Chapitre 13

Ecrit par Myss StaDou

Chapitre 13

 

Mama cette vie est surprenante. Cet homme sort d’où ?! Olivier m’appelle ? Toujours emplie d’étonnement, je regarde mon téléphone ne croyant toujours pas à ce qui venait d’arriver. Presque trois ans sont passés depuis le début avorté de notre histoire. Je me sentais si bien avec lui, repensant toujours à la manière dont on s’est connu, les moments qu’on a passé ensemble. Il me faisait me sentir bien, me sentir une femme accomplie désirée et aimée, sans trop en demander.

 

Je rougis encore en pensant à l’histoire du Cinéma… Malheureusement, il a fermé aujourd’hui ! La montée d’adrénaline a été très forte ce soir-là ! Mais j’ai beaucoup souffert de ma découverte choquante. De voir cette fille en pagne chez lui, bien à l’aise et heureuse de me dire qu’elle est sa copine de longue date m’a brisé le cœur. Juste la peur d’une éventuelle bagarre m’a retenu de lui cracher la vérité en face. Je l’aimais vraiment, ce salaud ! Et il a tout gâché !

 

Je n’ai pas trouvé le courage d’adresser encore la parole à Olivier, trop blessée par sa trahison. Peut-être ne voulais-je aussi pas salir les bons souvenirs que j’avais de lui ? J’avoue avoir ressenti un pincement au cœur lorsqu’il m’a dit qu’il était mon interlocuteur. Trop de questions se bousculent dans ma tête.

 

Soudain, j’entends un bruit sourd, qui me ramène à la réalité. C’est Junior qui entre dans la concession.

 

− Oh ! Je dis hein, papi tu sors d’ou ?!

− Oh Nicole ! s’écrie-t-il avec agacement. Je t’ai déjà dit de ne plus m’appeler comme ça !  Je ne suis plus un petit garçon.

− Est-ce que ça m’intéresse ? Tu seras toujours mon petit frère. Je t’appelle comme je veux !

− C’est toujours comme ça avec vous, les ainés. Quand on veut parler…

− Eh, reste tranquille ! Que veux-tu raconter ? Je t’ai posé une question. Tu sors d’où ? Vous me laissez ici chaque fois avec tout le boulot de la maison. Mais quand chacun rentre, chacun crie la famine. Vous pensez que la nourriture apparaît par magie dans la marmite ?

− J’avais examen blanc au lycée.

 

J’éclate de rire. Woko ! Les petits d’aujourd’hui savent mentir. Ils oublient qu’on a fait la même chose, voire même pire avant eux….

 

− Examen blanc fringué comme si tu partais à un rencard… Tu m’en diras des histoires.

− Si tu ne veux pas me croire, c’est ton problème là-bas. Il y a la bouffe à la cuisine ?

− N’est-ce pas ta bonne à préparer avant de sortir…. Chouagne. Vois sa tête !

− Est-ce que c’est alors une histoire d’insultes maintenant ?

− Je m’en fous de toi ! Tu as ta chance, dis-je en le regardant avec amour. Va à la cuisine. Il y a ton plat de riz-haricot près de l’évier.

 

Junior sourit :

 

− La mort de la nourriture… Tu m’as bien mis la viande comme tu connais souvent ? Oh ma grande sœur chérie, dit-il en me faisant les yeux doux.

− Mouf !!! Va là-bas ! Flatteur va !

 

Je le regarde s’éloigner, pensive. C’est fou comme il a vite grandi. Mes parents étant très occupés par leurs diverses activités, j’ai longtemps été celle qui prenant soin de lui, allait le chercher à l’école, l’aidait à faire ses devoirs. Il avait une place particulière dans mon cœur. Je me lève de mon vieux banc, pleine de courbatures. S’occuper d’une maison n’est pas facile. Si j’épouse Victor, je ne souffrirais pas autant. On aura au moins deux ménagères pour gérer la maison. Vous m’imaginez moi Nicole en robe de mariée ? Je serais trop belle.

 

À côté d’un homme beau comme… En parlant d’un homme, qu’est-ce que je fais d’Olivier ? Je me dirige lentement vers la maison. Que faire ? Devais-je le rencontrer ? L’éviter ? C’était quand même un mec bien, plutôt cool et sérieux – apparemment. Il était assez attentionné et prenait le temps pour moi. J’ai passé beaucoup de temps avec lui. J’étais encore trop jeune à l’époque, inexpérimentée dans les relations amoureuses. Mais maintenant, je suis une adulte et je peux agir en conséquence.

