CHAPITRE 121: LE GRAND DÉPART

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 121 : LE GRAND DÉPART 1.

**LUCIA MANGA MFOULA**

Bhernie : Dans la petite caisse il y a de l’argent, tu prends ce que tu peux pour faire le petit déjeuner.

Moi : D’accord. Tu vas durer là-bas ?

Bhernie : Ça va dépendre de la rapidité du service mais en principe 9h, je serai de retour.

Moi : Ok. Tu veux manger quelque chose de spécial ?

Bhernie : (Souriant) Je me fie à tes bons soins, je sais que tu me feras quelque chose de bon.

Moi : (Souriant) D’accord.

Bhernie : Bon, il faut que j’y aille.

Moi : Ok, vas-y. Je t’attends ici. Je t’aime.

Bhernie : Je t’aime aussi.


Il m’a embrassé sur la bouche et est parti. Sa mère est passée devant moi en piaffant et murmurant des choses en fang. J’ai voulu lui souhaiter une bonne journée mais je me suis ravisée façon elle avait l’air contrarié, je ne voulais pas de problème.

Erine : (Derrière moi) Bonjour ya Lucia.

Moi : (Me retournant pour la regarder un large sourire sur les lèvres) Bonjour mon bébé. Tu as bien dormi ?

Erine : Oui et toi ?

Moi : Moi aussi j’ai bien dormi.

Erine : D’accord. Je voulais te demander pardon.

Moi : (Arquant un sourcil) Pardon pourquoi ?

Erine : Pour hier. Parce que tu as tout fait seule (baissant les yeux) je voulais venir t’aider mais.

Moi : (Lui caressant le visage en souriant) Ne t’inquiètes pas ma puce, ce n’est pas grave. Je sais que tu voulais venir mais bon, on a fait. D’accord ?

Erine : D’accord.

Moi : Il y a quoi à faire comme travaux ce matin ?

Erine : Seulement balayer le salon, la cuisine et la cour. Comme tu as déjà lavé les assiettes, y a plus rien. De l’eau se sont les garçons qui puisent.

Moi : D’accord. Allons donc faire ce qui reste ensemble.

Erine : D’accord .


Nous sommes rentrées toutes les deux et nous avons commencé à travailler ensemble, elle à la cuisine et moi au salon. Quand j’ai fini, j’ai attaqué la petite cour avant et nous avons ensemble fait la cour arrière qui est plus vaste. Dès qu’on a fini, mon ventre a commencé à me déranger et je voulais aller au toilette. Depuis que je viens ici, je ne suis jamais partie au toilette et je ne sais pas où ça se trouve.


Moi : Erine, stp le toilette est où ?

Erine : Tu veux aller là-bas ?

Moi : Oui.

Erine : Attend je t’emmène, c’est un peu loin.  Il faut prendre le papier hygiénique chez ya Bhernie, là-bas y a pas.

Moi : D’accord.


Je suis rentrée dans la chambre pour le prendre et quand je suis revenue, elle m’attendait devant la porte avec un pagne et un sachet qu’elle m’a tendu.


Moi : (Perdue) C’est pourquoi ?

Erine : Mets le sachet à la tête pour protéger tes cheveux et puis enlève les habits pour mettre le pagne.

Moi : (Arquant les sourcils) 

Erine : C’est pour que l’odeur ne colle pas sur tes habits.

Moi : (Ne comprenant rien) Hein ?

Erine : Ce n’est pas le toilette des blancs.


Bien que n’ayant pas bien compris les explications, j’ai fait comme elle m’a dit en troquant ma tenue par le pagne et en attachant le sachet sur ma tête. Elle m’a ensuite fait contourner la maison avant d’emprunter une petite piste. La distance était quand même conséquente avant qu’on arrive devant une petite case en planches. Elle m’a donné la clé pour ouvrir le cadenas et m’a attendu à quelques mètres. Plus je m’approchais plus l’odeur était forte étant donné que le toilette était indigène. Si je n’avais vraiment pas envie de faire mes besoins, j’aurais renoncé mais bon, ce sont les réalités de vie de plusieurs dehors, tout le monde n’a pas les moyens d’avoir des toilettes modernes. J’ai ouvert et je suis rentrée. Je me suis retrouvée dans un espace clos, au milieu, un petit trou carré. Il y avait un cahier parterre et plein de papiers de journaux. Je me demandais pourquoi c’était là mais quand j’ai aperçu ça dans le trou, j’ai compris qu’ils s’en servaient comme papier hygiénique. J’ai essayé de regarder dans le trou et j’ai vu les asticots en train de bouger dans tous les sens pour manger la chiotte à l’intérieur. J’ai eu le frisson et je suis restée debout quelques minutes avant de prendre mon courage à deux mains et m’accroupir au dessus du trou en veillant à ne pas regarder en bas et grimaçant de part et d’autres pour réguler ma respiration. J’ai fait ce que j’avais à faire avant de sortir de là. Mon premier réflexe était de cracher car j’avais accumulé la salive à la bouche. J’ai fermé le toilette avec le cadenas et j’ai rejoint Erine qui m’attendait . C’est à ce moment que j’ai compris tout ce qu’elle me disait en amont parce que toute l’odeur du toilette m’avait collé sur le corps et le pagne. Je n’avais qu’une seule envie, me laver.


