Chapitre 15
Ecrit par Myss StaDou
Chapitre 15
Couchée sur mon lit ce samedi soir, je joue avec mes pensées, essayant de remettre de l’ordre dans ma tête. Que s’est-il passé aujourd’hui ? Pourquoi Olivier ressort maintenant de nulle part ? C’est trop bizarre tout ça. Mais comme les choses de la vie ne sont jamais simples, c’est normal que je me retrouve dans une situation pareille. Et Victor ? Comment pouvait-il me faire ça ? Être effacé pendant des jours, alors que moi je pense que tout va au mieux entre nous et partir en voyage comme ça. Les voyages à l’étranger se préparent à l’avance. Il savait sûrement qu’il devait voyager. Même si il n’avait pas la date exacte de son départ, il pouvait au moins me prévenir de son éventuel départ. S’il tenait vraiment à moi, me traiterait-il de la sorte ? Je n’aime pas qu’on me prenne à la légère. Je ne suis pas un enfant ! Et même, il pouvait au moins m’appeler pour me dire si il est bien arrivé ou pas. Non madame ! Monsieur a décidé de ne me faire signe qu’à son retour. Trois semaines ! Il croit que c’est facile à gérer comme ? Je l’aime, bon sang !
Quand il reviendra, on aura une discussion sérieuse. Il faut qu’il prenne définitivement position dans cette relation. Lui et ses distances par rapport à son implication dans la relation, ça commence à bien faire. Il ne faut pas que je m’investisse dans la relation. Après je vais me casser la gueule devant. J’ai trop envie de l’entendre. Weh ! Mon chou, mon Victor… Je soupire de tristesse.
Ah, j’ai une idée. Il est presque 22h. Je vais appeler Jeanne. N’est-ce pas elle est sa meilleure cousine ? Peut-être a-t-elle des infos pour calmer mon cœur ? J’espère que cette fois son téléphone passera. Je compose son numéro. Ouf, ça sonne.
− Allô.
Jeanne a une voix fatiguée :
− Allô ?
− Bonsoir ma chérie, c’est comment ? Tu dormais déjà ? Excuse-moi.
− Un peu, mais ça va. C’est comment alors ?
− Je t’ai appelé tout à l’heure, dans l’après-midi, ton téléphone ne passait pas.
− Laisse-moi comme ça, mama. Depuis deux jours je suis chez ma mère. Elle devait recevoir une de ses réunions aujourd’hui. Entre le marché et les cuissons à faire, je n’ai pas eu le temps pour moi. Mon téléphone s’est même déchargé. Je ne me suis rendue compte que tout à l’heure.
− Assia, ma puce. C’est fini ? Tu prends les restes, tu ramènes à Soa (sa chambre à la Fac). Nous allons assommer ça en semaine.
Jeanne éclate de rire :
− Tu es terrible, toi la fille-ci. Je te dis comment je suis fatiguée, tu ne penses qu’à la tchop (nourriture) ! Weh mère Mangeuse…
− Est-ce que je fabrique alors ? demandé-je en riant.
− Tu me cherchais alors pourquoi ? Il y a un souci ?
− Non non. Je voulais avoir ta position. Je m’ennuyais un peu et je voulais voir si on pouvait faire quelque chose ensemble.
− Dommage. Tu serais venue manger ici.
− Ça va. Ce sera pour une autre fois.
− Comme tu dis. C’est comme si ma mère est dans cent réunions. Je suis fatiguée de venir préparer ici.
On a rit un bon moment de deux ou trois délires. Je cherche les mots pour lui demander des nouvelles de Victor. Depuis que je suis avec Victor, elle évite de se mêler de nos affaires. À part les quelques fois où on passait du temps à trois ou qu’elle nous attrapait à nous amouracher dans sa chambre, pensé-je en gloussant. Ok, je me lance. Je ne peux plus tenir.
− Jeanne oh ?
− Oui, y a quoi, jusqu’à tu cries mon nom comme ça ?
− Je voulais te demander quelque chose. As-tu des nouvelles de Victor ? demandé-je, la voix pleine d’inquiétude.
− Bien sûr. Tu ne l’as pas eu depuis ? Il m’avait dit qu’il devait aller en France cette semaine. Je lui ai donné un paquet de la part de ma mère pour ma tante qui vit à Paris. Elle a appelé maman le matin pour dire qu’elle a bien reçu le paquet. Il était même encore chez elle quand elle appelait. J’ai pu lui parlé quelques minutes. Il ne t’a pas encore appelé ?
− Non, sûrement il était occupé ou il va m’appeler le soir.
Je fais la fausse courageuse, mais je suis trop déçue. Jeanne savait donc depuis que Victor voyageait et je suis informée par SMS ? C’est quoi ça ? Il pouvait au moins m’appeler. J’ai trop mal au cœur.
− En tout cas, ça me rassure qu’il soit bien arrivé. Jeanne, tu dois être fatiguée. On se parle demain non ?
− Ok. Merci de l’appel. Tu dors bien non ?
− Merci. Bonne nuit à toi. Bisous.
Je raccroche, confuse et énervée. Pourquoi cette situation ? J’aime tellement Victor et je sais que cette attirance est partagée. Je ne veux pas le perdre. Si j’avais un numéro où je pouvais le joindre, je l’aurais fait depuis. Des larmes se mettent à ruisseler sur mes joues. La pièce est si calme. Carole est sortie comme d’habitude et ne reviendrait pas avant demain midi. Je suis si seule… Je chiale un petit moment, priant que mon téléphone sonne, que le Ciel m’envoie un signe du destin. Que Victor m’appelle, qu’il me rassure et me dise qu’il m’aimera jusqu’à la fin des temps.
Des vibrations… Je sursaute et me saisis de mon téléphone les mains tremblantes, pleine d’émotions. Mes prières ont été répondues rapidement. Mes yeux sont tellement embués que je n’arrive pas à bien lire le numéro qui s’affiche.
− Allô.
− Allô, c’est Olivier.
Mince ! Ma joie retombe tout d’un coup. Ce n’est pas Victor.
− Ah, c’est toi Olivier.
− Oui, ce n’est que moi. Désolé si je dérange.
− Non, ça va.
− Tu attendais un coup de fil ?
− J’attendais un miracle, réponds-je, la voix triste.
− Quoi ? De quoi parles-tu ? demande-t-il avec inquiétude.
− Rien d’important. Comment as-tu passé ta soirée ?
− C’était bien. J’ai attendu ton coup de fil, dit-il avec comme un reproche dans la voix.
− Je m’excuse. J’ai bien fait la recharge juste quand tu m’as déposée. Je voulais directement t’appeler pour te remercier. J’ai pensé que tu devais encore être en train de conduire et j’ai pensé que c’était mieux de t’appeler plus tard. J’ai malheureusement zappé. Désolée.
Il éclate de rire.
− Merci de tant d’attentions. Tu es vraiment une fille bien.
− J’essaie .
− C’était cool de te revoir. Mais Yaoundé est resté pareil.