 

Je m’ennuie tellement. Bon sang si Victor était là… Bon, que je réfléchisse. Si je rencontre Olivier que serait-il sage de faire ? Aller accompagnée ? Jeanne n’est pas disponible. Je ne vois personne à qui demander cela sans exposée toute ma vie devant la personne. Aller seule ? Seulement dans un lieu public et éclairé... Il ne faut pas que l’histoire de la dernière fois se répète. Pas que je n’ai pas aimé ses talents d’amant. Mais je ne pense pas que Victor apprécierait. Je tiens trop à ma relation pour commettre une bêtise pareille ! Il faut que je gère la situation comme une grande.

 

Junior est assis au salon devant la télé en train de manger. Je passe et me dirige vers ma chambre pensive. Comment gérer tout ça ? Que j’aille prendre ma douche. J’y verrai plus clair ensuite. Ma douche expédiée, je oins mon corps de mon lait de toilette, je porte un ensemble de sous vêtements rose et je me couche sur le lit. Il fait quand même chaud et j’hésite entre dormir ou voir Olivier.

 

Je ferme les yeux et je repense aux moments passés ensemble. Une chaleur monte dans mon corps… Hummm, j’ouvre vite les yeux. Que je ne me laisse pas distraire. Un bruit de vibration… C’est mon téléphone qui sonne. C’est Olivier.

 

− Allô.

− Allô, c’est moi.

− Je sais.

− J’attends ta réponse. On peut se voir ? Je t’invite à manger.

− Je ne sais pas trop….

 

Je suis toujours hésitante. Mais vous savez que le cœur de la femme est faible.

 

− Allez, viens. Je t’invite à JC Bastos (une rôtisserie). Nous allons manger du poulet braisé. Ou tu préfères manger de la pizza ?

 

Mama eh… On a envoyé cet homme veut-il me tenter ? Comme pour lui répondre, mon estomac envoie un puissant « grrrrrrr» pour signaler le vide qui le menace ! Ekie ! Même mon corps me lâche. Mon petit déjeuner est loin derrière moi. Ok. Si c’est seulement pour manger et pour parler, il y a quoi ?

 

− Ok. Tu as dit seulement manger non ?

− Oui. Je veux vraiment qu’on parle.

− Ok. Il n’y a pas de problèmes. Donne-moi environ 45min et je suis à JC. Ça te va ?

− Tout ce que tu veux ma belle. Je serais là avant toi.

− Ma belle ? Hum. Ok. À tout à l’heure.

 

Je me lève et je jette un coup dans ma garde robe. Je prends une robe mi-courte, beige avec des broderies noires dessus. Elle est très belle et met mes valeurs en forme. J’ai envie d’épater Olivier, pour qu’il voie ce qu’il a perdu. Bijoux, montre et sac terminent ma tenue et mettent en valeur la jolie paire de pumps noire que j’ai aux  pieds. Quand je passe au salon, j entends des sifflements venir du canapé.

 

− Iki, ma sœur ! s’écrie Junior. Comment tu es belle comme ça ? 

− Lâche-moi !

− Mama on part où ?

− Partir avec qui ? Pardon.

 

Je continue en riant. Au moins Junior m’a confirmé que ma tenue est parfaite. J’ai vite trouvé un taxi pour Bastos et j’arrive devant le supermarché Dovv, face à JC. Sachant que je suis bien à l’avance, je m’installe devant le supermarché et je guette l’entrée de la rôtisserie. Beaucoup gens sont sortis ce jour-là, pour manger ou faire des courses. Des groupes de personnes se baladent ça et là, le coin rassemblant plusieurs lieux de restauration. Bastos est un quartier huppé de la ville de Yaoundé et beaucoup de riches et d’expatriés vivaient ici. J’en verrais de toutes les couleurs ici, moi fille de classe moyenne.

 

Une belle Toyota Avensis gris métallisé, aussi neuve que si elle sortait de chez le concessionnaire vint se garer devant la rôtisserie. J’ai poussé un sifflement. Quel genre de personne pouvait se permettre ce genre de voiture avec la conjoncture financière actuelle du pays ? Une jambe chaussée d’une belle paire en cuire cirée sortie de la voiture, le temps que le chauffeur ferme correctement la voiture et activait la sécurité. Pas mal… Il a du goût, le mec. D’une démarche lente, l’homme descend de la voiture. C’est un gars Camer, bien chaud. Il porte une jolie veste grise assortie au pantalon, coupée à même le corps. Elle dessine chaque partie de son corps presque parfait.

 

Anti, le mec est craquant hein, les filles. Il a la tête baissée et portait des lunettes noires. Je ne voyais que sa coupe de cheveux nets. Le mec lève alors la tête et retire ses lunettes. Bon sang. Le mec est trop beau.

 

Et c’est Olivier…

Mon amour, mon comba...