Chapitre 15
Ecrit par Auby88
Maëlly FREITAS
- Je suis encore outrée, Eliad. C'est vraiment inac-cep-table ! Où va le monde avec ces employés de maison qui se plaisent à intervertir leurs rôles ? Et dire que toi, sale traîte, tu as osé contester l'autorité d'Eliad devant une bonne !
- Tu es pathétique, Maëlly !
- Le pathétique, c'est toi. Allez, ouste, va retrouver tes putes bon marché !
- Tu …
- Ça suffit, vous deux ! Si vous voulez vous disputer, allez le faire dehors. Je suis profondément affligé et tout ce que vous trouvez à faire, c'est de vous chamailler !
- Excuse-moi, Eliad ! réponds-je en m'asseyant près de lui dans le canapé, près du lit à baldaquin.
Je le sens si vulnérable, mon Eliad.
- Allez, viens.
Il ne refuse pas. Je me retrouve collée à lui. Nous sommes si proches que j'ai l'impression d'entendre ses battements de cœur. Dans ses cheveux, je passe une main. Il me laisse faire.
- Tu n'es pas seul, Eliad. Je suis là pour toi. J'ai toujours été là pour toi.
Il va si mal, mon amour. Pourquoi passe-t-il son temps à penser à "Sa morte"? Quel gâchis ! A sa place, la majorité des hommes auraient déjà refait leur vie, se seraient mariés, auraient trouvé une deuxième mère pour leurs enfants...
Au lieu de cela, il reste là accroché au souvenir de cette étrangère. Il reste là au milieu de toutes ces photographies d'elle. Il survit plutôt que de vivre. Et je me désole de le voir ainsi, quand mon cœur bat désespérément pour lui.
J'entends des pas qui quittent la pièce. C'est sans doute cet idiot d'Edric. Il s'est enfin décidé à nous laisser seuls, Eliad et moi...
Eliad, mon cœur ! Près de lui, je me sens si bien. De son visage, j'approche le mien pour … coller mes lèvres aux siennes. Mais avant que je puisse atteindre mon objectif, il se lève. Je me sens gauche.
Un silence s'installe dans la chambre à coucher. Un silence qu'il finit par briser.
- Comment cette femme a-t-elle osé salir ainsi le souvenir de ma femme ?
J'inspire profondément avant de répondre :
- Moi à ta place, je l'aurais congédiée sur le champ !
- Cette femme n'est qu'une... Tu sais quoi Maëlly, tu as raison ! Il est temps que je lui rappelle que c'est moi le chef de la maison ! Il est temps qu'elle aille se trouver un autre emploi !
- Exact, Eliad ! dis-je en me levant. Je viens avec toi.
- Merci Maëlly, mais Non ! Il vaut mieux que tu rentres chez toi.
- Eliad !
- Tu as … assez fait pour moi aujourd'hui et je t'en remercie. Mais à présent, c'est à moi seul de régler mes problèmes.
- Eliad !
- Ne t'inquiète surtout pas pour moi. Je vais ... bien.
- Eliad ! insisté-je.
Il se rapproche de la porte et l'ouvre.
- Allons-y, Maëlly ! Je te raccompagne en bas.
Malgré moi, je me lève et le suis à l'extérieur de sa chambre.
**********
Nadia P. AKLE
Malgré tous mes efforts pour la consoler, Milena continue de pleurer.
- Tata Nadia, pourquoi mon papa ne m'aime pas ?
Je passe la main dans ses cheveux, sans dire mot.
- Tata Maëlly m'a dit que si papa ne m'aime pas, c'est parce que maman est morte à cause de moi ! C'est vrai, n'est-ce pas ?
Hmm ! Quelle femme bizarre, cette Maëlly FREITAS !
Contrairement à elle, je ne veux pas entâcher l'innocence de Milena. Je ne veux pas lui donner cette réponse similaire qu'on m'a crié, enfant, en la rendant plus sordide : "Tu es une mauvaise fille, un enfant-sorcier qui a causé le décès de sa pauvre mère. Tu as même de la chance d'être encore en vie. Dans d'autres villages, on se serait debarrassé de toi quand tu étais encore bébé. Il aurait simplement suffi de t'attacher une corde autour des chevilles, de te tourner plusieurs fois autour d’un arbre avant de te fracasser le crâne contre le tronc de l'arbre."
