Chapitre 11

Ecrit par Ngassaa

Maman, Bastien,


Vous allez vous réveiller et vous rendre compte tout doucement que je ne suis pas à la maison. Toi maman, tu vas t'asseoir sur le fauteuil du salon et tu vas m'appeler encore et encore. Pendant ce temps, Bastien va fouiller toutes les pièces de la maison. Quand il aura fini, il va revenir au salon en baissant la tête, tu vas l'appeler, il va te regarder et tu vas comprendre. Tu vas ensuite te précipiter dehors et crier mon nom. En baissant la tête, tu verras une lettre sur le paillasson. Cette lettre, c'est celle que tu tiens actuellement dans ta main. Cette lettre signifie Adieu. Cette lettre, c'est mon cœur que j'ouvre au monde. Cette lettre, c'est la libération. Et enfin cette lettre, c'est la vérité. 


Tout a commencé, comme vous le savez quand Bastien et moi sommes nés. Maman, tu étais la plus heureuse, tu avais devant toi tes enfants, après neuf mois de grossesse et 24h de souffrance pour les faires sortir. Papa, était content et ému également, mais il savait. Il savait que ça n'allait pas durer longtemps. Que d'ici 10 minutes un des enfants vous serais enlevés. Et cet enfant c'était Bastien. 


Pourquoi ?


Et bien parce que papa avait fait une promesse à son frère, de l'aider par tous les moyens à avoir un enfant, car sa femme était stérile. Une adoption leur avait déjà été refuser, alors vous leur avez donner Bastien. 


Au début, nous étions proche. Vous aviez tenue à ce que l'on ne soit pas séparer, mais on ne devait en aucun cas savoir que nous avions le même sang. On était des voisins qui s'entendaient bien. Mais en grandissant, nous commencions à dire que nous étions des jumeaux car nous avions la même date de naissance et que nous étions très proche. 


C'est là que tout à déraper. Plus aucun contact entre nous, c'était interdit. Trop dangereux, nous risquions de découvrir la vérité. 


3 ans plus tard... 


Mon anniversaire... 


Papa était aller m'acheter un cadeau, et son fameux ami n'était autre que son frère. Pendant le braquage, mon père avait gardé son téléphone, alors quand il a vu que c'était moi qui appelais enfin la maison, il n'a pas pu s'empêcher de répondre. Vous connaissez la suite, je ne voulais pas raccrocher, etc.. Le coup de feu que j'avais entendu, il n'avait pas toucher tonton, il avait été tirer en l'air. Ce qui as tué tonton, c'est que dans la panique, un peu après, il s'est précipité sur un des braqueurs pour lui prendre son arme, mais un autre l'a vu et lui a tirer dessus. Au moment où les forces de l'ordre sont intervenu et son rentrer dans le magasin, papa a reçu une balle perdue, et voyant que c'était le chaos à l'entrée de devant il est sorti par l'arrière. C'est là que tu interviens maman. Tu arrivais en voiture au niveau de cette sortie et tu roulais vite pour arriver rapidement sur les lieux. Papa est sorti, il s'est avancé sur la chaussée sans te voir arriver. Tu étais trop proche de lui quand tu l'as vu, et même en freinant, tu l'as percuté... Voilà comment il est mort. De toute façon, il allait mourir tout de même, la balle avait touché l'artère Aorte qui plus est, près de son cœur. Ce n'était qu'une question de temps. Tu as juste abrégé ses souffrances.


Le jour ou Fanny m'a accordé de l'importance, je me suis senti poussée des ailes. J'étais beaucoup trop idiote pour voir que je commençais à sombrer dans un cycle infernal qui mène à la mort. Et si je devenais la fille la plus populaires du lycée ? Je n'aurais plus à subir les moqueries ! Ce serait le rêve. Je ferais partie de l'élite. Dans le fond, c'est ce qu'on veut tous. On se persuade qu'on les déteste pour ce qu'ils nous font vivre, mais c'est faux. On les déteste parce qu'ils sont en apparence parfait, qu'ils ont tous ce qu'ils désirent, ils ont le monde à leurs pieds. Et nous ? Ce qu'ils nous restent ? Leurs miettes.


Certains s'en contentent mais d'autre veulent plus et donnerai tous pour ne serait-ce qu'avoir un morceau. J'en fait partie. Pourquoi me limiter alors que je pourrais tout avoir... Tout ce que j'ai à faire c'est maigrir, c'est pas bien compliqué non ? Moins manger, faire du sport. Et si ça ne marche pas ? Transpirer, vomir, aller aux toilettes, ne plus manger du tout. Qu'est ce qui reste à la fin ? Rien... A part une personne cassée, brisée, détruite... 


