CHAPITRE 13: IMPRESSION DE DÉJÀ VU.
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 13: IMPRESSION DE DÉJÀ VU.
Les jours
passèrent très vite et c'était déjà le vendredi, Aurore se rendit donc au
bureau de son beau-père où ce dernier lui avait donné rendez-vous. Elle vint en
milieu d'après-midi. Après avoir échangé les civilités avec Alexandre, ce
dernier prit la parole.
« Alors
ma fille dis moi, de quoi voulais tu me parler ? Tu m'avais l'air bien sérieuse
au téléphone l'autre jour. »
« Merci
papa de me recevoir. (Elle fit une petite pause avant de reprendre) Si je suis
là c'est pour te faire part de ma décision. Je tiens tout d'abord à te
remercier pour tout ce que tu as fait pour moi, car depuis le jour où nous nous
sommes rencontrés devant cet hôpital, tu n'as pas cessé d'être une bénédiction
pour moi. Tu m'as traité comme ta propre fille et a permis que les choses se
passent bien. Alors je te suis vraiment reconnaissante. Merci pour tout.
(Petite pause afin de reprendre son souffle et continuer). Papa, je veux
divorcer d'avec William. »
N'ayant pas
vu ça venir, Alexandre écarquilla les yeux d'étonnement. Il avait encore à
l'esprit le gala auquel ils avaient tous pris part et revoyait son fils et sa
belle fille ensemble. Ils étaient complices, heureux et surtout amoureux. Tout
semblait aller bien entre eux et il en avait pour preuve, le baiser qu'ils
avaient échangé sur la piste de danse, alors il ne comprenait pas ce revirement
de situation. Il lui posa la question.
« Quoi
? Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Je pensais qu'entre vous tout allait
bien. Enfin c'est ce qui m'a semblé être il y a quelques jours. Vous m'aviez
l'air si complice et amoureux. »
Elle eut un
pincement au cœur en y pensant. Elle pensait également la même chose et avait
déjà décrété que ce jour était le plus beau jour de toute sa vie. Elle avait
donné tout ce qu'elle avait de précieux et s'était donné elle-même en entier.
C'était le jour où elle s'était sentie spéciale, unique, désirée, connectée,
unie et aimée. Du moins c'était ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle
redescende sur terre de la plus brusque des façons donnant l'impression de
s'être prise un coup dans l'estomac. Elle ferma les yeux et malgré elle, les
larmes se mirent à couler. Alexandre la regarda avec beaucoup de compassion. Il
comprit qu'il venait de mettre le doigt sur un point sensible en évoquant ce
jour. Il voulait parler mais elle le devança.
« Je,
(sa voix était maintenant tremblante et frêle) je ne peux plus continuer comme
ça papa, je n'y arrive plus. Ça fait 10 ans que je vis dans une sorte de
mirage. J'ai pourtant essayé de… »
Et là elle lui
dit tout ce qu'elle avait sur le cœur, la vérité sur son mariage, la solitude,
le désintérêt et la souffrance qui étaient son quotidien. Elle lui dit qu'elle
était arrivée à sa limite de tolérance, si elle se forçait elle finirait par
mourir de chagrin car elle ne pouvait plus vivre de cette façon.
Il
l'écouta parler sans l'interrompre et se dit qu'elle était réellement une jeune
femme forte car très peu auraient tenu dans un mariage qui n'en était pas un
dans ces conditions et avoir un bon cœur. Quand il pensait encore à toutes les
réflexions qu'on lui faisait sur les enfants, il en était doublement peiné, car
tout était la faute de son imbécile de fils qui n'avait pas la présence
d'esprit de traiter une reine selon son rang. Toutes ces années, il avait bien
vu qu'ils n'étaient pas très complices mais il était loin de se douter que cela
allait aussi loin. Il aimait énormément son fils, mais il ne pouvait pas
accepter que cette petite vive de la sorte pour le reste de sa vie.
« ...
Je sais qu'on avait un accord et que j'avais signé que je ne reviendrai pas sur
ma décision mais je n'y arrive plus. Je, je suis prête à signer n'importe quel
document attestant que j'ai une dette envers toi et je te rembourserai tout ce
que je te dois, mais je dois sortir de là. » Dit elle la voix à peine
audible tant, elle n'arrêtait pas de pleurer.
Il se leva,
tourna son bureau avant de venir la prendre dans ses bras. Elle le serra très
fort et se mit à pleurer encore longtemps dans ses bras jusqu'à ce qu'elle
finisse par se calmer. Il lui donna un mouchoir avant de lui demander si ça
allait mieux.
