Chapitre 12: Le Retour

Ecrit par Plume Inspirée

(Brazzaville, Septembre 2010)

 

Depuis que mon père m’avait parlé, je faisais l’effort d’aller mieux. Tous ses précieux conseils m’aidaient beaucoup. En plus de ce qu’il m’avait dit pour me booster à reprendre courage, il y avait son pasteur ou disons leur pasteur qui venait à la maison deux fois dans la semaine pour qu’on parle. Ces séances avec ce pasteur me faisait un bien énorme. La seule chose que papa n’avait pas réussit à faire jusqu’ici c’était me convaincre d’aller à l’église avec eux le dimanche. C’était pas un truc pour moi. Par contre ces séances avec le pasteur à la maison me faisait beaucoup de bien, cet homme était d’une telle sagesse qu’il trouvait toujours les mots pour me mettre bien et ça m’aidait beaucoup pour retrouver mes repères.

 

Hier dans la matinée j’étais même parti à BTL travailler un peu, puis j’étais rentré à la maison vers 13h. Pitsou aussi m’avait trouvé une maison. Deux chambres et conditions réunies. Il fallait attendre que le propriétaire termine quelques travaux, la maison devait être opérationnelle d’ici deux semaines au plus tard.

 

J’avais prévu aller voir ma petite sœur Cathy ce week-end pour savoir comment elle allait. Camille aussi n’était pas bien portante, cela faisait quelques jours que je n’avais pas eu de ses nouvelles, pas de message, pas d’appel , je m’inquiétais aussi pour elle. J’avais prévu passer au secrétariat aussi le même samedi après que j’aurais vu Cathy.

 

Assis au salon devant la télé, il n’y avait que mon père dehors qui lisait un livre. Maman Eliane avait fait un tour. Quant à Dorcas et Karl, les deux étaient en pleine préparation de sessions de rattrapage, ils partaient bosser au campus tous les jours.

 

« Maintenant donc tu te sens mieux c’est ça »

 

Je parlais depuis quelques minutes par message avec Désira

 

« Oui je fais des efforts d’aller mieux »

 

« Ok c’est une très bonne nouvelle. Tu sais j’étais passée voir maman à l’hôpital pendant les événements de la veillée. Et franchement je ne sais pas ce que j’avais bien pu lui dire pour qu’elle se fâche contre moi de cette façon »

 

«  Dominique m’en avait un peu parlé mais tu sais ma mère est très autoritaire par moment je suis désolée ne le prend pas mal. En plus elle était encore sous le choc »

 

« Ok je comprend t’inquiète . Est t-elle déjà rentrée? »

 

« À vrai dire je ne saurais te dire, je soupçonne qu’elle soit en colère contre moi parce que je passe quelques temps chez mon père. On avait juste parlé le lendemain de l’enterrement puis après rien »

 

« Mais pourquoi tu ne retournes pas chez maman d’ailleurs. Est ce que les conditions là bas chez ton père te conviennent? »

 

Je m’apprêtais à répondre au message de Désira quand le bruit dehors attirait mon attention, il y avait des gens qui venaient d’entrer dans la parcelle et qui s’adressaient à mon père. Au bout de quelques secondes j’avais reconnu la voix de ma mère

 

- Tu penses que ce que tu n’as pas été à mesure de faire pour eux alors qu’ils grandissaient c’est aujourd’hui que tu vas le faire. Paul tu te sers de la première occasion pour remonter Brice contre moi, franchement c’est pitoyable!

 

- Mais de quoi parles-tu Marceline? Tu étais absente et notre fils venait de perdre son fils. Tu aurais voulu que je le laisse seul dans cette grande maison avec tant de douleur dans son cœur? Tout ce que j’ai fais c’est pour lui. Je ne recherche aucune considération derrière tout ça. Je suis son père s’il ne me considérait pas avant ça ne sera pas le fait de le prendre chez moi pendant son deuil qui va changer quelque chose!

 

- Tu joues avec les mots! Même Junior qui nous a quitté tu ne le connaissais pas assez, la douleur que je ressens n’est pas comparable à celle que tu peux penser ressentir. Si tu étais ne serait ce qu’un peu sage, tu n’aurais pas entrepris de séparer mes enfants dans une période où ils avaient besoin d’être ensemble.