Erine : (Riant devant la tête que j’avais ) Ne t’inquiètes pas ya Lucia, l’odeur va passer. On reste un peu là pour que ça parte.

Moi : D’accord.


On a fait cinq minutes là avant de retourner à la maison, l’odeur était déjà moins présente mais je suis quand même retournée à la douche pour me laver car j’avais vraiment la sensation d’être sale. Je l’ai fait et je me suis parfumée avant de me vêtir. Erine m’a remplacé à la douche puis toutes les deux nous sommes allées à la route pour prendre des œufs, saucisses, petit pois, fromage, sucre, lait, pain, beurre, nesquik, ainsi que les boîtes de sardines, pâte d’arachide et autres condiments pour mettre dans les feuilles de manioc. Nous sommes revenues et nous avons trouvé les garçons déjà réveillé et remplissant les récipients vides de toute la maison. Ils m’ont salué et en voyant le contenu de mes sachets, ils ont esquissé des larges sourires.


Rail : (À Lens) Aujourd’hui c’est la café complet, fait vite on va finir.

Lens : Jure ?

Rail : Regarde toi-même.

Lens : (Regardant les sachets) C’est vrai. Faisons vite.

Rail : (Me regardant un large sourire sur les lèvres) Il faut venir ici tous les jours ya Lucia, quand tu es là on est en haut.

Moi : Ah bon ?

Eux : Oui. On arrive hein, on fait vite.

Moi : Je ne veux pas les gens qui ne se sont pas encore lavés à table oh.

Eux : euh, est-ce que se laver c’est un problème ? Nous même nos petits noms c’est silure, on vit dans l’eau .


Erine et moi avons éclaté de rire en les regardant partir. Nous sommes rentrées à la maison pour aller apprêter les choses. J’ai envoyé Erine à la chambre pour aller chercher le carton de jus et le mettre au frais et mon téléphone pour le mettre en charge car le courant était de retour. Bhernie est arrivé au moment où je dressais la table et ses frères sortait de la chambre tout beaux et propres.


Bhernie : Bonjour.

Eux : Bonjour ya Bhernie.

Bhernie : (Les regardant) Vous vous êtes lavés ?

Eux : Oui.

Bhernie : (Regardant la montre à son poignet) À 9h 20 ? Vous partez quelque part ?

Les garçons : Oh, regardez le grand pour nous faire les choses de l’affichage le matin. Nous on se lave tous les jours ici. 


Erine et moi n’arrêtions pas de rire.


Bhernie : Je préfère me taire. (À moi) Je peux m’asseoir ? Je meurs de faim.

Moi : Si c’est prêt. Attends j’ajoute ta tasse.


Il est venu à la cuisine avec moi pour se laver les mains dans une cuvette et me faire un baisé rapide sur les lèvres. En ressortant nous avons trouvé Stella déjà assise à table avec ses habits de nuit. Elle était assise à ma place et les garçons lui disaient de changer de place sans faire cas. 


Stella : (Nous regardant) Bonjour.

Nous : Bonjour.

Bhernie : C’est là que tu t’assois d’habitude ?

Stella : Non mais

Bhernie : (L’interrompant) Lève toi rapidement. 


Elle s’est levée et est allée à sa place. Je n’avais pas mis de tasse chez elle parce que je ne savais pas qu’elle s’était déjà réveillée. J’ai voulu le faire mais Bhernie m’a devancé en prenant la parole.


Bhernie : Quand tu t’assois là, tu attends que la tasse quitte la cuisine seule pour venir te trouver ?