« (Après
s'être mouchée) Oui. Je suis désolée de m'être autant laissée aller et de
t'avoir mouillé avec mes larmes. »
« Ne
t'inquiète pas pour ça. »
Il lui
indiqua les toilettes afin qu'elle puisse se laver le visage. Lorsqu'elle
revint, il lui donna une aspirine car elle avait énormément pleuré et risquait
d'avoir des maux de tête plus tard. Après avoir bu et s'être rassise, il prit
la parole.
« Je
suis vraiment désolé de tout ce par quoi tu es passée. J'étais loin de
m'imaginer que c'était cela les coulisses de votre mariage. Je ne comprends pas
pourquoi tu as mis autant de temps avant de venir me parler. Tu sais tu n'es
pas seulement la femme de mon fils, tu es comme une véritable fille pour moi.
Si j'avais su ça depuis, il y a longtemps que je t'aurais sorti de ce mariage.
Comme je l'avais dit à William le jour où je vous avais présentés, je ne
permettrais pas qu'il te fasse souffrir alors nous allons arrêter là les frais.
Ne t'inquiète surtout pas pour le contrat, je t'avoue que je ne l'ai jamais
considéré. (Comme elle avait levé les yeux pour le regarder, il lui sourit
avant de continuer) Tu es surprise n'est-ce pas ? Pourtant c'est la vérité. Je
n'ai jamais considéré ce contrat, j'avoue que c'était un petit stratagème pour
t'avoir dans ma famille, mais c'était tout. Si tu avais décidé de ne pas te
marier avec William, il ne se serait rien passé. D'abord parce que tu étais
mineure et ne pouvais donc pas signer un document d'une telle ampleur mais
aussi parce que je ne le considérais pas. »
« Donc
je n'étais pas obligée d'épouser William ? »
« Non,
tu ne l'étais pas. Tu sais ce jour quand je t'avais vu en train de pleurer à
l'hôpital, ce n'était pas la première fois que je te voyais. Je t'avais vu
quelques semaines plus tôt. J'avais véritablement décidé de t'aider sans
arrière pensée et en me séparant de toi ce jour j'avais parlé avec le médecin
afin qu'il m'explique la situation de ton père. Que tu me rappelles ou
non tu serais partie au Maroc avec ton père. Seulement tu m'avais rappelé et
accepté ma proposition. Je te voulais pour mon fils car je pensais que tu étais
la femme parfaite pour lui. Je le pense toujours d'ailleurs mais bon… Tu dis
que tu veux divorcer d'avec William c'est ça ? »
« (Encore
sonné par la révélation) Oui. »
« D'accord.
Je vais m'en occuper personnellement tu as ma parole. »
« Merci. »
« Ne
me remercie pas, je suis celui qui t'ai mis dans ce pétrin, c'est donc tout à
fait normal que ce soit moi qui t'y en sorte… Tu sais déjà ce que tu vas faire
après ? »
« J'ai
déjà pris un appartement, je vais déménager après le départ de Wilma la semaine
prochaine. »
« Pardon?
Il est hors de question. C'est William qui partira de cette maison. Je. »
« (Le
coupant) Non papa stp, je ne veux pas. J'ai déjà choisi mon appartement avec
Wilma. Je n'ai aucune envie de rester dans cette maison. C'est la sienne avec
Sab (se reprenant) c'est la sienne. C'est sa maison. »
Alexandre
comprit ce qu'elle voulait dire. Il n'insista pas. Il était encore en train de
parler quand sa secrétaire lui annonça que William était devant son
bureau.
« Ça
tombe bien. Dis lui de rentrer. »
La porte
s'ouvrit sur William qui en entrant était surpris de voir sa femme dans le
bureau de son père. Il ne savait pas qu'elle serait là. En la regardant, il vit
aussi qu'elle était surprise de le voir, mais dans ses yeux il vit qu'elle
avait pleuré. Il vit en plus une profonde tristesse et autre chose qu'il avait
du mal à déchiffrer. Elle avait soutenu son regard que quelques minutes comme
tous les jours depuis ce jour dans sa chambre, mais il avait bien vu que
quelque chose n'allait pas. Il était encore dans ses réflexions quand la voix
de son père le sortit de là.
« Ça
tombe bien que tu sois passé me voir, j'avais l'intention de t'appeler après le
départ d'Aurore pour te demander de passer à la maison aujourd'hui mais comme
tu es là, je vais faire ça ici devant elle-même. Prends place. »
Il s'assit
sur le siège juste à côté de celui sur lequel était assise Aurore. Cette
dernière regardait droit devant elle.
« Pourquoi
es-tu passé me voir aujourd'hui ? »
« (Détournant
ses yeux d'Aurore pour regarder son père) Je suis passé pour te déposer le
dossier avec la mairie que tu m'avais confié. »
« Tu
as examiné tout ce qu'il y avait de pas clair dedans ? »
« Oui.
