elle est non ?
- Bah maintenant que selon son mari la meilleure formation c’est à l’UPN tu pense que maman accepterait que je m’inscrive à l’ISP d’ici ?
- Bah pourquoi pas, viens et regarde-moi faire
Les deux frères avaient rejoint leur maman dehors, qui était concentrée à suivre son émission catholique à la radio, ce qu’elle aimait faire tous les soirs
- Maman, en fait pour la formation d’Ushy, elle peut soit la faire ici à l’ISP soit choisir d’aller à Kinshasa, ce n’est pas une obligation pour elle de se rendre à Kin. En fait c’est pareil pour ma formation, mais c’est par choix que je veux partir à Kin, tu vois, je veux changer un peu pour bien sentir que je suis devenu étudiant
Rien que le regard que maman Lydie lançait sur son fils en disait long sur sa conclusion, comme avait su le dire Ushy dans la maison, maintenant que l’information venait du mari de leur grande sœur, ce n’était plus discutable, ils allaient tous les deux partir étudier à Kinshasa à moins que leur grand frère ainé, Martin, s’en mêle pour faire changer d’avis à leur mère. D’ailleurs, maman Lydie n’avait pas tardé à cracher le morceau
- Tchuiiiiiip toi Ben tu me prends pour une personne née de la dernière pluie hein, tu as fini par te laisser convaincre par Ushy tu viens me sortir des histoires sur ISP de Lushi, je n’ai jamais dit que là-bas elle ne peut pas faire son cursus mais je réitère que la meilleure formation est donnée à UPN et je refuse cette discussion voilà. Ne vous dites pas que je ne suis pas partie à l’école hein ; j’ai bien compris ce que votre beau-frère a dit dans son audio.
- Eeeeeeeeh mais la daronne tu es compliquée toi !
- Ben épargne-moi ton bruit, quant à toi Ushy c’est déjà le moment de prendre congé de tous tes amis ; je ne changerai pas cette décision
Le ton de maman Lydie était ferme, Ushy n’avait même plus envie de manger tout d’un coup, elle ne se voyait pas quitter Olivier, non, leur relation était encore à ses débuts, elle refusait de partir à Kin pour le laisser ici. Elle était dans tous ses états, elle avait fait un message à Gustave, son grand frère celui qui précédait Ben, elle savait que lui au moins pouvait la comprendre
« Ya Gus tu as encore appris la pagaille que ya Felix a créé ici ? Non mais votre beau-frère là il m’énerve quoi ! »
Même pas une minute après, son grand frère avait répondu
« Mdr, maintenant qu’il t’a touché c’est devenu notre beau-frère ? Je croyais que c’était toi qui aimait faire ses éloges »
« Non mais t’avais trop raison sur lui c’est un fouteur de trouble celui-là pfff, il a dit à maman que ISP de Lushi ne dispense pas une bonne formation par rapport à UPN, non mais tu te rends compte ? »
« Sérieux ? Il est fou le mari de Glo je te jure, moi-même je n’aime pas quand il se mêle de mes affaires, attends je lance l’appel »
C’est ainsi que le grand frère et la petite sœur étaient cette fois-ci passés en mode appel et leur sujet du jour c’était le beau-frère qui aimait toujours donner son avis ; ils avaient passé près de trente minutes avant de prendre congé et se résoudre à continuer le même sujet par messages. En raccrochant l’appel de son frère, Ushy s’était rendu compte que son « wangu » lui avait laissé des messages, il y avait pleins de messages parmi lesquels,
« Le contact que je viens de t’envoyer c’est celui de Jessica ma cousine, elle est en deuxième année à l’ISP de Lushi, tu auras plus d’informations par elle, ne traine pas trop, contacte-la déjà il faut être prompt lorsqu’il s’agit de ta réussite »
Elle répondait par un émoticône triste
« C’est quoi cette tête d’enterrement ? »
Rétorquait Olivier par message,
Elle s’était lancée à faire des audios pour expliquer ce qui se passait
- Oh mais lui aussi comment il peut influencer le jugement de maman comme ça, j’avoue que je suis aussi triste d’écouter ça, mais je sais une chose avec le dialogue on peut lever toutes les incompréhensions et avec la prière le Seigneur peut toucher tous les cœurs, tu sais la bible déclare que le cœur du roi est comme un courant d’eau entre les mains d l’Eternel il l’incline partout où il veut, alors dis-toi que cet avis peut encore changer. Il suffit de prier et demander à Dieu de toucher les cœurs de tout le monde puis aller parler sagement au mari de la grande sœur, avec son appui maman changera vite d’avis
Olivier savait remettre Ushy sur le droit chemin, il savait comment lui faire entendre raison, il avait suffi de cette note vocale pour que Ushy envisage les choses différemment et reprenne espoir face à la situation
- Tu as raison, je vais déjà confier ça au Seigneur dès ce soir, et je crois qu’il pourra comprendre, je ne veux pas quitter l’église je me sens trop chez moi à un point où je ne m’imagine pas refaire tout ailleurs tu vois
- Hum c’est la seule raison ?
