Chapitre 13 - Départs

Ecrit par NafissaVonTeese


-- PRÉCÉDEMMENT --

Malick était à la recherche des photos de lui accompagné de sa maîtresse chez Amina, quand celle-ci le trouva et l’assomma.

Son père, aussitôt sorti de prison, les avait rejoint.

C’est sous la menace d’une arme qu’il lui avoua que c’était Malick qui avait tué sa mère quand celle-ci apparut devant elle.

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« Parfois le mensonge explique mieux que la vérité ce qui se passe dans l’âme. »

Maxime Gorki

***

 

-         Maman !

 

Un mauvais tour de mon subconscient ? C’était tout simplement impossible. J’avais perdu la raison me disais-je, mais j’étais encore assez consciente pour  sentir le monde s’écrouler sous mes pieds, m’engloutissant dans un gouffre avec des tonnes de gravats.

 

-         Mon bébé…

 

-         Ne t’approche pas d’elle ! avait crié papa, en s’interposant entre elle et moi.

 

J’étais médusée. Je n’arrivais plus à bouger, à parler, à réfléchir, faire la part des choses entre la réalité et le mirage…

C’était comme dans chacun de mes rêves où je la voyais apparaître devant moi et me promettre qu’elle était revenue et pour toujours. Cependant tout semblait tellement réel. Réel et à la fois irréel. 


« Maman !» j’avais répété. Elle avait hoché la tête en enlevant ses lunettes de soleil.

J’avais regardé papa, le suppliant des yeux de m’expliquer ce qui était entrain de se passer, mais il avait tout simplement baissé la tête. Je m’étais alors retournée vers Malick. Il agonisait mais n’avait pas pu se retenir de me lancer, en forçant un sourire :

 

-         La famille de criminels réunie au grand complet !

 

Je n’avais pas fait attention à ses propos mais s’il la voyait, ainsi que moi et papa, c’est parce-qu’elle était bien là, en cher et en os !

 

-         Qu’est-ce que tout cela veut dire papa ?

 

-         Je suis désolée ! J’aurais dû tout te dire depuis le début mais…

 

-         Mais quoi ? Quoi papa ? Dis-moi que ce n’est pas vrai ! Je t’en supplie papa, dis moi que ce n’est pas vrai.

 

-         S’il te plait Chérie… Tu m’as tellement manquée ! avait-elle dit en s’approchant.

 

Elle avait posé sa main glaciale sur ma joue et l’avait caressée, exactement comme elle le faisait dans mes souvenirs. Seulement cela ne me faisait plus me sentir en sécurité. Tout au contraire, au contact de sa peau, j’ai senti un courant fort parcourir tout mon corps, de la tête aux pieds.

J’avais alors repoussé sa main, puis avait braqué mon arme sur elle en la regardant droit dans les yeux.

 

-         Ne me touche pas !

 

-         Mais c’est moi mon cœur ! C’est maman.

 

-         Tu n’es pas ma mère ! Ma mère est morte !

 

En un geste vif et précis, elle avait réussi à me désarmer, sans même que je n’ais eu le temps de m’en rendre compte.

Elle avait retiré le foulard qui lui couvrait les cheveux et l’avait jetée à papa en lui demandant de faire un garrot à Malick. Il avait hésité quelques secondes avant de s’exécuter.

Il m’avait ensuite rejoint pour mettre ses bras autour de moi quand elle, été tranquillement allée se poser sur le pouf, avant de nous regarder chacun, tour à tour. Elle avait soupiré avant de parcourir des yeux toute la pièce.

 

-         Tu as réussi à la montrer contre moi, même au fond d’un trou ; avait-elle adressée à papa.

 

-         Tu t’attendais à quoi au juste ? Qu’elle te saute au coup en te couvrant de baisers ? Tu étais morte pour elle alors quoi qu’elle puisse dire ou faire, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même.

 

-         Vraiment ?

 

Je ne m’en étais pas rendu compte mais j’avais les larmes qui coulaient à flot, sans que je ne puisse les retenir. Cette femme avait les mêmes traits et la même voix que maman mais on n’aurait pas dit que c’était elle. Au fond de moi, je savais que ce n’était pas elle.