Je l'ai fait. J'ai tout vérifié. Tu peux accepter l'offre. »
« Ok
(prenant le dossier pour le poser sur son bureau) merci. Comme je disais je
comptais t'appeler pour te dire que je vais introduire une requête en divorce
qui sera sur ton bureau d'ici le mois prochain. »
Le cœur de
William fit un raté et se mit à battre très vite. Il était très perturbé par
cette nouvelle mais ne laissa rien paraître.
« Je
ne comprends pas. Une requête en divorce pour qui ? >>
« Pour
vous. Aurore et toi. »
Il tourna
sa tête vers Aurore pour voir sa réaction mais elle était statique, elle aussi
ne laissait rien paraître.
« Ta
femme m'a dit qu'elle ne voulait plus être liée à toi pas plus que toi à elle.
Personne ne voulant être lié à l'autre, ce mariage n'a donc plus lieu d'être.
C'est pourquoi je t'informe que je compte faire les démarches pour rompre ces
liens. Comme je disais d'ici le mois prochain tu auras les papiers sur ta
table. »
Will
regarda sa femme sans dire quoi que ce soit, il espérait qu'elle tourne sa tête
dans sa direction, mais elle ne le fit pas.
« Tu
as quelque chose à dire ? »
« Non. »
« D'accord.
Je te conseille de faire appel à ton avocat d'ici là. Je me charge de
celui d'Aurore. »
« Ok. »
Aurore
suivait cette conversation en silence. Elle fut très déçue d'entendre William
dire qu'il n'avait rien à dire sur leur divorce. Elle eut l'impression d'avoir
fait un saut dans le passé et s'être retrouvée au jour de leur présentation. Ce
jour comme aujourd'hui, il n'avait rien à dire. Les modalités de leur mariage
s'étaient déroulés entre Alexandre et elle sans qu'il n'intervienne. 10 ans
plus tard, on évoquait les modalités de leur divorce et il ne disait toujours
rien. Au regard de son indifférence, elle se dit que son passage dans sa vie
n'avait vraiment rien signifié pour lui. Cela lui faisait énormément mal de le
constater et elle se retint de justesse de pleurer. Elle se mit à répéter que
cela n'en valait pas la peine et elle réussit à réprimer ses larmes. Puis dit à
Alexandre qu'elle s'en allait.
« D'accord
ma chérie. (Se levant pour lui faire la bise) Rentre bien. »
« D'accord
papa et merci pour tout. »
Elle sortit
sans un mot à l'égard de William. Elle dit au revoir à la secrétaire et se
dirigea vers l'ascenseur qui s'ouvrit sur un ami et partenaire de William avec
lequel ils avaient dîné il n'y avait pas longtemps. Elle dût se composer un
visage pour faire bonne figure.
« Aurore
ma belle (lui faisant la bise avec le sourire) je suis content de te voir.
Comment vas-tu ? »
« (Souriant)
Je vais bien Brel et toi ? »
« oh
moi je vais super bien. Il y a Carole (sa femme) qui n'arrête pas de me
harceler pour qu'on se refasse une autre sortie à 4. Elle avait énormément
apprécié. Et surtout elle attend toujours la recette de ton plat qui nous avait
laissé avec de l'eau à la bouche. »
« (Souriant)
C'est vrai que je devais lui envoyer ça, mais je me suis rendue compte que je
n'avais pas son numéro. »
« Je
vois. Prends alors le mien et donne moi le tien également je lui remettrai ça
en rentrant. »
« D'accord. »
Ils étaient
en train d'échanger de numéros de téléphone lorsque William vint les retrouver.
Comme il était derrière elle, Aurore ne le vit pas, c'est Brel qui le lui fit
savoir en parlant avec lui.
« Frère
tu es aussi là? »
« (Venant
à leur niveau) Bonjour Brel. Oui j'y étais. »
« (Souriant)
Jamais l'un sans l'autre. Tu as raison frère, le dehors est trop risqué de nos
jours, dès que tu tournes un peu le dos 2 minutes, il y a déjà un imbécile qui
veut te voler ta femme. On ne comprend plus rien, ça va trop vite. »
Ils émirent
un rictus tous les 2 sans commenter son propos.
« J'étais
en train de dire à ta femme qu'il faut qu'on se refasse un repas à 4. Depuis,
Carole me fatigue avec ça. Le prénom d'Aurore dans sa bouche est tellement
sucré que moi-même je ne comprends pas ça. »
« Je
vois. »
« Dans
tous les cas, on va programmer ça. Au fait, le boss est là ? J'ai un rdv avec
lui. »
« Oui,
il est dans son bureau. Mais vas-y vite car il me disait qu'il n'allait plus
tarder. »
« D'accord.