Elle s’est levée et est partie chercher le nécessaire. J’ai préparé la tasse de Bhernie et la mienne en rapprochant notre assiette d’omelette étant donné que c’était deux par assiette. Et les autres ont fait pour eux eux-mêmes. Nous avons mangé dans la bonne humeur et à la fin Stella a voulu se retirer dans sa chambre en laissant la table à nous autres.


Bhernie : Stella, si je me penche sur ton cas aujourd’hui, tu ne vas pas apprécier. 

Stella : J’ai fait quoi ?

Bhernie : Tu as fait quoi dans cette maison depuis le matin ?

Stella : (Silence) 

Bhernie : On prépare, tu viens manger et tu t’en vas, tu as une ménagère ici ?

Stella : (Silence)

Bhernie : Dépêche toi de me débarrasser cette table si tu ne veux pas que je te gifle.


Elle est revenue sur ses pas avec le visage amarré pour débarrasser la table.


Bhernie : Et tu as intérêt à me laver les assiettes là.

Stella : (Marmonnant)

Bhernie : Pardon ?

Stella : J’ai dit oui.


Elle s’est exécutée. Je suis allée à la cuisine pour sortir la marmite des feuilles de manioc pour qu’elle se dégivre et j’ai apprêté tout le nécessaire pour la cuisson. J’ai mis le riz au feu car ici c’est le complément de base et je suis allée m’asseoir au salon avec le reste de la meute pour écouter les histoires de Bhernie qui emmerdaient ses frères en sortant des dossiers embarrassants sur eux et qu’ils essayaient de se défendre sous nos rires Erine et moi. Stella a fini de faire la vaisselle et elle est allée la laisser à la cuisine. Je me suis levée pour aller surveiller la cuisson du riz avec Erine qui me suivait et nous l’avons surprise en train de mettre quelque chose dans la marmite.


Moi : Qu’est-ce que tu fais ?

Stella : (Sursautant) Hein rien. Je, je , je regardais si de l’eau avait séché et et

Moi : Tu as quoi à la main ?

Stella : (Cachant sa main derrière elle ) Rien.

Bhernie : (Derrière moi) Qu’est-ce qui se passe ?

Erine : Stella a mis quelque chose dans la marmite du riz.

Stella : C’est faux, je n’ai rien mis.


Bhernie m’a dépassé et il est parti regarder la marmite et apparemment c’était le sable, elle en avait encore une poignée dans sa main. Il l’a copieusement frappé avant de l’envoyer dans sa chambre. Il a pris la marmite et l’a mise de côté pour la montrer à ses parents le soir. J’ai dû préparer une autre marmite, personne ne comprenait quelque chose à son attitude. Pourquoi mettre du sable dans une marmite qu’elle va elle-même manger ? J’ai assaisonné les feuilles de manioc et quand tout était prêt, j’ai enlevé la part des parents ainsi que la nôtre en laissant pour le reste dans la marmite, ils mangeront quand ils auront faim. En tout cas il était déjà midi et Bhernie était partie dans sa chambre, je l’ai rejoint. Il était encore fâché.


Moi : (Petite voix) Je peux m’asseoir sur tes jambes ?


Il s’est arrangé pour me faire de la place sans parler et je me suis assise sur lui en lui caressant la tête.


Bhernie : (Après un moment) Si tu savais comment j’avais envie de faire du mal à cette petite, il n’y a que Dieu seul qui sait.

Moi : Je sais mais tu sais la battre n’est pas une solution. Je me dis qu’il faudrait essayer de parler avec elle pour comprendre ses motivations.

Bhernie : Elle a mis du sable dans le riz Lucia.

Moi : Justement. Stella n’est pas une enfant, si elle pose un tel acte c’est qu’il y a une raison et c’est ce qu’il faut chercher à comprendre.

Bhernie : Hum. En tout cas, elle donnera son explication à ses parents et si ça ne me convint pas, je vais la frapper devant eux parce que si c’est la sorcellerie qu’elle veut commencer, je vais rapidement enlever ça de sa tête.

Moi : J’aime pas quand tu es en colère Ciel.

Bhernie : Hum.

Moi : C’est la vérité. Tous tes traits sont tendus et t'as une grosse veine qui passe sur ta tempe (faisant la moue) Et ça diminue ta beauté.


Il a esquissé un faible sourire et j’ai mordillé sa joue pour le faire rire. Il m’a rendu et un petit jeu s’en est suivi avant qu’il ne me soulève et va me déposer sur notre lit de fortune.


Bhernie : (Sourire malicieux) J’ai un travail en suspens avec toi.

