Chapitre 1 : Vous me le paierez
Ecrit par Max Axel Bounda
Rhianne quitta la salle de bain en
tenue d’Ève, offrant à cet homme la vue de son corps de poupée, immaculé et
rayonnant de jeunesse. Une jeunesse qu’elle avait à revendre, à la fleur de sa
vingtaine d’années. Avec ses seins graciles, et ses formes envoûtantes, cette
étudiante contrairement aux autres femmes de sa classe, avait véritablement la
fraîcheur d’une fille de vingt-six ans. Cela se remarquait à la forme de ses
seins dressés au garde-à-vous, tels ceux d’une statuette de pierre dont jamais
la beauté ne fane à travers les siècles.
Doté d’un beau petit visage, des yeux
fins et un regard doux qui faisaient chavirer bien des cœurs, elle avait en
plus des lèvres tellement pulpeuses qu’on avait envie de les sucer sitôt qu’on
les avait aperçues. Sa peau claire et épargnée d’artifices, caractéristique des
femmes de sa région d’origine dans le nord du pays, n’ajoutait que des points à
cette beauté naturelle.
Couché sur un lit, un homme d’une
cinquantaine d’années savourait le délicieux spectacle d’un regard songeur. Il
pensait à toutes les positions du Kâma-Sûtra qu’il pourrait lui faire. Mais
surtout, avec quelle ferveur ?
Sur le lit ou à même le sol ?
Pourquoi pas sur la table ?
La jeune femme d’un mètre quatre-vingt,
était bâtie comme une guitare andalouse, et attisait la convoitise même des
hommes les plus saints.
Dès sa treizième année de vie, son corps
avait poussé très vite. Elle paraissait toujours plus grande que son jeune âge.
Un peu comme ces poules de fermes qui parviennent à maturité deux semaines
après être sorties de leurs coquilles.
À quatorze ans, elle avait déjà le
corps d’une fille de dix-huit avec des jambes longues et fines comme un
cocotier, des rondeurs excitantes, des seins garnis, un ventre plat et des
fesses grasses, au-dessus desquelles était tatoué un papillon.
Sa mère comprit très vite que ce don
du ciel deviendrait une malédiction pour sa fille si, elle ne la prévenait pas des dangers qu’elle encourait à
fricoter trop tôt avec les hommes aussi jeunes ou vieux étaient-ils.
Maman « Tine » lui enseigna les dangers
de l’amour, des coups de foudre, mais surtout du sexe. « Ne traine pas avec ces garçons, tu risques de te faire violer. Si
tu fricotes avec eux, tu finiras toute seule, enceinte, abusée, délaissée, sans
emplois et avec pour seul diplôme un gosse que tu auras du mal à élever. »
De quoi traumatiser une fille prépubère
pour toute la vie.
« Ne
fréquente pas d’hommes mariés, ils te prendront pour leur pute, tu ne serviras
qu’à satisfaire leur envie de sexe toujours croissante. Tu ne seras qu’un objet
de plaisir comme un sexe-toy ou une poupée gonflable. Tu n’auras pas la possibilité
de vivre un véritable mariage, avec des enfants et un petit chien. Tu seras la
femme des voyages, des week-ends et des vacances comme un objet que l’on transporte pour l’occasion. Et qu’on jettera une fois
usé.
Ils te donneront de l’argent certes,
mais en échange de ton corps, tu ne seras ni plus ni moins qu’une prostituée.
Une prostituée de salons et tu en souffriras énormément.
Si tu ne veux pas finir comme ta vieille mère, jamais
tu ne devras accepter qu’un homme te traite comme un bout de viande. Les hommes
sont des chiens dont tu dois te méfier ! », Disait sa
mère.
« Tu es une fille
intelligente, bien au-dessus de la moyenne. Dieu t’a donné un cerveau, et tu
dois l’utiliser. C’est le seul moyen de t’en sortir. Tu dois étudier, avoir des
diplômes et un bon boulot. Et tu verras tous les hommes que tu voudras,
viendront ramper à tes pieds. »
La petite Rhianne avait enregistré ce refrain
comme parole biblique, et en avait fait une devise : pas d’hommes avant le
mariage. Ne jamais dépendre d’un homme. Réussir à l’école coûte que coûte.