J'y vais. Aurore, on s'appelle. »
« D'accord
et salue Carole pour moi. »
« Je
n'y manquerai pas. »
Il partit
et les laissa tous les 2 devant l'ascenseur. Aurore appuya le bouton et se mit
à attendre qu'il monte car il était au rez-de-chaussée et eux au 9ième
étage. Elle sentait le regard de Will dans son dos et cela la mettait mal à
l'aise. La perspective d'être enfermée avec lui dans l'appareil ne l'enchantait
pas. Quelques minutes plus tard, les portes s'ouvrirent devant eux et ils s'y
engouffrèrent. Aurore serrait son sac dans ses mains en regardant vers la porte
pour essayer d'évacuer la nervosité qui voulait la gagner à la façon dont Will
la regardait. Il s'était adossé sur le mur qui était sur le côté gauche
d'Aurore et s'était remis à la fixer les mains en poches sans un mot. C'était
devenu un de ses passe-temps favoris. L'ascenseur s'ouvrit quelques minutes
après et Aurore sortit la première et marcha à pas pressés jusqu'à dans sa
voiture où elle put respirer normalement. Elle vit la voiture de William
quitter le parking et sans crier garde, elle éclata en sanglots. Elle ne
représentait vraiment rien pour lui , elle avait cru que dans l'ascenseur, il
lui aurait dit quelque chose, même un truc bête, mais rien. Elle prit quelques
minutes pour se calmer avant de démarrer et rentrer à la maison. Elle trouva
Bill et Wilma au salon et cette dernière en la voyant sut que quelque chose
n'allait pas.
« Eh
ma puce qu'est-ce qu'il y a ? »
Pour toute
réponse, elle alla se jeter dans ses bras et se remit à pleurer.
« Ça
s'est si mal passé que ça avec le boss ? »
Comme elle
ne lui répondit pas, elle la garda dans ses bras un moment avant de
l'entraîner jusqu'à dans sa chambre à l'étage. Elle la fit s'asseoir sur le lit
et lui donna un verre d'eau. Lorsqu'elle fut plus calme, elle lui demanda ce
qui s'était passé avec le boss et elle lui raconta que ça s'était bien passé.
Le boss avait été très compréhensif et avait même décidé de prendre l'affaire
en main.
« Alors
pourquoi tu pleures si tout s'est bien passé ? »
« En
fait, pendant que j'y étais, William est arrivé. »
« Papa
l'avait convoqué aussi ? »
« Non.
Il est venu déposer un dossier. »
« Je
vois. Et alors ? »
« Papa
lui a dit que je voulais divorcer et qu'il prendrait la chose en charge. »
« (Curieuse)
Qu'est-ce qu'il a dit ? »
« Rien. »
« Hein?
Comment ça, Rien ? »
« Ah
si, il a dit "OK". »
« Pardon
? »
« C'est
comme tu l'entends Wilma. Il n'a rien dit à part "OK". Après 10 ans
de mariage à vivre dans la même maison. 10 ans de ma vie Wilma, j'ai juste eu
droit à un OK. Il n'a pas cherché à argumenter, à savoir mes raisons, rien.
Juste un OK. Wilma, on lui parle de divorce avec la femme qui a vécu pendant 10
ans avec lui et avec qui il a eu des rapports et il répond un "OK"
sans émotions, sans expressions, sans rien. Donc je n'ai même pas un peu
signifié pour lui ? Même un tout petit peu ? Ça me fait mal Wilma, mon cœur me
fait mal. J'ai l'impression qu'il va exploser dans ma poitrine Wilma. Je… »
La voix
n'arrivait plus à sortir tellement elle pleurait, Wilma aussi en faisait de
même tout en la serrant dans ses bras. Elle avait beaucoup de peine pour elle
car elle savait qu'Aurore aimait véritablement son frère. Elle était choquée
par le comportement de ce dernier. Répondre "OK" à l'annonce de
divorce de sa femme ? Qui fait les choses comme ça ? William, se disait-elle,
était un vrai idiot. Elle resta aux côtés de sa belle sœur qui s'endormit dans
ses bras après avoir longtemps pleurer. Elle la fit coucher sur le lit, remonta
la couverture sur elle avant de sortir de sa chambre pour retrouver son
mari.
« Alors
? » Lui demanda Bill lorsqu'elle se rassit à ses côtés.
« Elle
s'est endormie. »
« Que
s'est-il passé avec papa ? »
« Rien.