- Naaaaah ce n’est même pas la raison, ça ce n’est que ma façon de parler à ya Felix que j’essayais déjà de répéter, tu sais bien que la seule raison c’est toi, je ne veux pas partir loin de toi. ça mettra tous nos projets à l’eau
- Oui c’est pourquoi nous allons vraiment prendre trois jours pour prier pour ça, nous allons jeuner tu veux bien ?
- Oui c’est une très bonne idée
- En même temps nous allons aussi prier pour que le Seigneur te précède dans toutes les démarches que tu devras faire pour prendre l’inscription.
- Oui c’est une très bonne idée
Les deux amoureux restèrent encore un moment à parler par des notes vocales, puis Ushy qui était si énervée à son retour de l’église au point de pas songer à manger, avait tout d’un coup pris la résolution d’aller manger, maintenant elle se sentait rassurée en voyant les choses sur la même perceptive qu’Olivier.
Elle avait rejoint son frère au salon, Ben était concentré devant un match de foot et il criait à chaque action. C’était même ce qui énervait leur maman au point de ne jamais rester au salon quand son fils suivait un match.
Son assiette de pate d’arachide et poisson braisé à la main, Ushy s’était assise sur l’un des fauteuils, maman Lydie qui était certainement fatiguée de rester dehors avait rejoint ses enfants. Ils vivaient dans des conditions très limitées mais cette maison presque vide était remplie d’amour.
- Ben s’il te plait, suis ton match en silence, ce n’est pas en criant comme ça que tu vas changer quelque chose à ce qui se passe là-bas hein, donc fais moins de bruit
Ushy ne pouvait pas s’empêcher de rire aux éclats face à la remarque de leur maman, elle riait encore plus fort pour se moquer de son frère, maman Lydie s’était à son tour installée sur l’un des fauteuils à coté de ses deux enfants
- Toi aussi tu ouvres grandement ta bouche là pour rire donc je vais te répéter combien de fois que je n’aime pas les gens qui mangent ici, la table à manger là c’est quoi son rôle selon toi ?
- Kiekiekiekieiekiekie,
C’était au tour de Ben d’éclater de rire, avant d’appuyer avec un ton moqueur
- Maman, maman la femme de fer, celle qui n’épargne personne, je t’aime trop hein Lydia
- Je ne suis pas une femme de fer j’aime juste la l’ordre et la vérité
- Ah maman sérieux tu te prends vraiment pour une personne trop exceptionnelle hein
- Je le suis ma fille
C’est dans cette belle ambiance de famille que la soirée s’était terminée dans cette maison, Ushy, de son vrai prénom Ushindi, qui était la traduction swahili de victoire, avait à peine 3 ans à la mort de son père, ce qui fait que sa véritable image de la famille était sa mère, ses frères et sa sœur. Leurs avis comptaient beaucoup pour elle, c’était la raison pour laquelle, elle savait qu’elle ne pouvait pas s’entêter à rester à Lubumbashi contre l’avis des autres, il fallait suivre le conseil d’Olivier donc tout faire pour convaincre son beau-frère dont l’avis allait influencer celui de sa sœur et de sa mère.