Certaines personnes disparaissent sans laisser de trace. Le cas de Clément continue de défrayer la chronique jusqu’à ce jour. Personne ne l’a plus revu depuis le soir où il a fait ses adieux à ses parents. « Je voyage » leur avait-il dit. Et puis, il s’en est allé dans un pays lointain. Ce voyage devrait être l’aboutissement d’une pratique  scrupuleuse des percepts de sa congrégation. Et pour s’être révélé un fervent prédicateur doté d’un zèle à nul autre pareil. Le frère supérieur l’a désigné, comme bien d’autres frères et sœurs avant lui, pour continuer son ministère au siège mondial.

Et c’est tout. Plus rien. On ne peut dire par quel moyen il est parti. Puisque, personne ne l’a escorté et personne ne l’a vu partir. Ce n’est qu’après des années d’absence de tout signe de vie que la bizarrerie de ce départ a commencé à faire des vagues.

Il était devenu de plus en plus difficile au frère supérieur d’assumer, par un discours cohérent, ces missions à l’étranger. Elle était de fait, assimilable à une disparition programmée. Sa version de voyageurs ne donnant plus signe de vie et les prétendues lettres qu’ils adressaient à leurs proches était perlée de contradictions.

C’est donc tout logiquement que la police est venue appréhender le frère supérieur pour raison d’enquêtes. Selon les bribes d’informations parvenues hors de la salle d’interrogatoire, on a appris des histoires à peine croyables de trafic d’organes humains. Le frère supérieur  a expliqué à la police comment il était indispensable que des frères et sœurs aussi dévoués à la détresse de l’homme puissent sublimer leur existence en se donnant, corps entier, pour soulager la détresse de désespérés.