Chapitre 14 : SOS Médecins
Ecrit par Sandy BOMAS
OLIVIER
-Moussa ! Moussa ! Réveille-toi ! Hurlai-je.
-Hein ! Patron y a quoi ? Le Gardien sursauta et se mit debout comme un automate saisi le couteau de chasse près de lui et se tint prêt à bondir sur un éventuel bandit.
-Range ta machette Moussa ! Viens plutôt m’aider à amener Tatiana jusqu’à la voiture ! Elle va mal, il faut faire vite !
Le veilleur de nuit s’exécuta. Tatiana passa un bras sur ses épaules et l’autre bras sur les miennes
-Appuie-toi sur moi…Voilà comme ça…
-Aie ! J’ai mal…Je ne vais jamais arriver jusqu’à la voiture….
-Mais si tu vas y arriver il ne reste que quelques mètres à faire. Moussa aide moi
-Oui patron….
A cet instant un sentiment étrange s’empara de moi. « Et s’il arrive quelque chose au bébé ? »
-Si tu vas arriver jusqu’à la voiture parce que je vais t’aider à y arriver !
Je saisi le bip dans ma poche déverrouillai les portes et demandai à Moussa d’ouvrir la portière pour que je puisse installer Tatiana sur la banquette arrière.
-J’ai mal Olivier…..Je ne plus pas avancer ….J’ai peur pour le bébé….
-ça ira….Ne t’inquiète pas tout se passera bien….
Mâchoires serrées je ne répondis rien et avec une force titanesque je la portais sur les quelques mètres restant. « Heureusement que je suis costaud ….En temps normal Tatiana est une go en forme avec sa grossesse elle avait pris pas loin de quinze kilos. »
Le gardien tenait la portière pendant que j’installais Tatiana dans la voiture.
Essoufflée, Antoinette la mère de Tatiana nous rejoignit quelques minutes plus tard, avec à son bras, un sac dans lequel elle avait mis des effets peu en pêle-mêle.
-Je vais monter derrière avec Tati, finit- elle par articuler après avoir reprit sa respiration.
-Ok….On va dans quel hôpital ? Demandai-je en essayant de garder mon calme.
« C’est moi l’homme je ne vais pas perdre mon sang froid maintenant ! »
- SOS Médecins…à Sotéga* (nom du quartier où se trouve la clinique)…C’est là où elle est suivie depuis le début de sa grossesse
-Ok….Tu as pris son dossier Maman Anto ?
-Oui j’ai le dossier et quelques effets…
-Est-ce que tu connais le montant des frais d’hospitalisation ?
-Hé mon fils je devais la déclarer à la Cnamgs* (assurance maladie) cette semaine…..Regarde un peu dans quelle situation sa sœur nous met…..
Antoinette se frottait les yeux, comme pour essuyer des larmes qu’on ne voyait pas encore, avant que celles-ci ne réussissent à se frayer un chemin pour enfin courir sur ses joues dodues.
-Bon pour l’argent ce n’est pas un problème j’ai de quoi payer. Dis-je
Je poussais la voiture à son maximum. La voie expresse était dégagée à cette heure de la nuit mais je faisais tout de même attention aux piétons qui déboulaient comme des taureaux jetés dans une arène. Parfois je les voyais, parfois je ne les voyais qu’au dernier moment. Ce qui me soulevait le cœur et rajoutait du stress à cette soirée déjà un peu trop rire en émotions pour moi.
« Et moi qui pensais me changer les idées en venant chez Tatiana…. »
Allongée sur la banquette arrière de la voiture Tatiana se tordait de douleur.
Chacun s’était réfugié dans un mutisme éloquent. Arriver à la clinique était la seule chose qui importait là tout de suite.
-Aie ! Aie ! J’ai mal ! Je vais mourir ooooh !
-Tiens bon chérie dans quelques minutes on sera à la clinique.
« J’espère qu’il ne lui arrivera rien de grave… »
Poussé par l’élan de ma paternité future, j’appuyai de plus belle sur le champignon et slalomai entre les voitures pour aller encore plus vite.
-On a besoin d’un brancard ! Dépêchez-vous ! Raillai-je
Des brancardiers arrivaient en courant.
-Faites doucement, avec ma fille ! Soulevez-la doucement !
-Laissez-nous faire notre travail Madame s’il vous plait.
Les brancardiers se chargèrent de faire sortir Vanessa du 4X4. Une sage-femme leur désignait où l’installer.
-Normalement elle devait accoucher dans un mois…..Commençai-je
-Et que s’est-il passé ? Me demandait une dame vêtue d’une blouse rose.
-Sa sœur s’est jeté sur elle….Elles se sont battues….
Pendant que je relatais les faits la sage-femme me regardait d’un air mauvais comme si elle me soupçonnait d’avoir levé la main sur Tatiana.
-D’accord. Finit-elle par dire.
Son regard passa d’Antoinette à moi puis elle nous dit :
-Vous allez patienter en salle d’attente pendant qu’on va l’examiner.
-Aie ! Aie ! Aie ! J’ai mal !....Je vais mourir ! Oyoooooo Appelez- ma mère !
-Calme-toi ! On va d’abord t’examiner et Maman pourra entrer après.
Dans le couloir de la clinique Olivier et Antoinette procédait aux formalités administratives.
-Ma fille ne devait pas accoucher aujourd’hui ! Tout ça c’est de la faute de sa grande sœur ! Elle s’est jetée sur elle comme une folle ! Tout ça parce qu’elle est jalouse de son bonheur.
-Donnez-moi le carnet de suivi de grossesse madame s’il vous plait.
La dame à l’accueil ne voulait visiblement pas s’attarder sur le récit d’Antoinette. Ce qui me parut étonnant. Habituellement les femmes à l’accueil sont friandes de kongossa.
- Alors grossesse mono fœtale…. Trente- sept semaines SA … A la dernière échographie on était déjà à deux mille trois cents grammes…Où est la carte de groupe sanguin ? Fit la dame dans un professionnalisme qui ressemblait à une contre- façon.
Je l’observais attentivement cherchant la moindre faille.
-Héééé mon Dieu ! Je vais encore savoir comment Madame ? Vous voyez comment nous sommes venus dans l’urgence !
-C’est bon madame on va lui refaire l’examen. Vous pouvez vous asseoir. On vous appellera s’il y a besoin.
Quelque part dans la clinique Tatiana se faisait ausculter. On s’assit l’un à côté de l’autre sans rien dire.
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