Papa a été d'accord. Il a compris sa position et a même proposé de s'en
charger. »
« Maintenant
c'est quoi le souci ? Aurore ne veut plus divorcer ? »
« Dans
le fond, elle ne l'a jamais voulu. Juste qu'elle ne peut pas rester et gâcher
sa vie avec quelqu'un qui ne veut pas d'elle. »
« Je
comprends. C'est pour ça qu'elle est autant bouleversée ? »
« En
partie. La raison principale est que Will était au bureau tout à l'heure quand
elle y était. Il est passé déposer un dossier au boss et ce dernier en a
profité pour lui dire le projet de divorce en présence de d'Aurore. »
« Je
vois. Et qu'est-ce qu'il a dit ? »
« Ok. »
« Hein? »
« Il a
dit Ok. »
« Comment
ça? »
« Que
veux-tu que je te dise? C'est ce qu' Aurore m'a elle-même dit. On lui a dit que
sa femme veut divorcer et lui il répond ok. (Dégoûtée et triste à la fois)
Genre c'est comme s'il s'agissait d'une vulgaire information quoi. Aurore a
raison, il faut qu'elle divorce de cet imbécile qui ne la mérite pas. »
« Doucement
chérie. Il s'agit de ton frère. »
« C'est
ça sa chance crois moi. Si ça avait été un inconnu, je lui aurais fait sa fête.
Si tu savais comme j'ai la rage actuellement. »
« Tu
vas lui parler ? »
« Pour
lui dire quoi ? Quelqu'un a décidé de vivre dans le déni et de gâcher sa vie,
c'est son problème. Je ne vais pas mettre ma bouche dans ses histoires. Comme
il se plaît dans sa bêtise, il n'a qu'à continuer. Heureusement que je pars
d'ici bientôt parce que je ne supporte plus de voir sa tête de con. »
Bill
regarda sa femme et ne dit rien. Il savait que c'était la colère qui l'animait
actuellement. Elle adorait son frère et ne pouvait pas rester longtemps sans
lui parler. Elle avait beau être fâchée comme quoi mais elle retournerait
toujours vers lui. Il ne comprenait pas non plus son beau-frère. Il était
pourtant évident que celui-ci aimait sa femme, alors pourquoi se comportait il
de la sorte? Il n'en savait rien. Il avait connu l'ex de William, Sabrina, il
n'était pas spécialement amis car ils n'avaient rien en commun mais ils ne se
détestaient pas non plus. Ils étaient cordiaux à chaque fois qu'ils se voyaient
et n'échangeaient pas plus que des civilités. Il ne la portait pas vraiment
dans son cœur mais il la voyait rendre heureux son beau-frère et donc la
respectait pour ça. Mais il ne comprenait pas pourquoi à cause d'elle, il
maltraitait une femme comme Aurore. Le genre de personne qui tout de suite te
mettait à l'aise et paisible dès que tu rentrais dans son environnement. Il se
dit qu'il devait avoir un problème de fond derrière cette histoire parce que
cela ne s'expliquait pas.
Wilma fit
préparer le dîner par Teddy car elle savait que dans son état, Aurore n'aurait
pas pu. D'ailleurs elle se réveilla peu de temps avant l'heure du repas avec
des maux de tête assez violents. Elle mangea un peu sous l'insistance de Wil
puis prit des médicaments avant de se rendormir. William rentra à la maison
autour de minuit. Après son départ de la société de son père, il était retourné
au boulot et s'était enfermé dans son bureau après avoir éteint son téléphone.
Il était bouleversé par la nouvelle qu'il venait d'apprendre.
"Divorce", Aurore voulait divorcer ? Il ne s'y attendait tellement
pas qu'il était encore sonné par la nouvelle. Il ne voulait pas divorcer , il
s'était déjà habitué à sa présence ces 10 dernières années. Il se servit un
verre qu'il vida puis un 2ième et un 3ième avant de se
poser et de réfléchir. Plein de questions montaient à son esprit. Pourquoi
était-ce à son père qu'elle était allée parler et non à lui ? Pourquoi était-ce
maintenant qu'elle voulait divorcer et pas avant ? Il savait qu'elle l'aimait,
mais est-ce que lui était prêt à l'aimer en retour ? S'il ne comptait pas le
faire, n'était-ce pas égoïste de sa part de vouloir garder la pauvre fille pour
rien ? Ne devrait-il pas la libérer ? De toute façon, pensa-t-il, il
avait déjà donné son accord dans le bureau de son père. Mais était-il prêt à la
laisser partir ? Il ne répondit pas à ses propres questions et se mit à
enchaîner les verres jusqu'à très tard avant de se décider à rentrer chez lui
complètement ivre. Il manqua à plusieurs reprises de sortir de la route mais
Dieu merci il arriva indemne ainsi que sa voiture. Tout le monde dormait déjà.