 

- Mais de quoi parles tu? Je suis sage et j’ai le cœur d’un père mais ça je n’ai pas le temps de te le prouver. Avant de dire à Brice de venir avec moi je me suis assuré que sa petite sœur n’allait pas restée seule. Il m’a dit lui même que sa sœur partait chez sa tante. Donc tu aurais voulu que ton fils reste seul dans une maison qui lui rappelle son défunt fils? Par moment je me demande où est passée la femme que tu étais hier. C’est triste que l’argent change autant les gens.

 

Papa s’était arrêté de parler un moment, puis j’écoutais sa voix se rapprocher de plus en plus de la maison, certainement qu’il rejoignait le salon

 

- Je n’ai pas besoin que mes enfants m’aiment plus que toi. Mon seul désir c’est qu’ils soient heureux. Tu vois Dominique qui est là présente ne m’appelle jamais, ne m’écrit jamais mais je reste heureux de savoir qu’elle va bien. Brice est dans la maison. Maintenant que tu es là, s’il dit qu’il se sent prêt à retourner dans ta maison je ne l’en empêcherait pas. Au moins je serais rassuré qu’il ne sera pas seul. Ce qui fait le bonheur de mes enfants c’est ce que je cherche avant de penser à moi même.

 

Papa était entré au salon

 

- Il y a ta mère et tes sœurs dehors!

 

Sans dire mot je m’étais levé et dirigé vers l’extérieur. Dès que j’avais atteint l’extérieur Dominique m’avait serré très fort et s’était mise à pleurer

 

- Chou, sniff sniff sniff

 

Dominique avait perdu du poids, ça se voyait tout de suite qu’elle n’allait pas bien. Elle continuait à pleurer et me serrait très fort.

 

- Sèche tes larmes Nic

 

- C'est trop dur je suis entrée dans sa chambre aujourd’hui et je te jure que j’avais juste comme l’impression que je le verrais arriver avec sa tenue scolaire pour me faire un câlin. C’est trop dur, c’est trop dur!

 

Je la serrais encore plus fort dans mes bras. Cathy s’était jointe à nous, je les serrais toutes les deux très fort.

 

Tout mon chagrin m’avait presque fait oublier combien mes sœurs devaient elle aussi souffrir de tout ça. Cathy aussi s’était mise à pleurer. Puis la voix de maman nous avait poussé à interrompre ce moment de retrouvailles . Avant de parler elle avait pris une pochette dans son sac à main pour essuyer ses larmes

 

- Bon, maintenant je pense qu’il est temps qu’on rentre à la maison. Je ne sais pas si tu as des affaires ici, si tel est le cas récupère les on va partir

 

- Maman je ne pourrais pas retourner à la maison, pas dans cette maison. Il y a trop de souvenirs de Junior là bas. Je ne me sens pas prêt à cette épreuve

 

- Mais Brice qu’est ce qui te prend, je ne te reconnais plus. C’est en famille que tu vas arriver à surmonter ta douleur. Que tu n’aies pas supporter de rester à  la maison en mon absence je comprends mais que maintenant que je suis là tu continues à ne pas vouloir rejoindre la maison je suis perdue qu’est ce qui t’arrive?

 

- Maman yaya a raison ça sera trop dur pour lui. Même moi j’avoue que revenir à la maison m’a fait beaucoup mal. Laissons lui ici le temps qu’il se sente mieux maman!

 

Avait lancé Cathy au bout des larmes

 

- Toi qu’est ce que tu connais à ces choses Cathy? La preuve en est tu as essayé de te pendre là bas chez ta tante si ton frère était resté avec toi à la maison rien de tout ça ne serait arrivé. Nous venons déjà de perdre l’un de nous, maintenant c’est le moment de rester ensemble pour se soutenir, mais votre frère décide autrement.

 

Maman venait de dire que Cathy avait essayé de se pendre? Je me tournais vers Cathy cette fois ci

 

- Cathy c’est vrai ce que maman vient de dire? Tu aurais essayé de te pendre?

 

Elle baissait les yeux par honte, je savais alors que c’était vrai, maman n’avait pas inventé ça. Mon cœur se serrait encore de douleur. Ma famille était si touchée et brutalisée par la mort de Junior

 

- Cathy est un enfant Brice. Ce n’est pas de ta faute si elle a tenté de le faire. Tu n’allais pas bien, alors tu n’allais pas lui être d’une utilité même si tu te décidais de rester avec elle. Personne de nous tous en ce moment ne va bien

 

Avait lancée Dominique pour me déculpabiliser de ce qui était arrivé à Cathy. Je m’étais approché d’elle, j’avais passé ma main autour de son cou, où il y avait un trait fraîchement cicatrisé c’est vrai que le trait n’était pas profond mais rien que l’idée d’imaginer ma sœur essayant de se tuer me faisait mal au coeur

 

- Ce n’est rien yaya. Je n’ai plus mal. C’est arrivé le lendemain de l’enterrement le soir. J’en avais marre de penser tout le temps à Junior alors je suis allé au garage chez ma tante et j’ai trouvé une corde à linge rangé. J’ai accroché sur une pointe sur la toiture du garage déjà que la toiture n’est pas élevée. Mais heureusement la ménagère s’apprêtait à partir et elle m’a vu au moment où elle venait ranger ses habits de service dans le garage.