Une douleur s'installe. On sacrifie tout, mais on a toujours les miettes. Pourquoi ?! 


Le miroir me regarde. Je ne porte rien. Mon corps dévoilé. C'est moche. Mais ce n'est pas suffisant. 


Je suis grosse.


Je suis grosse ! 


Je suis GROSSE !


Est-ce que mes efforts seront récompensé un jour ? Tout ce que je veux c'est qu'on me regarde et qu'on se dise « Waouh, elle est mince et belle ! ». Comme quand Fanny passe quelque part, tout le monde se retourne et l'admire. Je veux qu'ils fassent pareil quand je passe ! C'est trop demander ?! 


Et puis tout à basculer... Tout le monde a fini par se retourner sur mon passage mais pour m'insulter au lieu de me complimenter. J'étais la salope de l'école, celle qui avait fini dans le lit de tous les joueurs de foot de l'équipe. Et pourtant je n'avais jamais rien fait. J'ai essayé de démentir au début, mais ma parole contre celle de Bastien et des autres ? Elle ne valait rien. Alors je les ai laissé raconter ce qu'ils voulaient. D'autres mecs de l'école on finit par commencer à raconter des choses, bien sûr elles sortaient tout droit de leur imaginaire.


Toi maman, tu les as crû... Tu ne voulais plus m'adresser la parole, tu étais déçu. Moi aussi je l'étais. Que tu les crois eux plutôt que moi, ta fille. Je t'ai haïe pour ça. J'étais seule et livrée à moi-même avec toutes mes tourmentes. Plus facile de plonger quand il n'y a personne pour vous en empêcher, ou pour s'en rendre compte. 


J'ai fini par totalement craquer au bout de 2 mois. Je me souviens très bien de ce qui c'était passé ce jour-là. En voyant mon reflet je me suis trouvé totalement misérable, alors j'ai pris les ciseaux et j'ai commencé à me couper les cheveux. Les seuls choses encore beaux sur moi. Mais rien, c'était même pire. J'avais tellement mal à l'intérieur. Je crevais la dalle, sauf que j'étais encore trop grosse, je ne pouvais pas me permettre de ne manger ne serait-ce qu'un bout de pain. J'ai regardé mes avant-bras, puis les ciseaux. J'ai approché la lame de mon bras, et j'ai commencé à appuyer de plus en plus fort. Une fine coupure est apparue, suivi par du sang. Ce n'était pas suffisant j'en voulais plus. J'ai donc réitéré la chose plusieurs fois avec de plus en plus de rage. Puis là c'est partie en couille. Je ne me coupais pas seulement les bras mais partout où ma peau était à nu. Le visage, le ventre, les jambes, etc.. J'avais perdu le contrôle, mes mouvements ne m'appartenais plus. Qu'est-ce que j'étais devenu ? N'étais-je pas heureuse avant ? Pourquoi fallait-il que je m'acharne autant à devenir un monstre ? Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Ne pouvais-je pas me contenter de ce sue la nature m'avait donné ? NON ! Je veux être belle ! Je veux qu'on m'aime ! Je veux m'aimer ! Pouvoir me regarder dans la glace sans détourner le regard dégouté par ce que j'y vois ! 


Après le coma, je ne me suis plus jamais ouvert les veines. Je ne voulais pas y retourner et qu'on m'injecte encore de la nourriture par cet horrible tuyau. Tu as enfin fini par me raconter la vérité. J'ai tout dit à Bastien. Et pendant 3 jours nous avons été « heureux ». Mais ça ne va pas durer, parce que je suis une bombe qui n'attend qu'une chose... Exploser. Et tout emporter avec elle. Je vous aurai fait souffrir, je le fais déjà, mais ça va s'aggraver. Et un jour je disparaîtrais, parce que c'est ce qu'il va arriver si je continu comme ça je le sais. Et votre douleur sera immense. Si je pars maintenant, votre douleur sera atténuée, enfin j'espère. Peut-être que vous allez être vraiment heureux ? Débarrasser de moi, la fille qui ne sait que s'enfoncer encore et encore dans un gouffre où la mort vous attend au fond. 


Je vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme.. A un jour peut-être ou à jamais, qui sait ? 




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