Il prit la direction de sa chambre mais au moment d'y entrer, il la dépassa et
vint s'arrêter devant celle d'Aurore. Il fit quelques minutes debout la main
sur la poignée avant de se décider à l'ouvrir et d'y rentrer. Il vint se mettre
debout devant son lit et la regarda dormir. Il s'assit sur son lit et arrangea
sa couverture sur elle. Il fit près d'une heure en train de la regarder
avant de regagner sa chambre pour s'endormir(…)
Les jours
passèrent très vite et c'était déjà la soirée d'au revoir du couple Aubry (nom
de famille de Bill), ils avaient eu l'occasion de discuter avec les parents et
s'étaient excusés pour leurs actions passées. Alexandre leur avait dit qu'il
leur pardonnait mais que Bill devait venir faire correctement les choses
c'est-à-dire épouser Wilma dans les règles de l'art. On lui accordait 6 mois
pour venir faire le mariage coutumier qu'ils n'avaient pas pu faire 13 ans plus
tôt. Ils partirent de là avec la liste de la dote et donnèrent leur parole de
revenir les honorer.
Wilma
qui s'attendait à voir un petit repas fut surprise de voir qu'il s'agissait
réellement d'une grande fête. Même les 2 autres couples RETENO (Karl et Jacques
ainsi que leurs épouses et enfants étaient là) à la grande surprise de Wilma car
depuis qu'elle était là, ils étaient venus la voir seulement le jour où elle
était sortie de l'hôpital avec l'enfant, après plus rien. Aurore mit ses
sentiments de côté et joua le rôle de la parfaite hôtesse aux côtés de son
époux. Elle lui avait dit en semaine qu'elle partirait de la maison après
le départ de Wilma et comme pour l'annonce de son divorce, "OK" avait
été la réponse qu'il lui avait donné sans aucune forme d'argumentation. Elle
avait déjà aménagé son appartement avec l'aide de Wilma, Inès et Danielle qui
avaient été mises dans la confidence.
Ils ne
laissèrent rien paraître aux yeux des gens et la fête se déroula sans encombres
jusqu'à l'heure où elle prit fin à 22h. Wilma avait reçu énormément de cadeaux
et alors qu'elles étaient en train de ranger légèrement la maison, elle
remercia Aurore.
« Merci
beaucoup ma puce. C'était vraiment extra ce que tu as préparé. »
« De
rien ma belle. C'était un plaisir. Et tu vas énormément me manquer (pleurant) »
« La prenant
dans ses bras en pleurant aussi) Tu vas aussi me manquer Aurore, mais on
restera en contact je te promets. »
« D'accord.
(Essuyant ses larmes) Aller aller, continuons à ranger si on veut avoir une
chance de dormir aujourd'hui. »
« Tu
as raison. »
Elles se
remirent à ranger et autour de minuit elles avaient fini.
« Bon
je crois que c'est bon. Les filles feront le reste demain. »
« Elles
sont même où ? »
« Je
les ai envoyées se reposer. Elles ont eu une grosse journée aujourd'hui. »
« Ce
n'est pas faux. Bon allons nous coucher maintenant. »
« D'accord. »
Elles
étaient en train de monter quand Wilma se souvint qu'elle avait vu Will se
diriger vers son bureau et n'être pas ressorti après.
« J'ai
oublié de faire quelque chose en bas. Vas-y ma puce. Bonne nuit à toi. »
« Merci
à toi aussi. »
Aurore
partit toute seule et Wilma fit demi tour et alla dans le bureau de son frère.
Elle trouva ce dernier assis derrière son bureau en train de boire. Elle vint
s'asseoir devant lui.
« C'est
ainsi que tu comptes finir ta vie ? »
« Je
ne sais pas de quoi tu parles. »
« Elle
n'est pas encore partie et tu as déjà commencé à boire comme un trou. Que
va-t-il se passer lorsqu'elle partira Will ? »
« Je
ne sais pas de quoi tu parles. »
« Tu
te fiches de moi ? Tu ne sais pas de quoi je parle ? Ne t'es tu pas remis à
boire de façon déraisonnable depuis quelques jours ? Pourquoi tu fais ça alors
que tu peux simplement arrêter tout ceci ? Pourquoi tu ne fais rien William ?
Ta femme est sur le point de partir de la maison et ton mariage sur le point de
se terminer, pourquoi tu ne dis rien ? »
« Parce
que je n'ai rien à dire. »
« Tu
n'as rien à dire ? Tu préfères rester là à boire c'est ça ? Donc tu préfères
gâcher ta vie ? Tu vas vraiment laisser cette incroyable fille qui t'aime plus
que tout s'en aller sans rien faire William sérieusement ? »
« Je
ne sais pas de quoi tu parles. »
« Tu..