Depuis ce jour, elle s’était jeté corps et âme
dans ses études, ignorant avec la dernière énergie les tentations et la
convoitise dont elle était l’objet. Pourtant, elle était là ce soir, affichant
un sourire forcé en regardant cet homme dont le corps nu n’était recouvert que
d’un drap de satin rouge. Il était impatient de la posséder et d’en finir avec
elle dans cette pièce qui avait déjà vu s’allonger plusieurs filles de son
département.
La chambre d’hôtel qui les abritait était la
même depuis des années. Cet homme la louait toutes les fois qu’il prévoyait en
sauter une ou deux. La pièce était spacieuse, confortable et fort bien meublée.
Des effluves enivrants d’un parfum de roses exhalaient les lieux. Un grand lit,
à chevet, de trois places occupait la majeure partie de l’espace à côté d’un
placard aux portes coulissantes.
Sur le mur opposé, se dressait une vaste baie
vitrée recouverte d’énormes rideaux marron derrière lequel se dévoilaient de
longs cocotiers sur la plage du lycée national Léon
MBA[1].
Situé au troisième étage de l’hôtel de quatre étoiles, l’emplacement était
idéal pour observer le coucher du soleil en amoureux.
Le reste de la suite se composait d’un bureau en
face du lit, d’un écran plat incrusté dans le mur juste au-dessus, une lampe sur
socle d’un mètre dans l’angle, d’un mini réfrigérateur et d’un tapis de velours
marronné couvrant toute la surface de la chambre. La décoration de la pièce à
forte coloration marronne, était simpliste et lui conférait un air agréable.
Décidée à en finir, la jeune femme retira son
soutien-gorge rose dont la bretelle droite laissa apparaître sur l’épaule le
deuxième tatouage indélébile d’un papillon. Sa poitrine libérée semblait
nettement plus généreuse. Deux noix de coco que l’on avait envie de cueillir du
haut de leur perchoir. La jeune femme retira ensuite son slip en dentelle rose
et s’avança vers l’homme, sans chercher à donner une quelconque touche de
sensualité à la chose. Il fallait bien qu’elle se décide à aller
à l’abattoir.
Rhianne s’assit sur le rebord du lit et interrogea
l’homme du regard. Comme une brebis se demandant la façon dont elle allait
quitter ce monde.
— Je suis
là monsieur. Il est temps d’en finir, dit-elle sans aucune conviction. L’homme
lui fit signe d’approcher, fixant d’un regard embrasé ses seins nus, frais,
tendres et fermes comme ceux d’une jeune pubère. La jeune femme s’approcha et
assit sur les cuisses de l’homme qui prit à deux mains ses seins offerts. Elle
laissa échapper un grognement de douleur quand l’homme se pencha pour mordre un
mamelon frémissant qu’il suçât comme un bagnard affamé avant son dernier repas !
La bouche de cet homme
plusieurs minutes plus tard parcourait le
ventre chaud et humide de la jeune femme, en le couvrant de baisers brûlants. Elle
s’était allongée sur le lit tel une poupée gonflable, et l’homme à quatre pattes effleurait avec douceur le pôle
de son intimité de sa langue pendante. Doucement, l’homme écarta les cuisses de
sa partenaire qu’il plaça de chaque côté de ses épaules et continua à laper la
féminité offerte de sa partenaire.
Quand il eut terminé avec cette
partie de son anatomie, ce fut le tour de la femme d’appliquer ses lèvres
pulpeuses sur le membre raide de l’homme qui poussa un soupir
au contact de sa langue. En proie à un plaisir
intense, il se laissa abandonner à cette exquise fellation jusqu’à ce qu’il se
décide enfin à prendre jument à quatre pattes. Il s’engagea alors pendant cinq
minutes dans une partie de jambes en l’air d’une rapidité et une violence si
rare qu’on aurait cru qu’il s’agissait d’un concours dans lequel ses
performances sexuelles étaient notées.
Heureusement,
ce ne fut pas long.