Moi : (Riant) Laisse moi Ciel pardon, il est midi et y a le soleil, on ne fait pas à l’heure là.


Est-ce qu’il m’a écouté ? Il s’est plutôt levé pour fermer la porte à clé et la fenêtre. Il a mis la musique dans l’ordinateur et a allumé le ventilateur. Il s’est déshabillé et a répété le geste avec moi avant de me prendre comme si je lui devais quelque chose. Il m’a fait mordre l’oreiller je ne sais combien de fois pour m’empêcher d’hurler à plein poumons. À la fin, c’est lui qui a dû me donner mon bain et me masser parce que j’avais l’entrejambe en feu et le corps marqué par les traces de son passage. On s’est habillé, on a mangé en amoureux en gardant pour lui pour le soir puis je me suis assise sur lui pour faire le bébé parce que l’heure du départ approchait et je devais rentrer à la maison. Il n’a pas arrêté de me consoler et me rassurer mais malgré ça je pleurais dans ses bras.

À 19h on est monté saluer ses parents et il leur a dit que j’allais voyager le lendemain. Son père a proclamé des paroles de bénédictions sur moi avant de me prendre dans ses bras et me souhaiter un bon voyage. Ses frères ont dit qu’ils seront présents à l’aéroport demain pour me dire au revoir et sa mère n’a rien dit. Erine pleurait énormément et je lui ai dit que j’allais l’appeler tous les jours pour parler avec elle, puis je suis partie avec Bhernie. J’ai embarqué des vêtements lui appartenant pour conserver son odeur. Il m’a accompagné jusqu’à la maison et a salué mes parents avant de rentrer chez lui. Mes valises étaient déjà faite avant mon départ pour chez lui. Nous avons activé un forfait de nuit et nous avons passé toute la nuit au téléphone. Le lendemain, je me suis rendu à l’aéroport avec mes parents, ya Arsène et les siens nous ont rejoint juste après puis ce fut ya Reine et Alvine. Mel et les gars de notre bande sont venus pour me dire au revoir. Ils voyagent tous la semaine prochaine mais à des dates différentes. Nous avons accompli toute les formalités et attendions simplement le départ. Je n'arrêtais pas de guetter l’arrivée de Bhernie et quand je l’ai vu apparaître avec ses deux frères et Erine, j’ai couru pour me jeter dans ses bras les larmes aux yeux avant de l’embrasser comme si ma vie en dépendait. Je ne m’occupais plus du fait que mes parents étaient derrière moi et me regardaient. Après un moment, il m’a arrêté et m’a simplement serré dans mes bras.


Bhernie : (À mon oreille) Je suis là, arrête de trembler Lumière. (Essuyant mes larmes en esquissant un faible sourire) Salue les autres et laisse moi aller le faire avec tes parents.

Moi : D’accord.


J’ai salué ses frères et il l’a fait avec les miens.


Ya Alvine : (Souriant) Reine j’espère que tu as vu avec tes propres yeux la même chose que moi hein. Oh mon gars est fidèle et il n’y a que moi. Voilà la vérité est sortie aujourd’hui devant tout le monde.


Nous avons éclaté de rire avant que Bhernie ne présente ses petits frères à ma famille. Je leur ai donné les cadeaux que j’avais pour eux et que je leur ai promis la veille chez eux. Rail a eu mon mini ordinateur et Lens mon ancienne tablette. Les deux appareils avaient juste un an d’utilisation. Erine aussi a eu une mini tablette mais qui ne prend pas de carte sim. Je lui ai téléchargé plusieurs tutoriel vidéo make-up et coiffure à l’intérieur pour qu’elle s’en inspire. Bhernie lui montrera comment s’en servir. Ils ont pris et m’ont remercié. Quand l’heure du départ a sonné nous avons fait des câlins à ceux qui restaient et j’ai terminé en larmes dans les bras de mon homme. Il a essayé d’être fort et résister mais il a fini par craquer et pleurer aussi.


Bhernie : (M’embrassant sur la bouche, les larmes aux yeux) On se reverra bientôt bébé, à Noël nous serons ensemble.

Moi : (Pleurant) Tu me promets ?


Bhernie : (Pleurant) Je te le promets. 


Il m’a embrassé une fois de plus et m’a serré dans ses bras avant de me lâcher. C’est dans les bras de Lucrèce que j’ai continué à pleurer jusqu’à ce qu’on monte dans l’avion pour nous en aller….


SECONDE CHANCE