 

- Je suis vraiment désolé ma puce. Je suis vraiment désolé

 

Maman qui s’était un peu calmée profitait de ce moment de tendresse entre Cathy et moi pour essayer de me faire entendre raison à nouveau

 

- Brice nous avons besoin d’être tous ensemble en ce moment. Nous avons besoin les uns des autres. Et franchement en tant que mère je ne vais pas supporter rester à la maison sans savoir comment tu gères ta douleur ici. Rentrons à la maison.

 

Je comprenais ma mère, je comprenais son désir d’être à mes côtés pour me consoler. Je comprenais totalement qu’elle ait besoin de nous avoir tous à la maison le temps que les cicatrices de nos cœurs meurtris se referment.

 

Mais le problème était que je n’étais pas prêt à retourner dans cette maison, c’était trop dur pour moi. Dominique avait compris cela, avant même que je ne daigne dire quoi que ce soit en réponse à ma mère, Dominique avait pris la parole

 

- Maman, je sais que ce que je m’apprête à dire ne t’enchantera pas même à moi ça ne me fait pas plaisir que Brice reste ici, mais ça sera trop le demander que de retourner à la maison. Pour le moment le souvenir est trop récent. Il a vu des gens pleurer son fils dans cette maison. Laissons le ici chez papa.

 

- Mais j’ai besoin de pendre soin de lui moi même Dominique

 

- Je te comprends maman, mais ici il n’est pas seul

 

- Et comment je dois faire pour le voir alors

 

- Si tu ne peux pas venir ici, vous pouvez vous voir en ville le temps qu’il est ici. Ça ne va pas durer longtemps. Si on lui laisse le temps de récupérer, il rentrera très vite à la maison.

 

Ça m’étonnait qu’une telle idée venait de Dominique. Maman se trouvait comme devant le fait accompli, elle ne savait plus comment s’y opposer. Je sentais qu’elle n’était pas d’accord je connaissais très bien maman. Mais elle ne savait plus comment continuer à s’opposer. Alors j’avais rapidement pris la parole

 

- Écoute maman, on peut déjà commencer par trouver un coin tranquille au centre ville et manger tous les 4.

 

- Oui c’est une très bonne idée

 

S’écriait Cathy avec enthousiasme.

 

- Je reviens je mets une chemise plus adaptée

 

J’étais rentrée dans la maison pensant trouver mon père au salon, il n’y était pas, il était dans sa chambre. Je me disais qu’il écoutait toute notre conversation mais apparemment pas. Après avoir changé de chemise, j’avais frappé devant la porte de sa chambre

 

- Papa?

 

Moins d’une minute plus tard, il était sorti de la chambre

 

- Tu rentres?

 

- Non papa, je ne pense pas pouvoir supporter de rester encore dans cette maison pour le moment. On sort manger avec maman et les filles. Je voulais juste te faire savoir que je sors.

 

- D’accord, je suis là je t’attends à ton retour et si tu as un soucis n’oublie pas de m’appeler

 

- D’accord papa!

 

——

 

Ça m’avait fait du bien de passer ce temps au restaurant avec ma mère et mes sœurs, j’avoue que j’en avais aussi besoin et je savais que Cathy ainsi que Dominique et même maman aussi en avaient grand besoin. Car dans les moments difficiles, ça faisait du bien de savoir que ceux qu’on aime pouvaient être là.

 

Après un bon moment passé ensemble, elles m’avaient déposées devant chez papa. Avant de partir j’avais signifié à maman que j’enverrais Pitsou le lendemain prendre ma voiture.