Toute mon enfance a été traumatisée par ces mots terrifiants qui hantaient mes nuits, au point où j'ai fini par croire que j'étais une meurtrière. Mais plus maintenant. ( Long soupir)
Ce n'était qu'une brève parenthèse de ma vie que je referme aussitôt... J'en parlerai peut-être un jour, mais pas maintenant... Car aujourd'hui, il ne s'agit pas de moi, mais de Milena. Oui, uniquement de Milena.
Alors, de mon mutisme, je sors pour tenter de donner une… "réponse" à son "épineuse" question. Je délie ma langue … pour lui dire ces mots que j'aurais voulu entendre :
- Mais non, ma chérie. Ne pense jamais cela ! Tu n'es pas responsable du décès de ta mère. Toi, tu es un ange, même si l'on ne voit pas tes ailes. Ne l'oublie jamais !
Un sourire "biaisé" accompagne mes paroles pour les rendre plus crédibles.
- Alors, pourquoi papa ne m'aime pas ?
Je pense aussi que son père ne l'aime pas. Cependant, je ne souhaite pas qu'elle ait une mauvaise image de lui. Je ne veux pas qu'elle finisse par le détester comme j'ai détesté le mien. Je veux qu'elle ne pense que du bien de lui. Donc, je "contourne la réalité". Ce n'est pas un mensonge. C'est juste une vérité pas tout à fait vraie. Enfin, c'est ainsi que je vois les choses.
- Bien sûr qu'il t'aime ! D'ailleurs qui pourrait ne pas t'aimer ? Celui-là n'existe pas, je t'assure.
Voilà ce que je lui réponds avec une voix très gaie et pleine d'assurance.
- S'il m'aime, alors pourquoi il est méchant avec moi ?
- Mé-chant ! Tu ne trouves pas que c'est un trop grand mot pour une petite fille comme toi ?
- Pourquoi tu le défends autant ? Tu as bien vu comment il a détruit mon gâteau ?
- Oui, je l'ai vu. Mais c'est peut-être euh… parce qu'il est très triste aujourd'hui. Ton père … aimait beaucoup, alors là beaucoup ta maman. Il souffre énormément de l'avoir perdue ; ce qui lui fait faire des choses euh… pas normales, bizarres. Mais ça n'a rien à voir avec toi, ma chérie. Tu comprends ?
- Pas tout à fait ! Tu es bien sûre qu'il m'aime ?
- Oui, Milena. Même si tu as l'impression qu'il ne te le démontre pas assez. Nous les adultes, nous avons parfois du mal à exprimer nos sentiments, mais nous tenons fortement à ceux qui nous sont chers.Tu me crois à présent ?
- Oui, tata Nadia.
Le sourire réapparaît sur son visage, naguère triste.
- Tu es tellement gentille avec moi, alors que je …
- Tout cela relève du passé, ma belle ! Tu n'es qu'un enfant après tout !
- Merci tata Nadia. Grâce à toi, j'ai passé une très belle journée. Merci aussi pour le pendentif. Maman est si jolie !
- Oui, elle est très belle, ta maman, et tu lui ressembles beaucoup ! Mais pas qu'à elle ! A ton père aussi. Disons simplement que tu es un parfait mélange des deux, le fruit de cet amour si énorme (j'ouvre grandement mes bras) qu'il y a eu et qui demeure entre eux... Tu peux être certaine que ta maman est très fière de t'avoir donné la vie. Et de là-haut, elle veille sur toi !
- Qu'est-ce que je ferais si tu n'étais pas là, tata Nadia ?
Ses mots me touchent profondément. Ses bras viennent se refermer, le plus naturellement possible, autour de mon cou. Je me sens si bien.
C'est à cet instant que mes yeux remarquent, à l'extérieur de la pièce, une silhouette masculine qui s'éloigne précipitamment…
*********
Des jours plus tard
Nadia P. AKLE
Milena tient ma main tandis que nous avançons dans la cour de la maison familiale MONTEIRO. Nous fredonnons ensemble des génériques de dessins animés, en riant par moments. Et ce bonheur rayonne de jour en jour sur le visage de Milena, d'autant plus que son père n'a plus commis "d'acte idiot" depuis le dernier incident. Je m'attendais même à ce qu'il me réprimande ou pire qu'il me licencie. Mais rien. Il n'a rien dit. Il n'a rien fait. Tant mieux !
