Chapitre 13

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET

 

Chapitre 13     

Annélie

 
     

Il est une heure du matin ce Noël-là, à Cape Town.

 

La fête bat son plein dans le salon de la villa des parents de Joachim et Ronald, à Cape Town. J’ai souvent vécu de très beaux Noëls à Pointe-Noire ou à Port-Harourt, mais j’avoue que la chaleur de cape Town est particulière. J’aime beaucoup l’ambiance de la ville. J’adore le fait que tout le monde soit détendu et si jovial. Depuis notre arrivée, ma belle-mère est aux petits soins pour Bianca et moi. Vu que Bianca et Ronald ont annoncé leurs fiançailles pour le mois de février, on a beaucoup parlé préparatifs. Là, Ronald a dit à Bianca : « laisse ma mère faire. Ne te prends pas la tête avec tout ça, parce qu’elle est capable de te rendre folle ! »

Les fiançailles auront lieu à Nice en février.

Pour ce repas de Noël, ce soir, il y avait trois couples amis de la famille et deux amis d’enfance de Ronald, vivant ici à cape Town. Il y a aussi madame Ackeret, la grand-mère des garçons. C’est la mère de leur père. Elle nous a demandé de l’appeler Mamie Julie. C’est ce que nous faisons, Bianca et moi.

J’ai bu une flûte de champagne et j’ai la tête qui tourne. C’est la raison pour laquelle je suis sortie faire un tour dans le jardin. Je respire en regardant les étoiles qui brillent dans le ciel. Je reste là ce qui me semble une éternité. Bientôt, j’entends une voix dans mon dos :

- C’est bien que nous soyons là toutes les deux. Il faut que je te parle.

Je me retourne et me retrouve face à mamie Julie. Elle me regarde. Son visage est inexpressif contrairement à d’habitude. Je lui souris et dis :

- Toutes mes excuses, Mamie Julie. Je pense que je ne serai pas réceptive. J’ai la tête qui tourne. Je vais aller dormir.

D’un geste de sa canne, elle m’arrête. Je lui fais face. Elle me dit :

- J’ai eu le temps de me renseigner. Tout aussi médecin que tu deviennes, tu n’es la fille de personne. Tu es juste la bâtarde d’un blanc. Ta mère est une villageoise, aucun de tes grands-parents maternels ne s’est illustré à Port-Gentil. Je pense qu’il y a mieux comme épouse pour mon petit-fils.

Je suis foudroyée par la violence sourde de ses propos. Je me frotte les yeux pour m’assurer que c’est bien la grand-mère de Joachim que j’ai face à moi. Elle me lance un sourire sardonique et me dit :

- Je me suis arrangée pour rayer ton nom de la vie de Joachim. Ton temps est fini ! Tu iras trouver un mari ailleurs, quelqu’un de ta condition. Le nom de ma famille ne sera pas associé au prénom de la fille de personne, aussi métisse et belle est-elle !

Je reste là, prostrée, ne sachant ni que dire ni que faire. En fait, je crois que mon esprit a déserté mon corps dès que cette femme a commencé à parler. Le corps peut avoir mal, mais l’esprit lui, se protège pour ne pas m’entraîner dans la folie. Je baisse le regard, essaie de rassembler mes idées. Et au moment où je lève la tête pour demander à cette femme ce que je lui ai fait, elle me devance en disant :

-Tu n’as qu’à faire un tour dans la chambre, vu que tu as besoin de te reposer.

Elle sourit toujours. Le même sourire qu’avait la marâtre de Blanche-Neige en lui tendant la pomme. Je pars de là en courant, avec l’intention de me réfugier dans la chambre que Bianca et moi occupons. Les parents ont tenu à ce que nous, jeunes couples, soyons séparés. Quand j’arrive sur le pas de la porte, je remarque que Bianca me suit de près, intriguée par mon comportement. Je n’ai pas remarqué que mes larmes ont commencé à couler. Bianca s’approche et m’essuie le visage en me demandant ce qui se passe. J’ouvre la bouche pour parler, mais aucun son n’en sort. Alors, je me contente d’ouvrir la porte de la chambre avec l’intention de m’y enfermer. Nous n’avons pas besoin de passer le pas de la porte, car nous sommes accueillies, Bianca et moi, par des gémissements. Là, sous nos yeux, dans le lit jumeau dans lequel je dors, je vois Joachim et Ruth, une de leurs amies d’enfance, en train de s’envoyer en l’air. Ils sont nus comme au premier jour ! C’est le cri strident que pousse Bianca qui percute mon esprit et m’entraîne au sol.


         

À SUIVRE…

Les filles d'Idéale...