Les images d’elle étalée par terre me revenaient en flash. La sirène de l’ambulance qui était venue la prendre raisonnait à nouveau dans ma tête.

Je revoyais papa s’effondrer en larme devant ses photos ; moi sur le sofa du salon attendant son retour… Pourquoi ?

 

-         Pourquoi ?

 

J’avais prononcé ce mots sans vraiment m’en rendre compte. Je ne m’attendais pas à une réponse. Tout ce que je voulais en ce moment, c’était disparaître à tout jamais, ne plus exister, pour ne pas avoir à affronter la vérité, telle qu’elle pouvait être, ou encore à devoir me convaincre que maman était toujours vivante.

Elle s’était alors tue un long instant en regardant l’arme qu’elle avait à la main, puis avait dit :

 

-         Je peux tout t’expliquer…

 

-         Elle n’en a pas besoin! Tu lui as assez fait de mal comme ça ; avait violemment rétorqué papa, avant de me prendre par la main pour me traîner vers le salon.

 

Je n’avais pas réagi, je n’en étais même pas capable. Toute la pièce et les objets qui s’y trouvaient tournaient autour de moi. Je me battais corps et âme pour respirer et garder les yeux ouverts.

Elle nous avait suivie jusqu’à la porte d’entrée avant de pointer l’armevers nous.

 

-         Tu as toujours voulu l’avoir pour toi tout seul mais je suis revenue pour elle alors tu ne l’éloigneras pas de moi !

 

-         Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu vas mettre tes menaces à exécution et me mettre une balle dans la tête ?

 

-         Je veux juste parler à ma fille.

 

-         Tu vas devoir me passer sur le corps avant !

 

Il faisait d’un coup extrêmement chaud. Les mots sonnaient comme de l’écho dans ma tête et ma vue commençait à être floue. En voyant papa se mettre devant moi, je m’étais accrochée à ses épaules pour rester debout car j’arrivais difficilement à tenir toute seule sur mes jambes.

 

-         Pourquoi tu nous as fait croire que t’étais morte ? Pourquoi est-ce que tu m’as fait ça ?

 

J’avais prononcé ces mots avec toutes les peines du monde mais elle, ne s’était donnée que la peine de me dire qu’elle le regrettait à présent.

 

-         Pour une fois dans ta vie, dis la vérité ! Dis-lui que tu t’es fais passer pour morte afin de pouvoir vivre avec ton amant Fadiga. J’espère que ce pauvre salop en valait la peine !

 

-         Ce salop comme tu dis, je l’ai aimée plus que je ne t’ai jamais aimée.

 

-         Et plus que tu n’as jamais ta propre fille j’imagine !

 

J’avais à peine entendu ces mots que je m’étais effondrée. Je les avais entendue crier mon nom puis plus rien.

 


***


Un tintement de cornes de brumes de plusieurs bateaux.

Le hurlement d’une sirène.

La sonnerie d’appel d’un iPhone.

Des bouts de mots de plusieurs voix d’hommes et de femmes…

 

Je m’efforçais d’ouvrir les yeux qui restaient fermés et aussi lourdes que ma tête. Chaque millimètre carré de mon corps souffrait le martyr. J’avais repassé en mémoire chaque instant de ma vie et tout me semblait incohérent. Ce n’était qu’un long et mauvais rêve avais-je réussi à me convaincre avant que je ne reconnaisse la voix de Maurice au loin. Il s’en était suivi un court silence, puis des pas se rapprocher de moi.

 

-         Hey réveille-toi ! Il est temps qu’on y aille !

 

Il m’avait pris par les épaules pour me secouer légèrement.

Quand j’ai enfin réussi à ouvrir les yeux, je m’attendais à voir Maurice mais je vis papa me forcer un sourire qui avant, avait pour pouvoir de me rassurer.

 

-         Où est-ce qu’on va ? Où est-elle ?

 

-         Elle est partie, et cette fois pour de bon.