 

En arrivant à la maison, je trouvais le pasteur de papa au salon, c’est en l’envoyant que je m’étais souvenu qu’on avait une séance aujourd’hui

 

- Oh pasteur je suis vraiment désolé, vous aurez pu demander à papa de m’appeler pour me dire que vous étiez là

 

- Non Brice, je suis même très content de savoir que tu es sorti changer un peu. Tu en as besoin. Par rapport à l’heure je vais devoir partir, on se verra pour notre prochaine séance la semaine prochaine

 

- Mais je suis gêné que vous soyez venu alors que je n’étais pas là

 

Papa aussi était là au salon

 

- Oh mon fils ne sois pas gêné, je t’assure que ça m’a fait du bien quand ton père m’a dit que tu es sorti changer d’air. Tu en as besoin. En plus je ne peux jamais m’ennuyer avec papa Paul , nous en avons profité pour passer des bons moments ensemble.

 

- D’accord pasteur je suis rassuré.

 

Papa s’était levé pour raccompagner le pasteur, d’un geste discret j’avais pris un billet de 10 milles de ma poche pour remettre à papa pour qu’il déplace le pasteur. Mais papa n’avait pas gardé le geste discret

 

- Mais tu peux le lui donner toi même, c’est ton papa aussi

 

Je me grattais la tête de gêne, je ne savais pas comment il fallait se comporter avec un pasteur, je n’avais jusqu’ici jamais eu de relation quelconque avec un pasteur. Mais je devais tout de même avouer que les temps que je passais à parler avec ce pasteur depuis la mort de mon fils me construisait beaucoup, il y avait une telle sagesse chez lui que j’aimais beaucoup parler avec lui.

 

Ce que j’aimais aussi chez lui c’était qu’il n’était pas là à ouvrir la bible tout le temps et m’ennuyer, avec lui on passait plus de temps à parler. Depuis le début, cela faisait déjà trois fois qu’il s’était déplacé pour nos séances et jusqu’ici je n’avais pas encore pensé à lui déplacer, du fait que les premiers temps je n’avais pas ma tête en place. Alors là j’avais voulu songer à lui déplacer d’où mon geste discret. Je ne savais même pas si c’était convenable de lui tendre un billet d’argent. Après la remarque de mon père je m’étais senti obligé de lui tendre le billet moi même

 

-Euh tenez pasteur c’est pour vous déplacer je sais que ça ne représente rien face à ce que vous faites mais bon au moins déplacez vous

 

Le pasteur avait pris l’argent sans faire de commentaire, il avait dit merci que le Seigneur te bénisse, papa et moi l’avions éscorté jusqu’au coin de la rue.

 

Tout le long du chemin de retour, je m’attendais à ce que papa parle de l’incident de tout à l’heure avec maman mais il ne l’avait pas fait.

 

...

 

Dorcas et Karl ne traînaient plus dehors pendant les soirées, parce tous les deux préparaient les sessions de rattrapage. Maman Eliane aussi ce soir là n’avait pas traîné dehors. J’étais resté seul avec papa au salon.

 

- Dis moi Brice comment va ta fiancée, celle qui nous avait fait des cadeaux?

 

- Ah papa Désira! Elle n’est pas ma fiancée c’est mon amie

 

- Qu’est ce que tu racontes?

 

Il le disait en souriant, puis il rajoutait

 

- Donc la jeune femme mature et très gentille qui vient souvent te voir ici elle aussi est ton amie?

 

- Oui justement

 

- Eh donc qu’est ce que tu entends par amie?

 

Je n’avais pas vu cette question venir à un point où j’éclatais de rire

 

- Kiekiekiekiekie papa je suis un grand garçon maintenant

 

- Je vois que même en étant grand garçon tu ne sais pas mettre de l’ordre dans ta vie voilà! Celle qui nous a fait des cadeaux c’est ton amie, celle qui est venue nous assister pendant la veillée et n’a cessé de le faire jusqu’ici c’est ton amie aussi. Franchement votre génération est une génération perturbée

 

J’éclatais à nouveau de rire. Mon père était spécial. Il faisait tout pour que je garde la forme. Puis après avoir longuement rigolé. Il avait pris un air un peu plus sérieux

 

- Mon fils ce qui est arrivé est triste et lourd à comprendre mais il faut que tu fasse l’effort de reprendre les choses en main. Reprendre tes horaires de travail pour maintenir ton entreprise en équilibre.

 

- Oui papa tu as raison, demain je reprends à me rendre au bureau pour toute la journée comme d’habitude. T’ai-je dis que le propriétaire de la maison où je veux louer m’a appelé pour me dire qu’il a commencé à mettre la peinture? Donc d’ici la semaine prochaine peut être que la maison sera opérationnelle.

 

- C’est une très bonne chose c’est combien de chambre déjà?