- Camila ! Tu es revenue ! s'exclame joyeusement la dame âgée assise sur un banc dans le jardin, tout en me fixant.
Autour de moi, je regarde.
- Viens m'embrasser, Camila !
Elle ouvre ses bras et fait signe de venir. Il semble que c'est à moi qu'elle s'adresse. Milena garde fortement ma main tandis que moi j'hésite à m'approcher. Pas par peur, mais parce que je ne comprends rien à ce qui se passe.
- Faites ce qu'elle vous demande pour ne pas la perturber, commence l'infirmière qui vient derrière nous. Madame MONTEIRO souffre de la maladie d'Alzheimer qui altère sa mémoire. C'est pour cette raison qu'elle vous confond avec madame Camila. La pauvre, qu'elle repose en paix ! ajoute-t-elle en faisant le signe de la croix.
- Je vois. Merci pour l'information.
- Je vous en prie. Ne la faites pas attendre davantage, autrement elle aura des crampes à force de garder ses bras ainsi ! achève-t-elle en souriant.
- Ah oui ! reconnais-je.
Vers la dame aux cheveux grisonnants, je m'avance donc et la laisse me serrer contre elle.
- Je savais que tu reviendrais. J'en étais sûre, Camila. Mon Eliad ne sera plus triste. Tu ne peux savoir combien il a souffert quand tu es partie et l'a laissé seul. Tu ne peux imaginer combien de nuits, il a pleuré. Il était si triste, mon garçon. Si triste ! T'étais où, ma chérie ?
Je bredouille un "JE" orphelin.
- Tu étais en Espagne, n'est-ce pas ?
Je fais OUI de la tête.
- Tu es là pour mon Eliad et c'est l'essentiel. Il retrouvera de nouveau sa joie de vivre. Et moi, je pourrai voir mon bébé sourire et même rire aux éclats. Comme avant. T'a-t-il déjà revue ?
Bon sang ! Même les mots refusent d'être mes complices dans ce "jeu de rôle" totalement imprévu.
- Eh bien… finis-je par balbutier sans suite.
- Oh ! Qui est cette jolie fille la derrière ?
Ah enfin, elle l'a remarquée ! J'expire et répond en toute confiance :
- C'est Milena, votre petite fille.
Milena ne bouge pas. Je cligne des yeux plusieurs fois en sa direction avant qu'elle se décide à approcher sa mémé, qui insiste pour qu'elle s'assoie sur ses cuisses.
Nous passons toute la journée là à écouter la mémé nous parler de son fils, comme s'il était encore un mioche ou comme s'il avait encore 20 ans. Et Milena, qui semble beaucoup plus détendue, l'écoute parler de son père avec grande attention.
Il n'est nul besoin de préciser que moi, je continue de jouer le rôle de sa défunte bru. Quoi qu'il en soit, j'adore ces moments conviviaux que je partage avec cette femme qui me traite comme l'aurait sûrement fait… ma mère : avec beaucoup de tendresse. (Sourire)
* *
*
Plus tard dans la nuit
Nadia P. AKLE
Sur la table de nuit, je dépose le mobile. J'ai assez écrit aujourd'hui. Il y a mes yeux qui commencent à faire mal, à force de les garder concentrés sur l'écran allumé. Je parcours les commentaires en bas du texte et souris. Ça fait bien plaisir de constater que plein de gens s'intéressent à ce que j'écris.
Il est 2 heures du matin. Il est temps que je dorme si je veux me réveiller en pleine forme demain.
2h15 - 2h40 - 3h00- 3h15…
Je vois les heures défiler sous mes yeux, qui peinent à se fermer...
Là, c'en est trop. Je sors du lit et quitte la pièce.
Je suis au 1er étage. J'ai décidé de préparer une infusion à la camomille. Cela devrait m'aider à tomber rapidement dans les mains de Morphée, le dieu du sommeil.