(se levant) je ne vais pas gaspiller mon temps avec un idiot comme toi. »
Elle se
dirigea vers la porte avant de faire demi-tour pour venir lui arracher son
verre et le lui verser au visage.
« Tu
es vraiment un gros con doublé d'un imbécile. C'est moi qui te le dis. Tu sais
ce qui va se passer après son départ ? Je vais te le dire. Elle partira d'ici
et pleurera un bon coup avant de se remettre et aller de l'avant. Elle
rencontrera quelqu'un, parce que vois tu ce ne sont pas les hommes qui manquent
dehors et ce n'est pas à toi qu'on apprendra des choses sur sa beauté physique
et intérieure. Elle n'aura donc certainement pas de peine à te trouver un
remplaçant. Il y en a même déjà qui lui tournent autour. Elle prendra un et se
mettra avec. Ce dernier la prendra comme la femme merveilleuse qu'elle est et
la mettra au rang de reine. Lui fera l'amour et des enfants avec. Et elle
finira sa vie heureuse. Toi tu seras là en train de boire comme un minable à te
morfondre pour une fille morte depuis longtemps et dont il ne doit plus rester
grand chose de son squelette et finira tout seul et très malheureux. »
Elle sortit
de son bureau et alla retrouver son mari. William resta immobile encore
longtemps après le départ de sa sœur. Ses paroles résonnaient dans sa tête. Il
se leva, éteignit tout en bas et monta à l'étage. Comme les jours précédents il
alla dans la chambre d'Aurore pour la regarder dormir avant de regagner sa
chambre. Le lendemain, ils se rendirent tous à l'aéroport dans l'une des
voitures de William. Ils retrouvèrent le couple RENAMI (Yannick et Danielle) et
le futur couple IBALA (Inès et Yvan) sur place. Ils s'assirent et prirent un
verre ensemble jusqu'à ce que l'embarquement commence. C'est en pleurs que les
femmes sortirent de l'aéroport. Chaque couple monta dans sa voiture pour
rentrer chez lui. Le trajet retour se fit en silence entre Will et Aurore. Ils
arrivèrent à la maison et elle alla s'enfermer dans sa chambre où elle termina
de boucler ses valises. Elle ne put tout prendre car les 4 valises qu'elle
avait ne suffisaient pas. Elle avait énormément de choses. Elle regarda ses
bijoux et se demanda si elle devait les prendre aussi. Elle finit par conclure
que non. Elle n'en avait pas besoin. Toutefois, elle ne put se résoudre à
laisser la gourmette et le bracelet qu'il lui avait remis dans son bureau ainsi
que la montre et le collier qu'ils lui avaient donné le jour où elle avait
décidé de suivre les conseils de Wilma. Elle portait d'ailleurs ce collier en
ce moment. Elle finit de tout boucler et redescendit pour faire le repas. Tout
le monde était triste parce qu'elle avait déjà annoncé son départ au personnel
et cela leur avait fait de la peine. À table, il en était de même. Ils étaient
revenus à leur éternel repas morne et silencieux. Aurore était concentrée sur
son plat pendant que William la fixait en silence. À la fin, chacun regagna sa
chambre. Au milieu de la nuit, William s'introduisit dans la chambre d'Aurore
pour la regarder dormir comme les autres jours. Il vit ses valises à côté de la
porte, il les toucha un moment avant d'aller s'asseoir sur le lit. Cette
fois-ci, il se mit à caresser légèrement son visage avant de lui faire un bisou
sur le front puis un autre sur les lèvres. Elle se mit à bouger dans son
sommeil et prononça son prénom. Il sourit à cet écoute avant se lever et partir
de là.
Aurore se
réveilla le lendemain avec un sentiment bizarre. Elle avait l'impression
d'avoir vu Will la caresser et l'embrasser la nuit dernière. Mais elle se dit
que c'était impossible, d'abord parce qu'il ne rentrait jamais dans sa chambre
et ensuite parce qu'il ne l'aurait jamais caressée et encore moins embrassée.
Il la voyait tous les jours et ne lui disait rien. Ce n'était pas la nuit qu'il
viendrait la visiter. Elle conclut donc que c'était un rêve avant de se lever,
prendre une douche et descendre faire le petit-déjeuner. Elle finissait de tout
disposer quand il vint la trouver dans la salle à manger.
« Bonjour. »
Lui dit il avant de s'asseoir
« Bonjour. »
Répondit-elle en s'asseyant à son tour.
Ils se
mirent à manger en silence. Vers la fin du repas elle se mit à lui
parler.