 

- Deux et je voudrais par la même occasion te demander la permission d’amener Karl avec moi.

 

Il était resté silencieux un moment avant de me répondre

 

- Il est vrai qu’ici nous allons avoir un manque parce que Karl était le seul garçon de la maison et il est utile dans plusieurs tâches, mais tout bon père sait qu’il arrive un moment où il doit se séparer de ses enfants. En plus ça sera une occasion pour toi de mieux faire la connaissance de ton frère. Alors, je suis d’accord. Mais franchement penseras tu à te marier un jour?

 

J’éclatais à nouveau de rire

 

- Kiekiekiekiekie

 

Tout à l’heure alors que mon père évoquait ce qu’un père était censé faire face à ses enfants qui finiront par grandir un jour, j’avais tout de suite pensé à ma mère. En plus j’étais persuadé que mon père qui n’aimait pas critiquer ma mère faisait allusion à ma mère et non à lui même dans sa phrase où il parlait de se séparer des enfants.

 

Je savais que pour ma mère, dans sa tête elle se disait certainement que j’étais chez mon père pour un temps seulement après quoi j’allais rentrer à la maison. Je sentais le désir d’aborder ce point avec papa alors je m’étais lancé

 

- Papa tu sais je n’ai pas encore dit à maman que j’ai pris une maison

 

-Je sais! Brice tu dois savoir que les parents sont ceux qui nous montrent comment faire quand on ne sait pas encore le faire de nous même. Ils sont comme un repère et chaque parent a des comptes à rendre devant Dieu des enfants que Dieu lui a confié. Mais un parent n’est pas celui qui fait tes choix alors que tu deviens conscient toi même et que tu es en mesure de prendre des décisions toi même. Je ne critique pas ta mère mais je t’interpelle , ne laisse pas la sur-protection de l’un de tes parents t’empêcher de devenir celui que Dieu veut que tu sois.

 

- Je comprends papa je vais parler à maman alors

 

- Oui parle lui, mais n’oublie pas elle est ta mère et peu importe la divergence de vos avis tu dois savoir comment lui parler avec respect et en te mettant à sa place car la bible te dit honore ton père et ta mère. Il n’y a là aucune condition que ce père ou cette mère ait raison ou tort ta part c’est de l’honorer.

 

En prenant congé de mon père pour rejoindre la chambre, je repassais dans ma tête toute ma conversation avec lui. Il disait des choses vraies et poignantes mais il ne me disait même pas ce que je devais concrètement faire. Pourquoi ne me dictait t-il pas ce que j’allais par exemple dire à maman pour que tout en m’opposant à elle je sois toujours entrain de l’honorer? Pourquoi papa ne m’avait pas donné son avis sur toutes les rumeurs qui courraient sur la probabilité selon laquelle Dominique ne serait pas sa fille?

 

Je restais allongé mes yeux fermés pour ne pas attirer l’attention de Karl qui était assis entrain de lire ses cours. Mais en fait je ne dormais pas. Je continuais à me ressasser toute ma conversation avec mon père.

 

Le lendemain tôt le matin j’avais fais un message à Pitsou lui demandant de passer chez ma mère prendre ma voiture puis qu’il vivait dans le même quartier et qu’il avait un permis.

 

Aux environs de 8h, j’étais déjà prêt pour me rendre à BTL avant de me rendre chez le médecin qui nous avait reçu cette nuit qui précédait la mort de Junior. Ça je ne l’avais dis à personne en dehors de Camille, mais j’avais pris un rendez vous avec le médecin pour lui poser quelques questions.

 

En sortant de la chambre, maman Eliane qui faisait le ménage était surprise de me voir déjà prêt à sortir

 

- Mais papa Brice je ne t’ai pas fais ton petit déjeuner encore. Je ne savais pas que tu sortirais tôt aujourd’hui

 

- Bonjour maman, en fait en temps normal je prends rarement de petit déjeuner le matin. Ne t’inquiète pas.

 

Je lui avais fait une bise avant de dire

 

- À ce soir

 

Elle était souriante, je n’avais pas besoin qu’elle me dise le pourquoi, je savais qu’elle était contente de me voir en forme ce matin.

 

- Tu veux manger quoi aujourd’hui?

 

- Hum, attends je réfléchi

 

En même temps Dorcas sortait de sa chambre,

 

-Maman tu sais, c’est tout ça qui fait que Ya Brice ne pense pas à se marier hein. Il est trop gâté par ses mamans

 

- Eh donc si la belle fille n’est pas encore là, je vais laisser mon fils mourrir de faim! Papa dis ce que tu veux manger Oh

 

- Dorcas tu es jalouse de moi hein. Maman je veux bien manger la viande avec des légumes un genre de sauce légère, n’oublie pas les safous!