*
Quand ils eurent terminé, la
demoiselle se rhabillait devant l’immense miroir de la salle de bain, après
avoir pris une longue douche froide comme si elle cherchait à purifier sa peau
et son corps tout entier de l’acte qu’elle venait de poser. Elle fixait son
reflet dans le miroir en séchant ses cheveux. Une larme s’échappa de son œil
droit. Elle s’empressa de l’essuyer. Elle avait
pourtant été excellente, ses coups de reins avaient
rendu cet homme complètement fou. Mais, elle, n’avait pas dit grand-chose,
juste quelques gémissements plaintifs, signes des douleurs qu’elle avait
pu ressentir durant cette joute sexuelle dont elle
n’avait été que très peu satisfaite.
Il faut commencer par le vouloir
pour aimer, pensa-t-elle.
De retour dans la pièce, elle
retrouva son partenaire sexuel qui s’était déjà habillé. Il n’avait même pas
pris la peine de se doucher.
Quel
porc celui-là.
— Combien ça fait ? demanda la femme. L’homme sembla ne pas entendre. Combien ça
fait ? interrogea-t-elle beaucoup plus fort. Elle avait enfilé
un pantalon Jean bleu, qui lui collait à la peau. Et dessinait parfaitement les
courbes envoûtantes de sa fine silhouette. Au-dessus,
elle portait un décolleté gris à bretelle.
— Quinze sur vingt, rendit
l’homme.
— Seulement ?! Se figea la jeune femme qui appliquait un léger maquillage sur
son visage. Ce n’est pas suffisant pour couvrir les autres matières, celles de vos acolytes,
murmura-t-elle en finissant sa phrase.
— Vous savez, mademoiselle Abessolo, la vie
n’est pas facile, il faut se battre pour réussir. Et vous avez d’indéniables
atouts pour le faire sans aucun effort dans tout ce que vous entreprenez,
répondit l’homme en souriant. Vous m’avez énormément satisfait aujourd’hui,
ajouta-t-il en laissant échapper un sourire malicieux.
— Dommage que ce ne soit pas réciproque.
— Peu importe. Mais pour ta prouesse, c’est vrai que tu
mérites quand même, un seize, ça te va ?
— Vous savez que ce n’est pas
suffisant pour couvrir les matières où vos collègues m’ont collé des notes
arbitraires ! répondit la jeune femme. Comment je fais, moi, pour
couvrir des deux et des trois ?!
cria l’étudiante. Il me faut tous mes crédits pour recevoir mon diplôme !
— Calmez-vous, mademoiselle
Abessolo, vous n’aurez qu’à faire la même chose avec les autres et vous aurez
votre Master sans aucun problème dans quelques jours. Avec mention très
honorable même !
— Très
honorable au lit oui ! Elle le regarda en fronça les sourcils, elle avait perçu le piège.
Espèce de salaud, tu me le paieras !
Rhianne venait de comprendre que son
supplice ne finirait jamais. La colère l’envahit aussitôt. Elle sentit du sang
gicler jusque dans ses tempes. Ils ne la laisseraient jamais quitter
l’université, tant qu’ils ne seraient pas tous passés sur elle. Cela faisait des
années que tous couraient après elle, mais l’étudiante avait trouvé un
palliatif. Maintenant ils la tenaient, car sa soutenance de Maitrise dépendait
en grande partie d’eux, mais surtout de lui, son tuteur imposé.
— Vous pensez que c’est aussi
simple que ça ? Que ce n’est qu’un jeu ? rétorqua
la jeune femme en dévisageant son professeur sans retenue avant de ramasser son
sac à main bleu nuit qui était posé sur la table. Il était assorti à la paire
de talons à aiguilles qu’elle portait ce jour-là. Je passe vous voir demain à l’université
pour fixer la date de mon passage. Je veux qu’on le fasse le plus tôt possible.
Il y a longtemps que je suis prête, monsieur.
— Appelle-moi Jody,
répondit-il.
— Rien à foutre de votre surnom. Un
marché est un marché.
Elle le toisa sans gêne,
une véritable fille du nord.
— D’accord mademoiselle
Abessolo.
— Je
vous souhaite une agréable soirée monsieur et à demain à l’UPG, dit-elle en partant.
Rhianne claqua la porte de la
chambre si fortement que tous les murs de l’hôtel menacèrent de s’effondrer,
comme le temple de Jérusalem lors la crucifixion du Christ.
[1] Lycée publique situé à des centaines de mètres
de l’Hôtel Radisson Blu de Libreville.