C'est bizarre. Tout devrait être silencieux à pareille heure, mais ce n'est pas le cas. J'entends de la musique. Un titre très émouvant : "Unbreak my heart" de Tony Braxton.
"Ne me laisse pas dans une telle douleur
Ne me laisse pas dehors sous la pluie
Reviens et ramène-moi mon sourire
Viens et efface-moi ces larmes
J'ai besoin de tes bras pour me serrer maintenant
Les nuits sont si désagréables
Ramène ces nuits
Où je te serrais contre moi
Répare mon coeur
Dis-moi que tu m'aimeras encore
Enlève cette douleur que tu as causée
Quand tu as franchi la porte
Et que tu es sorti de ma vie
Efface ces larmes
Que j'ai versées tant de nuits
Répare mon cœur.
Reprends ce triste mot "Adieu"
Ramène la joie dans ma vie
Ne me laisse pas ici avec ces larmes
Viens et fais disparaître cette douleur par un baiser
Je ne peux pas oublier le jour où tu es parti
Le temps est si méchant
Et la vie si cruelle
Sans toi ici près de moi
(…)
Ne me laisse pas dans une telle douleur
Ne me laisse pas dehors sous la pluie
Ramène ces nuits
Où je te serrais contre moi
(…)
Répare mon coeur, Oh bébé
Reviens et dis-moi que tu m'aimes
Répare mon coeur
Mon chéri adoré
Sans toi je ne peux pas continuer.
(... dis-moi que tu m'aimes... )
Unbreak my heart (Répare mon cœur), Tony Braxton."
Ça semble provenir d'en bas. Je me penche en avant, en prenant appui sur la rampe de l'escalier. Sapristi !
Il est là, au bas des escaliers, nu comme un ver. Qui ? Le père de Milena évidemment !
Je tente de me raisonner : "Sache Nadia, madame l'altruiste, que ça ce n'est pas ton affaire ! Va tranquillement préparer ta tisane et file te coucher. Tu n'as rien vu. Rien du tout."
Finalement, je choisis l'option la plus sage. Quelques minutes plus tard donc, tasse chaude en main, je reprends le chemin de la chambre de Milena.
Je ne peux m'empêcher de regarder une fois encore en bas. Il est encore là, monsieur Eliad.
"Qu'est-ce que je fais ? Rien, Nadia ! Rien du tout. Tu montes en chambre. Point barre ! " me répété-je encore et encore pour m'en convaincre.
Peine perdue pour "l'entêtée" qui se trouve en moi.
- Monsieur Eliad, Monsieur Eliad…
Il semble profondément endormi, à la manière dont il ronfle. Des bouteilles de liqueur vides sont près de lui.
Le voir ainsi me met mal à l'aise. Je ne fais nullement référence à sa nudité car cela ne me gêne pas. Des hommes nus, j'en ai vus. De tous gabarits d'ailleurs. Alors un en plus n'y change rien. Ce qui me choque, c'est de voir un homme de sa trempe dans un si sale état.
Je coupe la chanson, jouée en boucle sur son mobile, et tente de le réveiller à nouveau. Sans succès. Celui-là n'est pas prêt de se réveiller si tôt dêê !
Je fais quoi, moi ? Bon sang ! Je ne peux quand même pas laisser cet homme ainsi. Que penseraient les autres employés de leur patron ?
Vite, je monte dans la chambre de Milena prendre un drap que je noue à l'homme, du mieux que je peux. Je tente de le soulever mais échoue par trois fois. L'homme est plutôt lourd dêê ! J'essaie une fois encore en y mettant toutes mes forces.
Je parviens à le mettre sur pied, mais il s'écroule à nouveau. Je m'y remets.
Cette fois semble la bonne. Son bras repose autour de mes épaules et mes mains autour de sa taille. Nous avançons à pas d'escargot. J'ai mal, mais je n'abandonne pas.
Vaille que vaille, nous atteignons sa chambre. On se croirait à une expo-photo avec toutes ces photos de madame Camila sur les murs. Des tas de photos. Pourtant, Milena n'en avait aucune de sa mère ! Hmm !