 

- Toi et ton histoire de safous là!

 

Alors que je sortais déjà de la maison, Dorcas était accourue vers moi comme si elle avait oublié de me dire quelque chose

 

- Euh yaya, normalement elle m’a dit de ne rien te dire mais Ya Camille ne se sentait pas bien hier jusqu’au point d’être amenée en urgence à une petite clinique de son quartier. Elle me l’a dit hier alors que je lui avais fait un texto pour prendre de ses nouvelles.

 

-D’accord je vais lui contacter aujourd’hui

 

-Ok yaya mais je ne t’ai rien dit hein!

 

- Oui t’inquiète.

 

Maman Eliane s’écriait depuis la maison

 

- Camille c’est votre nouvelle femme c’est ça?

 

- Bon là je pense que je dois partir sinon vous allez me rendre fou!

 

- Kiekiekiekiekie

 

——-

 

 

En sortant de chez le médecin je me sentais démoralisé, il avait été très clair avec moi. Aucun des examens faits à mon fils n’avaient justifié son agitation ou même chaque détail de la crise qu’il avait faite avant de décéder. Je faisais l’effort de me contenir parce que j’étais au volant, mais ma tête tournait.

 

Combien même, si le médecin avait justifié la mort de Junior, je ne sais pas si cela allait m’apaiser mais j’aurais préféré qu’il me donne des explications . Quelque chose que j’allais me passer dans le cœur chaque fois en pensant à lui. Mais là! Comment se consoler que son fils soit mort sans raison? La journée qui avait si bien commencée venait juste d’être gâchée.

 

Il fallait que je gare la voiture quelque part, tellement je sentais ma tête tourner.

 

J’étais descendu de la voiture, je m’apprêtais à rentrer dans un petit restaurant chinois qui était juste devant moi, pour pouvoir au moins m’asseoir et reprendre mon équilibre. Mais, je m’arrêtais d’abord pour passer un coup de fil, pour avoir de l’équilibre comme j’étais faible, je m’étais appuyé de dos contre le mur du restaurant

 

Le téléphone n’avait pas sonné longtemps que la personne au bout du fil avait décroché

 

- Qu’est ce que tu me veux Brice? après ce que vous avez fait à ma fils, toi tu oses m’appeler? Toi et moi c’est seulement la justice d’en haut qui va nous départager un jour!

 

Nadia m’avait raccroché au nez...

 

Je ne savais même plus pourquoi c’est elle que j’avais appelé, peut être que j’espérais parler avec une personne qui partageait la même douleur que moi. Mais hélas, cette douleur qui aurait bien pu nous rapprocher, nous avait apparemment séparés.

 

Je composais un autre numéro, après deux à trois sonneries, la personne avait décroché

 

- Allô!

 

Mais ce n’était pas sa voix, je pouvais reconnaître

 

- Allô! S’il vous plaît je souhaiterais parler à Camille

 

- C'est de la part de qui s’il vous plaît

 

- Brice son ami!

 

- Ah Brice, moi c’est Cynthia sa grande sœur. Camille vient de partir au cabinet médical prendre sa piqûre. Elle fait un palu je pense qu’elle t’avait dit? Là elle est partie prendre sa piqûre du matin. Elle a laissé le téléphone à la charge

 

- Ok. Elle ne travaille pas?

 

- Non son pâlu était très violent, hier nous l’avons même amenée d’urgence à l’hôpital. Donc elle est à la maison pour les trois jours de son traitement

 

- D’accord merci je passerais peut être ce soir.

 

- Pas de problème. Papa et toi ça va?

 

Si on se connaissait, j’aurais pu dire non je ne vais pas bien j’ai envie de parler, mais malheureusement...

 

- Oui ça va de mieux en mieux

 

- Ah Dieu soit loué. À ce soir alors!

 

- Ok à ce soir!

 

Elle m’avait parlé comme si elle me connaissait, c’était un truc de famille chez eux ou quoi! Ou encore peut être que Camille lui parlait beaucoup de moi. Bon j’avais toujours envie de parler à quelqu’un. Je me sentais mal, j’avais envie de vider mon sac.

 

Je composais encore un autre numéro, ça n’avait pas sonné plus de deux fois

 

- Allô mon fils!

 

 

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