 

Il m’avait pris dans ses bras avant de me promettre que tout allait bien se passer maintenant. C’est seulement là que j’avais remarqué que j’étais dans l’ancienne chambre de Maurice, dans la maison de sa tante. J’avais alors fait le rapport entre la Myriam avec qui il avait parlé au téléphone et sa cousine Myriam qui était la fille de sa tante qui l’a élevée.

Rien n’avait changé dans cette pièce, c’était comme si le temps c’était arrêté. Je me demandais comment est-ce que j’étais arrivée là, quand il apparut.

 

-         Il faut y aller maintenant sinon tu risques de rater ton vol ; avait-il dit.

 

Cela m’était absolument égal de partir ou de rester. Je pensais à ma mère et me disais qu’elle aurait pu essayer de s’expliquer pour se racheter, mais elle avait préféré partir à nouveau et aussi vite qu’elle était réapparue.

  

Le taxi avait freiné devant l’entrée « Départ » de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Le chauffeur nous avait bien fait savoir que nous n’avions pas le temps pour des longs adieux car il risquait de se faire interpeler par la sécurité s’il restait stationné là plus d’une minute. J’avais jeté un dernier regard à papa, sans dire un seul mot, avant de descendre de voiture en même temps que Maurice.

 

-         Chérie !

 

Je m’étais retournée en le fusillant du regard. Il savait que ma mère était vivante et jamais durant toutes ces années, il n’avait eu le courage de me l’avouer. Je ressentais de la colère et du mépris pour lui.

 

-         Tu étais vraiment prête à me tirer dessus ?

 

En guise de réponse, j’avais tout juste haussé les épaules en soupirant. C’était une réponse qu’il n’allait certainement jamais avoir, avais-je pensée avant de lui tourner le dos.

 

Avec Maurice, nous avions marché main dans la main jusqu’à rejoindre la masse de personnes attendant leur tour pour l’enregistrement.

Il avait sorti de sa poche un papier plié, avant de me faire promettre que je ne lirai ce qui est écrit dessus que lorsque l’avion aurait décollé. Il m’avait ensuite serré de toutes ses forces contre lui, puis m’avait confié qu’il allait s’assurer avec papa, que je ne risquais pas de m’attirer des ennuies avec la police, avant de me faire revenir sur Dakar.

 

45 minutes plus tard, nous avions enfin embarqué. J’avais réussi tant bien que mal à tenir la promesse que j’avais fait à Maurice. C’était notre règle d’or : ne jamais rompre une promesse ; et depuis le premier jour que nous nous étions liés d’amitié, jamais elle n’a été rompue. Du moins, jamais de mon côté.

 

Le connaissant, je m’attendais à une plaisanterie ridicule. J’avais respiré un bout coup avant de l’ouvrir.

 

« Mon cœur,

 

Je sais que rien ne pourrait excuser mon absence durant toutes ces années, mais je tenais à ce que tu saches pourquoi je suis partie.

Quand j’ai appris qu’une enquête  avait été ouverte pour le détournement de fonds de la mairie, j’en ai parlée à ton père et il a tout nié en bloc.

Malick m’avait fait savoir qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir car toutes les preuves pointées vers lui, et que j’étais aussi soupçonnée d’être sa complice. On risquait tous les deux de se retrouver en prison pour un long moment alors j’en ai parlée à Fatiga et il m’a conseillé de le quitter pour partir loin avec toi.

Quand j’ai demandé le divorce, ton père m’a juré de nous tuer tous les deux si jamais j’essayais de t’éloigner de lui.

Je ne me sentais plus en sécurité avec lui alors j’ai cédé et comme il le voulait et j’ai disparu avec l’aide de Fadiga.

Je ne suis pas partie pour m’éloigner de toi, mais de lui et pour te protéger mon cœur.

 

Je n’ai jamais cessé de t’aimer et jamais je n’ai été bien loin de toi. J’ai toujours été là pour veiller sur toi et te protéger.

Je pars encore une fois mais pour te donner le temps de me pardonner, et quand tu y parviendras, je serai là pour un nouveau départ.

 

Ta maman qui t’aime de tout son cœur ! »


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