Je l'aide à s'asseoir sur le lit pour ensuite l'allonger. Mais…
- Camila ! Ma Camila ! C'est toi, mon amour ? commence-t-il les yeux mi-clos en emprisonnant mon visage dans ses mains.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je ne m'attendais pas à ce qu'il reprenne connaissance.
Ses lèvres s'approchent des miennes. Je devrais l'en empêcher. Mais je ne fais rien. Je laisse ses lèvres… se coller aux miennes. Son haleine empeste l'alcool au point de répulser ou de rendre nauséeux n'importe qui. Mais cela ne me gêne pas. Les bouches 'pleines d'alcool" comme la sienne, les bouches qui "sentent" la cigarette ou la drogue, les bouches nauséabondes aux dents laides et jaunies, Nadia la pute les a toutes connues.
- Camila, mon amour, tu m'aimes, n'est-ce-pas ?
- Oui, murmuré-je à cet homme qui semble désespéré.
- Je t'aime, Eliad. Je t'aime… tant !
- Alors promets-moi que tu ne vas plus jamais me quitter.
Je reste muette.
- Promets-le moi, Camila !
- Je … te le promets, mon amour. Je te le promets. A présent, rendors-toi !
Sur sa joue, je dépose un bisou et l'aide à s'allonger. Il s'endort aussitôt.
Je m'assois quelques secondes là près de lui. Il devait réellement beaucoup aimer son épouse ! (Soupir). J'attends encore un peu, puis quitte la pièce à "pas de voleur".
*********
Le lendemain
Eliad MONTEIRO
- Camila ! Camila !
Je viens de me réveiller en sursaut en prononçant le nom de ma femme. Elle n'est pas là. Ce devait être un rêve.
J'ai un mal de crâne énorme. Des évènements de la veille, je ne me souviens pas vraiment. Je sais juste que j'étais ici dans ma chambre, en train de boire en pensant à Camila.
Camila ! Était-ce vraiment un rêve ? Je peine à le croire, car j'ai senti sa présence cette nuit. Là, près de moi. Ses lèvres contre les miennes.
En y repensant, je passe mes doigts sur mes lèvres. Son visage était flou. Mais c'était bien elle. Elle m'a parlé. Enfin, je crois.
Ce drap… qui me ceinture la taille, je ne le reconnais pas. Bon sang ! Que s'est-il passé ? Rien de concret ne me vient à l'esprit. Je cogiterai là-dessus plus tard.
D'ailleurs quelle heure fait-il ? Je consulte mon mobile posé sur la table de nuit. Huit heures déjà !
Je me relève péniblement, titube un peu mais parviens à atteindre la salle de bain. Sur ma tête, je laisse couler de l'eau bien froide…
Trente minutes plus tard.
Je me sens beaucoup mieux. Surtout avec le thé vert que j'ai bu. Je suis prêt à prendre le chemin du bureau.
Je m'immobilise là, au premier étage. Des bouteilles vides qui me sont familières reposent dans les mains de la gouvernante qui vient en haut. Des bouteilles dans lesquelles j'ai bu hier dans ma chambre.
- Monsieur, vous désirez quelque chose ?
Encore perdu dans mes réflexions, je lui réponds à peu près ceci :
- Non, madame Jeanne. Ou plutôt oui. Vous les tenez d'où ces bouteilles vides ?
- Elles étaient en bas des marches.
- En bas des marches ? m'enquiers-je, surpris.
- Oui, monsieur Eliad.
- Elles étaient pourtant dans ma chambre hier !
- Je ne sais de quelles bouteilles vous parlez, mais celles-ci étaient bien en bas. En outre, depuis hier matin, ni moi, ni la femme de ménage ne sommes entrées dans votre chambre à coucher. Mais je peux toujours demander aux…
- Non, ce n'est pas la peine. Oubliez tout ça !
- Bien, monsieur. Vous désirez autre chose ?
- Non, merci.
- Bonne journée donc, monsieur Eliad !
- Merci et bonne journée à vous aussi ! conclus-je tandis qu'elle me remercie puis monte les marches, me laissant là avec mes interrogations.
La sonnerie de mon téléphone finit par me tirer de mes pensées. C'est un appel de Maëlly. Je n'ai pas envie de décrocher. Alors, je laisse sonner.