« Je
compte partir ce matin. »
« D'accord.
(Après un moment) Je peux faire quelque chose pour toi ? »
Il parla
sans la regarder et continua de manger de façon impassible. Elle le regarda un
moment pour essayer de lire ne fût-ce qu'une émotion sur ses gestes mais elle
ne vit rien. Elle se décida à lui répondre lorsqu'il la regarda. Après avoir
soutenu son regard une minute, elle ouvrit la bouche et dit.
« Non. »
« Ok. »
Il
continua de manger en silence. À la fin, il se leva et sortit de table.
« Merci
pour le repas. Et sois prudente sur le chemin. »
Il se
retourna et alla s'enfermer dans son bureau. Elle resta longtemps à regarder
dans sa direction avant de faire débarrasser la table, elle n'avait plus faim.
Elle appela le gardien et le chauffeur qu'ils avaient à mi-temps pour faire
descendre ses bagages et les charger dans l'une de ses voitures, quand ce fut
fait elle réunit tout le personnel au salon. Il y avait Moussa le gardien,
Terence le chauffeur, Charles le jardinier, Teddy le cuisinier, maman Léontine la
gouvernante principale, Hermine et Lisa ses secondes. Elle leur remit les
paquets qu'elle avait pour chacun et leur parla.
« Merci
à tous pour votre accueil, soutien et service dans cette maison. Je suis
consciente que sans chacun de vous, ma vie n'aurait pas été la même. Vous êtes
des personnes formidables, surtout ne changez pas. Vous allez terriblement me
manquer. » Dit-elle en essuyant les larmes qui étaient en train de
couler.
« Vous
aussi vous allez nous manquer madame. » Répondirent-ils en chœur eux aussi
en essuyant leur larmes.
Elle avait
bataillé avec eux pour qu'ils l'appellent tous par son prénom et non madame
parce que en dehors de Lisa qui était plus jeune qu'elle, tous les autres
étaient plus âgés qu'elle et de beaucoup. La gouvernante et le jardinier
étaient dans la cinquantaine, le cuisinier, le chauffeur et le gardien dans la
quarantaine et les 2 autres avaient respectivement 30 et 24 ans. Mais aucun
n'avait accepté ainsi. Elle avait également essayé de mettre les tontons et
tantine devant leurs prénoms sans succès, la seule qui avait consenti était
maman Léontine, elle appelait les autres par leurs prénoms . Elle les embrassa
à tour de rôle. Avant de reprendre la parole.
« S'il
vous plaît, prenez soin de William pour moi, je vous le confie. »
« Oui
madame. »
« Et
prenez également soin de vous. »
« Madame
vous êtes obligée de partir ? » Demanda Lisa la voix bien enrouée.
« Hein
madame, vous ne pouvez pas rester? Nous ne voulons pas que vous partiez madame
Aurore. Que va devenir cette maison sans vous ? » Renchérit Teddy
« Vous
en prendrez soin. »
« Ce
ne sera pas pareil sans vous. Vous êtes l'âme de cette maison madame. Svp ne
partez pas. » Ajouta maman Léontine.
« Je,
(la gorge nouée par l'émotion l'empêcha de bien parler) je ne peux pas rester
ici. Je suis désolée. Mais il faut que je parte. »
« Alors
emmenez nous. » Dit Lisa sans réfléchir.
« Je
ne peux pas, là où je vais ce n'est pas suffisamment grand pour tous vous
contenir en plus vous devez rester ici pour vous occuper de la maison et de
William s’il vous plaît. »
Ils
n'argumentèrent plus. Elle les reprit tous dans ses bras avant de partir. Elle
sortit de la maison et alla monter dans le véhicule. Elle mit du temps avant de
démarrer, ses mains tremblaient et sa vue était trouble tant les larmes
n'arrêtaient pas de couler. Elle espérait jusqu'à la dernière minute que
William serait sorti de son bureau pour lui dire quelque chose, même au revoir,
elle aurait pris. Mais il ne le fit pas, même le personnel était sorti dans la
cour pour la regarder s'en aller mais lui rien. Elle se décida à démarrer la
voiture et partit de là pour son appartement. Lorsqu'elle referma la porte elle
reçut un appel vidéo sur WhatsApp, c'était Wilma qui l'appelait. Elle pleurait
encore lorsqu'elle décrochait. Celle-ci la consola du mieux qu'elle put et elle
finit par se calmer. Elle parla de tout et rien et put même rire lorsqu'elle
vit le visage d'Aser au téléphone. Elle parla presque toute la journée avant de
raccrocher. Elle se mit à ranger ses affaires et se mit à préparer pour passer
le temps…